PENNOYER, JESSE, arpenteur, fonctionnaire, juge de paix, propriétaire de moulins, fermier et officier de milice, né le 16 avril 1760 à Amenia, New York, fils de Joseph Pennoyer, pasteur méthodiste, et de Lucy Crippen ; il épousa Martha Ferguson, et ils eurent 12 enfants ; décédé le 1er décembre 1825 à Waterville, Bas-Canada, et inhumé à East-Hatley (Hatley, Québec).

Jesse Pennoyer reçut une bonne éducation. Avec sa famille, il appuya le parti des rebelles lors de la guerre d’Indépendance américaine. Enrôlé dans le 4th New York Regiment le 1er janvier 1777, il fut licencié trois ans plus tard. On ne sait ni quand ni pourquoi il changea de pays et d’allégeance, mais en 1788 il était dans la province de Québec où il reçut une commission d’arpenteur.

D’abord employé par Thomas Dunn* dans sa seigneurie Saint-Armand près de la baie Missisquoi, Pennoyer fut ensuite envoyé par l’arpenteur général adjoint dans ce qui allait devenir le Haut-Canada. Il devait arpenter le district réservé aux loyalistes, faire le tracé de la route de Cornwall à Kingston, puis délimiter les nouveaux cantons, dont Oxford, sur la rivière Rideau.

L’ouverture des Cantons-de-l’Est à la colonisation ramena Pennoyer au Bas-Canada où il fut chargé de reconnaître le parcours du bas Saint-François en 1792. Il recueillit alors un récit controversé de l’expédition de Robert Rogers* contre le village abénaquis de Saint-François-de-Sales (Odanak) en 1759 et d’un combat aux environs du futur emplacement de Sherbrooke. L’arpenteur général confia à Pennoyer le relevé et la subdivision de plusieurs cantons dans la région du lac Champlain et du lac Memphrémagog dont Dunham, Sutton, Potton et Barnston. Sensible aux avantages de la région, Pennoyer demanda la concession du canton de Compton avec ses confrères Nathaniel Coffin* et Joseph Kilborn qui, comme lui, avaient été acceptés dans la loge maçonnique Select Surveyors No. 9, le 13 mars 1793. Il fut nommé commissaire chargé de la sélection des requérants de terres à la baie Missisquoi le 10 octobre 1794. Il remplit cette fonction avec assiduité, mais ne se fit pas scrupule de veiller à ses propres intérêts.

Pennoyer fut nommé juge de paix pour le district de Montréal en 1797 et sa commission fut renouvelée en 1799 et 1810. Il obtint une commission semblable pour le district de Trois-Rivières en 1811, puis en 1815 et 1821. En août 1797, à la suite de l’exécution de David McLane*, reconnu coupable de trahison, il avait écrit à Dunn au sujet d’autres personnes associées à McLane. Il s’était rendu au Vermont avec Coffin afin d’enquêter sur les intentions d’Ira Allen et, en septembre, il avait informé le gouverneur Robert Prescott* qu’Allen cherchait à faire parvenir 20 000 armes au Bas-Canada.

Peu après, Pennoyer appuya le groupe des protestataires réunis à la baie Missisquoi qui s’élevaient contre la lenteur du gouvernement à octroyer des terres. Il participa à la rédaction d’un mémoire énergique qu’il remit lui-même au gouverneur Prescott en décembre, après l’avoir signé, tout comme l’avaient fait ses amis Gilbert Hyatt et Samuel Willard.

Le 31 août 1802, Pennoyer et ses 20 associés reçurent chacun 1 200 acres dans le canton de Compton. Après avoir vendu ses propriétés dans la seigneurie Saint-Armand où il avait vécu, Pennoyer se fixa sur ses lots près des chutes qui prirent son nom et y construisit des moulins tout en défrichant. Dès lors, il s’occupa inlassablement du développement de la région et convoqua maintes assemblées pour demander des routes vers la rivière Chaudière, les États-Unis et le long de la rivière Saint-François. En 1807, il déposa le plan d’un chemin qui partait du fleuve Connecticut et allait jusqu’au canton d’Ireland, dont il avait réalisé l’arpentage. Ce plan fut repris par le gouverneur Gosford [Acheson*] et l’on construisit, de 1838 à 1843, une route qui porta son nom.

Les autres besoins de la région n’échappèrent pas à Pennoyer. En 1805, il porta à Québec un mémoire réclamant des cours de justice, des bureaux d’enregistrement, la représentation parlementaire et l’établissement d’un clergé protestant. En 1806, il avait essayé de cultiver le chanvre et, en 1809, le gouvernement lui allouait un salaire de £200 plus £100 pour défrayer les coûts de la promotion de cette culture pendant cinq ans. Cependant, le marché fit défaut et la guerre de 1812 mit fin à cette expérience qui s’avéra ruineuse pour lui.

La milice des Cantons-de-l’Est avait été organisée en 1805 par sir John Johnson ; Pennoyer y détenait le rang de capitaine. En 1808, il fut affecté au 5e bataillon de milice des Cantons-de-l’Est et en devint le commandant en 1812. Même si cette fonction ne fut pas une sinécure, car ses hommes se trouvaient dispersés sur une centaine de milles, Pennoyer s’y consacra pleinement. Bien qu’il ait été promu major au début de 1813, son autorité ne suffit pas toujours à rallier les miliciens, très empressés à défendre leurs champs, mais peu enclins à rejoindre l’armée cantonnée à Laprairie (La Prairie). Johnson fut outré d’apprendre que ses ordres étaient discutés et Pennoyer fut obligé à plusieurs reprises d’excuser ou d’expliquer la conduite de ses hommes. Sa carrière militaire se termina en 1821. Il continua de pratiquer son métier d’arpenteur et, le 23 décembre 1824, il signa un plan du village de Sherbrooke.

Jessé Pennoyer avait été éprouvé par la mort de John, son fils aîné, en 1820 et par celle de sa femme deux ans plus tard. Entouré de sa nombreuse famille, il mourut le 1er décembre 1825 après une courte maladie, emportant le regret de ses nombreux amis. Doué d’une forte personnalité et d’une vision hors du commun, il avait exercé une grande influence dans son milieu. Par ses efforts et sa persévérance, il avait contribué au progrès de son pays d’adoption.

Marie-Paule R. LaBrèque

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Marie-Paule R. LaBrèque, « PENNOYER, JESSE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/pennoyer_jesse_6F.html.

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Auteur de l'article:    Marie-Paule R. LaBrèque
Titre de l'article:    PENNOYER, JESSE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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