LUSHER, ROBERT LANGHAM, ministre méthodiste et rédacteur en chef, né vers 1787 à Londres ; il épousa une prénommée Esther, et ils eurent au moins un fils et deux filles ; décédé le 10 juillet 1849 à Montréal.

Robert Langham Lusher entra dans le mouvement méthodiste au début de sa vie d’adulte. Admis comme suffragant en 1817, il fut affecté au missionnariat outre-mer par la Conférence wesleyenne britannique. Le lieu de sa première affectation fut Montréal, où il arriva avec sa jeune famille à la fin de 1817. Si l’on excepte l’année qu’il passa à Québec, il œuvra dans la circonscription ecclésiastique de Montréal de 1817 à l’été de 1822. C’est là que la Conférence britannique l’éleva à la dignité de ministre en 1821.

Au moment où Lusher arriva à Montréal, cette ville comptait probablement moins d’une centaine de méthodistes, en majorité des loyalistes issus de la classe des marchands et de celle des artisans. Leur allégeance se partageait entre les autorités ecclésiastiques des États-Unis et de la Grande-Bretagne, mais dès 1820 tous se trouvèrent réunis au sein de la Conférence wesleyenne britannique. Grâce à sa façon de prêcher, Lusher ne tarda pas à rendre le méthodisme respectable dans la ville, c’est-à-dire à vaincre le préjugé tenace selon lequel les prédicateurs de sa dénomination n’étaient, comme le disait une lettre parue dans la Gazette de Montréal, que des « enthousiastes ambulants ». Il parvint à obtenir des registres civils pour les baptêmes, les mariages et les sépultures. La communauté méthodiste se multiplia, l’affluence aux offices augmenta, si bien qu’il fallut bientôt un temple plus vaste. La Methodist Chapel – tel était son nom – fut achevée en 1821. Sous la houlette de Lusher, les méthodistes collaborèrent, avec des membres d’autres dénominations, à la fondation de plusieurs établissements religieux ou sociétés de bienfaisance comme le Montréal General Hospital et l’Emigrant Society of Montréal. Cependant, un événement survenu au sein de sa propre Église le déçut : l’entente de 1820 entre les autorités méthodistes de Grande-Bretagne et des États-Unis [V. Henry Ryan*], qui laissait le Haut-Canada sous l’influence des prédicateurs américains, dont un bon nombre, estimait-il, avaient « un souverain mépris pour la constitution et le gouvernement » britanniques.

En 1822, on muta Lusher dans la circonscription ecclésiastique de Halifax puis, en 1825, dans celle de Liverpool, en Nouvelle-Écosse. Ces deux affectations l’amenèrent à visiter des établissements isolés le long de la côte sud. De retour en Angleterre en 1827, il exerça son ministère à Oldham, à Halifax, à Manchester et à Bath. En 1838, à la demande de la communauté méthodiste de Montréal, le Comité missionnaire wesleyen de la Conférence britannique l’affecta de nouveau dans cette circonscription ecclésiastique. En même temps, le comité le nomma à la présidence du district du Bas-Canada, qu’il occupa pendant un an.

La tension était vive entre la Conférence wesleyenne britannique, qui exerçait son autorité au Bas-Canada, et la Conférence canadienne, implantée dans le Haut-Canada. Un des motifs principaux en était l’attitude du Christian Guardian, journal dirigé par Egerton Ryerson*, lequel n’hésitait pas à critiquer la politique gouvernementale concernant l’utilisation des réserves du clergé. Dans une lettre à son collègue le ministre Robert Alder*, Lusher exprima une horreur peut-être typiquement britannique à propos de ce journal et de son « caractère incendiaire [...] conçu pour promouvoir le mécontentement et la désaffection à l’endroit du gouvernement », ainsi que devant « sa position antiwesleyenne sur l’Église d’Angleterre et l’union de celle-ci avec l’État ». En août 1840, soit immédiatement après que la Conférence wesleyenne britannique eut rompu officiellement ses liens avec la Conférence canadienne (le Bas-Canada demeurant un district directement rattaché à la première), on procéda au lancement d’un nouveau journal ecclésiastique, le Wesleyan. Il paraissait deux fois par mois, à Montréal, et Lusher en fut le premier rédacteur en chef. Le Wesleyan avait pour but de répandre des nouvelles et opinions méthodistes britanniques dans le Bas et le Haut-Canada, sans doute pour neutraliser l’influence du Christian Guardian. Au bout d’un an, Lusher abandonna la rédaction ; en 1842, il s’installa à Trois-Rivières. Le journal recommença à paraître, mais à Toronto.

La maladie assombrit les dernières années de Robert Langham Lusher. En 1843, après avoir servi pendant moins de deux ans dans la circonscription ecclésiastique de Trois-Rivières, il prit sa retraite et retourna vivre à Montréal, parmi les membres de son ancienne congrégation, qui le vénéraient. Son apport à la vie sociale et religieuse de l’Amérique du Nord britannique fut plus conservateur qu’innovateur. En maintenant, en bon Britannique qu’il était, une attitude de déférence aveugle envers l’autorité, il ne comprit peut-être pas que l’Église coloniale avait besoin d’adapter son témoignage au contexte social dans lequel elle se trouvait.

Nathan H. Mair

Robert Langham Lusher est l’auteur de : A sermon, preached at the Wesleyan Chapel, Quebec, Sunday, March 26th, 1820, occasioned by the death of his late Majesty George the Third (Montréal, 1820) ; The last journey : a funeral address, delivered [...] July 8, 1838, occasioned by the death of the late Rev. John Barry [...] (Montréal, 1838) ; The laws of Wesleyan Methodism epitomized and arranged [...] (Manchester, Angl., 1834) ; et Recollections of the outlines of a sermon, delivered [...] April 3, 1825, on occasion of the death of Mrs. Eunice Waterman [...] (Halifax, 1827). Il fut rédacteur en chef du premier volume du Wesleyan (Montréal) du 6 août 1840 au 8 juillet 1841.

St James United Church (Montréal), Memorial letterbook, 17 janv. 1842.— SOAS, Methodist Missionary Soc. Arch., Wesleyan Methodist Missionary Soc., corr., North America (mfm à l’UCC, Maritime Conference Arch., Halifax).— UCC, Montréal-Ottawa Conference Arch. (Montréal), 7/St J/1/1 ; Montréal Presbytery, St James Street Methodist Chapel (Montréal), reg.— Wesleyan (Toronto), 2 (1841–1842)–3 (1842–1843).— Wesleyan Methodist Church, Minutes of the conferences (Londres), 11 (1848–1851).— Wesleyan Methodist Church in Canada, The minutes of the annual conferences [...] from 1824 to 1845 [...] (Toronto, 1846).— Wesleyan-Methodist Magazine, 41 (1818)–43 (1820) ; 48 (1825)–49 (1826) ; 54 (1831).— Canada Temperance Advocate (Montréal), févr.-mars 1840.— Canadian Courant and Montreal Advertiser, 23, 30 janv., 6 févr., 18 déc. 1819, 5 juin 1821.— Christian Guardian, 25 juill. 1849.— La Gazette de Montréal, 28 nov. 1808.— Montreal Herald, 11 oct. 1817–20 mars 1819, 18 déc. 1819, 17, 24 févr. 1821, 26 janv. 1822.— Montreal Transcript, 21 oct. 1837, 2 janv., 31 mai, 14 juin 1838, 8 août 1840, 10 juill. 1849.— Borthwick, Hist. and biog. gazetteer.— G. H. Cornish, Cyclopædia of Methodism in Canada, containing historical, educational, and statistical information [...] (2 vol., Toronto et Halifax, 1881–1903).— E. A. Betts, Bishop Black and his preachers (2e éd., Sackville, N.-B., 1976).— J. [S.] Carroll, Case and his cotemporaries [...] (5 vol., Toronto, 1867–1877).— G. E. Jacques, Chronicles of the St-James St. Methodist Church, Montreal, from the first rise of Methodism in Montreal to the laying of the corner-stone of the new church on St. Catherine Street (Toronto, 1888).— N. H. Mair, The people of St James, Montreal, 1803–1984 ([Montréal, 1984]).— J. H. Turner, Halifax books and authors [...] (Brighouse, Angl., 1906).

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Nathan H. Mair, « LUSHER, ROBERT LANGHAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lusher_robert_langham_7F.html.

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Auteur de l'article:    Nathan H. Mair
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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