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LABILLOIS (La Billois), CHARLES-MARIE, chirurgien, né le 8 juillet 1793 à Ploërmel, Morbihan, France, fils de Jean-Pierre Labillois, secrétaire de district, et de Périnne-Louise Gaillard, décédé le 16 septembre 1868 à Restigouche, Québec.
Charles-Marie Labillois fut chirurgien dans la marine française avant d’arriver, en 1816, à Miguasha, Bas-Canada. La même année, il épousa Émilie Meagher, sœur de John Meagher, plus tard député du comté de Bonaventure, qui lui donna dix enfants. Il pratiqua la médecine pendant plus de 30 ans avant d’être invité, en 1849, à soigner les malades de la léproserie de Tracadie, au Nouveau-Brunswick.
Ce n’est que dans les années 1840 que les autorités provinciales du Nouveau-Brunswick s’intéressèrent au sort des malheureux atteints de la lèpre qui avait probablement fait son apparition dans les comtés de Gloucester et de Northumberland au début du siècle. En avril 1844, elles y créèrent un premier Bureau de santé de comté dont firent partie, entre autres, Joseph Cunard, important constructeur de navires, et François-Xavier-Stanislas Lafrance, curé de Tracadie. La même année, un lazaret fut établi sur l’île de Sheldrake dans la baie de Miramichi ; cinq ans plus tard, en juillet 1849, on ouvrit une léproserie à Tracadie.
Bien que leurs conditions de vie se fussent améliorées, les lépreux, appuyés par leur famille et les habitants des paroisses avoisinantes, réclamèrent la nomination d’un médecin attaché à l’établissement. Le nouveau Bureau de santé, créé en avril 1849, consentit alors à ce que le docteur Labillois, réputé pour avoir guéri plusieurs lépreux dans la région de la baie des Chaleurs, vînt visiter l’hôpital et prodiguer ses soins aux malades. Toutefois, aucun émolument n’ayant été prévu pour les services d’un médecin résidant, le bureau refusa d’assurer un salaire à Labillois. Ce dernier traita tout de même les 31 malades de l’hôpital de septembre 1849 à janvier 1850. Selon le secrétaire du bureau, James Davidson, Labillois aurait guéri bon nombre de lépreux tout en améliorant les conditions hygiéniques de l’établissement. Sans plus de garanties, le docteur Labillois y travailla pendant six autres mois en 1850.
Le 19 décembre 1850, peu de temps après son départ, Labillois écrivit au Bureau de santé que « presque toutes les plaies des malades, tant des anciens que des nouveaux, [avaient été] guéries ». Cependant, à la suite d’une enquête menée par le docteur Robert Gordon – qui, incidemment, prit la relève de Labillois en 1851 – le bureau en vint à la conclusion que Labillois avait interné des non-lépreux, afin de « faire accroire à des guérisons », et récusa ses affirmations. En outre, à l’encontre des conclusions du rapport de la commission médicale constituée en 1844 par le lieutenant-gouverneur de la province, sir William MacBean George Colebrooke, et dont faisait partie le docteur Gordon, Labillois soutenait que les malades étaient atteints de syphilis et non de lèpre. Enfin, le retour à la léproserie de certains patients qu’il avait déclarés guéris, ajouta à son discrédit. Jugé incompétent et plus ou moins victime d’une certaine coterie, Labillois aurait quitté les lieux sans jamais être rémunéré. Ses activités jusqu’à son décès, en 1868, demeurent encore inconnues.
Quoi qu’il en soit, le séjour de Labillois à Tracadie profita aux malades. Sa présence, son dévouement et ses traitements apportèrent de nombreuses améliorations constatées tant par James Davidson et les aumôniers de la léproserie, les abbés Lafrance et Ferdinand-Edmond Gauvreau*, que par les lépreux eux-mêmes. Ses soins furent certes appréciés puisqu’en 1860 l’abbé Gauvreau et 212 autres signataires réclamaient toujours son retour.
Archives départementales, Morbihan (Vannes), État civil, Ploërmel, 8 juill. 1793.— Archives judiciaires, Bonaventure (New Carlisle), Registre d’état civil, paroisse Saint-Joseph-de-Carleton, 18 sept. 1868.— N.-B., House of Assembly, Journals, 1850–1853.— Les Courriers des Provinces maritimes (Bathurst, N.-B.), 12 juill. 1894.— Le Moniteur acadien (Shédiac, N.-B.), 16 oct. 1868.— Patrice Gallant, Les registres de la Gaspésie (1752–1860) (6 vol., s.l., s.d.), III : 300.— Heagerty, Four centuries of medical history in Can., I : 161–167.— F.-M. Lajat, Le lazaret de Tracadie et la communauté des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph (Montréal, 1938), 19–155.— [J.-] É. Lefebvre de Bellefeuille, Les lépreux de Tracadie, Revue canadienne (Montréal), VII (1870) : 545–574.
Gérard Goyer, « LABILLOIS (La Billois), CHARLES-MARIE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/labillois_charles_marie_9F.html.
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Auteur de l'article: | Gérard Goyer |
Titre de l'article: | LABILLOIS (La Billois), CHARLES-MARIE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 17 déc. 2024 |