Titre original :  William Yellowhead Musquakie monument. St James' Anglican Church, Orillia, Ont. Photo by Tracy Montgomery, 2020.

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MUSQUAKIE (Mayawassino, Waisowindebay, aussi connu sous le nom de William Yellowhead), chef de la tribu des Sauteux, décédé le 11 janvier 1864 dans la réserve de Rama, Haut-Canada.

On a souvent confondu Musquakie et son père également surnommé Yellowhead et qui l’avait précédé au poste de chef sauteux. Le « Yellow Head, chef du lac Simcoe », qui visita le fort anglais d’York (Toronto) en 1796 était vraisemblablement le père, tout comme le Yellowhead qui se rendit à York et à Niagara en 1797. Il est également probable que le père fut ce Yellowhead qui réussit à garder les Sauteux du sud du Haut-Canada fidèles à la couronne britannique pendant la guerre de 1812. Yellowhead, le père, fut grièvement blessé en défendant York en 1813, à la suite de quoi son fils, aussi présent à York, fut alors nommé un des chefs de la tribu. Quatre ans plus tard, « pour répondre au désir de son père », il assuma les fonctions de grand chef de tous les Sauteux vivant dans la région des lacs Simcoe et Huron.

En 1818, Musquakie participa, en même temps que plusieurs autres chefs sauteux, à la cession de 1 592 000 acres de leur territoire au gouvernement britannique en échange d’une rente « perpétuelle » de £1 200 par année ; le territoire cédé couvrait une partie des comtés actuels de Grey, Wellington, Dufferin et Simcoe. En 1815, le père de Musquakie avait cédé 250 000 acres dans le comté de Simcoe pour lesquelles la tribu reçut £4 000. Après les traités, Musquakie et plusieurs centaines de ses partisans continuèrent quand même à utiliser leurs anciens territoires de chasse autour du lac Simcoe jusqu’en 1830 ; à cette date, sir John Colborne, ennuyé par leur perpétuelle migration, leur réserva des terres à The Narrows (Orillia) et les convainquit de s’y fixer. Le gouvernement leur construisit des habitations, un lieu de réunion et d’autres bâtiments et engagea un colon de race blanche pour les initier à l’agriculture. Le missionnaire méthodiste Samuel Rose était optimiste en 1831 au sujet de la condition des Indiens et de la réussite du projet. Musquakie avait de toute évidence été amené au christianisme quelques années plus tôt et les gens de sa bande l’avaient imité.

En 1835, le sort de la bande de Musquakie à The Narrows et d’une autre bande de Sauteux sous la direction de Snake, installée à Coldwater depuis 1830, s’était considérablement amélioré. La même année, Thomas Gummersall Anderson*, agent des Affaires indiennes, présenta un rapport enthousiaste dans lequel il soulignait que les tribus avaient réussi à faire la transition de la chasse à l’agriculture et que la religion et l’instruction prenaient une place de plus en plus importante dans leur vie. De plus, les Sauteux avaient commencé à fabriquer des meubles et à vendre du poisson aux colons blancs du voisinage ; ils avaient presque complètement surmonté les problèmes que constituaient l’endettement et l’abus de l’alcool.

L’année suivante, toutefois, le lieutenant-gouverneur, sir Francis Bond Head*, désireux d’éloigner les Indiens des régions convoitées par les Blancs, convainquit les Sauteux de The Narrows et de Coldwater d’abandonner leurs terres et d’aller s’installer dans une réserve située dans la région de Rama-Longford Mills. On rédigea le traité de cession, et Musquakie et les siens achetèrent à même leur rente 1600 acres de terre dans le canton de Rama. Avant qu’ils aient eu le temps de déménager, le gouvernement, que la rébellion dirigée par William Lyon Mackenzie en 1837–1838 inquiétait, mobilisa les Sauteux des lacs Huron et Simcoe pour la défense locale. Au cours de l’hiver de 1838, des membres de plusieurs bandes, y compris Musquakie, étaient campés à Holland Landing où ils connurent de grandes privations. La tribu fut dans l’impossibilité de se livrer à sa chasse d’hiver habituelle, et la solde et le ravitaillement furent interrompus au bout de peu de temps. Musquakie et les autres chefs sollicitèrent des vivres auprès du gouvernement, affirmant qu’ils étaient au bord de la famine.

Les colons établis à Orillia et à Coldwater s’adressèrent au gouvernement et demandèrent que les Indiens soient déplacés le plus tôt possible. Au cours de l’été de 1839, Musquakie et sa bande s’établirent dans la réserve située dans le canton de Rama et les autres bandes firent de même. On leur construisit de nouveau des maisons et des granges et on leur donna des instruments aratoires et des provisions. Pendant les premières années, la réserve prospéra et le surplus des produits était vendu aux colons blancs des alentours. En 1842, toutefois, Musquakie et plusieurs autres chefs prétendirent qu’on les privait du revenu des terres qu’ils avaient cédées au gouvernement en 1836. Vers 1855, les conditions dans la réserve s’étaient grandement détériorées ; un rapport du gouvernement, en 1858, attribuait ce déclin à la réduction du nombre des agents préposés à la surveillance. Le rendement des fermes avait diminué de façon appréciable et, de nouveau, les Sauteux s’adonnaient surtout à la chasse et à la fabrication de paniers. Le missionnaire méthodiste négligeait, semble-t-il, l’instruction des Indiens, et les constructions tombaient en ruine.

Pendant les dernières années de sa vie, Musquakie lui-même s’occupa moins activement des affaires de sa bande et des intérêts des Sauteux en général. En 1840, cependant, il avait renouvelé le traité d’amitié des Sauteux avec les Six-Nations et, en 1845, il s’était plaint aux autorités méthodistes de la tendance qu’avaient les missionnaires d’essayer de convaincre les Indiens de se soustraire à l’autorité de leurs chefs. Les ministres méthodistes n’en continuèrent pas moins à vivre et à œuvrer dans la réserve de Rama après 1845.

Au retour d’une expédition de chasse au milieu de l’hiver 1863–1864, Musquakie tomba malade et mourut après une brève maladie. À ce moment-là, il « était censé avoir plus de cent ans », quoique le registre des décès de l’église St James d’Orillia situe son âge à 95 ans. Un grand concours de personnes, Blancs comme Indiens, assistèrent à ses obsèques par respect pour ce chef influent qui avait souvent témoigné sa fidélité à la couronne britannique. Dans son testament, Musquakie laissait son territoire de chasse et ses terres de la réserve à son neveu Isaac et lui confiait sa femme Elizabeth et sa fille Jane ; Musquakie désigna Isaac pour lui succéder comme grand chef ; néanmoins, c’est Joseph Benson Naingishkung qui assuma la charge. Peu après la mort de Musquakie, sa femme s’adressa au gouvernement pour solliciter une augmentation de sa pension mais on ne sait pas si sa requête fut exaucée.

Malgré plusieurs allégations contraires avançant le nom d’autres personnes, on croit généralement que le nom de Musquakie est à l’origine du nom de la ville et du district de Muskoka.

En collaboration

PAO, Misc. 1831, Rose papers, 1831–1859.— Canada : Indian treaties and surrenders [...] (3 vol., Ottawa, 1891–1912 ; réimpr., Toronto, 1971), I.— The correspondance of Lieut. Governor John Graves Simcoe, with allied documents relating to his administration of the government of Upper Canada, E. A. Cruikshank, édit. (5 vol., Toronto, 1923–1931), IV.— Muskoka and Haliburton (Murray).— Gazetteer and directory of the village of Orillia for 1866–7 (Toronto, 1866 ; réimpr., Orillia, Ont., 1967).— Guide book & atlas of Muskoka and Parry Sound districts, 1879 (Toronto, 1879 ; réimpr., Port Elgin, Ont., 1971).— W. P. Bull, From Strachan to Owen : how the Church of England was planted and tended in British North America (Toronto, 1937).— C. H. Hale, Chief William Yellowhead : sketch of the life of William Yellowhead, head chief of the Chippewas, whose Indian name was Musquakie, 1769–1864, Orillia portraits (2e éd., Orillia, Ont., 1966), 23–26.— Pat Reid, A history of Orillia (s.l., s.d.).

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En collaboration, « MUSQUAKIE (Mayawassino, Waisowindebay) (William Yellowhead) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/musquakie_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    17 nov. 2024