McBEATH, GEORGE, trafiquant de fourrures, homme politique, fonctionnaire et officier de milice, né vers 1740 en Écosse ; décédé le 3 décembre 1812 à Montréal.
George McBeath arrive au Canada immédiatement après la Conquête. Le début de son activité dans le commerce des fourrures semble dater de 1765, l’année même où le gouverneur Murray* autorise la reprise de l’octroi de permis de traite avec les Indiens, interrompu deux ans plus tôt lors du soulèvement de Pondiac*. En 1765, il effectue sa première expédition de traite et, au cours des années suivantes, il continue à équiper des canots qu’il conduit dans la région du lac Supérieur. À cette époque, il concentre son attention sur le Nord-Ouest. En 1772, à Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan), avec Maurice-Régis Blondeau, Isaac Todd et quelques autres, McBeath fait partie d’une compagnie qui envoie des canots à Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota) et de là au lac Winnipeg. En 1774, il est à Montréal et, pour un temps, semble hésiter entre le Nord-Ouest et les régions plus au sud, Niagara, Detroit et même le pays des Illinois. De nouveau à Michillimakinac en 1776, McBeath est associé à Simon McTavish, lequel entretient alors des rapports étroits avec certains commerçants très puissants de Detroit : William Macomb, William Edgar et Thomas Williams. En 1777, McBeath équipe lui-même, avec la caution financière de McTavish et d’Alexander Ellice, 5 canots ayant à leur bord 32 hommes et transportant vers Sault-Sainte-Marie (Saint Ste Marie, Michigan) et Grand Portage une cargaison d’une valeur de £2 000 tandis qu’il finance, en société avec un certain Wright, l’envoi à Detroit de 20 bateaux manœuvres par 80 hommes et transportant des marchandises évaluées à £3 000. L’année suivante, la dernière de leur brève association, leurs investissements se chiffrent à £6 000 et comprennent 6 canots, 15 bateaux et 105 hommes. Puis McBeath agit seul, en apparence, pendant deux ans et investit en 1779–1780 £7 100, engageant 4 canots, 7 bateaux et 70 hommes pour Grand Portage.
Toutefois, son isolement se révèle plus apparent que réel, puisqu’en 1779 McBeath avait participé à un regroupement de commerçants de fourrures en acquérant, avec Peter Pond, 2 des 16 actions de la North West Company [V. Simon McTavish]. En 1781, McBeath conclut une association avec Pond et un certain Graves (vraisemblablement Booty Graves) pour équiper quatre canots et il partage la caution financière de cette entreprise avec Robert Ellice*. L’année suivante, il envoie, seul, deux expéditions à Michillimakinac (Mackinac Island, Michigan) totalisant £4 000, et en société, peut-être avec James Grant*, sous le nom de McBeath and Company, il effectue un envoi à Grand Portage d’une valeur de £3 000. Mais des difficultés surviennent dans ses activités d’approvisionnement de Michillimakinac et, dès lors, sa fortune semble avoir des bases plus fragiles. En 1783, McBeath détient toujours ses deux actions dans la North West Company, mais cette année-là il n’équipe que trois canots pour une somme de £2 000 avec l’aide de Pond. En avril, Daniel Robertson, commandant de la garnison du poste de Michillimakinac, lui confie la mission de prévenir les Indiens de la région de Prairie du Chien (Wisconsin) des perspectives de paix entre la Grande-Bretagne et les colonies américaines et de les inciter à cesser toute activité belliqueuse entre eux. L’année suivante, en juin 1784, McBeath accompagne le capitaine Robertson dans la recherche d’un nouvel emplacement pour établir un poste britannique à la place de celui de Michillimakinac.
McBeath se fixe, en 1785, dans la paroisse de L’Assomption, ce qui ne l’empêche pas de séjourner fréquemment à Montréal ; cette année-là, il figure parmi les 19 fondateurs du Beaver Club. En 1787, après quatre années d’inactivité dans le commerce des fourrures, il met sur pied une dernière expédition comprenant six canots et £2 000 de marchandises. Au cours de cette année-là, McBeath connaît de sérieuses difficultés financières qui l’obligent à faire gérer les affaires de la McBeath, Grant and Company par des curateurs ; de plus, il se porte garant pour une dette de la compagnie Sutherland and Grant envers la maison Phyn, Ellices, and Inglis de Londres, ce qui, selon le marchand John Richardson*, entraînera sûrement sa ruine. Au cours de cette même année, McTavish recommande à Joseph Frobisher d’acheter de Thomas Forsyth les actions que McBeath détient toujours dans la North West Company. Celui-ci en abandonne une et, en 1792, Alexander Mackenzie acquiert la seconde conformément à un engagement qu’il a pris deux ans plus tôt, lors du renouvellement de l’accord de la North West Company, à l’effet de verser en retour à McBeath £350 plus la valeur des marchandises qu’il aurait encore en magasin au printemps. Ainsi sa carrière commerciale est définitivement terminée.
McBeath occupera désormais des fonctions administratives et politiques. En 1790, il est nommé commissaire de la Cour des requêtes pour la juridiction de L’Assomption. La même année, il fait une demande afin d’acquérir 3 000 acres de terre dans le canton de Rawdon, comté de Leinster, dont il n’obtiendra, neuf ans plus tard, que 500 acres. À la suite du décès de François-Antoine Larocque, premier député de Leinster, McBeath est élu député de cette circonscription au début de 1793 et siège à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada jusqu’en 1796. Juge de paix du district de Montréal depuis 1795, il est nommé receveur des douanes dans le port de Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu), en novembre 1799. Par la suite, il obtient, en juin 1807, la commission pour faire prêter le serment aux officiers à la demi-solde dans le district de Montréal et, en juin 1812, celle du serment d’allégeance. Au moment de sa mort, survenue cette année-là, il est aussi lieutenant-colonel commandant le 1st Townships Militia Battalion.
Bien que McBeath ait possédé un banc à l’église Scotch Presbyterian, appelée plus tard l’église St Gabriel Street, à Montréal, ses funérailles se déroulent dans le rite anglican, tout comme avait été célébré son second mariage le 9 septembre 1801, avec Erie Smyth, veuve de David McCrae, trafiquant de fourrures et l’un des fondateurs du Beaver Club. De sa première épouse, Jane Graham, décédée le 26 mai 1787, il avait eu au moins deux enfants. Franc-maçon, McBeath avait été maître de la St Peter’s Lodge No. 4, active à Montréal entre 1762 et 1793.
George McBeath fut un personnage assez important dans le commerce des fourrures, mais il n’eut jamais la stature de ceux qui, à un moment ou l’autre de leur carrière, furent en mesure d’aspirer à avoir seuls la haute main sur ce commerce. Ainsi, en 1777, les investissements des frères John et William Kay atteignirent £17 020, ceux de William et Alexander Macomb se montèrent à £30 600 en 1780, ceux de John Gregory se situèrent à £18 460 en 1783, tandis que ceux de Robert Ellice se chiffrèrent à £25 000 en 1790. Mais dans cette lutte pour le premier rang, les frères Benjamin* et Joseph Frobisher et McTavish seront les gagnants.
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Fernand Ouellet, « McBEATH, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcbeath_george_5F.html.
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Auteur de l'article: | Fernand Ouellet |
Titre de l'article: | McBEATH, GEORGE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |