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LOWELL, ROBERT TRAILL SPENCE, ministre de l’Église d’Angleterre, fonctionnaire et auteur, né le 8 octobre 1816 à Boston, fils du ministre unitarien Charles Lowell et de Harriet Brackett Spence, frère aîné du poète et critique littéraire James Russell Lowell et arrière-grand-père de Robert Traill Spence Lowell, célèbre poète du xxe ; le 28 octobre 1845, il épousa Mary Ann Duane, et ils eurent quatre fils et trois filles, dont l’une mourut à l’âge de 17 ans ; décédé le 12 septembre 1891 à Schenectady, état de New York.
Issu d’une famille distinguée du Massachusetts, Robert Traill Spence Lowell fréquenta d’abord la Round Hill School de Northampton, au Massachusetts, puis la Harvard University, où il obtint un diplôme en 1833. Il fit des études de médecine pendant plusieurs années mais ne les mena jamais à terme, puis il se lança en affaires avec son frère aîné, Charles Russell. Trois ans plus tard, résolu à devenir ministre de l’Église épiscopale protestante (au sein de laquelle sa mère avait grandi), il alla étudier sous la direction du révérend Alonzo Potter, à Schenectady. Professeur d’éthique et de politique, futur évêque de Pennsylvanie, Potter était un ami de la famille Lowell et occupait à l’époque le poste de directeur adjoint au Union College.
Après avoir réussi ses examens de théologie et obtenu une maîtrise ès arts de Harvard, Lowell fut accepté en 1842 à titre de candidat à l’ordination dans le diocèse de l’Est (qui regroupait les églises épiscopales du Massachusetts, du Maine, du Rhode Island, du Vermont et du New Hampshire) par l’évêque de Boston, Alexander Viets Griswold. À Harvard, à l’automne de 1842, il fit la connaissance d’Aubrey George Spencer*, évêque anglican de Terre-Neuve et des Bermudes. Nanti d’excellentes recommandations, Lowell souhaitait être employé « comme missionnaire de l’Église d’Angleterre » ; on le plaça sous l’autorité de l’évêque Spencer qu’il suivit aux Bermudes. Ordonné diacre le 5 décembre 1842 à l’église St Peter, à St George, puis prêtre en mars suivant, il fut aumônier personnel de l’évêque pendant son séjour aux Bermudes et inspecteur des écoles de la colonie. Lowell, Griswold et Spencer partageaient les mêmes vues en matière religieuse. Tenants de la Basse Église, ils prônaient une théologie et une piété évangéliques, appuyaient énergiquement le missionnariat et craignaient que le mouvement tractarien, de création récente, ne se propage en Amérique du Nord. En 1842, l’évêque Spencer recommanda son ordinand à la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts de Londres en disant que c’était un vigoureux « célibataire » de 26 ans, « [...] doté d’une certaine fortune personnelle, [...] doué pour l’étude, d’une piété et d’un zèle évidents, ayant un excellent caractère, un jugement clair et un fort attachement pour l’Église mère ».
Peu après son ordination, Lowell fut affecté, à sa demande, à la mission terre-neuvienne de Bay Roberts, vacante depuis la mort de William Henry Grant. Situé dans la baie Conception, Bay Roberts était un important village de pêcheurs qui comptait environ 1 500 habitants à l’arrivée de Lowell et avait vu sa population croître considérablement dans les années 1830 et au début des années 1840. En mai 1843, Lowell devint donc le troisième pasteur résidant de l’église St Matthew, construite 16 ans auparavant pour les anglicans pratiquants du village, qui étaient plus de 500. Il desservait aussi les communautés anglicanes de Spaniard’s Bay et de New Harbour dans la baie Trinity. Deux ans plus tard, il retourna aux États-Unis pour épouser Mary Ann Duane, et leur premier enfant naquit à Bay Roberts au début de 1847.
À cause du piètre rendement de la pêche côtière et d’une épidémie de rouille de la pomme de terre, une grave famine s’abattit sur Terre-Neuve en 1846–1847. La situation était d’autant plus critique que le départ du gouverneur, sir John Harvey*, avait créé un vide politique à St John’s et que la colonie n’avait ni loi sur les pauvres ni programme qui aurait permis de distribuer efficacement de l’aide dans les petits villages de pêcheurs. Nommé commissaire de l’assistance publique dans la région de Bay Roberts, Lowell tenta de distribuer l’aide équitablement malgré des marchands locaux qui cherchaient à profiter de la situation et des hommes politiques qui faisaient preuve de partialité. Épuisé « d’avoir servi [ses] paroissiens et partagé leur sort », comme il le nota plus tard, il rentra aux États-Unis à l’été de 1847. Il n’allait jamais retourner à Terre-Neuve. Le mécontentement qu’il avait engendré parmi les marchands locaux de même que ses divergences d’opinions avec Edward Feild*, antiaméricain déclaré et tractarien qui avait succédé à Spencer, de tradition évangélique, à l’épiscopat en 1844, avaient aussi contribué à son départ. Une fois aux États-Unis, Lowell recueillit des fonds pour les victimes de la famine de Terre-Neuve. Dans son éthique évangélique, les actes individuels de charité étaient les moyens par lesquels se manifestaient la bienveillance divine et la Providence. Rector à Newark au New Jersey puis à Duanesburg dans l’état de New York, il dirigea ensuite la St Mark’s School de Southboro, au Massachusetts, pendant quelques années. En 1873, il devint professeur de langue et de littérature latines au Union College de Schenectady. Six ans plus tard, il prit sa retraite. Décédé dans cette ville en 1891, il repose au Vale Cemetery.
En 1858, donc 11 ans après avoir quitté Terre-Neuve, Lowell publiait à Boston un roman en deux volumes qui s’inspirait de son missionnariat à Bay Roberts : The new priest in Conception Bay. Bien que l’ouvrage raconte avec un certain talent les épreuves et les passe-temps des habitants d’un village terre-neuvien de pêcheurs au milieu du xixe siècle, l’auteur est trop enclin à afficher son anticatholicisme et ses personnages ne sont pas vraisemblables. Lowell niait avoir écrit un roman religieux, mais l’intrigue et les personnages le démentent. Lucy Barbury, l’héroïne anglicane amoureuse d’un jeune candidat à la prêtrise, a disparu mystérieusement. Les catholiques, et surtout un jésuite diabolique, jouent les rôles de traîtres dans l’histoire, tandis que les protestants incarnent les grandes valeurs prônées par l’auteur. Lowell exploite avec succès la composition ethnique de la société terre-neuvienne en recourant au dialecte local. Cependant, il détruit l’authenticité de son tableau de la vie dans les petits ports de pêche par ses digressions didactiques, et il ramène la nature humaine à des stéréotypes conformes aux canons de la morale évangélique. Le critique américain Harold William Blodgett a dit de lui : « Il dépeignait les paysages comme un poète, interprétait les caractères avec perspicacité, se montrait prédicateur et philosophe en mettant de l’avant des valeurs morales, mais il ne savait pas nouer une intrigue. »
Parmi les œuvres littéraires de Robert Traill Spence Lowell, c’est ce roman que la critique de l’époque acclama le plus. Une nouvelle édition parut en 1864 et une édition révisée en 1889. Son séjour à Terre-Neuve lui inspira aussi une nouvelle, A raft that no man made, qui parut pour la première fois dans l’Atlantic Monthly de Boston en mars 1862, ainsi que plusieurs poèmes, la plupart écrits alors qu’il était dans l’île (quoiqu’il ait acquis la notoriété auprès de ses contemporains surtout par ses poèmes patriotiques sur les États-Unis). Beaucoup plus fidèle à l’expérience missionnaire de Lowell que The new priest in Conception Bay, le poème rimé qui s’intitule To my old parishioners, comme une gravure de David Blackwood, évoque la désolation et le tragique qui faisaient partie de l’existence dans les villages de pêcheurs au xixe siècle.
