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PARTRIDGE, HENRY OSCAR, fermier, instituteur et fonctionnaire, né le 6 octobre 1858 près de Dalston, Haut-Canada, fils de John Thomas Partridge et de Martha Chappell ; le 14 février 1891, il épousa à Sintaluta, Saskatchewan, Maggie H. Curle (décédée en 1895), et ils eurent une fille, morte en 1896, puis le 11 juillet 1900, Ida May King, et de ce second mariage naquirent trois enfants ; décédé le 17 janvier 1916 à Sintaluta.
Henry Oscar Partridge comptait parmi ces milliers de jeunes gens de l’Ontario rural qui s’installèrent dans les Prairies canadiennes après la Confédération. Plus précisément, Partridge et deux de ses frères firent partie de la première grande vague d’immigrants qui s’installèrent dans ce qui est aujourd’hui la Saskatchewan après que la région eut été ouverte à un peuplement systématique dans le cadre de la Politique nationale. Ils s’établirent en 1882 sur des concessions statutaires situées près de ce qui devint bientôt le village de Sintaluta. Après s’être acquitté de ses corvées de colon en construisant une cabane de terre et de rondins et en mettant sa terre en culture, Partridge se spécialisa peu à peu dans la production céréalière tout en élevant quelques bovins et quelques porcs. En 1906, au moment de la confection de la carte du district d’Indian Head, il possédait trois lots d’un quart de mille carré, ce qui, à cette époque et dans ce district, était une ferme moyenne.
Comme beaucoup de propriétaires de concessions, Partridge fit du travail supplémentaire jusqu’à ce que l’exploitation de ses terres soit assez avancée pour requérir toute son attention. En 1887, lorsqu’il présenta une demande de titre de concession foncière, il se définit à la fois comme agriculteur et instituteur ; il enseignait depuis 1886. Étant donné la maigre infrastructure du district, il avait ouvert une école dans une « cabane en rondins abandonnée ». Détenteur d’un brevet provisoire, il finit par obtenir un brevet d’enseignement de première classe du bureau d’Éducation des Territoires du Nord-Ouest. Il enseigna à l’école de Spring Coulee jusqu’en 1891. En mai de cette année-là, à un congrès de la Central Assiniboia Teachers’ Association, il présenta une communication intitulée « Teacher’s responsibilities » et fut élu au comité de direction. Bien qu’il soit redevenu agriculteur à temps plein en 1891, il conserva un intérêt marqué pour l’éducation ; par exemple, il fut secrétaire et président du conseil scolaire de sa localité.
Après avoir abandonné l’enseignement, Partridge arrondit son revenu d’agriculteur en se livrant à diverses activités commerciales. En 1896, pendant la saison de mise en marché, il travailla à Sintaluta comme acheteur de grain pour une société de Winnipeg, la D. H. McMillan and Company. L’année suivante, il était, semble-t-il, copropriétaire d’un nouveau magasin général en cours de construction à Sintaluta. En 1898, il travailla à nouveau comme acheteur de grain au village, cette fois pour la Northern Elevator Company Limited.
Partridge commença tôt à participer à la campagne visant à rendre le gouvernement et le milieu des affaires plus attentifs aux besoins de la collectivité. Il appartint au premier conseil de la municipalité rurale d’Indian Head et continua de jouer un rôle dans la politique rurale après avoir quitté son poste électif. En juillet 1892, lui-même et d’autres colons présentèrent une requête au conseil municipal d’Indian Head en vue de soumettre aux électeurs un règlement autorisant la constitution d’un montant de 6 000 $ pour la construction de deux élévateurs à grain – un à Sintaluta, l’autre à Indian Head – qui seraient la propriété des fermiers. On a dit que ce règlement, ratifié par les contribuables et approuvé par le gouvernement territorial, fut « probablement la première initiative visant à organiser la manutention du grain [sur une base] coopérative dans le district d’Assiniboia ». En 1897, Partridge fut élu secrétaire de la Farmers’ Elevator Company à Sintaluta. La même année, à une réunion de contribuables convoquée pour protester contre l’insuffisance des dépenses engagées dans son district, il proposa qu’un terrain soit détaché de la municipalité d’Indian Head et transformé en district de corvées, unité administrative établie par le gouvernement territorial pour faciliter les travaux publics. Partridge et un collègue se virent confier la mission de s’adresser au lieutenant-gouverneur pour que cette proposition soit mise en œuvre. Leurs efforts furent vains, mais cet épisode montre avec quelle vigilance des militants ruraux tel Partridge s’occupaient des questions de gouvernement local au début du peuplement de l’Ouest.
