McGREGOR, JOHN, homme d’affaires, homme politique, fonctionnaire et officier de milice, né vers 1751 en Écosse ; il eut sept enfants – cinq fils et deux filles –, dont au moins six avec Martha-Scott, qu’il épousa en août 1815 ; décédé le 12 février 1828 à Amherstburg, Haut-Canada.
John McGregor quitta l’Écosse en 1784 pour rejoindre son oncle Gregor McGregor à Detroit. Il y obtint des terres et se lança dans le commerce ; en 1794, il exerçait cette activité dans la région de l’Ohio. Ce n’est qu’en octobre 1796 que des terres lui furent concédées dans le Haut-Canada, soit 600 acres dans le canton de Dover East (Dover). Après que les Britanniques eurent quitté Detroit, un lot lui fut concédé à Sandwich. Par la suite, il reçut d’autres terres à cet endroit ainsi qu’un lot à Amherstburg.
Peu après son arrivée dans le Haut-Canada, McGregor s’associa avec son cousin James McGregor pour se lancer dans le commerce en tous genres. Dès 1800, ses affaires étaient assez florissantes pour qu’il passe avec John Askin* un contrat selon lequel un bateau descendrait du grain de la région de la Thames. En 1801, McGregor construisit le Thames, bateau à quille fixe d’environ 80 tonneaux. Le développement du commerce des céréales exigeait la présence de moulins, qui faisaient défaut dans la région. Thomas Clark entreprit de construire un moulin à farine à la bifurcation de la Thames. Il se heurta à des difficultés financières et emprunta alors de l’argent à McGregor pour achever les travaux. Il accumula des retards dans ses paiements et, en 1810, McGregor, qui le fit semble-t-il emprisonner pour dettes, obtint sa propriété en guise de règlement. Mais le moulin même avait été détruit par les crues. McGregor en construisit un autre sur le ruisseau qui devait porter son nom. À cause du niveau de l’eau, la période de mouture se limitait à cinq mois par an, et la farine était probablement de qualité inférieure, mais le moulin devint quand même un élément important du commerce de McGregor qui était alors en pleine expansion.
En 1804, McGregor fut élu député de la circonscription de Kent à la chambre d’Assemblée, ce qui ne surprit guère étant donné la place prépondérante qu’il occupait parmi les marchands et fermiers. Réélu en 1808, il le fut encore en 1812 mais, cette fois, il n’occupa en fait son siège qu’à partir du 13 février 1816. Il prit part aux travaux courants de la chambre, fut membre de diverses délégations et présida occasionnellement des comités. À l’instar d’autres députés, il s’intéressait vivement au réseau routier et prenait à cœur son rôle de commissaire de la voirie du district de Western.
Quand la guerre de 1812 éclata, McGregor fut appelé à servir comme milicien. Entré dans la compagnie de milice d’Askin comme homme de troupe en 1791, il était déjà lieutenant dans les Loyal Kent Volunteers en 1812. Un incident survenu cette année-là marqua pour lui le début d’une série de déboires : les troupes d’invasion américaines saisirent une grande quantité de grain dans son moulin ainsi que deux de ses bateaux, dont le Thames. Il se trouvait à Sandwich quand la ville fut occupée par les Américains, qui ne tardèrent pas à mettre la main sur ses réserves. Placé devant la perspective de perdre une bonne partie de son avoir, McGregor accepta de vendre ses stocks aux Américains. Cependant, ceux-ci se retirèrent à Detroit avant de l’avoir payé. Peu après la capitulation du général de brigade William Hull, le major général Isaac Brock*, à l’instigation de McGregor, menaça d’envoyer le vaincu à Montréal comme prisonnier s’il ne payait pas McGregor sur-le-champ, mais Hull accepta seulement de signer un état de compte. En raison de cet incident, on allait accuser McGregor, en 1815, d’avoir collaboré avec l’ennemi.
McGregor eut aussi des difficultés avec les troupes britanniques. Des membres du 41st Foot démolirent deux de ses maisons à Sandwich pour récupérer du bois de chauffage. De plus, ils endommagèrent un verger, deux vastes entrepôts qui servaient de casernes et une maison à Amherstburg. Seule la maison qui servait de résidence au major général Henry Procter à Sandwich demeura intacte. Le contrat par lequel McGregor s’était engagé à fournir 1 500 cordes de bois de chauffage au chantier naval d’Amherstburg lui attira d’autres ennuis. Il avait pris un fermier du Michigan comme sous-traitant, mais les Britanniques durent se retirer avant d’avoir pris livraison de la marchandise. McGregor tenta par la suite de recouvrer les £100 qu’il avait avancées, mais un tribunal d’arbitrage se prononça contre lui en 1822.
Quand, en octobre 1813, les Britanniques commencèrent à se replier en remontant la Thames, les Indiens incendièrent le moulin à farine de McGregor et la scierie attenante pour les empêcher de tomber aux mains des Américains. McGregor accompagna les troupes dans leur retraite et, selon son propre témoignage, il fut capturé par l’ennemi. Quoi qu’il en soit, il ne demeura pas longtemps prisonnier car, le 15 décembre 1813, il participa avec sept de ses hommes à une attaque lancée par une troupe mixte de miliciens contre un petit détachement de soldats américains dans le canton de Raleigh. Le 2 mars, on l’envoya à Longwood prendre part à une diversion destinée à couvrir le mouvement de quelque 200 Indiens. Il perdit un bras au cours de cet engagement et reçut plus tard un an de solde à titre d’indemnité. Dès le 22 avril, son unité combattait de nouveau et il fut promu capitaine vers la même date. Au début de juillet 1814, il participa à la première bataille de Lundy’s Lane. En octobre, il fut envoyé à Chippawa et, en novembre, dans le canton de Burford pour intercepter une troupe américaine. Son unité fut licenciée en mars 1815.
McGregor n’était pas en bonne santé, ce qui influa peut-être sur sa décision d’épouser en août 1815 Martha Scott, avec qui il vivait depuis plusieurs années. Sa situation financière était mauvaise ; une bonne partie de ses biens avaient été détruits et il devait de l’argent à ses fournisseurs de Québec. En automne 1815, il se rendit à Montréal et à Québec afin de régler ses comptes et de tenter d’obtenir une compensation pour une partie de ses pertes. En décembre, il reçut £3 191 2s 1d (cours de Halifax) pour des réclamations concernant son moulin et ses propriétés d’Amherstburg et de Sandwich, ainsi que £1 317 7s (cours de Halifax) à titre de dédommagement pour son commerce à Sandwich. Ayant fait pression pour obtenir d’autres indemnités, il reçut en 1824 des sommes supplémentaires. Cependant, cinq ans après, son fils, qui était son exécuteur testamentaire, réclamait encore de l’argent pour certains biens, tels que des récoltes qui n’avaient pu être moissonnées.
Grâce aux indemnités reçues, McGregor rétablit partiellement son commerce et reconstruisit le moulin en 1818. Se prévalant du droit à des concessions foncières dont jouissaient les miliciens, il obtint 850 acres à Wallaceburg en 1817 et d’autres terres dans le canton de Chatham en 1820.
John McGregor ne se présenta pas aux élections générales d’avril 1816 et disparut de la scène publique, mais il continua de servir dans la milice. Son état de santé et des problèmes financiers complexes l’amenèrent progressivement à confier l’administration de ses affaires à ses fils. Il mourut à l’âge de 77 ans.
AO, Hiram Walker Hist. Museum coll., 20–151 ; MS 500 ; RG 1, A-1-6.— APC, RG 1, E3, 100 : 212–221 ; L3, 328 : M2/59 ; RG 8, I (C sér.), 90 : 57–58 ; 682 : 47, 233 ; 688d ; RG 9, I, B1, 6 ; B4, 1 : 17–18 ; B7, 27, 32 ; RG 19, E5(a).— Canada, Parcs Canada, Fort Malden National Hist. Park (Amherstburg, Ontario), Arch. coll., John and James McGregor, waste-book.— DPL, Burton Hist. Coll., John Askin papers ; Campau family papers ; Labadie family papers.— John Askin papers (Quaife).— Death notices of Ont. (Reid), 48.— F. C. Hamil, The valley of the lower Thames, 1640 to 1850 (Toronto, 1951 ; réimpr., Toronto et Buffalo, N.Y., 1973) ; « Early shipping and land transportation on the lower Thames », OH, 34 (1942) : 48.
Kenneth G. Pryke, « McGREGOR, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcgregor_john_6F.html.
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Auteur de l'article: | Kenneth G. Pryke |
Titre de l'article: | McGREGOR, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |