MAGNAN, PIERRE, premier Français qu’on sait avoir été supplicié par les Iroquois, né à Tougne, dans les environs de Lisieux, en Normandie, mort en 1627.
On connaît peu les débuts de la vie de Pierre Magnan. On sait seulement qu’il avait assommé un homme à coups de gourdin en France, après quoi il s’enfuit en Nouvelle-France, où il fut pris dans la trame tortueuse de la diplomatie franco-indienne.
En 1627, Mahigan Aticq (Miristou), chef montagnais, apprit à Champlain que les Hollandais et les Loups (Mohicans) du fort Orange (Albany, N.Y.) avaient proposé aux Montagnais et à d’autres nations indiennes de faire la guerre aux Agniers. Champlain, soucieux de ne pas compromettre la paix de 1624, qu’il avait eu tant de peine à obtenir, demanda aux Montagnais de repousser ces propositions. Les Indiens tinrent un conseil à Trois-Rivières, auquel assistait Émery de Caën, en vue de prévenir la guerre projetée. Mais un groupe de jeunes guerriers, qui ne voulaient pas se rendre à l’avis des Français, partirent pour le lac Champlain, capturèrent deux Agniers en feignant de leur témoigner de l’amitié, puis ramenèrent leurs captifs à Trois-Rivières, où ils les maltraitèrent.
On tint un conseil au cours duquel Champlain prévint les Montagnais des conséquences possibles de cet acte de trahison. Le conseil décida alors d’envoyer une ambassade de paix aux Agniers, laquelle comprendrait un des prisonniers et aussi un Français. Pierre Magnan consentit à se joindre à la délégation, entreprenant ainsi une mission d’une grande importance dans des circonstances particulièrement critiques. Lui et le prisonnier, le chef montagnais Cherououny, connu sous le nom de « Le Réconcilié », et deux autres Indiens quittèrent Trois-Rivières pour le pays des Agniers le 24 juillet 1627. Le 25 août, on apprit à Québec que toute l’ambassade avait été massacrée dès son arrivée parmi les Agniers.
Ce n’est que le 16 avril 1629 qu’on obtint l’explication du sort qu’avait subi le groupe. Erouachy, chef montagnais, raconta qu’un Algonquin de l’île aux Allumettes, ennemi de Cherououny, avait dit aux Agniers que les ambassadeurs qui venaient pour traiter de la paix étaient en réalité des espions. Les Agniers avaient accepté cette accusation sans chercher à en savoir plus long et ils avaient fait périr les députés avec beaucoup de cruauté, notamment Pierre Magnan. Autant qu’on le sache, celui-ci est le premier Français qui ait trouvé la mort dans un village agnier. [V., à l’article Cherououny, une autre version de la fin de l’ambassade.]
Champlain, Œuvres (Biggar), V : 214–226, 229–232, 308–313.— Le Clercq, First establishment of the faith (Shea), I : 284.— Sagard, Histoire du Canada (Tross), III : 445s.
Thomas Grassmann, « MAGNAN, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/magnan_pierre_1F.html.
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Auteur de l'article: | Thomas Grassmann |
Titre de l'article: | MAGNAN, PIERRE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 16 nov. 2024 |