RICH, HARRY (Harry William), comédien, chanteur, artiste de variétés et minstrel, régisseur, professeur de diction et imprésario, né en Angleterre, probablement vers 1845 ; vers 1867, il épousa une prénommée Lizzie, et ils eurent un fils, puis Annie O’Connor, et de ce second mariage naquirent deux fils et deux filles ; décédé le 6 mai 1914 au Toronto Free Hospital for Consumptives à Weston, Ontario.
Jeunes et ambitieux comédiens, Harry et Lizzie Rich quittèrent le milieu théâtral surpeuplé de la Grande-Bretagne pour tenter leur chance à l’étranger. Dès 1873, après des saisons en Inde et en Australie, ils jouaient à New York. Comme la dépression qui commença cette année-là ruinait le théâtre new-yorkais, ils se joignirent à la troupe que l’on formait en vue d’inaugurer en septembre 1874 un nouveau théâtre à Toronto, le Mrs Morrison’s Grand Opera House, dirigé par Charlotte Morrison [Nickinson*].
À Toronto, Harry et Lizzie Rich se produisirent devant des auditoires admiratifs et, chose rare pour eux, ils purent mener une vie familiale stable. Harry Rich interpréta toute une gamme de rôles comiques, dont celui du bouffon Pierre-de-Touche dans Comme il vous plaira, et eut des critiques élogieuses. Le succès d’une représentation à bénéfice donnée à la clôture de la saison attesta la popularité des Rich.
Cependant, la crise économique persistait et les théâtres de Toronto perdaient de l’argent. En 1875, les Rich retournèrent donc aux États-Unis, où ils trouvèrent des engagements, chacun de leur côté, dans des spectacles de tournée. Ce type de spectacle était en train de remplacer ceux des compagnies de répertoire. Quand Lizzie mourut en mars 1880, Harry accompagnait une troupe qui jouait Widow Bedott et dont la vedette était un célèbre travesti, Neil Burgess. Pendant les hivers suivants, il voyagea beaucoup avec Burgess et d’autres étoiles américaines. En 1887 et en 1890, il mit en scène, dans de petits théâtres new-yorkais, des spectacles de minstrels (présentés par des Blancs déguisés en Noirs).
Comme les divertissements en plein air gagnaient en popularité, Rich séjournait de plus en plus fréquemment à Toronto l’été. En 1883, il joua avec la Holman Opera Company de George W. Holman [V. Sarah Holman*] aux Zoological Gardens. Il retrouva cette troupe pour une saison d’opérette en 1885 aux Horticultural Gardens. L’année suivante, au Doty’s Island Theatre, il interpréta le rôle de sir Joseph Porter dans H.M.S. Pinafore. À la fin des années 1880, il était marié avec une Torontoise, Annie O’Connor, et bien enraciné dans cette ville.
Tout au long des années 1890, Rich collabora souvent avec W. E. Ramsay. L’été, ils dirigèrent ensemble des spectacles de vaudeville au Hanlan’s Point Roof Garden. À l’occasion, en hiver, des groupes d’amateurs tels les Lacrosse Club Minstrels faisaient appel aux services professionnels de Rich. En 1898, quand les officiers du 48th Highlanders parrainèrent la production d’un drame militaire, One of the best, il agit comme régisseur. Le Saturday Night déclara : « Son expérience et sa direction contribuent beaucoup à l’excellence artistique de la pièce. »
Quand la hausse des frais de transport et d’hôtel rendit les spectacles de tournée moins abordables que les productions locales, bon nombre de théâtres recoururent de nouveau à des troupes sur place. C’est ainsi que, à la fin de 1898, Rich joua durant une saison avec la compagnie de William E. Phillips au Théâtre français de Montréal à titre d’« amuseur » principal. Après son retour à Toronto, il fut engagé par la compagnie de Robert C. Cummings au Princess Theatre. Pendant la saison de 1899–1900, il y interpréta des rôles très divers, dont celui d’un duc français et d’un laitier américain.
À compter de 1903, Rich souffrit d’ataxie locomotrice. Cette année-là, un concert eut lieu à son bénéfice au Massey Music Hall. Il était « l’un des artistes les plus populaires et les plus gais de Toronto », et la salle put à peine contenir ses nombreux admirateurs. Son fils Harold, alors âgé de 12 ans, joua et chanta à cette occasion ; il allait devenir un chef de musique renommé.
Bien que sa maladie l’ait confiné dans un fauteuil roulant, Harry Rich fonda à la fin de 1903 le Harry Rich Entertainment and Concert Bureau. Cette agence donnait des « leçons de jeu théâtral, de diction et de mime » et trouvait des engagements professionnels aux aspirants artistes dans toutes les régions de l’Ontario. L’élève la plus célèbre de Rich, la comédienne Beatrice Lillie*, assurerait sa succession pendant des décennies après sa mort en interprétant des satires inspirées des gestes cocasses et des chansons sentimentales qu’il lui avait enseignés.
Evening Star (Toronto), 1897–1900, particulièrement 5 juin 1897, 24 juill., 21 nov., 19 déc. 1899.— Evening Telegram (Toronto), 30 mai, 18 juin 1883, 28 juill. 1885, 20 juill. 1886, 19 janv. 1894, 5 juin 1897, 7 mai 1914.— Gazette (Montréal), 1898–1899, particulièrement 3 janv. 1899.— Globe, 1874–1875 ; 1897 ; 12 janv., 20, 23 févr. 1903.— Globe and Mail, 15 août 1949, 6 déc. 1963.— Mail (Toronto), 17 nov. 1874, 20 mars, 28 mai 1875.— Toronto Daily Mail, 15 févr. 1892.— Beatrice Lillie et al., Every other inch a lady ; aided and abetted by John Philip ; written with James Brough (Garden City, N.Y, 1972).— New York Clipper, 1874–1881.— G. C. D. Odell, Annals of the New York stage (15 vol., New York, 1927–1949), 9–11.— Saturday Night (Toronto), 16 avril 1898.
Mary Shortt, « RICH, HARRY (Harry William) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/rich_harry_14F.html.
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Auteur de l'article: | Mary Shortt |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
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Date de consultation: | 23 déc. 2024 |