MOYEN, JEAN, prêtre, sulpicien, professeur, botaniste et auteur, né le 11 août 1828 dans la commune de Valiergues, canton et arrondissement d’Ussel, France, fils de Denis Moyen, cultivateur, et de Marguerite Bachelerie ; décédé le 8 janvier 1899 au séminaire d’Alix, Lyon, France.

Entré au grand séminaire de Tulle en 1848, Jean Moyen est ordonné prêtre le 5 juin 1852. Vicaire à Allassac, professeur de sciences au petit séminaire de Servières de 1853 à 1855, puis vicaire à la cathédrale Saint-Martin de Tulle jusqu’en 1857, il fait un séjour à la Solitude, noviciat sulpicien à Issy-les-Moulineaux, près de Paris, avant d’être envoyé à Montréal en 1858.

Membre de la Compagnie de Saint-Sulpice, Moyen est d’abord professeur de prédication au grand séminaire de Montréal. Il succède ensuite, en 1859, à l’abbé Louis-Léon Billion dans l’enseignement des sciences aux classes de philosophie du petit séminaire de Montréal (aussi appelé collège de Montréal) où, à l’époque, on avait séparé et confié à des professeurs différents l’enseignement de la philosophie et celui des sciences. Moyen ajoute à l’enseignement des mathématiques, de la physique, de la chimie et de la zoologie, celui de la botanique (à partir de 1863) et de la géologie (à partir de 1865). Pour compléter ses cours, il réorganise le cabinet de physique et le musée d’histoire naturelle ; il rassemble également un herbier.

Collaborateur assidu de l’Écho du cabinet de lecture paroissial, publié à Montréal par les sulpiciens, Moyen y fait paraître régulièrement, de 1864 à 1872, de courts articles sur les découvertes scientifiques de l’époque et des notes de vulgarisation. Le 29 janvier 1867, dans le cadre des conférences publiques organisées par le Cabinet de lecture paroissial [V. Ignace Bourget*], il présente une étude sur les météores.

En 1871, Moyen publie Cours élémentaire de botanique et Flore du Canada [...], qui forme un manuel destiné aux botanistes amateurs, aux étudiants en médecine, ainsi qu’à l’enseignement dans les collèges classiques. Le livre comprend trois parties :       d’abord un bref exposé des principes généraux de la botanique et de la taxinomie ; suit une description de la flore de l’est du Canada, où figurent, selon l’auteur, « toutes les plantes qui croissent spontanément en ce pays » (des clefs analytiques des familles, des genres et parfois même des espèces accompagnent les descriptions sommaires ; l’ouvrage signale en outre les espèces que l’auteur a lui-même récoltées dans la région de Montréal) ; enfin, un appendice qui présente, à l’aide de tableaux, les principales plantes cultivées.

Le rédacteur en chef du Naturaliste canadien, de Québec, l’abbé Léon Provancher, juge sévèrement l’ouvrage de Moyen, à qui il reproche la brièveté de ses descriptions des genres et des espèces, et la rareté de ses notes critiques. Toutefois, l’abbé Alexis-Jules Orban réédite l’ouvrage en 1885, avec des ajouts. Plusieurs collèges et séminaires adopteront cette version, même si le petit séminaire de Québec et l’université Laval continuent de préférer Éléments de botanique et de physiologie végétale [...] de l’abbé Louis-Ovide Brunet* paru à Québec en 1870. Le frère Marie-Victorin [Conrad Kirouac*] notera en 1935, dans l’introduction de son célèbre ouvrage, Flore laurentienne, que le manuel de Moyen est encore en usage dans plusieurs maisons d’enseignement secondaire et supérieur du Québec.

Rarement présent sur la scène publique et assez effacé dans la vie même du collège de Montréal, Jean Moyen semble avoir été entièrement absorbé par son enseignement et ses travaux d’histoire naturelle. Un ancien élève a dit de lui « qu’il [était] tellement plongé dans [ses] sciences, qu’il [était] continuellement distrait ». Rentré en France en 1874, Moyen poursuit sa carrière de professeur de philosophie et de sciences ; il continue également de s’intéresser à l’histoire naturelle et, en 1889, il fait paraître à Paris un ouvrage sur les champignons, résultat de ses recherches et des nombreuses conférences qu’il a données aux élèves du séminaire d’Alix.

Raymond Duchesne

L’abbé Jean Moyen est l’auteur de nombreux articles et notes de vulgarisation scientifique parus dans l’Écho du cabinet de lecture paroissial (Montréal), notamment : « Lecture sur les météores cosmiques [ : aérolithes, bolides ou globes de feu, étoiles filantes] », 9 (1867) : 132–140, 198–203, 336–344 ; de Cours élémentaire de botanique et Flore du Canada : à l’usage des maisons d’éducation (Montréal, 1871 ; 2e éd., A.-J. Orban, édit. Montréal, 1885). Enfin, on lui doit les Champignons : traité élémentaire et pratique de mycologie, suivi de la description des espèces utiles, dangereuses et remarquables, précédé d’une introduction par Jules de Seynes, président de la Société botanique de France (Paris, 1889). Le petit séminaire de Montréal conservait encore en 1974 un herbier de 500 spécimens rassemblé par Moyen.

AD, Corrèze (Tulle), État civil, Valiergues, 12 août 1828.— Arch. du séminaire de Chicoutimi (Chicoutimi, Québec), Fonds Léon Provancher, lettre de J.-B. Meilleur à Léon Provancher, 16 mars 1869 ; lettre de Prosper Dufresne à Léon Provancher, 16 oct. 1876.— ASQ, Univ., sér. U, U–73, 70.— Léon Provancher, « [Compte rendu], Cours élémentaire de botanique [...] », le Naturaliste canadien (Québec), 3 (1871) : 379 ; 4 (1872) : 229–232.— « Bibliographie des ouvrages sur la flore canadienne », BRH, 6 (1900) : 330.— Louis Bertrand, Bibliothèque sulpicienne ou Histoire littéraire de la Compagnie de Saint-Sulpice (3 vol., Paris, 1900).— Bernard Boivin, Survey of Canadian herbaria (Québec, 1980).— Marcel Lajeunesse, les Sulpiciens et la Vie culturelle à Montréal au XIXe siècle (Montréal, 1982).— Maurault, le Collège de Montréal (Dansereau ; 1967) ; Nos messieurs (Montréal, [1936]).— Antonio Dansereau, « l’Abbé Jean Moyen, p.s.s. », le Naturaliste canadien (Québec), 59 (1932) : 194–196.— « Les Disparus », BRH, 36 (1930) : 369.— Yvan Lamonde, « l’Enseignement de la philosophie au collège de Montréal, 1790–1876 », Culture (Québec), 31 (1970) : 213–224.— Damase Potvin, « Nombreux les naturalistes, étrangers et indigènes, qui ont laissé des aeuvres remarquables dans notre province [...] », l’Information médicale et paramédicale (Montréal), 3 févr. 1959 : 11–14.

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Raymond Duchesne, « MOYEN, JEAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/moyen_jean_12F.html.

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Auteur de l'article:    Raymond Duchesne
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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