KILBORN, CHARLES, agriculteur, propriétaire de moulins, juge de paix, officier de milice et fonctionnaire, né le 3 mars 1758 à Litchfield (Connecticut) ; en février 1784, il épousa Margaret Young, et ils eurent dix enfants ; décédé le 20 juin 1834 à Stanstead, Bas-Canada, et inhumé deux jours plus tard.

L’ancêtre de Charles Kilborn, Thomas Kilborn, avait quitté Londres le 15 avril 1635 pour aller s’établir à Weathersfield, au Connecticut, et y faire souche. On ne sait rien de l’enfance de Charles, mais au moment de la guerre d’Indépendance américaine il fut enrôlé contre son gré dans l’armée américaine et, après avoir fait une campagne, il s’engagea dans les troupes britanniques où il atteignit le grade de capitaine. Fait prisonnier au cours d’un combat, il s’évada et, à pied, parvint à travers bois dans la province de Québec.

Comme plusieurs compatriotes, Kilborn s’installa aux environs du lac Champlain, à Caldwell’s Manor, près de la frontière, et il s’y maria. En 1783, il s’était joint à plusieurs groupes organisés pour obtenir des terres, d’abord dans Hemmingford puis dans les futurs Cantons-de-l’Est et, à cette fin, il prêta le serment d’allégeance le 5 mai 1795 à la baie Missisquoi. Le 27 septembre 1800, il obtint finalement 1 200 acres dans le canton de Stanstead à titre d’associé d’Isaac Ogden. Kilborn vendit plusieurs terrains mais conserva de bons emplacements et, avec son beau-frère Andrew Young, il s’y établit en 1803. Ils accomplirent des travaux d’envergure en construisant un barrage près des chutes de la rivière Tomifobia et en creusant un canal pour faire fonctionner un moulin à farine et une scierie, qui furent les premiers à être construits dans cette partie du canton. Le terrain ainsi entouré d’eau prit le nom de Rock-Island. La famille de Kilborn le rejoignit l’année suivante. Ce dernier ajouta ensuite à ses installations un moulin à carder et à fouler et un atelier de fabrication d’huile de lin. L’endroit fut bientôt connu sous le nom de Kilborn’s Mills. À l’incitation de Jesse Pennoyer, Kilborn s’adonna à la culture du chanvre et en fabriqua des cordages. Mais, faute de marché, l’expérience prit fin en 1811.

En 1803, Kilborn devint membre fondateur de la Lively Stone Lodge No. 22, qui rassemblait des personnages influents des deux côtés de la frontière. On construisit même une salle de réunion sur la ligne de démarcation avec une entrée de chaque côté. À peu près à cette époque, Kilborn réussit la capture d’un faux-monnayeur notoire.

En réponse aux réclamations de la population des Cantons-de-l’Est, un corps de milice fut formé en 1805. Trois ans plus tard, il fut divisé en six bataillons, et Kilborn fut nommé major du 3e bataillon de milice des Cantons-de-l’Est sous les ordres du lieutenant-colonel Henry Cull. Mais la guerre de 1812 allait requérir des services plus exigeants. Le 10 janvier 1813, un ordre du lieutenant-colonel sir John Johnson, créait la Frontier Light Infantry, dont les 120 hommes seraient recrutés dans la milice des Cantons-de-l’Est et assignés à la défense de la frontière. Kilborn demanda bientôt une commission de capitaine dans cette nouvelle unité et, dès le 19 avril, il accompagnait un contingent vers Laprairie (La Prairie) afin de rejoindre le camp militaire. Le 13 août, la Frontier Light Infantry était rattachée au régiment des Voltigeurs canadiens commandé par Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry ; à la fin des hostilités, elle en formait la 9e et la 10e compagnie. Kilborn servit à différents endroits et, à la suite des batailles de Lacolle et d’Odelltown, il s’occupa d’enquêter sur les dommages que ces deux villages avaient subis lors des combats. Sa carrière militaire active prit fin avec la démobilisation des Voltigeurs canadiens le 24 mars 1815, mais il dut entreprendre des démarches afin de recouvrer cinq mois de solde et divers frais. En 1830, il était promu lieutenant-colonel du bataillon de milice de Stanstead.

Depuis longtemps, Kilborn s’intéressait à l’éducation. Vers 1800, il y avait déjà des écoles dans le canton de Stanstead mais, en juin 1809, il fut nommé commissaire chargé de l’érection d’une autre école dans son canton. En 1817, l’Institution royale pour l’avancement des sciences lui confiait la charge d’inspecteur des écoles royales du canton. Le 13 mars 1821, à titre de syndic, il acceptait une donation de terrain à des fins scolaires et la transmettait à l’Institution royale. Il continua de s’occuper d’éducation pendant plusieurs années avec diligence tout en gérant ses moulins et une importante exploitation agricole.

Le 1er août 1806, Kilborn avait obtenu une commission de juge de paix pour le district de Montréal qui fut renouvelée en 1810, 1821, 1826 et 1828. Il obtint semblable commission pour le district de Trois-Rivières en 1805 et 1811, et pour celui de Saint-François en 1821. En septembre de cette année-là, il fut nommé commissaire chargé de la décision sommaire des petites causes.

Après une vie aussi remplie, Charles Kilborn, qui est reconnu comme le fondateur de Rock-Island, quitta cette localité pour Stanstead où il s’éteignit dans la grande maison qu’il partageait avec un de ses fils et la famille de ce dernier. Au service de son pays d’adoption, il avait déployé toutes ses énergies à combler les besoins les plus importants d’une collectivité naissante, le défrichement, l’industrie, l’éducation et la défense du territoire.

Marie-Paule R. LaBrèque

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Marie-Paule R. LaBrèque, « KILBORN, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/kilborn_charles_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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