McKINNON, RANALD, officier et fonctionnaire, né en 1737 dans l’île de Skye, Écosse ; le 20 novembre 1768, il épousa Letitia Piggott, et ils eurent neuf enfants, dont John, député de la circonscription de Shelburne, Nouvelle-Écosse, en 1823 ; décédé le 28 avril 1805 à Shelburne.

Ranald McKinnon commença sa carrière comme lieutenant dans le 77e d’infanterie, le 21 septembre 1758. Son régiment servit au cours de plusieurs campagnes, en Amérique du Nord, pendant la guerre de Sept Ans ; il participa, en particulier, à l’expédition de John Forbes* contre le fort Duquesne (Pittsburgh, Pennsylvanie) en 1758 et à la poussée effectuée par Amherst* qui remonta le lac Champlain en 1759. Il semble que McKinnon ait été présent lorsqu’une partie du 77e prit part à la reconquête de St John’s, à Terre-Neuve, aux mains des Français en 1762 [V. Charles-Henri-Louis d’Arsac* de Ternay]. Une fois le 77e licencié, en 1763, McKinnon fut mis à la demi-solde. Quelque temps après, il accompagna une équipe d’arpenteurs au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, lesquels devaient délimiter des concessions de terre pour des colons de la Nouvelle-Angleterre qui se trouvaient déjà sur les lieux. La région plut à McKinnon ; grâce à son bon dossier militaire, il n’eut pas de difficulté à obtenir, le 1er avril 1766, une concession de 2 000 acres dans un endroit que les Indiens appelaient Abuptic et que McKinnon rebaptisa Argyle, du nom d’un district d’Écosse – nom qui finit par s’appliquer aussi à la région environnante.

McKinnon réussit comme fermier et jardinier, en recourant peut-être à des esclaves pour le soin de ses vergers et de ses cultures. Il participa activement, aussi, à la vie de la communauté : nommé receveur des douanes le 11 novembre 1766, il fut encore commissaire de la voirie, puis devint juge de paix et officier de milice, le 16 juillet 1771. Ses états de service dans l’armée, sa loyauté envers la monarchie et ses bonnes relations avec ceux qui, à Halifax, détenaient l’autorité, tout cela, apparemment, était bien connu. McKinnon fut horrifié des rumeurs de rébellion parmi les colons d’Argyle originaires de la Nouvelle-Angleterre, en 1775. Au sein de ce groupe, des sympathisants américains paraissaient disposés à fomenter la discorde, tentant même, par des pressions, d’amener les Acadiens de la région à épouser leur cause. Mais, après avoir connu les malheurs de la déportation de 1755 [V. Charles Lawrence*] et parce qu’un certain nombre d’entre eux n’avaient obtenu que quelques années plus tard la permission de s’établir de nouveau en Nouvelle-Écosse, les Acadiens n’étaient pas près de provoquer les Britanniques. À cause de leur refus de collaborer, ils furent harcelés par les colons favorables aux Américains, parmi lesquels Jeremiah Frost, capitaine de milice, et son frère John, ministre congrégationaliste et juge de paix. Benoni d’Entremont*, entre autres, demanda l’aide du Conseil de la Nouvelle-Écosse, par suite de quoi le gouverneur Francis Legge* destitua les Frost de leurs fonctions. En raison de son expérience militaire et de ses bons rapports avec les Acadiens, McKinnon fut nommé commandant de la milice du comté de Queens et commandant des Acadiens du canton de Clare ; on lui fournit des troupes et des munitions.

La loyauté des Acadiens et de quelques colons de la Nouvelle-Angleterre, la démonstration de force du gouvernement et l’aide incertaine des rebelles vivant au delà de la baie de Fundy, tout se conjugua pour empêcher une rébellion ouverte dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Par sa rapidité à mobiliser les forces loyalistes, McKinnon avait accru son prestige et il fut nommé capitaine dans les Royal Highland Emigrants, le 14 juin 1775. Mais beaucoup de « Yankees neutres » considéraient l’ancien soldat comme un dénonciateur, un opportuniste et un personnage purement décoratif à Halifax. McKinnon leur était étranger à bien d’autres points de vue : anglican, il se trouvait au milieu de dissidents ; receveur des douanes, il vivait parmi des contrebandiers invétérés ; aristocrate, il était entouré de gens mordus d’égalitarisme. Il n’est pas surprenant, dès lors, qu’il ait été victime d’attentats ou qu’il ait été poursuivi en justice pour des questions foncières ; peut-être fut-il plus troublé encore par les menaces de ses ennemis de brûler sa grange ou de mutiler ses bêtes. Après sa mort, sa veuve jugea nécessaire de solliciter, auprès du conseil, la confirmation de ses droits, les titres de propriété ayant été perdus ou détruits.

Autant qu’on puisse en juger par les sources disponibles, la plus grande contribution de Ranald McKinnon à la Nouvelle-Écosse fut la résistance qu’il opposa au mouvement proaméricain né du mécontentement envers les Britanniques, durant une période critique de l’histoire de la province. Mais il aurait obtenu moins de succès dans son activité loyaliste, n’eût été l’appui des Acadiens.

A. Anthony Mackenzie

PANS, MG 4, 141 (copie dactylographiée) ; RG 1, 212 ; 226, doc. 6.— Jonathan Scott, The life of Jonathan Scott, C. B. Fergusson, édit. (Halifax, 1960).— Directory of N.S. MLAs.— Brebner, Neutral Yankees.— G. S. Brown, Yarmouth, Nova Scotia : a sequel to Campbell’s history (Boston, 1888).— J. R. Campbell, A history of the county of Yarmouth, Nova Scotia (Saint-Jean, N.-B., 1876 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— Edwin Crowell, A history of Barrington Township and vicinity [...] 1604–1870 (Yarmouth, N.-É., [1923] ; réimpr., Belleville, 1973).— Clara Dennis, Down in Nova Scotia : my own, my native land (Toronto, 1934).— Jackson Ricker, Historical sketches of Glenwood and the Argyles, Yarmouth County, Nova Scotia (Truro, N.-É., 1941).

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A. Anthony Mackenzie, « McKINNON, RANALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mckinnon_ranald_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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