Les sources de documentation sur les premières années et le début de la carrière de Robert Traill Spence Lowell comprennent : Memorials of the class of 1833 of Harvard College, prepared for the fiftieth anniversary of their graduation, Waldo Higginson, édit. (Cambridge, Mass., 1883), et New York Public Library, mss and Arch. Division, J. R. Lowell papers, Lowell à Robert Carter, 13 janv. 1848. En ce qui concerne la famille Lowell du Massachusetts, voir l’ouvrage de Ferris Greenslet, The Lowells and their seven worlds (Boston, 1946). Son séjour aux Bermudes et à Terre-Neuve a été reconstitué à partir des sources suivantes : la Royal Gazette, and Bermuda Commercial and General Advertiser and Recorder (Hamilton), 13 déc. 1842 ; les lettres de l’évêque Spencer à la SPG, dans les archives de la USPG disponibles sur microfilms aux AN (MG 17, B1, C/Nfl., box II/23, folder 279, et G.1 : 22, 27–28, 34) ; les lettres de l’évêque Feild, (C/Nfl., box II/25, folders 295, 306, et G.1) ; les rapports de Lowell à la SPG (C/Nfl., box II/26, folder 309) ; et la lettre de Lowell datée du 16 nov. 1859 adressée à la réformatrice sociale américaine Dorothea Lynde Dix, qui se trouve dans les papiers de celle-ci à la Harvard College Library, Houghton Library (Cambridge). La description de la paroisse de Bay Roberts, faite par Lowell et datée du 15 août 1846, se trouve dans AN, MG 17, B1, E/Nfl., 1845–1846.
Pour ce qui est du rôle de commissaire de l’assistance publique de Lowell durant la famine de 1846–1847, voir son article daté du 28 nov. 1847 qui parut dans la Times and General Commercial Gazette (St John’s), le 8 janv. 1848 ; et PANL, GN 2/1, 46 : 141, 153–154, 174 ; GN 2/2, 31 déc. 1847.
La bibliographie la plus complète des œuvres littéraires de Lowell se trouve dans Jacob Blanck, Bibliography of American literature (7 vol. parus, New Haven, Conn., et Londres, 1955– ), 6 : 106–111. Son poème, To my old parishioners a paru dans Fresh hearts that failed three thousand years ago ; with other things, by the author of The new priest in Conception Bay (Boston, 1860), 96–100, et dans The poems of Robert Lowell (nouv. éd., Boston, 1864), 151–156. En plus des travaux cités dans la biographie, son ouvrage Five letters, occasioned by published assertions of a Roman Catholic priest (Newark, N.J., 1853) donne une idée intéressante de l’image qu’il se faisait de Terre-Neuve.
Des études bibliographiques et des critiques comprennent : DAB ; Philip Hiscock, « Dialect représentation in R. T. S. Lowell’s novel The new priest in Conception Bay », Languages in Newfoundland and Labrador, H. J. Paddock, édit. (St John’s, 1982), 14–23 ; l’introduction de Patrick O’Flaherty à l’édition de la New Canadian Library de The new priest in Conception Bay (Toronto, 1974), 1–5, et son ouvrage The Rock observed : studies in the literature of Newfoundland (Toronto, 1979) (ce dernier renferme un portrait de Lowell jeune homme) ; et H. [W.] Blodgett, « Robert Traill Spence Lowell », New England Magazine ([Portland, Maine]), 16 (1943) : 578–591.
Hans Rollmann, « LOWELL, ROBERT TRAILL SPENCE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lowell_robert_traill_spence_12F.html.
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Auteur de l'article: | Hans Rollmann |
Titre de l'article: | LOWELL, ROBERT TRAILL SPENCE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 16 nov. 2024 |