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SEMMENS, JOHN (peut-être nommé à la naissance Theodore John), missionnaire méthodiste et surintendant d’une école, agent des Affaires indiennes, inspecteur du ministère des Affaires indiennes et auteur, né le 9 janvier 1850 à St Hilary, Cornouailles, Angleterre, fils de John Semmens et de Sarah Hoar ; le 27 août 1878, il épousa à Copetown, Ontario, Helen Kalista Behimer, et ils eurent sept enfants, puis le 4 décembre 1907, à Winnipeg, Elizabeth Cross, et aucun enfant ne naquit de ce second mariage ; décédé le 1er février 1921 dans cette ville.
Missionnaire méthodiste durant 29 ans avant d’entrer en 1901 au ministère des Affaires indiennes, John Semmens était, chose rare, en position de comprendre à la fois les objectifs et lignes de conduite du gouvernement fédéral et ceux de la Methodist Missionary Society. Avec sa mère et sa sœur, il avait quitté l’Angleterre en 1860 pour rejoindre son père à Bruce Mines, dans le Haut-Canada. Il s’inscrivit au Victoria College de Cobourg en 1868, mais n’y obtint probablement pas de diplôme. En 1870, le révérend William Morley Punshon* le recruta pour une nouvelle paroisse à Walkerville (Windsor). Tout de suite après avoir reçu une ordination spéciale en octobre 1872, Semmens partit pour ce qui est maintenant le nord du Manitoba. La Conférence de l’Église méthodiste wesleyenne l’envoyait à Norway House aider le révérend Egerton Ryerson Young* qui, semble-t-il, souffrait de la typhoïde. Arrivé au terme d’un pénible voyage par convoi de chiens sur le lac Winnipeg, Semmens se mit tout de suite à rendre visite aux Cris, notamment dans leurs campements de chasse. Il collabora étroitement avec Young jusqu’à sa mutation à Headingley, village situé à l’ouest de Winnipeg, en 1873.
Au début de 1874, Semmens, qui souhaitait œuvrer auprès des autochtones dans le Nord, fut chargé d’aller ouvrir un poste de mission à Nelson House. Pour lui servir d’interprètes, enseigner et recruter des fidèles, il compta beaucoup sur des Cris tels Sandy Harte et Edward Paupanekis* ainsi que sur William Isbister, qui était d’ascendance crie et orcadienne. Il a laissé des commentaires chaleureux sur la communauté de Nelson House ; son séjour, croyait-il, avait « entraîné l’éradication complète du paganisme et la purification de la société ». En 1876, il prit la relève de Young à Berens River chez les Sauteux. À partir de cette base, il visitait les avant-postes de Poplar River, de Little Grand Rapids, de Fisher River et de Pikangikum (Ontario). Il célébrait des offices, enseignait à l’externat méthodiste de Berens River et assurait sa subsistance en pêchant. Bien qu’il ait eu bonne opinion de son assemblée de fidèles – les 25 membres étaient bien vêtus et disciplinés –, Semmens se plaignait que la « matière première […] soit si grossière ». Les Sauteux, affirmait-il, étaient des êtres durs, remplis de « la dépravation de leurs manières païennes ».
Dégagé de ses fonctions à Berens River en juin 1878 par la conférence, Semmens fut missionnaire durant six ans dans des établissements blancs du Manitoba et de l’Ontario. En juin 1884, la pauvreté l’obligea à demander une mutation à Norway House. À la différence des paroisses, la conférence versait un salaire régulier, donc sûr. À Norway House, Semmens et son traducteur, John C. Sinclair, transcrivirent en langue crie plusieurs œuvres littéraires, notamment The pilgrim’s progress de John Bunyan, et 200 cantiques.
En 1888, Semmens estima que ses fils, qui avaient atteint l’âge scolaire, devaient pouvoir s’instruire dans de meilleures conditions qu’à Norway House. Il demanda donc une mutation. Il a expliqué que « la vie indienne n’était pas tout à fait saine […] Notre entourage n’offrait aucun stimulant et aucune élévation. » En juin 1888, il partit exercer son ministère à Carberry ; par la suite, il servit à Winnipeg. La Conférence du Manitoba et du Nord-Ouest l’élut secrétaire en 1891 et président en 1892.
En 1894, sur recommandation du conseil méthodiste des missions, Semmens fut nommé, par le département des Affaires indiennes, directeur de la Brandon Industrial School, qui allait ouvrir sous peu. Il embaucha du personnel et recruta à Brandon, à Norway House et dans les missions avoisinantes 38 enfants cris et sauteux. Jusqu’en 1900, il dirigea l’école. En avril 1901, il accepta le poste d’agent des Affaires indiennes à Berens River. En 1903, il fut muté à l’agence de Clandeboye. Deux ans plus tard, il devint inspecteur des agences et écoles indiennes. En 1908, il fut nommé commissaire des certificats de concession de terre ; à ce titre, il était habilité à accepter des adhésions au traité no 5.
John Semmens prononça plusieurs conférences, écrivit des articles de revue et publia plusieurs petits volumes et opuscules en alphabet syllabique cri, notamment The hand-book to Scripture truths en 1893. Il avait fait paraître en 1884 un compte rendu de sa vie missionnaire, The field and the work. Parlant des autochtones dans le Methodist Magazine, il déplorait : « les ténèbres recouvrent la terre et d’épaisses ténèbres [enveloppent] les esprits. Les influences héréditaires aveulissantes […] n’ont pas encore été extirpées. » Pourtant, il était prêt à concéder : « bien que nous n’ayons nul désir de blanchir le Peau-Rouge […] bon nombre d’excellents traits de caractère sont […] associés aux Indiens ». Avec ses vues ethnocentriques et romantiques, Semmens était un homme de son temps et, pour ses contemporains, il avait sans doute une connaissance et une compréhension supérieures des nations autochtones. Toutefois, dans la littérature missionnaire de l’époque, ses jugements sur la culture des Cris et des Sauteux se distinguent par leur sévérité.
Les papiers personnels de John Semmens, qui contiennent entre autres son autobiographie, Under the northern lights : notes on personal history ([Winnipeg ?, 1915 ?]), se trouvent à l’EUC, Manitoba and Northwestern Ontario Conference Arch. (Winnipeg), PP34. Semmens est l’auteur de plusieurs articles parus dans des revues, dont « The Indian missions of the Methodist Church », Methodist Magazine (Toronto et Halifax), 41 (janv.–juin 1895) : 128–134, et d’autres inclus dans The field and the work : sketches of missionary life in the far north (Toronto, 1884). Il a aussi publié The hand-book to Scripture truths ; or, the way of salvation : words of admonition, counsel, and comfort [transcription syllabique en cri], William Isbister, trad., J. [C.] McDougall, édit. (Toronto, 1893) et Trials and triumphs of early Methodism in the great north-west (2e éd., Toronto, 1910).
AO, RG 80-5-0-77, no 12093.— G. H. Cornish, Cyclopædia of Methodism in Canada [...] (2 vol., Toronto et Halifax, 1881–1903).— J. H. Riddell, Methodism in the middle west (Toronto, 1946).
Susan Gray, « SEMMENS, JOHN (Theodore John) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/semmens_john_15F.html.
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Auteur de l'article: | Susan Gray |
Titre de l'article: | SEMMENS, JOHN (Theodore John) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |