Le poète Émile Nelligan (1879–1941) compose son œuvre entre 1896 et 1899, année où, atteint de troubles mentaux, il est interné. Il proclame la nécessité d’une poésie nouvelle en rupture avec celle de la plupart des membres de l’École littéraire de Montréal, qu’il fréquente. Hanté par la difficulté de vivre, il réussit à dégager une vision cohérente de son univers mental tourmenté. Sa poésie exprime une mélancolie sans objet et une nostalgie de l’enfance perdue. Elle connaît un essor sans cesse grandissant après la publication d’Émile Nelligan et son œuvre en 1904. Malgré une vie marquée par l’adversité, Nelligan a exercé une influence déterminante sur l’évolution littéraire et a fait entrer la poésie québécoise dans la modernité.

NELLIGAN, ÉMILE (il signait aussi Émil Nelligan, Émil Nellighan et Émil Nélighan, et sous le pseudonyme d’Émile Kovar), poète, né le 24 décembre 1879 à Montréal, fils de David Nelligan, inspecteur adjoint des postes, et d’Émilie-Amanda Hudon ; décédé célibataire le 18 novembre 1941 à Montréal et inhumé trois jours plus tard au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, dans la même ville.

Famille, jeunesse et scolarité

Né d’un père d’origine irlandaise et d’une mère canadienne-française, Émile Nelligan grandit dans un milieu catholique et bilingue. Ses parents et lui habitent dans la maison de l’aïeul paternel, Patrick Nelligan, sise au 602, rue Lagauchetière (De La Gauchetière Ouest), à Montréal. Au printemps de 1883, la jeune famille, qui compte un enfant de plus depuis la naissance d’Éva le 29 octobre 1881, emménage dans un appartement situé au 195, rue de Bleury (De Bleury), où Gertrude-Freda voit le jour le 22 août. De 1885 à 1893, Émile fréquente plusieurs établissements d’enseignement primaire. Inscrit en septembre 1885 à l’académie Saint-Antoine, dirigée par les Frères des écoles chrétiennes, il poursuit sa scolarité à partir du mois d’août de l’année suivante à l’école Olier. De nombreuses absences, dont on ignore les raisons, nuisent à ses résultats, au point où il doit redoubler sa troisième année en 1889–1890. En 1886, la famille s’est installée dans un appartement près du square Saint-Louis, au 112, avenue Laval ; puis, au printemps de 1892, elle s’établira sur la même avenue plus au nord-ouest, au 260, près de la rue Napoléon ; jusqu’à la fin de sa vie, Nelligan donnera comme sienne cette adresse, où il composera la plupart de ses poèmes. De septembre 1890 à juin 1893, au collège du Mont-Saint-Louis des Frères des écoles chrétiennes, Nelligan semble reprendre goût aux études, peut-être parce que les religieux de cet établissement favorisent l’expression artistique chez leurs élèves. Le 27 décembre 1892, il y fait sa première récitation devant public.

En septembre 1893, Nelligan entreprend des études secondaires comme élève externe au petit séminaire de Montréal, dirigé par les sulpiciens. Il est astreint à la discipline rigoureuse des séminaristes qui se destinent à la prêtrise. De mauvais résultats scolaires l’obligent à reprendre deux fois ses éléments latins. En 1895, on lui conseille de changer d’école. Après une interruption de huit mois, Nelligan entre, en mars 1896, en syntaxe comme externe au collège Sainte-Marie, administré par les jésuites. Il doit reprendre cette classe en septembre de la même année. Le père Théophile Hudon, cousin au deuxième degré de sa mère Émilie-Amanda, y enseigne la littérature. Il a pour mission de guider le jeune homme dans ses études. Nelligan fréquente le collège durant deux semestres, jusqu’en février 1897. À l’âge de 17 ans, il a déjà deux ans de retard sur ses camarades. Contre la volonté de ses parents, il décide alors d’abandonner les études. Il n’entrevoit pas d’autre métier que celui de poète.

Premiers poèmes

L’année 1896 a marqué les débuts officiels de Nelligan dans le monde de la poésie. Les 4 et 16 avril, il participe aux soirées artistiques et littéraires organisées au profit des œuvres des Pères du Saint-Sacrement en récitant quelques poèmes en public, qui ne sont toutefois pas encore les siens. Il faut attendre les derniers jours du printemps avant de voir ses premiers vers publiés. Entre le 6 juin et le 19 septembre, Nelligan, sous le pseudonyme d’Émile Kovar, fait paraître neuf poèmes dans la revue montréalaise le Samedi.

Au début de l’année suivante, Nelligan soumet sa candidature à l’École littéraire de Montréal [V. Gonzalve Desaulniers* ; Georges-Alma Dumont*]. Ce groupe compte alors une vingtaine de membres qui se réunissent chaque semaine depuis novembre 1895. Nelligan y est admis le 10 février 1897 sur présentation de deux nouvelles pièces, Berceuse et le Voyageur, et assiste à une réunion quinze jours plus tard. À cette époque, il fait la connaissance de Joseph-Marie Melançon*, dit Lucien Rainier, d’Arthur de Bussières et de Charles Gill*, qui participent déjà depuis un certain temps aux activités de l’école. Mais, à part sa présence à trois autres réunions et la lecture de son poème les Tristesses pendant la rencontre du 4 février 1898, on ne sait rien de sa participation aux activités de l’école littéraire entre cette date et le 9 décembre suivant, alors qu’il réintègre ses rangs. Nelligan a apparemment peu d’intérêt pour ce type de rencontres.

Influences et quête personnelle

Sur le plan esthétique, les premiers essais de Nelligan accusent une influence certaine des poètes français du xixe siècle, notamment de Charles Baudelaire et de Paul Verlaine. Le sonnet de Nelligan intitulé Charles Baudelaire, paru dans le Samedi du 12 septembre 1896, affiche les couleurs du jeune poète qui proclame la nécessité d’une poésie nouvelle en rupture avec celle de la plupart des membres du cénacle qu’il fréquente.

Les Classiques sont morts ; le voici le réveil
Grand Régénérateur sous ta pure et vaste aile
Toute une ère est groupée. En ton vers de vermeil
Nous buvons ce poison doux qui nous ensorcelle.

Du 29 mai 1897 au 21 mai 1898, sous les variations orthographiques d’Émil Nelligan et d’Émil Nellighan, il fait paraître sept nouveaux poèmes dans le Monde illustré de Montréal. Si ses vers sont parfois parnassiens, ils le sont à la manière des poètes symbolistes. À l’instar de ces derniers, Nelligan adopte une représentation subjective des choses et s’emploie, comme le poète Stéphane Mallarmé l’a écrit au poète Henri Cazalis en 1864, à « [p]eindre, non la chose, mais l’effet qu’elle produit ».

Durant deux ans, de juin 1896 à mai 1898, Nelligan fait ses gammes et explore les arcanes de la poésie moderne. Si ses lectures de Baudelaire, de l’écrivain Edgar Allan Poe, du poète Georges Rodenbach et de plusieurs autres poètes mineurs de son époque l’amènent sans cesse dans de nouvelles directions, il réussit à dégager une vision cohérente de son univers mental tourmenté, hanté par la difficulté de vivre. Il exprime une mélancolie sans objet et une nostalgie de l’enfance perdue, comme dans Soir d’hiver, la Fuite de l’enfance et le Jardin d’antan. Avant 1900, les corrections qu’il effectue sur ses textes témoignent d’une attention constante au pouvoir évocateur des mots et à leur sonorité. Son langage et ses emprunts à divers poètes sont autant d’objets transitionnels dans une quête personnelle du sens de la vie, et dans la recherche d’une identité minée par le « spleen » et le « vide affreux des choses », comme il l’écrit dans les Camélias.

Refus d’un second métier

Au cours de l’année 1898, peu avant ou après des vacances avec sa famille à Cacouna en juillet et en août, Nelligan aurait effectué un voyage de quatre à cinq semaines qui l’aurait mené jusqu’en Angleterre. « Les motifs de cette navigation sont mal connus. S’agit-il d’une fugue ou d’une excursion de repos ? Il est plausible en tout cas que son père, désireux de voir [son] fils de dix-huit ans travailler et se détourner ainsi de la poésie, l’ait tout simplement confié à quelque capitaine de ses amis », explique le professeur Luc Lacourcière dans Poésies complètes, 1896–1899. Au lendemain de cette aventure, son père lui aurait trouvé un poste de « commis-comptable chez un marchand de charbon (ou de fleurs). Nelligan ne peut s’y astreindre », écrit encore Lacourcière. Pour lui, la poésie est incompatible avec l’exercice d’un second métier.

Ses relations avec Robertine Barry et Eugène Seers

Le 9 décembre 1898, Nelligan réintègre les rangs de l’École littéraire de Montréal et assiste aux réunions préparatoires aux soirées publiques qui ont lieu au château Ramezay entre la fin décembre et la fin mai de l’année suivante. Par le truchement de Robertine Barry*, amie de la famille qui a presque le double de son âge, il fait paraître cinq nouveaux poèmes dans la Patrie du 22 octobre 1898 au 29 avril 1899. Sous le pseudonyme de Françoise, Robertine Barry y publie des chroniques sur l’éducation, la littérature et la culture depuis 1891. Dédicataire déclarée ou secrète de plusieurs poèmes de Nelligan, elle contribuera jusqu’à la fin de sa vie à diffuser l’œuvre du poète.

Entre-temps, Nelligan a fait la connaissance d’Eugène Seers de la congrégation des Pères du Saint-Sacrement, responsable de l’atelier d’imprimerie attenant à la maison mère de sa communauté, située au 320, avenue du Mont-Royal Est, à quatre coins de rue de la maison des Nelligan. Le père Seers, connu après mai 1900 sous le pseudonyme de Louis Dantin, y publie un petit mensuel montréalais intitulé le Petit Messager du Très Saint Sacrement, dans lequel paraissent des poèmes d’inspiration religieuse et auquel la mère de Nelligan est abonnée depuis sa fondation en janvier 1898. En octobre 1898, Nelligan y fait paraître les Déicides. Le père Seers, qu’il a vraisemblablement rencontré au cours des semaines précédentes et qu’il fréquentera ensuite régulièrement, deviendra à la fois son ami, son mentor et son éditeur. À cette époque, Nelligan songe à regrouper tous ses vers en un recueil, dont on connaît deux titres provisoires : Récital des anges et Motifs du récital des anges.

Nouveaux poèmes et réception

Parallèlement à ses visites chez le père Seers qui l’incite à créer de nouveaux poèmes, souvent de nature religieuse, Nelligan participe aux quatre séances publiques de l’École littéraire de Montréal, qui ont lieu au château Ramezay le 29 décembre 1898 et les 24 février, 7 avril et 26 mai 1899. Il y présente une quinzaine de créations récentes, presque toutes inédites. Au cours de la séance du 24 février, il récite le Roi du souper, le Perroquet, les Carmélites, Nocturne séraphique et Notre-Dame-des-Neiges. Dans son compte rendu paru dans le Monde illustré du 11 mars, E. De Marchy, obscur critique français, ne retient que le Perroquet et s’en moque. Profondément blessé par ce jugement malveillant, Nelligan cesse d’assister aux réunions régulières de l’école littéraire. Sous l’influence, semble-t-il, de quelques amis, il revient pour participer aux séances publiques du 7 avril et du 26 mai. C’est au cours de cette dernière que Nelligan répond à son détracteur en récitant la Romance du vin, qui obtient, aux dires de Dantin, un vibrant accueil de la part de l’auditoire. Mais, après cette prestation remarquée, Nelligan ne donne plus signe de vie.

Le 9 août suivant, Nelligan est interné à l’asile Saint-Benoît-Joseph-Labre de Longue-Pointe (Montréal), maison de santé privée dirigée par les Frères de la Charité. Ses amis ne l’apprendront que quelques mois plus tard. Nelligan laisse ainsi derrière lui une œuvre impressionnante. En trois ans, soit entre 1896 et l’été de 1899, on estime qu’il a composé 170 poèmes, dont 23 ont été publiés.

Internement

Plusieurs mois avant son internement, la famille et les proches de Nelligan ont constaté une détérioration de sa santé mentale. Dantin, qui l’a rencontré à plusieurs reprises en 1898 et en 1899, en témoignera dans les Débats du 17 août 1902 :

Il est certain qu’il l’eut, ce pressentiment ; et plus d’une fois, sous l’assaut de quelque songe obsédant, de quelque idée dominatrice, se sentant envahir d’une fatigue étrange, il nous a dit sans euphémisme : « Je mourrai fou. » « Comme Baudelaire, » ajoutait-t-il en se redressant […] J’ai suivi de près ce travail d’absorption intérieure, surexcitant et paralysant à la fois toutes les facultés actives, cet envahissement noir du rêve consumant jusqu’à la moëlle de l’âme, et je puis dire qu’il n’est pas de spectacle plus douloureux. Dans les derniers temps, Nelligan s’enfermait des journées entières, seul avec sa pensée en délire.

Quel a été l’élément déclencheur qui a incité les parents de Nelligan à se résoudre à cette solution extrême de l’enfermement ? Aucun document écrit par les personnes responsables de cette décision ne permet de le préciser. À son dossier à l’asile (dont on peut consulter des extraits dans un article de l’École canadienne) figurent ces renseignements : « 19 ans, étudiant ; amené par ses parents ; sous les soins des Drs, [Michel-Thomas] Brennan et [Joseph-Éloi-Philippe] Chagnon ; souffre de dégénérescence mentale, folie poly ».

À l’exception des proches de Nelligan, cet événement passe d’abord inaperçu. Au cours de l’automne de 1899 et de l’année suivante, peu de gens connaissent le sort réservé au malheureux poète puisque de nouvelles pièces inédites signées de son nom continuent à paraître dans les journaux. Paradoxalement, la poésie de Nelligan n’a jamais été aussi bien diffusée que pendant la première année de son internement. En mars 1900, l’École littéraire de Montréal lance dans la métropole les Soirées du château de Ramezay, recueil de textes lus au cours des séances publiques de l’année précédente. Dix-sept poèmes de Nelligan, dont dix inédits, y figurent. En septembre, Dantin publie à Montréal Franges d’autel [...], petite anthologie des poèmes parus depuis deux ans dans son mensuel, qui contient cinq poèmes de Nelligan, dont un inédit. Ces deux publications collectives servent mieux la notoriété du poète que sa vingtaine de poèmes dispersés depuis septembre 1896 dans différents périodiques.

Édition de l’œuvre par Dantin

En 1902, après avoir pris connaissance, avec la permission de sa mère, des manuscrits que Nelligan a laissés derrière lui, Dantin propose dans les Débats (17 août au 28 septembre) une longue étude sur l’œuvre du poète. Quelques mois plus tard, en mars 1903, il lance un appel à souscription dans la Revue canadienne de Montréal pour la publication d’un livre entièrement consacré à l’œuvre de Nelligan. Pour appâter le lecteur, il y dévoile en primeur six nouveaux textes dont le Vaisseau d’or, qui deviendra au fil du temps la pièce emblématique du destin du poète.

