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DUNCAN, HENRY, officier de marine, fonctionnaire et homme politique, né vers 1735 ; le 27 novembre 1761, il épousa à Dartmouth, Angleterre, Mary French, et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 7 octobre 1814 à Dartmouth.
On ne peut dire grand-chose de certain sur les premières années de Henry Duncan. Il naquit vraisemblablement à Dundee, en Écosse, et peut-être était-il apparenté au vainqueur de la bataille de Camperduin, Adam Duncan. Il entra dans la marine royale le 10 mai 1755, à titre de gabier breveté sur le Nassau ; il n’est pas impossible qu’il ait été antérieurement au service de l’East India Company. Après une période passée en Méditerranée, le navire se rendit à Halifax, en 1757, sous les ordres du vice-amiral Francis Holburne, en vue de l’expédition projetée contre Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), dont il devait faire partie. Duncan passa son examen de lieutenant le 3 janvier 1759 et fut affecté à l’America. Il servit sur plusieurs autres navires et fut licencié à la suite du traité de 1763. Resté à la demi-solde pendant six ans, Duncan fut entre-temps promu commander le 26 mai 1768. De 1769 à 1772, il commanda le sloop Wasp, stationné dans les eaux métropolitaines. Le 7 février 1776, il reçut le grade de capitaine et fut nommé capitaine de pavillon de lord Howe, sur l’Eagle, à bord duquel il se trouvait lors des combats qui se déroulèrent au large de New York. Après avoir servi de nouveau à titre de capitaine de pavillon de lord Howe, sur le Victory, lors de la troisième expédition de secours à Gibraltar en 1782, il fut une fois encore mis à la demi-solde le 17 janvier 1783.
Les loisirs forcés de Duncan durèrent jusqu’au 2 avril seulement, jour où Howe, devenu premier lord de l’Amirauté, le nomma commissaire résidant du chantier maritime de Halifax. En cette qualité, Duncan représentait le Navy Board, organe administratif de l’Amirauté, et les ordres de Londres aux fonctionnaires du chantier, comme les rapports de ces derniers à Londres, devaient passer par lui. Il était responsable des fonctionnaires chargés des employés de bureau et des charpentiers de navire, devait voir à la conclusion de contrats sur place et négocier avec les capitaines de vaisseau les questions relatives aux radoubs et à l’approvisionnement de leurs navires. Dès son arrivée, en octobre, il dut faire face à plusieurs difficultés ; entre autres, le besoin d’expédier en Angleterre de grandes quantités de matériel évacué de New York et de la Floride, une pénurie de nourriture en Nouvelle-Écosse qui obligeait ses navires ravitailleurs à en porter là où le besoin s’en faisait sentir, et l’affluence de Loyalistes, qui arrivaient à Halifax depuis le mois de mai. Duncan joua un rôle prépondérant dans le transfert de réfugiés vers d’autres endroits de la Nouvelle-Écosse ; par exemple, en avril 1784, le gouverneur John Parr* lui demanda de transporter un certain nombre de personnes de Port Mouton à la baie de Passamaquoddy (Nouveau-Brunswick). Ultérieurement, il eut d’autres problèmes : surveillance des pilotes affectés à la baie de Fundy, rareté du numéraire, pénurie de matériel en provenance d’Angleterre pour la construction des infrastructures du chantier maritime, et, chose encore plus grave, le désaccord qui se produisit entre lui et les capitaines de vaisseau en service actif qui voulaient avoir le dernier mot quant à l’attribution des ravitaillements destinés à leurs navires. Une querelle s’ensuivit, qui amena sir Charles Douglas*, commandant en chef de l’Amérique du Nord britannique, à révoquer le garde-magasin du chantier maritime, George Thomas. Ce dernier se rendit à Londres pour se justifier et fut réinstallé dans ses fonctions.
Sous le long mandat de Duncan, le chantier maritime se développa sans arrêt, d’autant que Halifax avait acquis une importance accrue depuis l’indépendance des colonies américaines. Un hôpital y fut terminé en 1783, le bassin de radoub fut amélioré tout au long des années 1780, et la superficie du chantier fut elle-même augmentée en 1790. À la fin des années 1780, Duncan fit un voyage à la rivière Miramichi (Nouveau-Brunswick), à la recherche de bois propres à faire des mâts. Si cette industrie prit quelque expansion, les premiers rapports de Duncan sur l’existence de forêts d’où l’on pouvait tirer de grands mâts se révélèrent trop enthousiastes, car, aux arbres choisis, on trouva le cœur pourri.
