HUGHES, sir RICHARD, officier de marine, fonctionnaire et administrateur colonial, né vers 1729, probablement à Deptford (maintenant partie de Londres), fils aîné de Richard Hughes, de la marine royale, et de Joanne Collyer ; il épousa Jane Sloane, et ils eurent trois fils (qui moururent avant leur père) et deux filles ; décédé le 5 janvier 1812 à East Bergholt, Angleterre.

Richard Hughes entra à la Portsmouth Naval Academy en 1739 et s’embarqua, trois ans plus tard, sur le Feversham, commandé par son père. Le 2 avril 1745, il fut promu lieutenant de vaisseau du Stirling Castle. Il se rendit en 1752 aux Antilles à bord de l’Advice. Pendant son séjour là-bas, il se creva par accident l’œil gauche avec une fourchette en essayant d’écraser une blatte. Au cours des 25 années qui suivirent, il servit dans la marine à différents endroits, notamment aux Indes orientales et en Méditerranée.

En 1778, Hughes fut nommé commissaire résidant de l’arsenal maritime de Halifax et, le 12 mars de la même année, lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse, succédant ainsi à Mariot Arbuthnot* ; il ne prêta le serment d’office que le 17 août. À la suite de son remplacement à ce poste le 31 juillet 1781 par sir Andrew Snape Hamond, il retourna en Europe. Le 23 septembre 1780, il avait succédé à son père comme second baronnet ; ce titre avait été conféré à ce dernier en 1773 lors de la visite de George III à Portsmouth, où Hughes père exerçait les fonctions de commissaire de l’arsenal.

Durant son mandat de lieutenant-gouverneur, la préoccupation majeure de Hughes, et avant lui d’Arbuthnot, fut d’assurer la protection de la province. Halifax était un port important et un dépôt de ravitaillement considérable pour les forces britanniques en Amérique du Nord, et des rumeurs persistantes d’une attaque des Français tinrent Hughes et les commandants de l’armée, dont Francis McLean*, en état d’alerte. Le renforcement des défenses était naturellement d’une assez grande importance, et, à la suite de pressions exercées par le gouvernement britannique, Hughes persuada la chambre d’Assemblée en 1779 de recueillir £5 000 pour la défense de la province au moyen d’une série de nouvelles taxes. Les déprédations des corsaires américains [V. Simeon Perkins] l’obligèrent à maintenir un petit bâtiment armé pour empêcher ces derniers d’attaquer les établissements et les navires marchands. Il fit aussi construire des casemates à différents endroits le long de la côte et, en 1779, il sollicita, mais sans succès, la permission d’armer deux petits navires pour protéger les pêcheries de Canso. Hughes appuya les efforts de Michael Francklin*, surintendant des Affaires indiennes, visant à obtenir des ravitaillements pour les Micmacs et les Malécites et ratifia le traité avec les Indiens conclu le 24 septembre 1778 à Menagouèche (maintenant partie de Saint-Jean, Nouveau-Brunswick) [V. Nicholas Akomápis*]. Cette paix avec les Indiens permit à Hughes de réaliser son projet le plus cher : faire venir des cargaisons de mâts de la rivière Saint-Jean pour la marine royale [V. William Davidson*].

La guerre entraîna d’autres problèmes. Pendant l’hiver de 1780–1781, le jury d’accusation et la Cour des sessions trimestrielles de Halifax s’élevèrent contre l’enrôlement forcé des marins de Lunenburg, de Liverpool et de Chester qui avaient apporté des provisions et du combustible à Halifax, et demandèrent au lieutenant-gouverneur d’intervenir. Hughes publia une proclamation le 22 janvier 1781, rappelant à tous que « l’enrôlement forcé des hommes pour le service du roi sans la permission des autorités civiles [allait] à l’encontre de la loi et constitu[ait] une violation flagrante de celle-ci ». Cette contrainte causa des problèmes à Hughes quelques années plus tard, lorsqu’il revint à Halifax comme commandant en chef des forces navales. En juillet 1790, il demanda au lieutenant-gouverneur John Parr* et au Conseil de la Nouvelle-Écosse la permission de réquisitionner 70 hommes pour remplacer les marins licenciés ou qui avaient déserté. Leur refus l’obligea à entreprendre une campagne de recrutement dont Henry Duncan, commissaire de la marine, refusa de payer les dépenses, ce qui lui valut des critiques de l’Amirauté.

Un an après son retour en Europe en 1781, Hughes commanda une division de la flotte de lord Howe qui participa à la libération de Gibraltar, et lorsque la paix fut conclue en 1783, il devint commandant en chef aux Antilles. Parmi ses capitaines se trouvait Horatio Nelson, lequel fit remarquer à son amiral qu’il n’avait pas le pouvoir de suspendre le code maritime afin de permettre le commerce avec les États-Unis, comme certains marchands avaient convaincu Hughes de le faire. Nelson refusa également, pour des raisons juridiques, d’obéir au commissaire de marine que Hughes avait nommé à Antigua. Nelson reprochait à Hughes de ne pas vivre dans « le style d’un amiral britannique [...] il ne se donn[ait] pas l’autorité que, selon [Nelson], un amiral anglais devrait avoir ».

Le 10 avril 1789, Hughes fut nommé commandant en chef des forces navales pour l’est de l’Amérique du Nord britannique, mais l’Adamant, son navire amiral, n’arriva à Halifax qu’au mois d’août. À cette époque, la marine avait la tâche particulière de faire respecter le code maritime et de prévenir la contrebande ; elle était également chargée d’empêcher les navires américains d’empiéter sur les zones de pêche. L’escadre de Hughes se composait de quatre à six navires et, durant l’été, il naviguait avec quelques-uns de ceux-ci jusqu’à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) et sur le fleuve Saint-Laurent jusqu’à Québec, pendant que le reste de l’escadre patrouillait dans les zones de pêche. Les gros navires de guerre couraient le risque de faire naufrage s’ils pourchassaient les contrebandiers près du rivage ; pour remédier à cet inconvénient, Hughes obtint la permission d’acheter trois ou quatre schooners à faible tirant d’eau. On l’autorisa aussi à envoyer ces schooners à Boston ou à New York pour chercher le courrier apporté par les paquebots de Sa Majesté pendant l’hiver, lorsque ceux-ci ne faisaient pas relâche à Halifax. Il espérait ainsi établir un service postal en hiver, s’étant rendu compte, lorsqu’il était lieutenant-gouverneur, de « la longue interruption de la correspondance officielle dans cette station pendant les mois d’hiver ». Il se vit cependant déçu dans ses espérances quand un des schooners fut poussé par les tempêtes jusqu’aux Antilles et qu’un autre fut immobilisé par les glaces pendant huit semaines au large de l’île de Nantucket, au Massachusetts.

Pendant son séjour en Nouvelle-Écosse, sir Richard Hughes fut promu vice-amiral de l’escadre bleue le 21 septembre 1790. Le 13 avril 1792, l’Amirauté lui ordonna « de baisser pavillon », et son escadre arriva à Spithead, en Angleterre, le 18 mai. Bien qu’il ne fût plus en service actif, il continua de monter en grade, obtenant le 9 novembre 1805 son grade le plus élevé, celui d’amiral de l’escadre rouge.

Phyllis R. Blakeley

PANS, RG 1, 45, docs. 58–101 ; 346, doc. 83.— PRO, ADM 1/492 ; CO 217/54 : ff.89–243 ; 217/55 : ff.1–190.— Gentleman’s Magazine, janv.– juin 1812 : 91.— F.-J. Audet, « Governors, lieutenant-governors, and administrators of Nova Scotia, 1604–1932 » (copie dactylographiée, s.d., copie aux PANS), 179–181.— Burke’s peerage (1921), 1190.— DNB. Brebner, Neutral Yankees (1969).— W. L. Clowes, The Royal Navy ; a history from the earliest times to the present (7 vol., Londres, 1897–1903).— Murdoch, Hist. of N.S., 2 : 591–619.

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Phyllis R. Blakeley, « HUGHES, sir RICHARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hughes_richard_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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