À la fin de 1902, Dantin a vraisemblablement entrepris la fabrication du recueil sur les presses du Petit Messager. Mais, le 25 février 1903, ses supérieurs ayant découvert qu’il entretient une liaison secrète avec une femme mariée, Clotilde Lacroix, le père Seers doit quitter sa congrégation, ainsi que la direction de l’imprimerie, alors que le livre est à moitié composé. Il prend dès lors le chemin de l’exil et s’installe à Boston, non sans avoir auparavant remis à la mère de Nelligan le manuscrit annoté et l’ensemble des feuilles déjà imprimées par ses soins. Madame Nelligan confie tout le dossier à la Librairie Beauchemin Limitée, qui en achève l’impression. Le livre, une fois achevé et tiré à 300 exemplaires, regroupe 107 poèmes, dont 66 sont nouveaux, soit plus de la moitié du recueil. L’ensemble des pièces, réparties en dix sections, compose, avec les pages liminaires et la préface de Dantin, un volume de plus de 200 pages.

À sa sortie en février 1904, le recueil Émile Nelligan et son œuvre est une véritable révélation. Il fait l’objet d’une campagne de diffusion sans précédent, orchestrée par les amis du poète. Albert Laberge*, Anne-Marie Gleason, dite Madeleine, Charles Gill (qui a aidé madame Nelligan à compléter la préparation du recueil), Albert Lozeau* et Robertine Barry publient des comptes rendus dans les journaux montréalais dans lesquels ils écrivent régulièrement, soit, respectivement, dans la Presse et la Patrie du 27 février, le Nationaliste des 6 et 13 mars et le Journal de Françoise du 2 avril. En 1905, ces échos se rendent jusqu’en Europe, où Charles ab der Halden et Charles-Henry Hirsch font paraître, à Paris, des comptes rendus élogieux dans la Revue d’Europe et des colonies de janvier et dans le Mercure de France du 15 février. D’autres pièces inédites de Nelligan sortent quelques années plus tard des tiroirs de ses proches ; elles figurent dans le Journal de Françoise et dans la revue montréalaise le Terroir en 1908 et en 1909.

Rayonnement de l’œuvre

La diffusion de la poésie de Nelligan durant la décennie qui suit son internement met les jeunes poètes des années 1910 en contact avec son œuvre. Des auteurs comme Marcel Dugas, Paul Morin, René Chopin et Guillaume Lahaise (qui publie sous le pseudonyme de Guy Delahaye) font partie de cette nouvelle génération associée aux mouvements des poètes de l’exotisme (opposés aux tenants du régionalisme). En 1918, la revue montréalaise le Nigog se fait porte-parole de cette mouvance littéraire qui prône une révolution dans les arts et défend la modernité dans tous les domaines du savoir. Dans ce contexte, l’œuvre de Nelligan est alors saluée comme annonciatrice de temps nouveaux, notamment par Dugas qui ne tarit pas d’éloges à l’égard de ce précurseur de la poésie moderne :

Il est vrai qu’Émile Nelligan, ce bel Apollon enivré de Baudelaire, était apparu tel un astre nouveau. On avait salué en lui l’homme prédestiné entre tous, qui ferait surgir l’œuvre depuis longtemps attendue […] C’était le rêve entrant dans une galerie d’ancêtres, un parfum d’exotisme flottant au-dessus de poussières mille fois célébrées. On respira. Nelligan nous fit d’ailleurs faire une mirifique promenade sur son Vaisseau d’Or, bercé par la mer éternelle du rêve poétique. Nous avancions vers une terre nouvelle, saluée par des cris de fête […] Nous saisissions une âme, nous lisions en elle, nous écoutions son battement. Un poète était né. Et ce poète n’oubliait pas le passé et ne s’y enfermait pas non plus […] À partir de Nelligan, et c’est une date dans l’histoire de la poésie canadienne, l’art individualiste était né.

Le poète Alfred DesRochers*, qui entretiendra une longue correspondance avec Dantin de 1928 à 1939, revendiquera à son tour, dans les années 1920, l’influence de l’auteur du Vaisseau d’or.

Pensionnaire à l’asile Saint-Benoît-Joseph-Labre

L’œuvre de Nelligan connaît son heure de gloire au moment même où son auteur est tenu à l’écart de la société. À l’asile Saint-Benoît-Joseph-Labre (désigné retraite Saint-Benoît à partir de 1923), Nelligan ne reçoit pas de visites autres que celles de ses médecins, des membres de sa famille et de ceux autorisés par cette dernière, comme Dantin en 1900 et Lahaise de 1906 à 1909. Le jeune patient suscite également la curiosité de médecins comme Georges Villeneuve, Ernest Choquette et Alcée Tétreault. Le 5 avril 1904, sur un exemplaire d’Émile Nelligan et son œuvre que lui tend Villeneuve, Nelligan récrit en guise de dédicace son poème la Réponse du crucifix. En décembre 1909, devant Choquette et Tétreault, il récite en entier et sans se tromper le poème le Naufragé de François Coppée. Au terme d’une conversation avec le poète, Choquette constate qu’il « accuse encore une hantise littéraire constante », comme le rapporte, à Montréal, le Canada du 24 décembre. Pour ce dernier, il est évident que son état mental découle d’une activité littéraire trop intense.

