Titre original :  From: Robert T Oulton and the Golden Pelt by Robert A. Rankin. Source: http://vre2.upei.ca/islandmagazine/fedora/repository/vre:islemag-batch2-40/OBJ/preview.pdf.

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OULTON, ROBERT TRENHOLM, fermier et cofondateur de l’industrie de l’élevage du renard argenté à l’Île-du-Prince-Édouard, né vers 1835 à Mount Pleasant (Little Shemogue, Nouveau-Brunswick), aîné des enfants de Thomas Oulton et de Catherine Taylor ; décédé le 14 février 1920 à Little Shemogue.

Robert Trenholm Oulton grandit dans la ferme familiale à Mount Pleasant et fréquenta l’école de cette localité. Le 15 juillet 1857, il épousa à New Galloway (Galloway, Nouveau-Brunswick), Jane Main, avec qui il eut quatre garçons, dont des jumeaux en février 1862. L’un des jumeaux mourut à la naissance et Jane succomba peu après ; l’autre fut adopté par la sœur de Jane. Après la mort de sa femme, Robert Trenholm s’installa avec ses deux autres fils dans une ferme de 73 acres sur le lot 17 à l’Île-du-Prince-Édouard. En septembre 1862, il épousa Ann Brander, de New London, avec qui il aurait quatre filles et six fils. En 1866, les Oulton achetèrent la ferme. En 1872, ils achetèrent une terre dans ce qui est aujourd’hui Brae Harbour, sur le lot 9, et s’y établirent afin d’échapper au souvenir de la mort tragique de leur fils Robert, survenue accidentellement l’année précédente. Robert Trenholm Oulton continua de pratiquer l’agriculture ; il était aussi draveur. En 1875, il devint conseiller presbytéral à l’église presbytérienne du Lot 7, que les presbytériens de Brae fréquentèrent jusqu’à l’ouverture de l’église presbytérienne de Brae en 1879. Vers 1880, les Oulton se fixèrent dans l’île Savage, île boisée de 150 acres située près d’Alberton et qu’ils louaient de James Colledge Pope*. Tout en continuant de chasser et de cultiver la terre, Oulton défricha 80 acres de forêt. En 1890, la famille acheta l’île, connue alors sous le nom d’île Cherry et appelée aujourd’hui île Oultons.

Pendant qu’il vivait dans la région de Brae, Charles Dalton*, de Tignish, avait pris l’habitude de chasser avec Oulton. Les deux hommes s’intéressaient particulièrement à l’insaisissable renard argenté ou noir, résultat d’une mutation du renard commun à pelage roux. Au début des années 1880, Dalton se mit à essayer d’élever des renards argentés en captivité. Comme Oulton connaissait bien les animaux sauvages, il lui proposa en 1894 de s’associer à lui. Les attributions des deux hommes étaient clairement délimitées. Dalton fournit le premier couple de renards et Oulton, la terre, la main-d’œuvre, la nourriture et les enclos. Dalton s’occupait des aspects commerciaux de l’affaire ; Oulton, le plus calme et le plus âgé des deux, soignait les bêtes et allait les voir plusieurs fois par jour. Après avoir essayé divers types d’enclos, Oulton opta pour un parc d’élevage d’une superficie de 2 500 pieds carrés, ce qui était assez grand pour que les renards puissent courir. Ce parc était entouré d’une clôture métallique comportant dans le haut une section rabattue vers l’intérieur ; la base s’enfonçait dans le sol à une profondeur d’un pied. Ainsi, les renards ne pouvaient ni sauter pardessus la clôture, ni s’enfuir en creusant dessous. La première portée naquit en 1894. Dalton et Oulton nourrissaient et élevaient les renardeaux sains et dépouillaient les plus faibles pour vendre les peaux. Ils réalisèrent leur premier bénéfice en 1900 chez un encanteur de Londres, la C. M. Lampson and Company, où une peau se vendit 1 807 $. Pendant la durée de leur association, Dalton et Oulton vendirent des peaux de renard argenté au moins trois fois plus cher que les autres de même type offertes chez Lampson. La bonne société anglaise constituait un marché solide pour la ferme de l’île Cherry.

Bien que Dalton et Oulton aient été discrets (ils prenaient même la précaution d’expédier les peaux de nuit à partir d’un petit port), leurs voisins James Gordon, Robert Tuplin, Silas Rayner et Benjamin I. Rayner finirent par découvrir leur lucrative entreprise et demandèrent d’acheter des parts. Les six hommes formèrent le Big Six Combine en 1900 en convenant de ne vendre aucun renard vivant. Ce monopole prit fin en 1910 quand Frank F. Tuplin, neveu de Robert Tuplin, vendit un couple de renards vivants pour 5 000 $.

Dès 1913, l’industrie de l’élevage du renard était en pleine expansion à l’Île-du-Prince-Édouard ; on y comptait 3 130 renards de toutes qualités répartis dans 277 fermes d’élevage. Cette année-là, selon le rapport du commissaire de l’Agriculture, la valeur des renards argentés atteignait à elle seule près de 14 millions de dollars. En 1924, il y avait environ 600 fermes d’élevage, grandes et petites, et entre 100 et 200 fermiers possédaient de un à trois couples de renards. Les petits éleveurs vendaient les peaux eux-mêmes ou par l’entremise de la Silver Black Fox Breeders’ Association of Prince Edward Island, fondée en 1913. À compter des années 1920, ils le firent par l’intermédiaire de la Canadian National Silver Fox Breeders’ Association et de la Prince Edward Island Fur Pool Limited. En 1924, Benjamin I. Rayner toucha la plus haute somme enregistrée pour un couple de renards vivants, 32 500 $. Le prix record obtenu pour une seule peau fut 2 600 $, en 1934. Les importantes recettes de cette industrie furent bénéfiques pour l’économie de l’île ; elles servirent à construire beaucoup de maisons, à acheter des automobiles, à payer des études à des enfants et à faire des dons de charité.

Les femmes, surtout, portaient des peaux de renard argenté, comme cols de fantaisie. Elles posaient la peau de renard sur leurs épaules, agrafaient le museau au derrière et laissaient la queue à bout blanc pendre dans leur dos. À la fin des années 1920, les pèlerines faites de plusieurs peaux assorties furent aussi en vogue. L’industrie se mit à dépérir dans les années 1930 pour plusieurs raisons, dont les changements de la mode, la disponibilité croissante d’étoffes chaudes et décoratives, la dépression mondiale et l’augmentation des peaux en provenance surtout des pays scandinaves.

Comme le stipulait l’entente initiale entre Dalton et Oulton, quelques années après que la ferme d’élevage de l’île Cherry fut devenue rentable, Dalton emporta quelques-uns des renards à sa ferme, à Tignish. Dalton et Oulton mirent fin à leur association en 1912. L’année précédente, Oulton et sa femme s’étaient établis à Little Shemogue ; ils y construisirent une maison en tous points semblables à leur maison de l’île Cherry. Oulton emporta quatre couples de renards au Nouveau-Brunswick et répartit les autres entre ses fils. Malgré la grande qualité de ses renards, la Silver Black Fox Breeders’ Association refusa de classer leurs descendants dans la catégorie A parce qu’ils n’étaient pas nés dans l’île. Déçu, Oulton se départit de tous les renards que lui et sa famille élevaient à Little Shemogue en les vendant en 1914 à une entreprise de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, la Kierstead and Mersereau. Cette vente lui rapporta 224 000 $.

Une fois à la retraite, Robert Trenholm Oulton paya les rénovations de l’église presbytérienne Zion de Little Shemogue et lui acheta une cloche. Ann Brander Oulton mourut en 1918, Robert Trenholm en 1920. Pionnier de l’élevage des renards argentés en captivité, il avait assuré presque seul la réussite de cette industrie, mais il mourut avant sa période faste, les années 1920. Bien qu’une foule de gens aient fait fortune grâce à lui, il n’avait que 10 000 $ au moment de son décès.

Heidi MacDonald

Alberton Museum (Alberton, Î.P.-É.), Eileen Oulton, « Robert Trenholm Oulton ».— PARO, Acc. 2860, particulièrement les documents 8 (A. M. Behling, Robert T. Oulton, the founder of Canada’s black fox industry, Saint-Jean, N.-B., s.d.) et 9 (Eileen Oulton, Notes and observations on the development of the silver fox industry, photocopie, 1975).— Charlottetown Guardian, 22 avril 1913.— Canada, Bureau fédéral de la statistique, Fermes à fourrure au Canada (Ottawa), 1934.— J. W. Jones, Fur-farming in Canada (Montréal, 1913).— Heidi MacDonald, « The significance of the silver fox industry on western Prince Edward Island » (mémoire de b.a., Mount St Vincent Univ., Halifax, 1990).— D. A. MacKinnon, « Fox boom on Prince Edward Island », Silver Fox Breeder (Boston), 1 (1924–1925), n° 2 : 25 (exemplaire au PARO, Acc. 2671).— Î.-P.-É., Dept. of Agriculture, Annual report (Charlottetown), 1913, rapport du commissaire de l’agriculture ; Extracts from reports on fur farming by dominion government officials, commissioner of agriculture for Prince Edward Island, American consul at Charlottetown (Charlottetown, 1914 ; exemplaire au PARO, Acc. 2671).— R. A. Rankin, « Robert T. Oulton and the golden pelt », Island Magazine (Charlottetown), n° 3 (automne-hiver 1977) : 17–22.— F. F. Tuplin, Origin of silver foxes on P.E. Island in 1887 (s.l., s.d.).— Year book : province of Prince Edward Island, 1913 (Charlottetown, 1913).

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Heidi MacDonald, « OULTON, ROBERT TRENHOLM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/oulton_robert_trenholm_14F.html.

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Auteur de l'article:    Heidi MacDonald
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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