RICHARDS, MICHAEL, capitaine et ingénieur à Terre-Neuve entre 1697 et 1703, par la suite, brigadier et ingénieur-géographe en chef du service de l’artillerie et du matériel, fils de Jacob Richards, né en 1673 et mort en 1722.
Après avoir reçu le grade de lieutenant en 1692, Richards fit partie du train d’artillerie en service dans les Flandres. En 1697 il fut délégué pour se joindre à l’expédition de Terre-Neuve commandée par Gibsone et Norris*. À son arrivée à Saint-Jean, le 7 juin, il reçut l’ordre de faire le relevé des plans du port en vue de le fortifier. Richards entreprit les travaux dans des conditions très difficiles : Gibsone, son supérieur, se montrait d’une exigence exagérée et les matelots n’aimaient pas se faire commander par un officier de l’armée. D’autre part, son adjoint, M. Leavis, se maintenait dans une ébriété perpétuelle et le seul outillage disponible se trouvait dans un état déplorable. Malgré tout, en juillet, le fort commençait déjà à atteindre des proportions imposantes et les travaux se poursuivaient au rythme de 600 pieux de palissade par jour. Gibsone n’en continua pas moins d’accuser Richards de négligence et de menacer de le renvoyer en Angleterre. Effectivement, toute l’expédition retourna en Angleterre au mois d’octobre 1697, sauf quelque 300 hommes laissés en garnison sous le commandement de Thomas Handasyde.
Richards est probablement revenu à Terre-Neuve avec le commodore Fairborne en 1700. Chose certaine, il signa une déposition pour accorder son appui à Fairborne qui avait suspendu le commandant de la garnison, le lieutenant William Lilburne, trouvé coupable de lâcheté pour avoir refusé de se battre en duel contre Arthur Holdsworth. Richards trouva la situation inquiétante à Terre-Neuve : « la pêche est bien mauvaise et les dettes sont considérables » ; de plus la « guerre perpétuelle » que se livraient les colons et les pêcheurs de la flotte saisonnière se poursuivait comme par les années précédentes.
Richards continua de travailler comme ingénieur à Terre-Neuve durant les trois années qui suivirent. Il fit construire une redoute à l’entrée du port de Saint-Jean avec l’aide des matelots de la flotte et des colons à qui l’on payait « un salaire raisonnable ». Ces travaux occupaient les gens une fois la saison de la pêche terminée mais se trouvaient souvent interrompus par le manque de matériaux. La pierre de l’endroit étant peu propice à la construction, Richards persuada les capitaines des navires marchands d’en rapporter d’Angleterre, gratuitement, comme lest dans la cale de leurs navires. Néanmoins, en 1701, les travaux ralentirent à tel point que Richards se vit forcé, faute de travail à leur offrir, de renvoyer plusieurs artisans en Angleterre. Il y délégua aussi un officier pour transmettre ses doléances.
Richards fut très déçu de ne pas retourner en Angleterre à l’automne de 1701 comme il l’avait espéré : « car [avait-il dit] je veux quitter ce triste lieu ». Il trouvait les autres officiers grossiers, peu scrupuleux et très enclins à régler leurs querelles à la pointe de l’épée.
Dès le mois de mai 1702, il était capitaine de l’Independent Company à Terre-Neuve. Beaucoup de ses hommes se trouvaient dans la colonie depuis six ans de sorte qu’ils étaient aigris et difficiles à commander. Richards avait été obligé de leur acheter lui-même des capotes afin qu’ils pussent continuer à travailler aux fortifications, car l’Angleterre n’avait envoyé que des chemises et des souliers. Pour les officiers, comme pour les hommes, les indemnités étaient maigres et les conditions étaient telles qu’il devenait difficile de faire la cuisine et de brasser de la bière. De plus, les colons ne se montraient pas d’un grand secours dans les travaux de fortification. En 1702, dans une lettre où il demandait d’être rappelé en Angleterre, Richards écrivit : « Il m’est impossible de taire que les rigueurs de l’hiver dernier m’ont fait perdre l’usage de mes membres et que ce n’est pas ici que je peux compter me rétablir ». Il proposa que son adjoint finisse les travaux sans lui mais le Board of Trade n’accéda pas à sa demande et lui répondit qu’il ne pouvait pas s’absenter de son poste aussi longtemps : « surtout si l’on considère que nous traversons actuellement une période de guerres et de dangers et que, comme vous l’avez écrit vous-même, les soldats sont enclins à déserter et à se mutiner ».
Richards faisait partie de l’expédition dirigée par le vice-amiral Graydon, qui devait attaquer Plaisance (Placentia), et il était présent au conseil qui décida, le 3 septembre 1703, d’abandonner le projet. Deux semaines plus tard, après avoir nommé le lieutenant Lloyd au commandement du fort, il s’embarquait pour l’Angleterre.
Même après avoir quitté définitivement Terre-Neuve, Richards n’en continua pas moins de plaider en faveur du développement militaire de la colonie. Il soutenait qu’il fallait imposer une discipline plus rigide et remplacer les soldats de la garnison plus souvent. Contrairement à Lloyd, qui prétendait que les forces terrestres à Saint-Jean auraient dû relever de l’autorité unique du commandant de la garnison, Richards considérait que le commodore de la flotte saisonnière devait être aussi le commandant en chef à Terre-Neuve. Le Board of Trade tint compte des recommandations de Richards et le régime selon lequel Terre-Neuve tombait périodiquement sous l’autorité de la marine se prolongea. Le 29 juillet 1717, à titre de membre du Board of Ordnance, Richards suggéra de diminuer les effectifs de la garnison à Plaisance et de dissuader tous les gens dont le travail n’était pas relié à la pêche d’y demeurer ; le 10 février 1719 il recommanda que les navires qui quittaient l’Angleterre à destination de Plaisance transportent de la pierre, comme lest, pour servir aux fortifications ; le 3 avril 1721, peu de temps avant sa mort, il insista encore sur les besoins du fort.
Après avoir quitté Terre-Neuve, Richards fut commandant du train dans la guerre de Succession d’Espagne, fonction qu’il remplit avec succès. Il fut nommé ingénieur en chef de la Grande-Bretagne en 1711, promu brigadier en 1712, et le 2 décembre 1714 devenait ingénieur-géographe en chef du Board of Ordnance, charge qui comportait d’énormes responsabilités. Richards, qui était demeuré célibataire, mourut le 5 février 1721/1722. On l’enterra à Old Charlton dans le comté de Kent.
BM, Stowe mss 463 (journal de Richard, 1696–97), 464 (lettres de Richard, 1700–03).— PRO, C.O. 194/2 ; CSP, Col., 1697–98, 1700, 1701, 1702, 1702–03, 1704–05, 1706–08, 1716–17, 1717–18, 1719–20, 1720–1721.— Dalton, English army lists, III.— DNB.— O. F. G. Hogg, The Royal Arsenal (2 vol., Londres, 1963).— Whitworth Porter, History of the corps of royal engineers (2 vol., Londres, 1889), I.— Prowse, History of Nfld.
Carson I. A. Ritchie, « RICHARDS, MICHAEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/richards_michael_2F.html.
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Auteur de l'article: | Carson I. A. Ritchie |
Titre de l'article: | RICHARDS, MICHAEL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |