PILKINGTON, ROBERT, officier, ingénieur militaire, peintre et propriétaire foncier, né le 7 novembre 1765 à Chelsfield (Londres), fils de Robert Pilkington et d’une prénommée Grace ; le 15 octobre 1810, il épousa à Devizes, Angleterre, Hannah Tylee, fille de John Tylee, et ils eurent quatre filles et deux fils, dont l’un mourut en bas âge ; décédé le 6 juillet 1834 à Londres.

Robert Pilkington fréquenta la Royal Military Academy de Woolwich (Londres) et obtint le 27 août 1787 une commission de lieutenant en second dans le Royal Regiment of Artillery. Il fut muté dans le génie royal le 5 juin 1789 et s’embarqua à destination de Québec en juillet 1790. Sa présence à Newark (Niagara-on-the-Lake, Ontario), est signalée pour la première fois en octobre 1792. Il fut promu lieutenant le 16 janvier 1793.

Pilkington était très recherché en tant qu’ingénieur, d’abord à Newark et dans les environs, puis à York (Toronto) et ailleurs dans la province. En fait, il consacrait à des travaux de génie plus de temps que ne pouvait lui en accorder le lieutenant-gouverneur, John Graves Simcoe*. Pilkington s’occupait certes des casernes, des fortins et des ouvrages de défense, mais on le consultait aussi sur les questions les plus diverses, qu’elles fussent liées à des travaux de génie civil ou aux défenses côtières. Par exemple, il fut chargé de la réfection de l’église des Six-Nations, qui était située au bord de la rivière Grand et qui avait été frappée par la foudre en 1797 ; la même année, à York, il construisit un rajout au premier édifice de l’Assemblée du Haut-Canada. En 1799 et 1800, il dessina et construisit à York la première résidence du lieutenant-gouverneur, immeuble en bois d’un étage qui fut détruit en 1813 lors de l’explosion du magasin de poudre adjacent. Ses réalisations ne furent cependant pas toutes notoires. Ainsi, en juin 1796, Mme Simcoe [Elisabeth Posthuma Gwillim*J notait : « M. Pilkington a construit pour le bal de ce soir une pièce temporaire qui est attenante à notre maison. »

Pilkington exerçait aussi, plus ou moins officiellement, les fonctions de cartographe. Le 20 septembre 1793, Simcoe fit parvenir à George III l’esquisse que le jeune ingénieur avait faite du port d’York et, quatre jours plus tard, il l’emmena avec le groupe qui partait de la baie Humber, sur le lac Ontario, pour remonter en canot jusqu’à la baie Géorgienne. Pilkington dressa des cartes des cours d’eau qu’il rencontra et peignit plusieurs scènes qu’il observa au cours de son voyage, surtout sur la rivière Severn. L’expédition fut difficile, et c’est en partie à cause de cela que Simcoe décida de construire la rue Yonge, qui devait relier York au lac Simcoe. En mars 1794, Pilkington accompagna le lieutenant-gouverneur à Detroit et à la rivière des Miamis (rivière Maumee). Il dessina de l’ouest du lac Érié une meilleure carte que celles qui existaient alors et il fit le relevé de la région de la rivière des Miamis, où il demeura pour reconstruire le fort Miamis (Maumee, Ohio). Ce travail l’occupa presque jusqu’à l’hiver, mais il était considéré comme un encouragement essentiel pour les Indiens, car les États-Unis revendiquaient ce territoire.

Pilkington participait à la vie sociale qui prenait naissance dans la jeune colonie et se gagna, semble-t-il, l’amitié de Mme Simcoe. Dans son journal, elle parle de promenades à cheval avec lui et admet plus d’une fois avoir copié ses esquisses. Pilkington se lia aussi avec John White*, premier procureur général du Haut-Canada. Ils se rendaient souvent visite et assistaient ensemble à des réceptions. Quand White fut mortellement blessé lors d’un duel avec John Small, le 3 janvier 1800, ce fut Pilkington qui annonça la nouvelle au beau-frère et protecteur du défunt, le juriste anglais Samuel Shepherd. Il offrit de prendre en charge les deux fils de White, mais ceux-ci rentrèrent en Angleterre pour être élevés par leur mère, sous la surveillance générale de Shepherd.

