PRINGLE, ROBERT, ingénieur militaire ; il épousa le 29 juillet 1784 une Mlle Balneavis ; décédé à la Grenade le 17 juin 1793.

On ne connaît rien de Robert Pringle antérieurement à novembre 1760, alors qu’il reçut une commission d’enseigne dans le corps de génie, mais il a probablement été cadet à la Royal Military Academy de Woolwich, Angleterre. Il fut promu lieutenant en 1766 ; six ans plus tard, il fut envoyé à Terre-Neuve comme ingénieur en chef. Pringle surveilla la construction des nouvelles fortifications de St John’s, qui remplaceraient les ouvrages délabrés qu’on y trouvait alors, et construisit également plusieurs routes et ponts pour relier les fortifications.

Malgré l’amélioration des ouvrages de défense, la garnison de la ville restait « vieille, faible » et « incapable de [...] résistance ». C’était le résultat d’années de négligence de la part du gouvernement métropolitain. L’éclatement de la Révolution américaine transforma cette faiblesse en un grave problème. L’apparition de nombreux corsaires américains au large des côtes et leurs attaques contre de petits villages de pêcheurs sans défense soulevèrent la crainte d’une incursion dirigée contre le port de St John’s. Les ravitaillements dont l’île dépendait en hiver étaient entreposés dans la ville, et leur capture ou leur destruction eût été un désastre.

Peu de temps après son arrivée, Pringle, voyant la nécessité d’une garnison plus adéquate, avait recommandé au secrétaire d’État des colonies américaines la levée d’une force locale pour appuyer les troupes régulières en cas d’urgence. Durant l’hiver de 1777–1778, il fut assez inquiet pour enrôler, dans une petite force armée de secours, 120 ouvriers qui travaillaient aux fortifications, et cela sans attendre l’approbation officielle. À son arrivée, en 1779, pour assumer les fonctions de gouverneur, le contre-amiral Richard Edwards ratifia les mesures prises par Pringle et, sur le conseil de ce dernier, persuada les habitants de créer une troupe plus nombreuse, semblable à une milice. Les habitants de St John’s qui se joignirent aux Newfoundland Volunteers, ainsi qu’on les appela, acceptèrent de suivre l’entraînement sous la direction de Pringle et convinrent de servir en cas d’attaque, à la condition de recevoir une gratification pour leur engagement ainsi que des provisions. La troupe des Volunteers devint vite populaire et, en mai 1780, elle était forte de quelque 400 hommes.

Les volontaires apprirent, toutefois, peu de temps après, que le gouvernement britannique refusait de sanctionner la gratification d’engagement. Rapidement, ils se débandèrent pour se disperser dans les pêcheries. Comme les ouvriers devaient rentrer sous peu en Grande-Bretagne et que l’escadre d’ Edwards avait mis la main sur des renseignements qui laissaient croire à une attaque française imminente contre l’île, il était urgent de trouver, pour sa défense, quelques solutions de rechange. Sur l’avis, cette fois encore, de Pringle, Edwards autorisa, en septembre 1780, la création d’une unité provinciale, qu’on nommerait le Newfoundland Régiment. Pringle fut promu commandant, avec rang de lieutenant-colonel, en considération de ses services passés.

Bien que l’approbation officielle du régiment fût sur le point d’arriver, Pringle eut à affronter plusieurs problèmes relativement à la formation et au maintien de son unité. Le gouvernement britannique réduisit le nombre des compagnies de 6 à 3 ; on augmentait cependant de 55 à 100 le total des hommes par compagnie. Les officiers, qui devaient payer eux-mêmes les gratifications d’engagement, voyaient leur nombre diminué de moitié, ce qui doublait les coûts qu’ils devaient assumer. Le gouvernement diminua aussi la solde de Pringle et refusa au régiment certains privilèges accordés à d’autres unités provinciales. En outre, Pringle fut forcé de payer personnellement pour les besoins du régiment et fut souvent gêné par le manque de provisions et d’équipement. Le Newfoundland Regiment fut néanmoins bien accueilli dans l’île, et il contribua probablement à détourner les attaques contre St John’s jusqu’à son licenciement en octobre 1783. La vie, brève et sans histoire, de ces forces diverses recrutées dans l’île témoigne cependant de la vision et de l’énergie de Pringle, à un moment critique de la guerre.

Pringle retourna probablement en 1783 en Europe, où il reprit ses tâches régulières. Il fut promu ingénieur en chef à Gibraltar en 1785, poste qu’il conserva au moins jusqu’en 1788. Deux ans plus tard, il était promu lieutenant-colonel et colonel en Amérique, et, en 1792, lieutenant-colonel du génie. Envoyé à la Grenade l’année suivante, il y mourut des fièvres peu après son arrivée.

Stuart R. J. Sutherland

APC, MG 23, A4, 66, pp.116–134.— PRO, Adm. 1/471, ff.455–457 ; 1/472, f.12 ; 80/121, ff.75, 78, 106–107 ; CO 194/30, ff.114–116 ; 194/32, ff.76–78 ; 194/33, ff.5–6, 106–107, 115–116, 131–132, 138–139 ; 194/34, ff.3–6, 7–9, 25–28, 52, 57, 61–62, 75–76, 102–103 ; 194/35, ff.3–10, 36–39, 53–55, 64–72, 76–77, 82–83, 98–119, 125, 130, 133–136, 147–148, 153, 212, 222, 257, 300, 305–307, 310–311, 322–323 ; 195/12, ff.99, 106–108, 225–227, 228 ; 195/13, f.14 ; 195/14, ff.l–20 ; 195/15, ff.98, 102, 115, 155 ; WO 1/12, ff.207–210, 217–220 ; 1/13, ff.40–41 ; 55/1 557/2–4 ; 55/2 269, ff.2–9.— Gentleman’s Magazine, 1784, 636 ; 1785, 838 ; 1788, 267 ; 1793, 768.— G.-B., WO, Army list, 1761–1793.— Roll of officers of the corps of Royal Engineers from 1660 to 1898 [...], R. F. Edwards, édit. (Chatham, Angl., 1898), 8.— T. W. J. Connolly, History of the corps of Royal Sappers and Miners (2 vol., Londres, 1855), I : 47s.— G. W. L. Nicholson, The fighting Newfoundlander ; a history of the Royal Newfoundland Regiment (St John’s, [1964]), 13–23, 582–591.— Porter, History of Royal Engineers, 1 : 215.— Prowse, History of Nfld. (1895), 341, 652.

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Stuart R. J. Sutherland, « PRINGLE, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/pringle_robert_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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