Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3335064
McCLARY, JOHN, manufacturier, né le 2 janvier 1829 dans le canton de Westminster, Haut-Canada, fils de John McClary et de Sarah Stark ; en 1853, il épousa Mary Ann Drake (décédée en 1862), et ils eurent deux filles, puis en 1866, Mary Jane Pavey (décédée en 1909) ; décédé en 1921 à London, Ontario.
Né dans le New Hampshire, John McClary père se maria en Pennsylvanie et, vers 1817, s’installa avec sa famille dans le canton de Westminster. Comme il était le onzième de 12 enfants, John fils n’avait aucun avenir dans la ferme familiale. Initié à la ferblanterie par l’un de ses frères aînés, Oliver, il alla travailler pour lui en 1849 dans la ville voisine, London. L’année suivante, au moment où, pour reprendre ses propres termes, « la fièvre de l’or commençait », il partit pour la Californie. À San Francisco, il se dit que, vu la présence de milliers de chercheurs d’or, un ferblantier avait de bonnes chances d’amasser un joli pécule et ouvrit un atelier ; celui-ci brûla en 1851. Après avoir cherché de l’or lui aussi, il rentra à London.
Les deux frères reprirent leur collaboration en créant, le 1er janvier 1852, la J. and O. McClary. L’entreprise ne tarda pas à prendre de l’expansion. Ils y ajoutèrent une fonderie pour fabriquer des poêles, ce qui deviendrait leur principal produit, et embauchèrent des représentants de commerce. John alla même visiter l’usine de la compagnie de ferblanterie Meriden Britannia dans le Connecticut pour y étudier les plus récentes méthodes de production. En 1871, ils formèrent une société à responsabilité limitée, la McClary Manufacturing, en vue de fabriquer des poêles, de la ferblanterie, de la dinanderie, des articles de métal estampé, des instruments aratoires ainsi que d’autres pièces de ferronnerie et d’équipement. Favorisée par le protectionnisme de la Politique nationale, la compagnie lança de nouvelles gammes de produits (y compris, en 1880, divers articles en fonte émaillée qui se révélèrent rentables) et ouvrit des entrepôts à Toronto et à Montréal en 1879, à Winnipeg en 1880, à Vancouver en 1894, à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick en 1901 et à Hamilton en 1902. Elle avait obtenu une charte fédérale en 1882 ; moins de deux ans plus tard, elle exportait en Grande-Bretagne, aux Antilles et en Australie. La rapidité avec laquelle elle se rebâtit après un incendie en 1888 amena le London Advertiser à déclarer : « le Canada ne compte probablement aucune entreprise réputée aller aussi vite en affaires ». Après la mort d’Oliver McClary en 1902, John dirigea l’entreprise seul. À compter de 1904, grâce à une manufacture tout à fait moderne, il fut en mesure de fabriquer de nouveaux modèles de poêles et de chaudières.
Pendant ces décennies de croissance, John McClary s’était intéressé à d’autres entreprises. Il fut notamment administrateur et vice-président de l’Ontario Loan and Debenture Company et de la London Life Insurance Company. En outre, il fit partie du premier conseil d’administration de la London and Western Trusts Company Limited. Il investissait beaucoup, mais la McClary Manufacturing resterait toujours sa priorité. Membre de l’élite des industriels de London, il participa en 1881 à la formation de la Merchants’ and Manufacturers’ Exchange, puis à celle du Bureau de commerce.
Dans les années 1880, des conflits opposèrent McClary au syndicat très militant des mouleurs de fer. À la suite d’une grève infructueuse en 1882, l’entreprise se retrouva sans syndicat. En 1885, une nouvelle vague de résistance, soutenue par les Chevaliers du travail, se solda par des mises à pied. Quatre ans plus tard, McClary justifia sa conduite dans cette affaire devant la commission royale d’enquête sur les relations entre le capital et le travail, qui le pressa également de questions sur des ententes conclues au sein de la Stove Manufacturers’ Association, à laquelle il appartenait, en vue de fixer les prix. McClary et les mouleurs s’affrontèrent de nouveau en 1905–1906. Cette grève tumultueuse eut des répercussions persistantes : en 1909, les syndicalistes boycottaient encore les produits de la McClary Manufacturing.
On trouve une autre image de McClary dans les périodiques destinés aux manufacturiers et dans les textes qui faisaient la promotion de London. En 1906, l’Industrial Canada de Toronto le dépeignit comme « un employeur idéal ». « Bien qu’il dirige un atelier ouvert, poursuivait le journal, les griefs des employés sont examinés avec la plus grande célérité. » N’avait-il pas créé pour eux une société de secours en 1882 et un service d’assistance sociale en 1910 ? Cette tradition paternaliste se poursuivrait sous la direction de son gendre William Moir Gartshore, qui prendrait la relève après sa mort. L’entreprise cesserait d’être une affaire de famille en 1927, date de sa vente à la General Steel Wares Limited de Toronto.
Méthodiste et fervent impérialiste, John McClary avait été un conservateur convaincu. Bien qu’il n’ait jamais occupé de poste électif, il écrivait aux journaux ou à des personnalités pour leur faire part de ses opinions. Son opposition énergique à l’entente de libre-échange en 1911, surtout, attira l’attention. Dans sa nécrologie, l’Advertiser nota sa passion pour les « questions d’actualité ». Au moment de son décès, le type du patron autocratique était en voie de passer de mode, mais il faut croire que McClary inspirait du respect dans divers milieux puisque, à ses obsèques, des employés de la McClary Manufacturing et des représentants de la London and Western Trusts Company portaient son cercueil.
AO, RG 8-1-1, 589/1871 ; RG 55-17-33, nº 81.— Univ. of Western Ontario Library, J. J. Talman Regional Coll. (London, Ontario), McClary family papers, ser.II-C-1.— London Advertiser (London), 12–13 déc. 1921.— Canada investigates industrialism : the royal commission on the relations of labor and capital, 1889 (abridged), G. S. Kealey, édit. (Toronto et Buffalo, N.Y., 1973).— History of the county of Middlesex [...] (Toronto et London, 1889 ; réimpr., introd. par D. [J.] Brock, Belleville, Ontario, 1972).— G. S. Kealey et B. D. Palmer, Dreaming of what might be : the Knights of Labor in Ontario, 1880–1900 (Cambridge, Angleterre, et New York, 1982).— Leaves from a lifetime ; being a brief history of the Gartshore family in Scotland ; of the Gartshore and Moir families, as pioneers in early days in Ontario ; and of the life and reminiscences to date of William Moir Gartshore, Margaret Wade, édit. (London, [1929]).— B. D. Palmer, A culture in conflict : skilled workers and industrial capitalism in Hamilton, Ontario, 1860–1914 (Montréal, 1979).— B. S. Scott, « The economic and industrial history of the city of London, Canada, from the building of the first railway, 1855, to the present, 1930 » (mémoire de m.a., Univ. of Western Ontario, 1930).— N. Z. Tausky et L. D. DiStefano, Victorian architecture in London and southwestern Ontario : symbols of aspiration (Toronto, 1986).
Andrew Thomson, « McCLARY, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcclary_john_15F.html.
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Auteur de l'article: | Andrew Thomson |
Titre de l'article: | McCLARY, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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Date de consultation: | 22 nov. 2024 |