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NELSON, WILLIAM, instituteur, né en 1750 à Newsham (North Yorkshire, Angleterre), fils de George Nelson ; décédé le 10 juin 1834 à William Henry (Sorel, Québec).
Dès l’âge de 16 ans, William Nelson commença à enseigner dans son Yorkshire natal. Dix ans plus tard, il s’installa à Londres où il enseigna jusqu’en mai 1781, puis il décida d’immigrer dans la province de Québec. Il écrivit plus tard qu’il n’y avait alors « que deux instituteurs dignes de ce nom » dans la colonie, l’un se trouvant à Québec, l’autre à Montréal. Nelson s’établit à Trois-Rivières, qui regorgeait alors d’immigrants loyalistes, et y ouvrit une école. Celle-ci pouvait accepter des pensionnaires, et l’enseignement de Nelson comprenait les matières suivantes : l’anglais, le français, le latin, le grec, l’écriture, la comptabilité, les mathématiques, la géographie et la navigation.
À Sorel, le 24 mai 1785, Nelson épousa Jane Dies, âgée de 18 ans, fille d’un tory loyaliste de Catskill, dans l’état de New York. Deux ans plus tard, il adressa une requête au jury d’accusation de Montréal dans laquelle il « invoqu[ait] son désir de transférer son école de Trois-Rivières à Montréal, pourvu qu’il reçoive un encouragement convenable ». Le jury d’accusation recommanda qu’on le gratifie « du montant que le gouvernement destin[ait] à un maître d’école », ce qu’approuva lord Dorchester [Carleton*]. Dès 1790, Nelson avait ouvert son école à Montréal ; l’année suivante, son établissement comptait 48 élèves et, en 1792, il y eut 32 inscriptions. Il quitta Montréal en 1794 pour aller s’installer avec sa famille dans une ferme qu’il avait acquise au sud de William Henry. Sa maison tint lieu d’école et de pensionnat, et son enseignement porta sur les mêmes matières qu’il avait dispensées à Trois-Rivières. Ses élèves étaient pour la plupart des enfants d’officiers britanniques en garnison, auxquels s’ajoutaient « quatre et souvent même cinq élèves canadiens de familles pauvres, qu’il acceptait d’instruire par principe ou plutôt par compassion, pour ne pas dire pour rien », selon ses propres termes. Il enseigna aussi à ses propres enfants, dont trois devinrent médecins. L’aîné, George*, se fit trafiquant de fourrures, tandis que Wolfred* et Robert* allaient s’illustrer lors des luttes politiques du Bas-Canada.
Pour un instituteur de campagne, à cette époque, nourrir une famille constituait un problème de taille. Selon les propos de Nelson, seuls « de faux espoirs, toujours renouvelés, de voir venir des jours meilleurs » l’empêchaient d’abandonner son travail. En 1801, sa famille comptait cinq fils et trois filles, et il sollicita l’aide du lieutenant-gouverneur, sir Robert Shore Milnes*, qui lui fit accorder un traitement annuel de £60 « afin de l’inciter à ne pas quitter William Henry ». Grâce à ce soutien généreux, Nelson, ainsi que sa famille, connut la sécurité pour la première fois en 20 ans d’enseignement au Bas-Canada.
En 1821, cependant, une série d’événements auxquels fut mêlé Aaron Allen, riche marchand de l’endroit, vinrent perturber la vie tranquille de Nelson. Cette année-là, l’Institution royale pour l’avancement des sciences décida d’établir à William Henry une école qui serait administrée par l’entremise d’inspecteurs locaux, dont Allen. Nelson, qui avait dans les 70 ans et qui tenait à ses habitudes, fut nommé instituteur, mais il n’approuva pas l’installation de l’école ailleurs que chez lui et n’apprécia pas de devoir rendre des comptes, pour la première fois de sa carrière. En 1822, lorsque les inspecteurs tentèrent d’empêcher Nelson de faire payer ses élèves, l’instituteur s’en plaignit avec amertume et menaça de donner sa démission. Quelques jours plus tard, le gendre d’Allen posa sa candidature au poste d’instituteur. Toutefois, il ne reçut pas l’appui d’un autre inspecteur, le révérend John Jackson, qui considérait que Nelson était « âgé mais efficace ». Nelson poursuivit donc son enseignement, tout en refusant de reconnaître l’autorité de l’Institution royale. En 1823, lorsque les inspecteurs l’obligèrent à prendre gratuitement 35 élèves, il les renvoya. Le 7 janvier 1824, après avoir reçu une directive « humiliante et impérative » de la part du révérend Joseph Langley Mills, secrétaire de l’organisme, qui considérait comme une sinécure le fait de recevoir annuellement £60, l’instituteur donna sa démission ou, selon ses propres termes, « se libéra » du joug de l’Institution royale. C’est le fils d’Allen, Edward Carter, qui remplaça Nelson comme instituteur.
William Nelson continua de tenir une école chez lui et de faire payer à ses élèves la modique somme de un dollar par mois ; mais comme il ne touchait plus son traitement, il connut de plus en plus de problèmes d’ordre financier. En 1831, après quelque 65 ans d’enseignement, il adressa une requête au gouverneur, lord Aylmer [Whitworth-Aylmer*], demandant qu’on lui verse une pension en reconnaissance de ses services. Il écrivait qu’il avait : « sacrifié cinquante années, et plus encore, des meilleures de son existence au service de la province, pour la diffusion de l’instruction [...] avec un salaire à peine supérieur à celui d’ouvriers agricoles ordinaires ». Sa requête ne fut cependant pas exaucée. Il mourut dans sa maison deux ans et demi plus tard et fut inhumé dans le cimetière protestant de William Henry.
APC, MG 24, B34, 2 : 17 ; RG 4, A1, 369 : 73–74 ; RG 8, I (C sér.), 634 : 90.— La Gazette de Québec, 16 mai 1784, 30 juin 1785, 19 févr. 1795.— Almanach de Québec, 1791–1792.— A. R. Kelley, « Church and state papers for the years 1787 to 1791, being a compendium of documents relating to the establishment of certain churches in the province of Québec », ANQ Rapport, 1953–1955 : 117.— L.-P. Audet, le Système scolaire, 2–4.— J. D. Borthwick, History of the Montréal prison from A.D. 1784 to A.D. 1886 [...] (Montréal, 1886).— Boulianne, « Royal Instit. for the Advancement of Learning ».— É.-Z. Massicotte, « les Premières Écoles anglaises à Montréal », BRH, 46 (1940) : 169–170.
John Beswarick Thompson, « NELSON, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/nelson_william_6F.html.
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Auteur de l'article: | John Beswarick Thompson |
Titre de l'article: | NELSON, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |