NEELON, SYLVESTER, homme d’affaires et homme politique, né le 7 janvier 1825 dans l’état de New York ; il épousa Cinderella Read (décédée en 1882), et ils eurent trois filles et deux fils, puis le 31 décembre 1884, à St Catharines, Ontario, Louisa Latham Chisholm, avec qui il n’eut pas d’enfants ; décédé le 31 décembre 1897 à Toronto.
Originaires de l’état de New York, les parents de Sylvester Neelon arrivèrent dans le Haut-Canada en 1832 et furent sans doute parmi les milliers d’immigrants qui choisirent la région de Niagara en raison de la forte croissance économique amorcée par l’achèvement, en 1829, du premier canal Welland. Les Neelon se fixèrent à St Catharines, qui grâce au canal devint rapidement un port, un centre de construction navale et un grand centre industriel puisque l’excédent d’eau du canal servait à produire de l’énergie.
On ignore si Sylvester Neelon navigua à un moment quelconque de sa vie. Il allait pourtant se donner le titre de capitaine, mais d’autres riches propriétaires et constructeurs de navires faisaient de même sans jamais avoir commandé un bâtiment. Ce que l’on sait, c’est qu’en avril 1852, donc à l’âge de 27 ans, il figure pour la première fois dans les registres commerciaux de la région à titre de copropriétaire d’une société de commerce et d’expédition maritime, la Norris and Neelon. James Norris, né en Écosse et arrivé à St Catharines vers 1840 en qualité de marin, était une autre étoile montante du milieu des affaires de la région. Avec Patrick Joseph Larkin et James Murray, Norris et Neelon allaient former le groupe d’entrepreneurs connu généralement sous le nom de « Big Four ».
Le trois-mâts barque E. S. Adams, lancé en 1857 à Port Robinson par la société Abbey Brothers, est le premier bateau dont on sait qu’il fut construit expressément pour la Norris and Neelon, bien qu’à l’époque elle ait déjà été propriétaire d’au moins quatre autres voiliers. Dans les années 1860, Louis Shickluna construisit au moins six autres bâtiments pour elle, à St Catharines. Selon un article paru en 1868, la flotte de la Norris and Neelon comptait cette année-là 14 ou 15 navires à voiles et à vapeur dont on estimait la valeur totale à 300 000 $. Parmi les vapeurs (dont plusieurs avaient des moteurs fabriqués par George Nicholas Oille*), il y avait les navires à hélice America et Dominion ainsi que le remorqueur Samson.
Dans la région de Niagara, la minoterie fut l’une des industries qui bénéficia le plus de la conjugaison du transport par canal, de l’énergie hydraulique et, à compter du milieu du siècle, des chemins de fer. Le traité de réciprocité conclu avec les États-Unis en 1854 puis la guerre de Sécession accrurent la demande de farine. St Catharines était dans une position avantageuse pour y répondre. Vers 1863, la Norris and Neelon acheta, des constructeurs de canaux Oliver Phelps et William Hamilton Merritt*, un moulin situé au pied de la rue Geneva. Après la dissolution de la société, vers 1868, Neelon conserva le Phoenix Mill, comme on appelait alors cette installation, et peu après il se porta acquéreur de l’Ontario Flour Mill, qui se trouvait dans la localité voisine, Port Dalhousie. En 1882, il fit construire un immeuble de quatre étages en pierre pour abriter le moulin de la rue Geneva. On ne se surprendra pas qu’il ait exploité aussi, dans les environs, une tonnellerie qui fabriquait des barils pour l’expédition de la farine et de la plupart des autres produits alors sur le marché. En 1871, elle comptait un personnel de 25 hommes et garçons et sa production annuelle atteignait 75 000 tonneaux.
L’ascension de Neelon se manifestait de plusieurs façons. En 1865, il construisit, à l’angle des rues King et Academy, une jolie maison à l’italienne qui existe encore. L’année suivante, il se vit offrir un siège temporaire au conseil d’administration de l’Intercolonial Steamship Company, formée pour relier les Grands Lacs aux Maritimes. Vers la même époque, il devint l’un des administrateurs fondateurs du St Catharines General and Marine Hospital [V. Theophilus Mack*].
Après s’être dissocié de Norris, Neelon avait continué de jouer un rôle prépondérant dans l’industrie du transport maritime des Grands Lacs. En 1870, le navire à hélice Europe était lancé à St Catharines ; c’était le premier bâtiment dont on sait qu’il fut construit expressément pour lui. Shickluna et son fils Joseph, ainsi que la firme Andrews and Son de Port Dalhousie, construisirent des bateaux pour sa flotte. On peut signaler, parmi les plus connus, le schooner G. M. Neelon, que Neelon avait baptisé en l’honneur de son fils George Mortimer, et le vapeur Leonard S. Tilley, qui présentait cette nouveauté que sa structure combinait le bois et le fer. Une source rapporte qu’en 1877 Neelon, George Campbell et J. C. Graham, à titre de copropriétaires des vapeurs Asia et Sovereign, s’associèrent à une société de transport maritime des Grands Lacs, la J. and H. Beatty and Company, qui fut alors réorganisée sous la raison sociale de North West Transportation Company.
Afin d’étendre la sphère des activités de transport maritime et de minoterie dans lesquelles il avait réussi, Neelon entra dans les années 1870 au conseil d’administration de l’un des établissements voués à l’investissement de capitaux locaux dans de nouveaux projets de développement, la Security Permanent Building and Savings Society. Il fit aussi partie du Board of Trade de St Catharines, formé en 1867. Par ailleurs, l’un des administrateurs fondateurs et des actionnaires de la St Catharines Street Railway Company, constituée juridiquement en 1874, il contribua à la construction du St Catharines and Niagara Central Railway. Vers 1877, il participa à la fondation de la Lincoln Paper Mill avec Samuel Woodruff, Patrick Joseph Larkin, Noah Phelps et John Conlon. En outre, il avait, rue St Paul, un magasin de marchandises sèches et de vêtements ainsi qu’une taverne, et grâce à des intérêts dans les forêts de l’Ohio son influence débordait la scène nationale.
Le succès dans ses affaires et le rang éminent qu’il avait atteint dans son milieu amenèrent Neelon à entrer dans l’arène politique, qui se révéla plus dangereuse pour lui que le commerce. En 1871, il était conseiller municipal de St Catharines, ce qui ne satisfaisait pas ses ambitions. Élu sous la bannière libérale dans la circonscription provinciale de Lincoln en 1875, il fut accusé de s’être livré à des manœuvres de corruption pendant sa campagne. Des témoins affirmèrent à son procès qu’il leur avait versé jusqu’à 20 $ chacun pour leur vote. Il perdit son siège et subit la défaite à l’élection partielle suivante. Aux élections générales de 1879, il devint enfin député provincial de Lincoln, qu’il représenterait jusqu’en 1886.
Même parvenu à la soixantaine, Neelon se lançait dans de nouvelles aventures. Il forma une entreprise de construction avec John Elliot dans le but évident de présenter une soumission pour l’obtention du marché de maçonnerie du nouvel hôtel de ville de Toronto. On leur adjugea le contrat en 1889. Elliot mourut deux ans plus tard, et Neelon poursuivit les travaux jusqu’en 1893, après quoi l’architecte Edward James Lennox* les prit en main.
On possède peu de détails sur la vie privée de Sylvester Neelon. Un de ses fils, James William, était mort en 1871 à l’âge de 19 ans ; une tragédie familiale était peut-être liée à cet événement. Deux de ses filles épousèrent des membres de familles en vue de St Catharines, les Helliwell et les Benson. Neelon mourut subitement à Toronto le 31 décembre 1897, à l’âge de 72 ans. Son fils George et son ami le capitaine James Murray furent ses exécuteurs testamentaires. Sa seconde femme, Louisa, toucha une rente viagère de 800 $, et l’on divisa le solde de la succession ainsi : la moitié à son fils et un quart à chacune de ses deux filles, Louisa Helliwell et Augusta Benson. On l’inhuma à St Catharines, et les cloches de l’église anglicane St George, qui auraient dû sonner pour le Nouvel An, restèrent silencieuses.
AN, RG 31, C1, 1871, St Catharines, Ontario.— AO, MS 490.— Marine Museum of the Great Lakes at Kingston (Kingston, Ontario), Reg. of lake vessels, 1860.— St Catharines Hist. Museum, File material on Norris & Neelon.— St Catharines Public Library, Special Coll., Neelon family notes.— York County Surrogate Court (Toronto), n° 1973 (mfm aux AO).— Constitutional (St Catharines), 24 sept. 1868.— Globe, 18 mai 1874, 17 sept. 1883, 6 mai 1884.— St. Catharines Evening Journal, 16, 25 avril 1872, 28 avril, 22 sept. 1873.— Standard (St Catharines), 3 janv. 1898.— Weekly News (St Catharines), 1er mai, 25 sept. 1873.— Brant County directory, 1890.— Canada directory, 1857–1858.— CPC, 1883.— Illustrated historical atlas of the counties of Lincoln & Welland, Ont. (Toronto, 1876 ; réimpr., Port Elgin, Ontario, 1971), 83.— Ont. directory, 1869 ; 1871 ; 1882.— St. Catharines directory, 1863–1882.— E. [R.] Arthur, Toronto, no mean city, S. A. Otto, édit. (3e éd., Toronto, 1986), 266.— Standard, 15 août 1986, 24 janv. 1987.
Robert J. Shipley, « NEELON, SYLVESTER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/neelon_sylvester_12F.html.
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Auteur de l'article: | Robert J. Shipley |
Titre de l'article: | NEELON, SYLVESTER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |