MUIR, ADAM CHARLES, officier et colon, né vers 1766 ou 1770 en Écosse ; le 6 août 1801, il épousa à Montréal Mary Elizabeth Alexowina Bender, et ils eurent six fils et quatre filles ; décédé le 11 mai 1829 à William Henry (Sorel, Québec).

Adam Charles Muir commença sa carrière militaire comme simple soldat, ce qui explique en partie le caractère obscur de ses antécédents. Son nom apparaît pour la première fois dans les registres de l’armée britannique en 1788, le jour de la Saint-Patrice, date à laquelle il s’enrôla dans le 41st Foot, qui cessait alors d’être un régiment de réformés pour devenir un corps de soldats réguliers. Les recrues de valeur avaient de solides chances d’avancement en pareilles circonstances, et Muir devint donc sergent en l’espace de cinq mois. Le 30 juillet 1793, il fut nommé adjudant, comme c’était souvent le cas des sous-officiers de mérite. Peu après, sa promotion au grade d’enseigne fit de lui un officier et, le 12 juillet 1794, il devint lieutenant. Il fut en service actif pour la première fois lors des campagnes de Saint-Domingue (Haïti), vers 1795.

Le 41st Foot arriva au Canada en 1799 et, pendant plus de dix ans, Muir alla d’une garnison à l’autre. Amherstburg, dans le Haut-Canada, fut celle où il passa le plus gros de son temps. Le 9 février 1804, il fut promu capitaine. Il commandait le détachement du 41st Foot à Amherstburg lorsque la Grande-Bretagne entra en guerre contre les États-Unis en juillet 1812. Étant un des plus haut gradés parmi les quelques soldats de métier qui se trouvaient sur les lieux, il dirigea plusieurs petites expéditions durant l’été et l’automne. Au cours des opérations qui aboutirent à la prise de Detroit par le major général Isaac Brock* le 16 août, Muir commanda des soldats britanniques dans des escarmouches à Brownstown (près de Trenton, Michigan) et à Maguaga (Wyandotte, Michigan). Malgré une blessure reçue lors de ce dernier engagement, il fut en mesure de diriger le 41st Foot dans la prise de Detroit. En septembre, le colonel Henry Procter, qui était responsable de la frontière du lac Érié, envoya Muir, avec quelques soldats et miliciens britanniques, accompagner un fort contingent d’Indiens jusqu’au fort Wayne (Fort Wayne, Indiana). Cette expédition avait pour but de capturer le fort et de désorganiser les préparatifs que les Américains faisaient en vue d’une nouvelle offensive. Au début, les choses se passèrent assez bien, mais une fois que des éclaireurs eurent décelé l’approche imprévue d’une importante troupe américaine [V. Sou-neh-hoo-way*], les Indiens perdirent tout enthousiasme pour le raid. Muir reconnut que ses plans étaient devenus futiles et, comme ses alliés l’abandonnaient l’un après l’autre, il parvint à se replier jusqu’à Detroit. Il retourna au combat en janvier 1813, lorsque l’avantgarde américaine fut écrasée à Frenchtown (Monroe, Michigan). Cette année-là, il participa au siège des forts Meigs (près de Perrysburg, Ohio) et Stephenson (Fremont, Ohio) dans le cadre de la vaine stratégie que Procter appliquait pour freiner l’avance de l’ennemi vers Detroit.

Jusque-là, Muir avait été l’un des officiers britanniques les plus actifs de la frontière du lac Érié, même s’il n’avait en général joué qu’un rôle subalterne. Procter avait vanté sa conduite à plusieurs reprises, mais les relations entre les deux hommes étaient froides. Quand les Britanniques et les Indiens commencèrent à s’éloigner d’Amherstburg, à l’automne de 1813, Muir, comme plusieurs autres officiers du 41st Foot, ne cachait déjà plus son mépris pour la façon dont Procter exerçait son commandement. Juste avant la bataille de Moraviantown en octobre, il dit que Procter « devrait être pendu » parce qu’il n’était pas avec ses troupes. Capturé lors de ce désastreux combat, Muir passa quelques mois au Kentucky, dans des conditions que John Richardson*, son ami et compagnon de captivité, a fort bien décrites. Entre-temps, le Haut-Canada, d’Amherstburg à Ancaster, était devenu une espèce de no man’s land où les deux armées faisaient des incursions. Libéré lors d’un échange de prisonniers en 1814, Muir fut ensuite envoyé à la rivière Grand où il lutta contre les raids américains. Au cours de l’hiver de 1814–1815, il fut l’un des témoins au procès de Procter devant le conseil de guerre.

En 1815, la fin de la guerre offrait à Muir des perspectives d’avenir limitées. Les officiers sortis du rang devenaient rarement officiers supérieurs (Muir avait cependant un grade honoraire de major depuis le 4 juin 1814), et la médaille d’or qui lui avait été décernée pour sa participation à la prise de Detroit ne lui était pas d’un grand secours. Pour cet homme qui prenait de l’âge, il n’était guère facile de subvenir aux besoins d’une famille de plus en plus nombreuse avec une solde de capitaine. La malchance le poursuivit jusqu’à Dublin où, en septembre 1816, il fut jeté bas par son cheval et se luxa sérieusement la cuisse. Incapable de marcher sans béquilles pendant plusieurs années et affligé d’une claudication permanente, il dut quitter l’armée en 1818 et obtint une pension annuelle de £100. Revenu en Amérique du Nord, il s’établit sur une terre à St Andrews (Saint-André-Est, Québec). Le gouverneur, lord Dalhousie [Ramsay*], qui l’y vit en août 1820, trouva qu’il déployait de grands efforts pour promouvoir le peuplement du village. St Andrews prospéra, mais Muir ne connut certainement pas un sort aussi heureux car sa ferme fut mise en vente moins d’un an plus tard, même si elle ne changea de main qu’en 1827. Le fardeau de ses dettes devint tel qu’il dut s’installer à William Henry, où il y avait un asile militaire pour les invalides. Il mourut le 11 mai 1829 après une brève maladie. Laissée dans une situation financière difficile, sa veuve adressa pendant quelque temps des requêtes de plus en plus désespérées aux autorités. Au moins un de leurs fils, George Manly Muir, se distingua à titre de greffier de l’Assemblée législative du Québec.

Étant donné le peu de détails personnels qui subsistent, il est presque impossible de faire un bilan de la personnalité ou de la vie d’Adam Charles Muir. On ne peut le juger qu’à partir de ses activités militaires, qui furent d’une importance significative, mais ne lui apportèrent guère de reconnaissance. S’il n’y avait pas eu des hommes d’expérience comme lui parmi la poignée de soldats réguliers britanniques qui défendirent le Haut et le Bas-Canada pendant une grande partie de la guerre de 1812, le conflit aurait fort bien pu prendre une autre tournure.

Stuart R. J. Sutherland

APC, RG 8, I (C sér.), 167 : 21–22 ; 205 ; 206 : 1, 18, 215–219 ; 676 : 233–236 ; 677 : 18–21, 97–99, 102–110, 163–165 ; 678 : 261–270 ; 683 : 135, 286–292 ; 907 ; 914 : 106–108.— PRO, WO 12/5406 ; 17/151, 17/1516–1519 ; 27/98.— Doc. hist. of campaign upon Niagara frontier (Cruikshank).— Ramsay, Dalhousie journals (Whitelaw), 2 : 34.— [John] Richardson, Richardson’s War of 1812 ; with notes and a life of the author, A. C. Casselman, édit. (Toronto, 1902).— G.-B., WO, Army list, 1794–1819.— D. A. N. Lomax, A history of the services of the 41st (the Welch) Regiment (now 1st Battalion the Welch Regiment), from its formation, in 1719, to 1895 (Devonport, Angl., 1899).— Cyrus Thomas, History of the counties of Argenteuil, Que., and Prescott, Ont., from the earliest settlement to the present (Montréal, 1896 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1981).

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Stuart R. J. Sutherland, « MUIR, ADAM CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/muir_adam_charles_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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