KEMPTHORNE, THOMAS, capitaine dans la marine royale, commodore du convoi de Terre-Neuve et gouverneur temporaire en 1715, né vers 1677, décédé en 1736.
Thomas Kempthorne aurait appartenu à la famille du vice-amiral Sir John Kempthorne de Widecombe dans le Devonshire. En 1704, à titre de commandant du Roebuck, il servit en Méditerranée sous les ordres du vice-amiral Sir John Leake. L’année suivante, il passa en conseil de guerre pour avoir été vaincu au cours d’un engagement avec une escadre française de loin supérieure, et il fut acquitté.
En 1715, étant à ce moment-là commandant du Worcester, il fut nommé commodore du convoi de Terre-Neuve. Le Board of Trade and Plantations s’inquiétait de voir péricliter l’industrie de la pêche, par suite de la guerre et de plusieurs mauvaises saisons de pêche. On comprit qu’il fallait établir des règlements pour compléter la loi de 1699 sur les pêcheries terreneuviennes et pour atténuer le désordre qui régnait à Terre-Neuve. Kempthorne reçut donc l’ordre de se munir d’un exemplaire de la loi et de rendre compte de la façon dont elle était appliquée. Le Worcester quitta Plymouth le 25 mai et jeta l’ancre dans la baie des Taureaux le 8 juillet. Quatre jours plus tard, le consciencieux Kempthorne convoqua le premier de ses « tribunaux pour le règlement des pêcheries ». Dans son rapport au Board of Trade, il présente un saisissant tableau de la situation dans la colonie. Les méthodes de pêche, la préparation et la salaison du poisson y sont décrites avec détails. Kempthorne constata que la population comptait presque exclusivement sur la pêche pour vivre et qu’elle recourait fort peu aux autres ressources de la région. On s’approvisionnait surtout en Nouvelle-Angleterre et en Irlande.
Kempthorne blâma sévèrement les amiraux de pêche qui, en principe, devaient régler les différends mais qui, en plus de se quereller entre eux, usaient de leurs pouvoirs à des fins personnelles. Certains devinrent si puissants que les habitants les qualifiaient de « rois ». Ils traitaient injustement leurs serviteurs, transgressaient impunément la loi de 1699 sur les pêcheries terreneuviennies et ne feignaient de s’y conformer qu’à l’arrivée d’un vaisseau de guerre. Selon les mots mêmes de Kempthorne, « la saison d’hiver amène une sorte de relâche dans l’observance de la loi et dans la soumission au gouvernement ». Il insista fortement pour qu’on nomme un officier permanent chargé d’administrer la justice durant les mois d’hiver car, déclara-t-il, si l’on établissait une politique cohérente à Saint-Jean, « métropole de l’île », cela influerait sur la conduite générale des gens dans tout le pays.
Les dettes personnelles constituaient une des pires plaies à l’époque. Les marchands faisaient crédit aux habitants pour l’achat de vivres et de boissons durant les mois d’hiver, percevaient leurs créances – souvent par la force – à la fin de la saison de pêche, puis accordaient de nouveaux crédits, de sorte que les habitants étaient perpétuellement endettés. Cet état de choses en amenait plusieurs à chercher refuge en Nouvelle-Angleterre. Le trafic des travailleurs au pair (personnes liées temporairement à celui qui payait leur voyage en Nouvelle-Angleterre) se pratiquait de plus en plus et les capitaines marchands de la Nouvelle-Angleterre, grâce à des offres alléchantes, continuaient de détourner des pêcheries les matelots et les novices [V. Arnold]. Pour mettre fin à cette pratique, Kempthorne suggéra que les capitaines de navires marchands de la Nouvelle-Angleterre fournissent des garanties. Il proposa aussi que soit adoptée, à titre de stimulant, la coutume suivie en Nouvelle-Angleterre d’accorder aux ouvriers engagés une partie des prises.
Commandant son vaisseau, le Worcester, Kempthorne quitta Saint-Jean le 15 octobre 1715, après avoir ordonné au capitaine Edward Falkingham*, du Gibraltar, de donner la chasse à deux navires espagnols qui pratiquaient illégalement la pêche sur les bancs de Terre-Neuve.
En mars 1715/1716, après avoir étudié les rapports de Kempthorne et les témoignages de personnes engagées dans le commerce de la pêche, tels Archibald Cumings et James Campbell [V. Colin Campbell], le Board of Trade and Plantations recommanda de nouvelles lois pour faire appliquer les décisions des commodores, pour nommer des juges chargés d’administrer la justice durant l’hiver et pour réglementer le commerce. Toutefois, rien de tout cela ne se fit avant 1728.
En 1717, Kempthorne fut nommé commandant du Royal Oak et, sous les ordres de l’amiral Sir George Byng, il prit part, en août 1718, à la victoire remportée sur la flotte espagnole au large du Cap Passero. En 1722, il fut nommé commissaire du chantier naval de Chatham. C’est dans cette ville qu’il mourut, le 23 juillet 1736.
PRO, Adm. 51/1 057, pt.10 (captain’s log of H.M.S. Worcester) ; C.O. 194/6, 195/6 ; CSP, Col., 1714–15, 1716–17.— Charnock, Biographia navalis, III.— Lounsbury, British fishery at Nfld.
Michael Godfrey, « KEMPTHORNE, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/kempthorne_thomas_2F.html.
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Auteur de l'article: | Michael Godfrey |
Titre de l'article: | KEMPTHORNE, THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 8 oct. 2024 |