Titre original :  Robert Ironside (1854-1910)

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IRONSIDE, ROBERT, homme d’affaires, éleveur de bestiaux et homme politique, né en novembre 1854 à London, Haut-Canada, un des huit enfants de William Ironside et de Catherine Airth ; en novembre 1889, il épousa Annie Gordon, et ils eurent deux fils ; décédé le 12 octobre 1910 à Montréal.

Robert Ironside était le fils de deux immigrants écossais de foi presbytérienne qui s’étaient fixés à London. Il fit ses études dans des écoles publiques de la région. En 1883, un fabricant d’instruments aratoires de London, la John Elliott and Sons, l’envoya à Manitou, au Manitoba, en tant que représentant.

Dès janvier 1885, Ironside avait une entreprise de bois, de charbon et de matériaux de construction avec James Thomas Gordon. La même année, pendant la rébellion du Nord-Ouest [V. Louis Riel*], les deux hommes fournirent du bœuf à l’armée. Ils cessèrent de faire des affaires ensemble avant la fin de 1885, du moins à Manitou. Ironside poursuivit ses activités dans cette localité et, peu après, Gordon ouvrit un établissement à Pilot Mound. Dans le courant de 1886, Ironside se mit en plus à négocier du bétail à Manitou, tout comme Gordon à Pilot Mound. Apparemment, les deux hommes avaient encore des intérêts communs à Crystal City, car une entreprise du nom de Gordon and Ironside, dirigée par Charles Gordon, y vendait du bois et y achetait des porcs et des bovins. À l’automne de 1886, Ironside vendit son entreprise de bois et de matériaux de construction de Manitou, et annonça qu’il allait « faire le commerce des céréales pendant l’hiver ». Par la suite, il déclara qu’il s’installerait à La Rivière (à peu près à mi-chemin entre Manitou et Pilot Mound), où il était en train de construire un entrepôt de grain. Dès 1890, son entreprise céréalière allait fort bien : localement, elle rivalisait à armes égales avec des firmes d’envergure provinciale telle l’Ogilvie Milling Company [V. William Watson Ogilvie*].

L’élevage du bétail d’exportation prit de l’ampleur dans le sud du Manitoba une fois qu’il y eut un embranchement du chemin de fer canadien du Pacifique jusqu’à Pembina, dans le Dakota du Nord, car ainsi, il devenait possible d’expédier des bêtes dans l’est du Canada. Ironside se mit à acheter du bétail pour en envoyer à Montréal et constitua même ses propres troupeaux. Pendant l’été de 1890, le Manitou Mercury rapporta qu’Ironside et James Thomas Gordon « batt[aient) la campagne » pour acheter des bêtes. Ils finirent par former une société en nom collectif, la Gordon and Ironside, mais on ne sait pas au juste à quelle date. En août, ils envoyèrent à Montréal un chargement de 300 bœufs estimé à 10 000 $. Jamais encore un troupeau d’un tel volume et d’une telle valeur n’était parti du sud du Manitoba. Ironside l’accompagna jusqu’à destination et, dès lors, semble-t-il, ce fut lui qui s’occupa de l’expédition dans l’entreprise. Au moins une partie de ces bêtes furent envoyées en Angleterre. Par la suite, la Gordon and Ironside en expédia 318 autres à Glasgow et Liverpool par un navire de l’Allan Line [V. sir Hugh Allan*]. L’entreprise était engagée pour de bon dans l’exportation du bétail.

En 1896, un embargo sur les bêtes non destinées immédiatement à l’abattoir vint ralentir l’importation de bétail canadien au Royaume-Uni. Gordon et Ironside poursuivirent tout de même l’expansion de leurs activités d’élevage. Ils achetèrent des propriétés à l’extérieur du Manitoba, en bordure des rivières Red Deer, Little Bow et Saskatchewan-du-Sud, et louèrent des pâturages du gouvernement fédéral dans la réserve indienne Blood (Alberta). Non seulement les deux associés élevaient-ils leurs propres bestiaux, mais ils continuaient d’en acheter à des fermiers et à des éleveurs, dont les éleveurs britanniques de l’Alberta. Ironside n’essayait pas d’imiter le style de vie mondain de ces derniers. Ce qui l’intéressait, c’était l’exportation. Il avait l’habitude de dire, en parlant des bêtes : « Il faut assurer leur transport continu – ne jamais les laisser s’arrêter. » Gordon et Ironside en expédiaient aussi en Afrique du Sud, en Suisse et en France.

En 1897, l’entreprise accueillit un nouvel associé, William H. Fares, et prit le nom de Gordon, Ironside, and Fares. Peu après, elle fut constituée juridiquement en société par actions et lança une émission ; elle était alors la plus grosse entreprise d’exportation de bétail au Canada. En 1900, elle envoya, en Angleterre seulement, 50 000 bêtes ; c’était presque la moitié de tout le bétail canadien exporté dans ce pays cette année-là. La Gordon, Ironside, and Fares faisait aussi le commerce de la viande. Elle construisit, avenue Logan, à Winnipeg, un abattoir d’une capacité quotidienne de 250 bovins, 250 moutons et 500 porcs ; à l’ouest de St Paul, au Minnesota, il n’y avait pas un seul abattoir plus vaste et mieux équipé que celui-là. Elle approvisionnait des marchés du centre du Canada, du Manitoba, des Territoires du Nord-Ouest et de la Colombie-Britannique. La viande était transportée par wagon réfrigéré jusqu’à des entrepôts frigorifiques. En 1896, Ironside s’installa à Montréal, où il prit la direction de toutes les activités d’exportation de l’entreprise.

Ironside avait participé à la politique manitobaine dans les années qui avaient précédé son installation dans la province de Québec. Au scrutin général de juillet 1892, il avait fait campagne sous la bannière libérale en prônant l’amélioration du réseau routier, l’expansion du réseau ferroviaire, la prohibition et un système d’enseignement à la fois « national » et « laïque », et il avait remporté le siège de Manitou à l’Assemblée législative. Il ne brigua pas ce siège en 1896, mais faillit se porter candidat dans la circonscription fédérale de Lisgar. Le premier ministre libéral de la province, Thomas Greenway, soutenait sa candidature sans réserve et se déclara prêt à lui apporter toute l’aide possible. Même s’il disposait de fonds suffisants pour faire campagne, il ne pouvait pas quitter Montréal pour parcourir la circonscription de Lisgar et, en plus, Gordon décida de se porter candidat sous la bannière conservatrice. Pour éviter de faire la lutte à son associé, ce qui aurait sûrement causé des problèmes, il se retira de la course.

Robert Ironside ne tenta pas de poursuivre sa carrière politique dans la province de Québec. Il devint membre du Bureau de commerce de Montréal et fit fortune dans la ville, à la fois grâce à son entreprise et à de judicieux investissements dans l’immobilier. De toute évidence, ses contemporains ne le considéraient pas comme un homme d’affaires montréalais. Même si, entre le moment où il avait quitté Manitou et celui où il s’était établi à Montréal, il avait habité très peu de temps à Winnipeg, avenue Mayfair, la Canadian annual review de 1910, en faisant état de son décès, parla de lui comme d’un « millionnaire de Winnipeg ».

Wendy Owen

AC, Montréal, État civil, Presbytériens, Erskine Presbyterian Church (Montréal), 14 oct. 1910.— AN, RG 31, C1, 1891, South Dufferin.— PAM, GR 1662, E.— Manitoba Morning Free Press, 13 oct. 1910.— Manitou Mercury (Manitou, Manitoba), 23 janv., 27 nov. 1885, 22, 29 janv., 4 mai, 17 sept., 22 oct., 26 nov. 1886, 2 nov. 1889, 2 août, 12 avril, 6, 13 sept. 1890, 17 mai–25 juill. 1892.— Winnipeg Tribune, 12 oct. 1910.— Bryce, Hist. of Manitoba.— Canadian annual rev. (Hopkins), 1910.— Newspaper reference book.— F. H. Schofield, The story of Manitoba (3 vol., Winnipeg, 1913).

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Wendy Owen, « IRONSIDE, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ironside_robert_13F.html.

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Auteur de l'article:    Wendy Owen
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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