PARDEE, TIMOTHY BLAIR, avocat et homme politique, né le 11 décembre 1830 dans le comté de Grenville, Haut-Canada, fils d’Aaron B. Pardee et de Jane Elliott ; il épousa Emma Kirby Forsyth du comté de Lambton, et ils eurent six enfants ; décédé le 21 juillet 1889 à Sarnia, Ontario.

Après avoir quitté l’école, Timothy Blair Pardee se plaça pendant quelque temps en apprentissage à Brockville, dans l’étude d’avocat de William Buell Richards, qui devint plus tard juge en chef du Canada. Mais Pardee se lassa et abandonna le droit et la vie tranquille d’une petite ville de province pour l’animation de la ruée vers l’or en Californie en 1849. Il y passa deux années mouvementées mais infructueuses, avant que la fièvre de l’or ne l’entraîne avec tant d’autres en Australie. Après avoir passé cinq ans dans les régions aurifères, il revint au Canada, sans fortune, et poursuivit ses études au bureau de Joshua Adams, à Sarnia. Il fut admis au barreau en 1861. Peu de temps après, on le nomma procureur de la couronne du comté de Lambton, poste qu’il abandonna en 1867 pour se porter candidat sur la scène politique. Il devait être élu membre du conseil d’administration de la Law Society of Upper Canada en 1871 et nommé conseiller de la reine en 1876.

Homme du monde fort estimé, cordial et possédant d’abondantes histoires sur ses aventures, Pardee réussit immédiatement en politique. Lorsqu’il se porta candidat réformiste dans le comté de Lambton aux élections générales d’Ontario en 1867, il défit l’ancien préfet du comté, Robert Rae, par un écart de deux à un. Il fut élu sans opposition en 1871 et de nouveau à l’élection partielle de 1872 rendue nécessaire par sa nomination au cabinet. Après une révision de la carte électorale en 1874, il représenta Lambton West comme candidat du parti réformiste (ou libéral) à quatre élections générales consécutives, en 1875, 1879, 1883 et 1886.

Le premier ministre Oliver Mowat* choisit Pardee le 25 octobre 1872 comme secrétaire provincial de son premier gouvernement. Un peu plus d’un an plus tard, le 4 décembre 1873, à l’époque de la démission de Richard William Scott* et de son transfert à Ottawa, Pardee le remplaça en qualité de commissaire des Terres de la couronne, poste qu’il conservera au cours des 16 années suivantes, soit plus longtemps que tout autre titulaire. La nomination de cet avocat populaire mais inexpérimenté de l’ouest ontarien à un poste du cabinet habituellement réservé à un entrepreneur forestier de l’est de l’Ontario étonna beaucoup de gens à l’époque. Mais Mowat, résolu à rompre les rapports commodes qui s’étaient créés entre le ministère et les entrepreneurs forestiers, voulait quelqu’un possédant la compétence et le désintéressement de Pardee pour mettre un terme aux scandales de la vente du bois et effacer le désordre administratif laissé par Scott. Pendant son long mandat à titre de commissaire, Pardee, tout comme son adjoint de longue date, Thomas Hall Johnson (commissaire adjoint des Terres de la couronne de 1869 à 1887), fit beaucoup pour régulariser l’administration des ressources naturelles de la province et pour rétablir la réputation du département.

Les Terres de la couronne constituaient un département difficile qui avait sous sa juridiction les levés de terrains, les routes ouvertes pour la colonisation, les mines, et l’administration des terrains scolaires, des exploitations rurales et des concessions gratuites. La réglementation de l’exploitation des bois et forêts de la province constituait sa fonction de beaucoup la plus importante et sa plus grande source de revenus. Le département tenait des ventes aux enchères de bois d’œuvre toutes les fois que les conditions du marché le justifiaient, délivrait des permis annuels de coupe, entretenait un personnel peu nombreux sur les lieux pour surveiller l’exploitation des forêts et percevait les paiements de prime, de droit de coupe et de rente foncière des entrepreneurs forestiers. Entre 1867 et 1899, la division des bois et forêts du département des Terres de la couronne rapporta 28 p. cent des revenus totaux de la province, proportion que seul le subside fédéral dépassait.

Après que Scott eut fait une vente providentiellement opportune de 5 031 milles carrés de bois d’œuvre juste avant l’élection de 1872, il ne fut plus nécessaire de mettre immédiatement davantage de bois sur le marché, à l’exception de petites quantités de bois endommagé par le feu et de traverses de chemin de fer. En fait, Pardee vendit comparativement peu de bois d’œuvre pendant la longue période où il occupa son poste, probablement à cause de la situation généralement stagnante du marché. En 16 ans, il n’autorisa que quatre ventes aux enchères, soit en 1877, 1881, 1885 et 1887, qui représentaient respectivement 375, 1 379, 1 012 et 459 milles carrés, ce qui était inférieur à ce que Scott avait vendu en 1872 seulement. Sa dernière vente, pour laquelle les droits de coupe furent haussés de 75 cents à $1 les 1 000 pieds de bois, et les rentes foncières, de $2 à $3 le mille carré, entraîna une importante confrontation entre les entrepreneurs forestiers de la province qui étaient insultés et le gouvernement. Le 14 décembre 1887, la veille de la vente aux enchères, une délégation d’exploitants de bois rencontra Pardee et Mowat à la bibliothèque du parlement. Mowat refusa de renoncer aux nouvelles listes de prix et les entrepreneurs forestiers, après avoir réfléchi à la question plus tard ce soir-là, annoncèrent qu’ils ne feraient pas d’offre pour le bois mis en vente le lendemain. Mais, lorsque vint l’heure de la vente aux enchères, l’avarice foncière et les soupçons que les entrepreneurs nourrissaient les uns envers les autres sapèrent le boycottage et il résulta de la vente des paiements records de primes, en plus des rentes foncières et des droits versés au trésor de la province.

À l’extérieur du milieu des entrepreneurs forestiers, Pardee était probablement surtout connu comme le ministre responsable de la première législation ontarienne pour la protection de la forêt, l’Act to Prevent the Forests from Destruction by Fire, votée en 1878. Bien qu’elle reposât sur la bonne volonté des entrepreneurs, cette loi attira pour la première fois l’attention du public sur la menace des feux de forêt.

Pardee était dans les bonnes grâces de la législature et, bien qu’il fût un bon harangueur, il participait rarement aux débats. Il se fit remarquer surtout dans les coulisses et à la salle du conseil. On a dit de lui qu’il joua le rôle de l’avocat du diable dans le cabinet Mowat, dénonçant les faiblesses des nominations éventuelles, de la politique et des projets de loi du gouvernement. Pendant les dernières années de sa vie, sa santé se détériora et il ne siégea pas à la législature pour défendre ses prévisions budgétaires lors de ses deux dernières sessions. Lorsque Mowat accepta enfin sa démission le 25 janvier 1889, des membres des deux partis en chambre exprimèrent leurs regrets. En 1893, on rendit un hommage considérable à Pardee en plaçant son portrait parmi ceux de sept autres personnages éminents de l’histoire de l’Ontario sur la façade ouest du portail avant du nouvel immeuble du parlement à Queen’s Park.

H. V. Nelles

AO, Clarke (Charles) papers ; MU 20–28 ; MU 1 745, 14, 15 déc. 1887 ; MU 2 119, 1878 ; MU 2 194 ; RG 1, spécialement A-I-8, 3 ; A-II-2, 6–8 ; A-VII, 19–22 ; E-6, 2–3 ; E-12, 5–6.— APC, MG 27, II, D14, 3–6 ; MG 28, III26, 704.— Ontario, Legislature, Sessional papers, 1871–1890 (rapports du commissaire des Terres de la couronne).— Aubrey White, Forest fires and fire ranging : report [...] addressed to commissioner of crown lands (Toronto, 1886).— Globe, 31 janv. 1878, 26 janv., 22 juill. 1889.— Centennial edition of a history of the electoral districts, legislatures and ministries of the province of Ontario, 1867–1968, Roderick Lewis, compil. (Toronto, [1969]).— CPC, 1889.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose), I.— Dent, Canadian portrait gallery, IV.— C. R. W. Biggar, Sir Oliver Mowat [...] a biographical sketch (2 vol., Toronto, 1905).— « A history of crown timber regulations from the date of the French occupation to the year 1899 », Ontario, Clerk of Forestry, Annual report (Toronto), 1899 (réimpr., 1907 ; 1957).— R. S. Lambert et Paul Pross, Renewing nature’s wealth ; a centennial history of the public management of lands, forests & wildlife in Ontario, 1763–1967 ([Toronto], 1967).— H. V. Nelles, The politics of development : forests, mines & hydro-electric power in Ontario, 1849–1941 (Toronto, 1974).— Frank Yeigh, Ontario’s parliament buildings ; or, a century of legislation, 1792–1892 : a historical sketch (Toronto, 1893).

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H. V. Nelles, « PARDEE, TIMOTHY BLAIR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/pardee_timothy_blair_11F.html.

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Auteur de l'article:    H. V. Nelles
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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