Toujours en 1897, Partridge était, dit-on, juge de paix. C’est d’ailleurs en tant que magistrat qu’il apporta sa plus célèbre contribution à la vie publique. En effet, en 1902, il présida le conseil de trois juges de paix qui instruisit la première contestation judiciaire en vertu du Manitoba Grain Act, loi fédérale visant à superviser le commerce céréalier dans tout l’Ouest canadien. Un certain nombre de personnalités du commerce céréalier, d’hommes politiques et de militants du milieu agricole assistèrent à cet important procès type, dont le commissaire des entrepôts, Charles C. Castle (le fonctionnaire responsable de l’administration du Manitoba Grain Act), Thomas Walter Scott*, député aux Communes, William Richard Motherwell*, président de la Territorial Grain Growers’ Association, et d’autres membres du comité directeur de cette association. L’avocat de la couronne était Thomas Graham Mathers, représentant du département fédéral de la Justice ; l’avocat de la défense, James Albert Manning Aikins*, conseiller juridique de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. Le défendeur était un agent de cette société ferroviaire, A. V Benoit. Partridge et ses collègues magistrats le trouvèrent coupable d’infraction aux dispositions de la loi garantissant aux fermiers qui expédiaient du grain un accès équitable aux wagons de chemin de fer et le condamnèrent à 50 $ d’amende. L’année suivante, le juge Hugh Richardson, de la Cour suprême des Territoires du Nord-Ouest, maintint le verdict. Cet arrêt confirmait que les fermiers avaient des recours contre ce qu’ils considéraient comme des abus monopolistiques du système de manutention du grain.
Après ce procès célèbre, Partridge continua de participer au mouvement des fermiers en soutenant son frère Edward Alexander Partridge*, plus connu que lui. En 1906, à Sintaluta, il fut secrétaire de l’assemblée de fermiers qui lança la Grain Growers’ Grain Company Limited, la première société céréalière appartenant à des agriculteurs et faisant affaire à la bourse des céréales. L’année suivante, il fut élu au conseil d’administration de la Saskatchewan Grain Growers’ Association. Il fut aussi secrétaire de la section de cette association à Sintaluta et, de 1903 à 1907, président de la Sintaluta Agricultural Society. En 1908, une délégation de fermiers dont il faisait partie se présenta devant le conseil municipal d’Indian Head pour exprimer des inquiétudes quant à la manière dont le Grain Standards Board déterminait la qualité de leur grain.
Partridge fit également du bénévolat à l’église presbytérienne de sa localité, notamment à titre d’administrateur, de membre de la chorale et d’instituteur à l’école du dimanche. Manifestement, c’était de plus un grand sportif. En 1896, il participa à la réorganisation du club de baseball de Sintaluta et en devint capitaine adjoint. Joueur de curling accompli, il fut secrétaire du club local, sortit vainqueur du tournoi annuel d’Indian Head en 1907 et figura parmi les chefs d’équipe présents au premier tournoi annuel de Sintaluta en 1912.
Henry Oscar Partridge est représentatif d’un nombre incalculable de personnes d’origines modestes qui, individuellement et collectivement, contribuèrent beaucoup au développement de l’Ouest canadien à l’époque du peuplement agricole. Dotées de peu de ressources, les petites collectivités des nouveaux districts agricoles des Prairies devaient compter sur des bénévoles pour mettre sur pied les institutions dont elles avaient besoin et améliorer la vie de leurs résidents. « Membre actif de tous les mouvements de service social et de réforme que connaissait la collectivité », Partridge acquit, par son dévouement, le respect et la gratitude de ses concitoyens.
Agriculture et agro-alimentaire Canada, Station de recherche d’Indian Head (Indian Head, Sask.), « Map of Indian Head and adjacent district », vers 1906.— Saskatchewan Arch. Board (Regina), R–260 (Dept. of Agriculture, Agricultural Socs. coll.), file n° II. 146 (1–3) (returns of the Sintaluta Agricultural Soc., 1903–1905) ; R-E 531 (Olive Partridge Sutherland, Geneal. of the Partridge family).— Saskatchewan Arch. Board (Saskatoon), Homestead files, 37372, 175328 ; S-B2 (Saskatchewan Grain Growers’ Assoc.), convention proc., 1902–1906.— Qu’Appelle Progress (Qu’Appelle, par la suite Qu’Appelle Station [Qu’Appelle, Sask]), 1889–22 déc. 1898, publié par la suite sous le titre Progress, 29 déc. 1898–1900.— Qu’Appelle Vidette (Fort Qu’Appelle, [Sask]), 1889–27 févr. 1896, publié par la suite sous le titre Vidette (Fort Qu’Appelle and Indian Head ; Indian Head), 5 mars 1896–99, 1905–6.— Regina Leader, 1900–1903.— Regina Standard, 1900–1903.— Lyle Dick, « Estimates of farm-making costs in Saskatchewan, 1882–1914 », Prairie Forum (Regina), 6 (1981) : 183–201.— H. S. Patton, Grain growers’ cooperation in western Canada (Cambridge, Mass., 1928).— Tales of the Red Fox : Assiniboine reserve, town of Sintaluta, districts Allindale, Durham, Blackwood, Red Fox & Spring Coulee (Sintaluta, Saskatchewan, 1985).— L. A. Wood, A history of farmers’ movements in Canada (Toronto, 1924 ; réimpr., introd. de F. J. K. Griezic, Toronto et Buffalo, N.Y., 1975).
Lyle Dick, « PARTRIDGE, HENRY OSCAR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/partridge_henry_oscar_14F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/partridge_henry_oscar_14F.html |
Auteur de l'article: | Lyle Dick |
Titre de l'article: | PARTRIDGE, HENRY OSCAR |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |