Titre original :  MGen Sir Edward Morrison standing. Image courtesy of the Royal Canadian Artillery Museum/Le Musée de l’Artillerie royale canadienne, CFB Shilo, Manitoba.

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MORRISON, sir EDWARD WHIPPLE BANCROFT, journaliste, officier dans la milice et l’armée et auteur, né le 6 juillet 1867 à London, Ontario, troisième fils d’Alexander R. Morrison et de Jean Campbell ; le 16 janvier 1911, il épousa à New York Emma Thacker Kaye (décédée le 11 octobre 1936), ex-femme de Charles Downing Fripp ; ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 28 mai 1925 à Ottawa et inhumé dans cette ville au cimetière Beechwood.

Edward Whipple Bancroft Morrison étudia dans des écoles de Galt (Cambridge) et de Hamilton, en Ontario. En 1888 ou en 1889, il entama sa première carrière, le journalisme, en entrant au Hamilton Spectator, où il fut promu chef des nouvelles. Un article publié en 1896 sur quatre colonnes donne une idée de son travail. Intitulé « Ten thousand islands : camping experiences on the Rocks of Georgian Bay », il racontait une expédition sur les « rochers » le long d’un itinéraire formé par Penetanguishene et la côte est de la baie Géorgienne, vers le nord, sur une centaine de milles, soit une région dont la topographie était entièrement connue depuis quelques années à peine. Fidèle à sa vision plutôt fruste du monde, Morrison notait : « Il paraît que, si l’on gratte un Russe, on trouvera un Tartare, mais il est aussi vrai que, si l’on gratte le mince vernis de civilisation [qui recouvre] l’homme moderne, on découvre qu’il est de la même étoffe que ses ancêtres aborigènes. »

Le 1er juillet 1898, Morrison se joignit à l’équipe de l’Ottawa Citizen en tant que directeur de publication ; il travaillerait pour ce journal jusqu’en 1913. Il succédait à Hugh Clark, au sujet de qui l’on dirait, un quart de siècle plus tard, qu’il n’avait « pas [été] un grand directeur ». Morrison laissa à ses collègues un meilleur souvenir que Clark. D’après l’un d’eux, c’était « un écrivain caustique, au style intransigeant, un combattant aussi valeureux dans le champ journalistique qu’il se révélerait par la suite l’être sur le champ de bataille – un homme qui connaissait à fond toutes les étapes de la production d’un journal ». Bien sûr, le passage du temps avait fortement influencé cette opinion. À propos de Morrison gestionnaire, le même collègue rappellerait : « les dimanches après-midi, il avait l’habitude de nous aligner, non pas pour une discussion savante sur les saints évangiles, mais pour un exposé pratique sur la science de la cueillette de l’information, sur le style et la construction littéraires et sur l’éthique fondamentale du journalisme. En un sens, c’était un maître sévère, et quelquefois il faisait la vie dure au personnel subalterne, mais toujours pour notre bénéfice. »

En même temps, Morrison servit comme officier d’artillerie dans la milice canadienne, ce qui correspondait très bien à sa personnalité. Admis dans la 4th Field Battery de Hamilton à titre de lieutenant en second en mai 1897, il passa à la 2nd Field Battery d’Ottawa en 1898 avec le grade de lieutenant. En 1899, il obtint un congé du Citizen pour aller en Afrique du Sud. Il prit part à des opérations au Transvaal, dans la colonie du fleuve Orange et dans la colonie du Cap. En 1900, à l’issue d’un engagement – il était alors sous le commandement du lieutenant-colonel François-Louis Lessard –, il figura parmi cinq Canadiens recommandés pour une décoration. La sienne devait récompenser « la compétence et le sang-froid avec lesquels il a[vait] manœuvré et finalement sauvé ses canons » au cours d’une retraite précipitée. L’année suivante, il reçut l’ordre du Service distingué. Il a raconté ses expériences dans With the guns in South Africa. Paru en 1901, ce livre contient des observations sur l’alimentation, le froid (une surprise pour les soldats canadiens), des collègues officiers tel le lieutenant John McCrae*, et la nature des opérations, en particulier le travail des arrières, le harcèlement par les commandos boers et les combats sporadiques. En fait, il s’agit d’une excellente source de renseignements pour ceux qui s’intéressent aux activités quotidiennes d’une batterie d’artillerie pendant la guerre des Boers. La dernière phrase du livre résume comment Morrison concevait la vie militaire ; elle dit simplement qu’il a eu « du bon temps à la guerre ».

Après son retour d’Afrique du Sud, Morrison resta dans la réserve jusqu’en 1913. Cette année-là, il entra dans l’armée permanente en qualité de lieutenant-colonel et de directeur de l’artillerie. Il partit avec le premier contingent du Corps expéditionnaire canadien envoyé outre-mer après le début de la Première Guerre mondiale en 1914. Il commandait alors la 1re brigade d’artillerie de campagne de ce corps d’armée. John McCrae lui avait fait passer son examen médical. Après avoir participé à la deuxième bataille d’Ypres en avril-mai 1915, il rapporta combien le sang-froid manifesté par ses artilleurs au cours d’engagements qui avaient coûté à la 1re division canadienne un tiers de ses 18 000 hommes l’avait impressionné. Puis vinrent Festubert et Givenchy-lez-La Bassée. Promu général de brigade le 13 septembre 1915, Morrison fut placé à la tête de l’artillerie de la 1re division canadienne. En octobre, il fut chargé du commandement de la 2e unité d’artillerie divisionnaire. À ce titre, il servit tout au long des batailles de Saint-Éloi (Sint-Elooi), du bois du Sanctuaire et de Hooge et durant la sanglante offensive de la Somme. Le 18 décembre 1916, il fut nommé officier général commandant de l’artillerie du Corps d’armée canadien. Il détint cette fonction pendant les batailles de la crête de Vimy et de la cote 70, qui se révélèrent plus fructueuses et moins meurtrières que les engagements précédents. Le 15 août 1917, après que les artilleurs eurent dépensé des quantités prodigieuses de munitions pour soutenir l’infanterie qui défendait contre l’ennemi des positions nouvellement prises, un officier d’état-major de la 1re armée britannique lui fit observer que le commandant de celle-ci était « consterné » par une telle prodigalité. « Les Allemands aussi », répondit Morrison. Il demeura officier général commandant de l’artillerie durant les batailles de Lens et de Passchendaele et durant les offensives finales de 1918. Il fut promu major-général le 31 juillet 1918.

Rentré au Canada après la guerre, Edward Whipple Bancroft Morrison reçut le titre de chevalier commandeur de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges en juin 1919. Dans le courant de la même année, il devint membre d’un comité chargé de la réorganisation de la milice [V. sir William Dillon Otter]. En outre, il fut nommé sous-inspecteur général de l’artillerie. C’est à lui qu’il incomba en février 1920 d’annoncer une nouvelle qui susciterait la controverse, à savoir que 16 officiers d’artillerie ayant commandé des brigades outre-mer deviendraient commandants de brigade d’artillerie au Canada et pourraient supplanter des officiers qui étaient restés au pays afin de recruter et former des artilleurs pour les champs de bataille de France et de Belgique. Nommé maître général de l’artillerie en 1920, il fut adjudant général en 1922–1923. Il prit sa retraite en 1924 et mourut à Ottawa l’année suivante.

William Rawling

L’article de sir Edward Whipple Bancroft Morrison sur les îles de la baie Géorgienne figure dans le Hamilton Spectator du 21 août 1896 : 5 ; son livre intitulé With the guns in South Africa a été publié à Hamilton en 1901.

AN, RG 150, Acc. 1992–1993/166, boîte 6403–6449.— AO, RG 80-8-0-988, nº 9403.— Ottawa Citizen, 19 janv. 1911, 28 mai 1925.— « 25 years ago the Citizen came under its present ownership and entered evening newspaper field », Ottawa Citizen, 25 nov. 1922.— Annuaire, Hamilton, 1888/1889.— Canada, dép. de la Milice et de la Défense, Militia list (Ottawa), 1897–1925.— G. W. L. Nicholson, The gunners of Canada ; the history of the Royal Regiment of Canadian Artillery (2 vol., Toronto, 1967–1972).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell).— W. S. Wallace, Macmillan dictionary of Canadian biography, W. A. McKay, édit. (4e éd., Toronto, [1978]), 597.

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William Rawling, « MORRISON, sir EDWARD WHIPPLE BANCROFT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/morrison_edward_whipple_bancroft_15F.html.

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Auteur de l'article:    William Rawling
Titre de l'article:    MORRISON, sir EDWARD WHIPPLE BANCROFT
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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