Le 3 juin 1797, Pilkington fut promu lieutenant-capitaine et, le 18 avril 1801, capitaine. Il rentra en Angleterre à l’automne de 1802 et passa quelques années dans le district de Southern et à la fabrique gouvernementale de poudre de Waltham Abbey. Promu lieutenant-colonel le 24 juin 1809, il s’embarqua un mois plus tard pour la seule action réellement militaire de sa carrière, l’expédition tristement célèbre qui fut lancée par le cabinet moribond du duc de Portland contre l’île de Walcheren dans une vaine tentative pour prendre Anvers (Belgique). Pilkington prit part à la seule réussite modeste de l’expédition, le siège et la prise de la petite ville fortifiée de Flushing (Vlissingen, Pays-Bas). Plus tard, il reçut des félicitations pour avoir commandé une troupe formée d’artificiers, de marins et de civils qui avaient détruit les installations navales, l’arsenal et les défenses maritimes.

Après un bref séjour à Woolwich en 1810, Pilkington fut affecté à Weedon, où il supervisa d’importants travaux de construction pour le Board of Ordnance. Il servit comme ingénieur en chef dans le district de Northwestern de 1815 à 1818 et à Gibraltar de 1818 à 1830. Entre-temps, il fut promu colonel du génie le 1er décembre 1815 et major général de l’armée le 27 mai 1825. Il devint colonel commandant du génie le 28 mars 1830 et inspecteur général des fortifications le 24 octobre 1832.

Même s’il ne revint jamais dans le Haut-Canada, Robert Pilkington continua de s’y intéresser. Lors de leurs rares séjours en Grande-Bretagne, il aimait recevoir les amis qu’il s’était faits dans la province. Il s’occupait des terres qu’il y possédait et cherchait des moyens d’y attirer des colons. En 1811, il proposa de recruter un groupe d’émigrants dans les Highlands et de les convaincre de s’installer dans le Haut-Canada en leur promettant des concessions foncières. Outre environ 2 000 acres à York, à Newark et dans le canton de Grantham, Pilkington avait réussi à obtenir de Joseph Brant [Thayendanegea*] 15 000 acres sur la rivière Grand. Curieusement, malgré les ouvrages qu’il conçut, construisit ou entretint dans l’ensemble de la province, et qui prouvent l’importance des ingénieurs militaires dans l’histoire coloniale du Canada ; c’est peut-être dans le canton de Pilkington – la terre qu’il avait reçue des Six-Nations – que son intervention fut la plus forte et la plus durable. Malheureusement, elle ne fut pas que positive. « Le major », comme on l’appelait à la rivière Grand, avait attiré sur ses terres des colons du Northamptonshire et du Warwickshire. Or, après un long et pénible voyage, ces pionniers crédules eurent la mauvaise surprise de découvrir que la région n’était même pas défrichée. Pis encore, au fil des ans, beaucoup se querellèrent au sujet de leurs titres de propriété. La plupart moururent en maudissant Pilkington de les avoir placés dans une situation intenable. En dépit de toutes ses réalisations comme ingénieur militaire, Pilkington demeurera pour certains un propriétaire absentéiste qui ne sut pas donner corps à ses idées grandioses.

Carl A. Christie

APC, MG 23, HI, 5, vol. 1–2 ; RG 1, E3, 61 ; E14, 8, 11 ; L3, 400 : P1/1, 35 ; P2/38, 83 ; 400A : P4/1 ; 402 : P9/29 ; 418 : P misc., 1775–1795/128 ; 419 : P leases, 1798–1818/10 ; RG 8, I (C sér.), 102 ; 106–107 ; 223 ; 405 ; 512 ; 546–547 ; 597 ; 724 ; RG 10, A1, 2, 789 ; A2, 9 ; B3, 4733.— Corr. of Lieut. Governor Simcoe (Cruikshank).— Gwillim, Diary of Mrs. Simcoe (Robertson ; 1911).— Alexander Macdonell, « Diary of Gov. Simcoe’s journey from Humber Bay to Matchetache Bay, 1793 », Canadian Institute, Trans. (Toronto), 1 (1889–1890) : 128–139.— DNB.— G.-B., WO, Army list, 1789–1835.— Roll of officers of the Corps of Royal Engineers from 1660 to 1898 [...], R. F. Edwards, édit. (Chatham, Angl., 1898).— E. [R.] Arthur, Toronto : no mean city (2e éd., Toronto, 1974).— B. M. Dunham, Grand River (Toronto, 1945).— Marcus Van Steen, Governor Simcoe and his lady (Toronto et Londres, 1968).

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Carl A. Christie, « PILKINGTON, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/pilkington_robert_6F.html.

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Auteur de l'article:    Carl A. Christie
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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