LEITCH, WILLIAM, pasteur presbytérien et éducateur, né le 20 mai 1814 à Rothesay dans l’île de Bute, Écosse, fils de John Leitch, agent des douanes, et de Margaret Sharp ; en 1846, il épousa Euphemia Paterson qui lui donna quatre fils ; décédé le 9 mai 1864 à Kingston, Haut-Canada, et inhumé à Monimail, Fifeshire, Écosse.

À l’âge de 14 ans, William Leitch subit un accident grave qui l’obligea à garder la chambre pendant plusieurs mois et il eut ainsi l’occasion d’entreprendre l’étude des mathématiques et des sciences. Il fréquenta l’école secondaire à Greenock et l’University of Glasgow où il obtint le baccalauréat ès arts en 1837 avec les plus grandes distinctions en mathématiques et en sciences, puis une maîtrise ès arts en 1838 (l’université lui décernera le titre de docteur en théologie en 1860). Pendant qu’il était étudiant à Glasgow, il donna un cours d’astronomie et devint l’assistant du professeur John Pringle Nichol à l’observatoire. Il s’intéressa aux sciences durant toute sa vie et il se fit la réputation d’un homme de science « remarquable en astronomie, en sciences naturelles et en mathématiques ».

En 1839, après deux années de théologie au Divinity Hall de l’University of Glasgow, Leitch reçut l’autorisation de prêcher comme ministre de l’Église d’Écosse. Il resta fidèle à l’Église au moment de la scission de 1843. Cette année-là, il reçut les ordres et fut présenté à la paroisse de Monimail par le comte de Leven, au consistoire de Cupar. Au cours des 16 années qui suivirent, il se consacra à ses tâches paroissiales, à ses études et aux travaux de l’assemblée générale ; responsable du comité des écoles du dimanche devant l’assemblée, il s’intéressa particulièrement à l’éducation populaire. D’un caractère affable, il s’attira un grand nombre d’amis généreux.

En 1859, deux administrateurs du Queen’s College à Kingston, les révérends John Barclay et Alexander Morris*, furent délégués en Écosse pour trouver un successeur au principal sortant, le révérend John Cook*. Les membres de l’assemblée générale leur recommandèrent Leitch, tout en exprimant l’avis que celui-ci était susceptible de mener une carrière plus remarquable et plus utile en Écosse. Leitch était déjà avantageusement connu par les articles sur les sciences et sur la religion qu’il avait fait paraître dans la Scottish Review [...] et d’autres périodiques. Un intérêt particulier pour le domaine de l’éducation, sans doute, l’incita à quitter ces agréables occupations et à se vouer à l’expansion du modeste collège de Kingston.

Leitch fut nommé principal de Queen’s avec un salaire annuel de £600 à compter du 1er juin 1860. Il arriva à Kingston en octobre et se déclara fort satisfait de la qualité des étudiants, qu’il jugeait « parfaitement égaux aux étudiants de chez nous ». Il augurait bien de l’avenir du collège. Durant les trois années et demie qui suivirent, il consacra beaucoup d’énergie à faire progresser la faculté de théologie ; aux facultés déjà établies, théologie, arts et médecine, il ajouta une faculté de droit en 1861 mais elle n’eut qu’une brève existence. Il accepta au nom de Queen’s la direction de l’observatoire de la ville – Nathan Fellowes Dupuis * fut nommé « observateur » – et la responsabilité d’organiser des conférences publiques sur l’astronomie et d’autres sujets scientifiques. En 1862, il publia son ouvrage le plus connu, God’s glory in the heavens. De concert avec George Lawson*, professeur de chimie, il mit sur pied un jardin botanique ; il fonda à Kingston, en 1860, la Botanical Society of Canada, dont il devint président en 1861, et les Annals de cette société, auxquelles il collabora.