Lorsqu’il en a l’occasion, Nelligan récrit et récite volontiers des poèmes devant des auditeurs avec qui il se sent en confiance, comme en témoigneront des membres de la communauté des Frères de la Charité qui l’ont côtoyé. On signale souvent la docilité et la timidité du patient.

Au fil des ans, la famille de Nelligan voit plusieurs de ses membres disparaître : le 6 décembre 1913, sa mère meurt d’un cancer du sein à l’âge de 57 ans ; son père, qui s’acquitte de sa pension mensuelle depuis son internement (20 $ par mois), décède le 11 juillet 1924 des suites d’une cirrhose ; et, quelques mois plus tard, le 5 mai 1925, sa sœur Gertrude-Freda meurt à son tour d’un cancer du sein à l’âge de 41 ans. À l’été de 1925, ne reste donc plus que sa sœur Éva, demeurée célibataire ; cette dernière n’a pas les moyens de prendre en charge la pension de son frère. Ainsi, le 23 octobre, Nelligan devient patient public et il est transféré à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu, dirigé par les Sœurs de la charité de la Providence.

Patient à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu

Dès lors, Nelligan entre dans une nouvelle phase de sa vie de patient. Mieux entouré, notamment par un personnel attentif et majoritairement féminin, le poète a plus de contacts avec le monde extérieur. Il reçoit de nombreuses visites et effectue de menus travaux manuels comme distribuer du lait et transporter du linge à la buanderie. On note dans son dossier médical qu’il fait bien ses commissions. On le dit timide, serviable, docile et peu loquace. Guillaume Lahaise, poète et médecin résident à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu depuis 1924, prend soin de lui et veille à son bien-être. Il lui fournit des livres et, à l’occasion, l’accueille dans sa maison de fonction située près de l’établissement. Marqué dès 1905 par le destin tragique du poète, il a obtenu, au début de ses études de médecine en 1906, la permission de madame Nelligan pour lui rendre visite ; il le fait pour la première fois au cours de l’hiver de 1906–1907, puis à l’été de 1907 et en mai 1909. À cette dernière occasion, il se fait dédicacer par le poète un exemplaire d’Émile Nelligan et son œuvre, reçu en novembre 1908 des mains de madame Nelligan. Celle-ci, impressionnée par la ferveur du jeune homme, lui a aussi remis en 1907 deux poèmes, les Balsamines et Vieille Armoire.

La notoriété de Nelligan grandissant, le cercle de ceux qui s’intéressent à sa personne s’élargit au cours des décennies. Pendant l’entre-deux-guerres, l’œuvre de Nelligan fait l’objet d’une plus importante diffusion dans la population, notamment grâce au lancement de la deuxième et de la troisième édition d’Émile Nelligan et son œuvre, en 1925 et en 1932. Avec les notes de cette dernière édition sortie en août, rédigées par le père dominicain Thomas-Marie Lamarche, le grand public découvre que l’écrivain vit toujours à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu. Enseignée dans les écoles et les collèges, la poésie de Nelligan figure désormais dans les anthologies et dans les manuels scolaires. Le poète fait même son entrée dans le dictionnaire Larousse du xxe siècle en six volumes. Le 19 avril 1932, la station de radio CKAC lui consacre une émission d’une heure. Le 17 décembre, la Presse publie dans son supplément illustré du samedi une photo d’un Nelligan vieilli, mais souriant, en visite chez le juge et poète Gonzalve Desaulniers dans le quartier Ahuntsic, à Montréal.

Tous ces événements, de même que des photos récentes de Nelligan qui commencent à circuler, éveillent la curiosité du public, de journalistes, de professeurs, et de nouvelles générations d’étudiants et d’élèves qui, par classes entières, guidés par leur maître, défilent devant le poète à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu. On ne compte plus le nombre de ces visiteurs qui se déplacent pour l’entendre réciter le Vaisseau d’or ou pour recueillir un poème autographe ou une dédicace. À leur intention, Nelligan se prête volontiers au jeu et distribue des copies de ses propres poèmes ou des extraits de poètes canadiens-français, français ou de langue anglaise qu’il admire. Ces textes de commande, le plus souvent remaniés, ne sont pas exempts de fautes ni d’incohérences, mais ils ne sont pas non plus dépourvus d’humour, volontaire ou non, et témoignent d’une interaction dynamique du poète avec les visiteurs et le milieu hospitalier. Le dernier de ses poèmes autographes connus, daté du 5 avril 1941 et destiné à la sœur de la charité de la Providence Gabrielle Desrochers qui prend soin de lui depuis un certain temps, s’avère une transcription de son poème la Bénédictine, qu’il a réintitulé pour la circonstance la Garde malade.

Derniers mois

Au cours de l’année 1941, l’état de santé de Nelligan se détériore. Le 1er janvier, Nelligan reçoit la visite de la famille d’Émile Corbeil qui, depuis la mort de sa femme Gertrude-Freda, a pris le relais dans la gestion des affaires du poète. Le 5 février, on note au dossier médical de Nelligan (dont on peut lire des extraits dans Nelligan, 1879–1941 : biographie) qu’il se plaint de divers maux : « My head is sore. Your ears ? Sore. I dont sleep at night. Noise in my head, in my ears. More than before ? About the same » (J’ai mal à la tête. Vos oreilles ? Douloureuses. Je ne dors pas la nuit. Bruit dans ma tête, dans mes oreilles. Plus que précédemment ? À peu près pareil). On l’isole. Nelligan quitte la salle Saint-Patrice pour l’infirmerie Saint-Léon où on lui accorde une chambre individuelle. Il semble souffrir d’une péribronchite et de troubles cardio-vasculaires. Le 5 avril, on note dans son dossier qu’il n’a pas uriné depuis deux jours. Le 30 juillet, on le transfère aux soins intensifs. Le 21 octobre, le médecin Eugène Dufresne constate des problèmes de vessie et de prostate. Le 11 novembre, Nelligan subit une prostatectomie. Sept jours plus tard, dans l’après-midi, il meurt à l’âge de 61 ans et 10 mois.

Ainsi s’est achevée la vie de Nelligan, poète marqué par l’adversité, qui a connu des moments de grâce et qui a fait entrer la poésie québécoise dans la modernité. Contrairement à ce qu’ont prétendu certains de ses contemporains, ce n’est pas l’activité poétique elle-même qui a déclenché ses troubles mentaux, mais c’est au contraire la poésie qui les a fait reculer. Le poète a dû négocier avec la déraison, l’affronter et lutter contre elle pour lui arracher une œuvre qui demeure une éclatante victoire contre le malheur.

Notoriété et reconnaissances

L’œuvre de Nelligan a non seulement attiré des lecteurs et des admirateurs, mais elle a aussi engendré des poètes et des écrivains. De Guillaume Lahaise à Réjean Ducharme*, en passant par Albert Lozeau et Alfred DesRochers, elle a inspiré de nombreux artistes qui lui ont rendu hommage. Traduite en plusieurs langues, sa poésie a exercé une réelle influence sur le monde des arts. La vie et l’œuvre de Nelligan ont ainsi donné lieu à des créations originales dans presque toutes les sphères : en musique classique (Jacques Hétu et Maurice Blackburn), à l’opéra (Michel Tremblay et André Gagnon*), au théâtre (Normand Chaurette), au cinéma (Robert Favreau) et dans les beaux-arts (Jean-Paul Lemieux* et Jean-Paul Riopelle*). Des chansonniers et des compositeurs, comme Claude Léveillée* et Félix Leclerc*, ont été également inspirés par Nelligan.

Plusieurs institutions et organismes publics reconnaissent le caractère exemplaire et emblématique d’Émile Nelligan. Ainsi, en 1974, le gouvernement canadien le désigne personnage historique national. Le prix Émile-Nelligan est décerné annuellement depuis 1979 à un poète de 35 ans ou moins. En 1980, le gouvernement du Québec attribue son nom à une nouvelle circonscription électorale située dans le sud-ouest de l’île de Montréal. Un grand nombre de lieux, de rues, de parcs, de monuments, d’établissements scolaires, de bibliothèques et d’entreprises privées portent son nom au xxie siècle. Tous ces exemples donnent la mesure de la notoriété et de la reconnaissance accordée à l’auteur du Vaisseau d’or.

Jacques Michon

Nous nous appuyons sur les travaux des historiens de la littérature et spécialistes d’Émile Nelligan les plus importants, comme Yves Garon, Luc Lacourcière, Réjean Robidoux et Paul Wyczynski. Nous nous sommes fondé sur leurs ouvrages qui font autorité dans le domaine de l’histoire littéraire et qui reposent sur le dépouillement de plusieurs fonds d’archives. Nous avons comparé ces sources pour approcher au plus près de la vérité historique. Nous avons ignoré les événements qui relèvent le plus souvent de la légende ou qu’aucun document, aucune source écrite ou orale fiable ne corrobore.

Pour la période de 1896 à 1899, deux éditions critiques de l’œuvre de Nelligan sont disponibles. Celle de Lacourcière, Poésies complètes, 1896–1899 (Montréal et Paris, 1952), demeure incontournable. Celle de Robidoux et Wyczynski, Poésies complètes, 1896–1941 (Montréal, 1991), enrichit l’ouvrage de Lacourcière en mettant les renseignements à jour et en incluant des poèmes inconnus en 1952.

La Bibliographie descriptive et critique d’Émile Nelligan (Ottawa, 1973) de Wyczynski ainsi que nos propres travaux, soit Émile Nelligan : les racines du rêve (Montréal et Sherbrooke, Québec, 1983) et « la Réception de Nelligan de 1904 à 1941 », publié dans le périodique Protée (Chicoutimi [Saguenay, Québec]), 15 (hiver 1987) : 23–29, et le livre d’Annette Hayward, la Querelle du régionalisme au Québec (1904–1931) : vers l’autonomisation de la littérature québécoise (Ottawa, 2006), ont constitué les principales sources de l’histoire de la réception critique de l’œuvre de 1899 à 1941.

Les sources manuscrites consultées proviennent essentiellement du fonds Émile Nelligan (MSS82) conservé au Centre d’arch. de Montréal de Bibliothèque et Arch. nationales du Québec. Dans la collection Nelligan-Corbeil (MSS82-S1) de ce même fonds, on trouve des photos et des manuscrits de Nelligan que Louis Dantin n’a pas retenus pour Émile Nelligan et son œuvre (Montréal, 1904). Une édition photographique des manuscrits demeurés inédits jusqu’à la publication de l’ouvrage de Lacourcière figure dans Poèmes autographes ([Saint-Laurent [Montréal], 1991) de Wyczynski. En outre, ce fonds contient les manuscrits de Nelligan issus de sa période d’internement (1899–1941) et qui représentent l’objet de nos travaux, soit notre article cité ci-dessus, notre ouvrage Poèmes et textes d’asile, 1900–1941 (Montréal, 1991), et la version révisée et augmentée de ce dernier par André Gervais, avec notre collaboration ([Montréal], 2006).

Puisque Nelligan et les membres de sa famille n’ont laissé aucun écrit intime (lettres ou mémoires), on doit le plus souvent s’appuyer sur des sources imprimées (des livres, des études, et des articles de revues et de journaux) parues du vivant du poète. Il faut aborder les témoignages de ses proches avec la plus grande prudence, comme l’indique Lacourcière dans son article « À la recherche de Nelligan », publié dans Émile Nelligan : poésie rêvée et poésie vécue (Ottawa, 1969), et dans Essais sur Émile Nelligan et sur la chanson populaire, édité par Gervais ([Montréal], 2009). Pour notre part, nous n’avons retenu que les faits corroborés par plus d’une source. C’est le cas notamment des témoignages de la sœur du poète Éva Nelligan et de son cousin Charles-David Nelligan, qui concordent sur le voyage présumé de Nelligan en Angleterre, que l’on pourrait situer en 1898 comme l’affirme Lacourcière dans Poésies complètes, 1896–1899.

La thèse de doctorat « Louis Dantin, sa vie et son œuvre », déposée à l’université Laval (1960) par Garon, de même que son article « Louis Dantin, précurseur et frère d’Émile Nelligan », paru dans Émile Nelligan : poésie rêvée et poésie vécue, permettent d’établir avec plus de certitude et de vraisemblance l’année de la rencontre entre le père Eugène Seers et Nelligan. Dans son article, Garon démontre avec rigueur que leur premier contact significatif aurait eu lieu à l’automne de 1898 plutôt qu’en avril 1896, comme l’ont écrit plusieurs historiens littéraires. Dans Émile Nelligan : biographie ([Montréal], 1999), édition revue et corrigée de son ouvrage Nelligan, 1879–1941 : biographie (Montréal, 1987), Wyczynski s’est rallié à ce point de vue même s’il avait d’abord situé cette rencontre en 1896 comme ses prédécesseurs.

L’Album Nelligan : une biographie en images ([Montréal], 2002) de Wyczynski dresse l’inventaire complet de la documentation iconographique sur Nelligan. Parmi les pièces reproduites, signalons notamment le fac-similé de l’acte de baptême du poète daté du 25 décembre 1879, la célèbre photo de Nelligan prise dans le studio Laprés et Lavergne de Montréal, et la reproduction de la peinture à l’huile Hommage à Nelligan (1971–1972) de J.-P. Lemieux et de l’une des 16 lithographies de Lied à Émile Nelligan (1979) de J.-P. Riopelle. Une grande partie des documents originaux proviennent du fonds Paul Wyczynski (P19) du Centre de recherche sur les francophonies canadiennes (Ottawa).

Nous avons exclu de notre bibliographie les écrits qui ne sont pas à la hauteur d’un travail de nature scientifique, et qui relèvent plus de la fiction et du roman que de la réalité historique. Nous n’avons pas retenu certains livres, comme ceux de Bernard Courteau, Nelligan n’était pas fou ! (Montréal, 1986) et d’Yvette Francoli, le Naufragé du Vaisseau d’or : les vies secrètes de Louis Dantin ([Montréal], 2013). Sous des apparences d’objectivité, ceux-ci contiennent de nombreuses erreurs de faits et de dates, et véhiculent de fausses informations. L’ouvrage Connaissance de Nelligan ([Saint-Laurent], 1992) de Robidoux et l’article « Dantin et Nelligan au piège de la fiction : le Naufragé du Vaisseau d’or d’Yvette Francoli », publié dans @nalyses : rev. de critique et de théorie littéraire (Ottawa), 11 (printemps–été 2016), no 2 : 232–327, d’Annette Hayward et de Christian Vandendorpe, font bien le point sur la question.

Ancestry.com, « Registres d’état civil et registres paroissiaux (Collection Drouin), Québec, Canada, 1621 à 1968 », Basilique Notre-Dame (Montréal), 21 nov. 1941 : ancestry.ca/search/collections/1091 (consulté le 3 févr. 2023).— Bibliothèque et Arch. Canada (Ottawa), R233-34-0, Québec, dist. Montréal Ouest (106), sous-dist. quartier Saint-Laurent (c) : 55–56 ; R233-35-2, Québec, dist. Montréal (90), sous-dist. quartier Saint-Laurent (l) : 14.— Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de l’Estrie (Sherbrooke), P6 ; Centre d’arch. de Montréal, CE601-S52, 25 déc. 1879.— Le Canadien (Québec), 28 déc. 1892.— Les Débats (Montréal), 17 déc. 1899 ; 14 janv., 24 juin, 15 juill. 1900.— Le Matin (Montréal), 17 nov. 1923.— La Patrie (Montréal), 16, 23 sept., 16 déc. 1899 ; 18 sept. 1937 ; 24 juill. 1949.— La Presse (Montréal), 23 nov. 1895, 17 déc. 1932, 19 nov. 1941.— Maurice Blackburn, Trois poèmes d’Émile Nelligan : chant et piano ([Québec, 2014]).— Arthur de Bussières, les Bengalis d’Arthur de Bussières avec des textes inédits, Robert Giroux, édit. (Sherbrooke, 1975).— Le Canada ecclésiastique, almanach annuaire du clergé canadien (Montréal), 1911.— Normand Chaurette, Rêve d’une nuit d’hôpital (pièce de théâtre, Montréal, 1980).— Louis Dantin, Émile Nelligan et son œuvre, Réjean Robidoux, édit. (Montréal, 1997) ; Essais critiques, Yvette Francoli, édit. (2 vol., [Montréal], 2002), 1.— Guy Delahaye, Œuvres parues et inédites, Robert Lahaise, édit. (LaSalle [Montréal], 1988).— Dictionnaire complet illustré de la langue française, P[ierre] Larousse et Sylva Clapin, édit. (Montréal, 1928).— Marcel Dugas, Littérature canadienne : aperçus (Paris, 1929).— Paul Dumas, « Un médecin-psychiatre qui avait été poète, Guillaume Lahaise et son double, Guy Delahaye », l’Union médicale du Canada (Montréal), 100 (1971) : 321–326.— L’École littéraire de Montréal, sous la dir. de Paul Wyczynski (Montréal, 1972).— L’École littéraire de Montréal : procès-verbaux et correspondance (et autres documents inédits sur l’école), Réginald Hamel, édit. (2 vol., Montréal, 1974).— Écrits du Canada français (Montréal), 44–45 (1982), numéro spécial intitulé Louis Dantin : études, témoignages, correspondance.— Émile Nelligan, J.-N. Samson, édit. (Montréal, 1968).— Émile Nelligan (1879–1941) : cinquante ans après sa mort, sous la dir. de Yolande Grisé et al. ([Saint-Laurent], 1993).— Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique ([Paris, 1976]).— André Gagnon, Monique Leyrac chante Nelligan (enregistrement sur disque, Montréal, 1976).— André Gagnon et Michel Tremblay, Nelligan, un opéra romantique (Montréal, 1990).— C.-H. Grignon, « Louis Dantin dit le vieillard cacochyme », les Pamphlets de Valdombre (Sainte-Adèle, Québec), 2 (1938) : 273–284 ; « Marques d’amitié », les Pamphlets de Valdombre, 2 : 173–176 ; Un homme et son péché, Antoine Sirois et Yvette Francoli, édit. (Montréal, 1986).— Jacques Hétu, les Abîmes du rêve (œuvre musicale, 1982) ; les Clartés de la nuit (œuvre musicale, 1972) ; les Illusions fanées (œuvre musicale, 1988).— Robert Lahaise, Guy Delahaye et la modernité littéraire (LaSalle, 1987).— Larousse du xxe siècle en six volumes, sous la dir. de Paul Augé (6 vol., Paris, 1928–1933), 5 : 44.— Albert Lozeau, Œuvres poétiques complètes, Michel Lemaire, édit. ([Montréal], 2002).— Stéphane Mallarmé, Correspondance, Henri Mondor et Jean-Pierre Richard, édit. (11 tomes en 12 vol., Paris, 1959–1985), 1 (1862–1871).— Jacques Michon, « la Perte du corps certain : analyse du Vaisseau d’or de Nelligan », Incidences (Ottawa), nouv. sér., 4 (1980), no 1 : 67–77.— Nelligan, réalisation de Robert Favreau, scénario de Robert Fravreau, Aude Nantais, Claude Poissant et J.-J. Tremblay, images de Guy Dufaux (film, [Montréal], 1991).— Marcel Séguin, « Entretiens sur Émile Nelligan », l’École canadienne ([Montréal]), 32 (1956–1957) : 665–671.— Les Soirées du château de Ramezay de l’École littéraire de Montréal, Micheline Cambron et François Hébert, édit. ([Saint-Laurent], 1999).— Marie Timmins, dite Sœur Marie-Henriette-de-Jésus (Olivier Durocher, pseudonyme), Un ami intime de Nelligan, Lucien Rainier (abbé Joseph-Marie Melançon) : l’homme et l’œuvre (Montréal, 1966).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Jacques Michon, « NELLIGAN, ÉMILE (Émil Nelligan, Émil Nellighan, Émil Nélighan, Émile Kovar) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 17, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/nelligan_emile_17F.html.

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Auteur de l'article:    Jacques Michon
Titre de l'article:    NELLIGAN, ÉMILE (Émil Nelligan, Émil Nellighan, Émil Nélighan, Émile Kovar)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 17
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2024
Année de la révision:    2024
Date de consultation:    18 déc. 2024