SCHWARTZ, OTTO WILLIAM (Otho Wilhelm), trafiquant de fourrures et fonctionnaire local, né le 12 mai 1715 près de Riga (Union des républiques socialistes soviétiques), décédé le 5 octobre 1785 à Halifax.

Otto William Schwartz, dont le père était portraitiste, semble être né au sein de la communauté allemande qui, pendant quelques siècles, domina Riga et ses environs. Il fit, à partir de 1732, un apprentissage de sept ans dans la traite des fourrures et entreprit plus tard des voyages auxquels il mit fin pour se joindre à l’expédition de Cornwallis, en vue de fonder Halifax, en 1749.

Quand Schwartz atteignit la baie de Chibouctou, le 27 juin, sur le Canning, il était âgé de 34 ans, célibataire, et avait assez de fonds de roulement pour s’établir à son compte dans la traite des fourrures. La plupart des colons amenés par Cornwallis étaient de pauvres gens de Londres, alléchés par l’offre d’une aide gouvernementale. Les quelques Suisses, Allemands et Français qui participèrent à l’expédition se révélèrent plus industrieux que leurs compagnons anglais, si bien que Cornwallis favorisa l’immigration d’autres « protestants étrangers ». De ceux qui arrivèrent dans les quelques années qui suivirent, certains se fixèrent dans la banlieue nord de Halifax, aménagée à leur intention, d’autres à Lunenburg et un certain nombre au sein de la communauté anglaise de Halifax.

Bien que par ses intérêts il fût lié aux Anglais et qu’il résidât parmi eux, Schwartz conserva une forte identité germanique. Le 4 décembre 1750, il épousa une veuve allemande, Anna Justina Liebrich, qui devait donner naissance à trois fils et deux filles. Il devint membre à vie du conseil presbytéral de la communauté religieuse allemande, laquelle, bien qu’elle nouât d’étroites relations avec l’Église d’Angleterre et qu’elle célébrât ses premiers offices à St Paul, se donna bientôt sa propre église, la petite église allemande (St George). Schwartz aida cette église de plusieurs manières : en 1758, il consentit à la congrégation un prêt sans intérêt pour la finition de l’intérieur de l’église ; en 1761 et en 1764, il en appela au gouverneur et au Conseil de la Nouvelle-Écosse au sujet des fonds promis par le gouverneur Charles Lawrence* pour l’érection d’un clocher. Enfin, il fut membre de la Funeral Fées or Friendly Society, qui assumait les frais de sépulture des pauvres de la communauté allemande.

Cette aide financière que pouvait donner Schwartz laisse croire que ses affaires comme pelletier étaient florissantes. En 1760, il avait été nommé par le secrétaire de la province, Richard Bulkeley, « pelletier pour le commerce indien », une fonction mal définie mais probablement privilégiée et lucrative ; il était subordonné à Bulkeley, au commandant en chef et au commissaire du commerce avec les Indiens, Benjamin Gerrish. Schwartz plaça aussi de l’argent dans les biens-fonds. En 1782, il possédait 4 000 acres sur la rivière Saint-Jean, 1 000 sur le chemin Windsor, une ferme dans le canton de Falmouth, ainsi que des emplacements et des maisons tant à Halifax que dans sa banlieue nord.

Schwartz détint d’autres fonctions qui, si elles n’étaient pas lucratives, montraient bien le rang éminent qu’il occupait dans la société. Il fut membre du grand jury de Halifax en 1757, s’éleva dans la milice au rang de capitaine en 1774, et fut nommé l’un des commissaires aux égouts de Falmouth, en 1776. De 1773 à sa mort, il représenta le comté de Lunenburg à la chambre d’Assemblée. Si les journaux de l’Assemblée ne révèlent point ses idées politiques, d’autres documents montrent que, même si le succès de ses affaires dépendait en partie de faveurs et d’influences, il n’avait pas hésité, avant son élection, à critiquer le gouvernement local. En 1753, il avait signé une déposition accusant de partialité les juges de la Cour inférieure des plaids communs. Quatre ans plus tard, il signa une pétition dirigée contre le gouverneur Lawrence à cause de son retard à établir une assemblée représentative et de son attitude arrogante à l’endroit des notables. Une autre pétition, qu’il signa la même année, demandait de meilleures fortifications pour Halifax.

Les quelques indices qu’il nous reste sur le caractère de Schwartz le laissent entrevoir comme un homme perspicace, acharné au travail, très paternaliste dans ses relations tant avec sa famille qu’au sein de l’Église, et attentif à sa situation matérielle et spirituelle. Il était fier de compter parmi les fondateurs de l’ « Église évangélique allemande », et l’un de ses derniers cadeaux fut un revêtement pour la table de communion et une chaire qui portait son nom « inscrit en lettres d’or ». Ses funérailles furent coûteuses, et une section du plancher de la petite église allemande fut enlevée pour permettre la construction de son tombeau.

Le testament de Schwartz révèle peut-être la vision qui inspira sa vie. Chacun de ses cinq enfants était généreusement pourvu, mais ils devaient garder en commun une grande étendue de terre, sur le chemin Windsor, qui serait « connue sous le nom de Schwartzburg ». Quiconque vendrait ou donnerait sa part à « une ou des personnes dont le nom de famille ne serait pas Schwartz » serait déchu de ses droits. Peut-être Otto William se voyait-il comme le fondateur d’une dynastie sur le sol encore vierge de la Nouvelle-Écosse.

Catherine Pross

Halifax County Court of Probate (Halifax), S19 (testament d’Otto William Schwartz, homologué en 1799) (mfm aux PANS).— PANS, RG 1, 164, pp.120, 207 ; 166A, p.73 ; 168, pp.73, 383, 471 ; 211, 16 févr. 1761, 24 avril 1764 ; 411, docs.1 1/2, 1B, 7.— St Paul’s Anglican Church (Halifax), Registers of baptisms, burials, and marriages, 4 déc. 1750, 9 juin 1752 (mfm aux PANS).— Letters and other papers relating to the early history of the Church of England in Nova Scotia, N.S. Hist. Soc., Coll., VII (1891) : 89–127.— N.SArchives, I, 539, 659.— Directory of N.SMLAs.— Akins, History of Halifax City, 38s., 49s., 55, 73, 253.— Bell, Foreign Protestants, 291n., 302, 307, 616, 625s., 633n.— Francis Partridge, The early history of the parish of St. George, Halifax, N.S. Hist. Soc., Coll., VII (1891) : 73–87 ; Notes on the early history of St. George’s Church, Halifax, N.S. Hist. Soc., Coll., VI (1888) :137–154.

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Catherine Pross, « SCHWARTZ, OTTO WILLIAM (Otho Wilhelm) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 29 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/schwartz_otto_william_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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