Pendant la première ou les deux premières années où il fut principal, Leitch s’intéressa de près à la question de l’organisation universitaire au Haut-Canada. À l’instar de Samuel Sobieski Nelles*, directeur de Victoria University à Cobourg, il réclama pour Queen’s, futur collège constitutif de l’université provinciale de Toronto en vertu de l’University Act de 1853, le droit de recevoir une part de la fondation et de participer à l’administration de l’université. Il estimait que l’enseignement universitaire devait être dispensé dans les collèges et il préconisait l’adoption du système écossais suivant lequel un certain nombre de petits collèges répartis à divers endroits de la province donneraient leur propre enseignement et obligeraient leurs étudiants à se soumettre aux examens écrits de l’université pour obtenir un diplôme universitaire. En 1861, une commission, dont faisait partie un ami et collègue de Leitch au conseil d’administration de Queen’s, John Paton, proposa un projet visant à permettre aux collèges de s’associer à l’University of Toronto suivant les modalités suggérées par Leitch et d’obtenir de l’université la part de la fondation qui leur était nécessaire. Dans l’espoir que le projet serait adopté, Leitch fut quelque temps membre du « sénat » de l’University of Toronto et examinateur universitaire. Le sénat, toutefois, s’opposait fortement aux vues des commissaires, de sorte que le projet fut rejeté. L’University of Toronto conserva le contrôle exclusif de la fondation. Heureusement, les subventions accordées annuellement à Victoria et à Queen’s par le gouvernement provincial avaient été portées de $3 000 à $5 000 en 1860.

En qualité de pasteur et de savant remarquable, et à titre de principal de Queen’s College, Leitch fut admis au synode de la section de l’Église presbytérienne du Canada affiliée à l’Église d’Écosse. Son nom fut porté sur la liste des membres du synode au cours du mois où il fut choisi, en novembre 1859. Des voyages en Écosse l’empêchèrent d’assister aux réunions tenues en 1861 ; il fut élu modérateur pour l’année 1862–1863.

À Queen’s, cependant, Leitch essuyait des déboires et des échecs. Le collège était profondément divisé par des querelles de personnes et d’idées qui avaient éclaté entre le sénat et le conseil d’administration. Les professeurs de Queen’s, en majorité des diplômés d’universités écossaises, se prétendaient titulaires à vie de leurs « chaires » et soutenaient que le sénat, quoique créé par le conseil d’administration, pouvait, dès qu’il entrait en fonction, exercer sa juridiction d’ordre scolaire indépendamment de celui-ci. La question de la répartition des pouvoirs au sein du collège était difficile à résoudre. N’ayant aucune expérience de la complexité et de l’âpreté des querelles de ce genre et ne connaissant pas les problèmes particuliers de Queen’s, Leitch sous-estima la gravité de la situation. Il admit trop aisément les vues des administrateurs et finit par s’aliéner presque tous ses collègues du corps enseignant. Sur un personnel de quelque 12 professeurs, trois démissionnèrent – James George, Lawson et John Dickson* – et deux autres furent remerciés – John Stewart et George Weir- au cours des trois années et demie que dura son administration ; ce résultat ne provenait pas tant de l’attitude de Leitch que de désaccords profonds et de rancunes accumulées durant la décennie précédente sous l’administration de principaux intérimaires surchargés de travail. De constitution plutôt fragile, Leitch vit sa santé décliner sous l’effet de la tension et il mourut après avoir enduré de grandes souffrances, en mai 1864.

Hilda Neatby

Les ouvrages de William Leitch comprennent : God’s glory in the heavens (Londres et Édimbourg, 1862 ; 1863) ; Introductory address at the opening of Queen’s College, Nov. 8, 1860 (Montréal, 1860) ; Vindication of the General Assembly’s resolution to accept grants in aid, as offered in the despatch of the hon. the court of directors of the East India Co., of July, 1854 (Édimbourg, 1857) ; de même que des articles dans : Botanical Soc. of Can., Annals (Kingston, Ont.) ; British Assoc. for the Advancement of Science, Report (Londres) ; Good Words (Londres) ; et Scottish Rev. : a Quarterly Journal of Social Progress (Glasgow).

QUA, Queen’s records, B, 1859–1864 ; D1, 1859–1864.— Documentary history of education in U.C. (Hodgins), XVI–XVIII.— Presbyterian (Montréal), XV (1862)–XVII (1864).— Presbyterian Church of Can. in Connection with the Church of Scot., Acts and proc. of the Synod, 1860–1864.— Notman et Taylor, Portraits of British Americans, 1 : 258–266.— D. D. Calvin, Queen’s University at Kingston : the first century of a Scottish-Canadian foundation, 1841–1941 (Kingston, Ont., 1941).

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Hilda Neatby, « LEITCH, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/leitch_william_9F.html.

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Auteur de l'article:    Hilda Neatby
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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