À Halifax, Duncan fut membre de la North British Society, dont il fut élu président en 1796. Parr le nomma membre du Conseil de la Nouvelle-Écosse en 1788, mais il ne s’y présenta que rarement et démissionna en 1801. Duncan s’associa aussi, sur une base commerciale, avec un compatriote écossais, Alexander Brymer, sous-officier payeur des troupes. Brymer, à ce qu’on dit, aurait fait £250 000, grâce à son poste. Les preuves que Duncan ait eu la possibilité d’en faire autant sont minces ; au demeurant, il peut difficilement avoir amassé une aussi grande fortune. Cependant, il est plus que vraisemblable qu’il ait fait certains profits : il avait beaucoup de liberté quand il s’agissait d’accorder des contrats locaux ou, par exemple, de se débarrasser des navires qu’il ne valait plus la peine de réparer ; en outre, l’accès à l’argent sonnant du gouvernement dut représenter un avantage au sein d’une société qui manquait souvent de numéraire. En 1796, le lieutenant-gouverneur sir John Wentworth le disait « très riche » et décrivait son poste comme « le meilleur emploi du comté ou des provinces ». Le testament de Duncan démontre une belle aisance, sinon une grande richesse : ainsi, il possédait une maison et de la terre à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, et une pêcherie à St John’s.
Au printemps de 1797, Duncan rentra à Londres pour faire traiter « un mal de tête qui s’étend[ait] jusqu’à la partie supérieure de l’œil ». En 1799, il fut remplacé à son poste de commissaire par Isaac Coffin*. Pendant son séjour en Angleterre, Duncan, qui touchait encore son salaire de commissaire, fut nommé à un poste semblable, détenu jusque-là par Coffin, au chantier maritime de Sheerness, dans le comté de Kent. Duncan retourna à Halifax le 19 août 1800, vendit sa terre et repartit pour Londres le 11 novembre. Le 21 janvier 1801, il était nommé contrôleur adjoint du Navy Board ; il démissionna le 20 juin 1806.
Les documents faisant état de son mandat permettent de croire que Duncan, en tant que commissaire du chantier maritime, se révéla un officier dur et expérimenté, efficace, selon les normes de l’époque, et non dépourvu d’imagination. Il entretint de bonnes relations avec Parr et, probablement, avec Wentworth aussi ; en outre, il prenait la défense de ses hommes dans le chantier et n’était ni bourru ni exalté, comme il en fit la preuve en gardant son calme pendant la querelle entre Douglas et Thomas, en 1783–1784. Les rapports entre les officiers de marine et le commissaire furent, toutefois, et comme il était normal, moins pacifiques ; quelles que fussent les personnalités en cause, les officiers navigants méprisaient l’administration, même dans la personne d’anciens officiers actifs comme l’était Duncan. Dans cette situation difficile, la position de Duncan se trouva renforcée du fait qu’il était en bons termes avec Charles Middleton, contrôleur du Navy Board pendant les années 1780.
Henry, fils aîné de Henry Duncan, entra dans la marine en 1781 et se perdit en mer au large de Terre-Neuve en 1801. Isabella, sa fille, épousa le lieutenant Thomas Twisden, à Halifax, le 14 décembre 1790. On ne sait rien de son autre fils, Arthur.
National Maritime Museum, HAL/F/1–2 (Halifax Yard, Commissioners’ letterbooks, 1783–1789).— PRO, ADM 106/1330 ; 106/2027–2028 ; 106/3174 ; CO 217/37 : f.74 ; PROB 11/1562/604.— The naval miscellany, J. K. Laughton et al., édit. (4 vol. parus, Londres, 1902– ), 1.
R. J. B. Knight, « DUNCAN, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/duncan_henry_5F.html.
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Auteur de l'article: | R. J. B. Knight |
Titre de l'article: | DUNCAN, HENRY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |