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HAY, ROBERT, ébéniste, manufacturier de meubles et homme politique, né le 18 mai 1808 dans la paroisse de Tibbermore, à Newbigging (région de Tayside, Écosse), dernier enfant de Robert Hay et de Bettrice Henderson ; le 18 novembre 1847, à Toronto, il épousa Mary Dunlop (1821–1871) de Glasgow, Écosse, et ils eurent huit enfants ; décédé le 24 juillet 1890 à Toronto.
Robert Hay débuta comme apprenti ébéniste à Perth, en Écosse, à l’âge de 14 ans. En septembre 1831, il immigra avec sa famille à York (Toronto), où ses parents moururent du choléra peu de temps après. En 1835, il s’associa avec un autre ébéniste de Toronto, John Jacques, pour fabriquer des meubles. Ils achetèrent la boutique de William Maxwell dans la rue King. La firme Jacques and Hay, ainsi que celle qui lui succéda en 1871, la Robert Hay and Company Limited, eut son principal point de vente dans le même pâté de maisons jusqu’à ce que la compagnie soit dissoute en 1885. D’une petite entreprise comptant au début deux artisans et travaillant sur commande, les deux associés avaient fait, dès 1850, la fabrique de meubles la plus importante de la province du Canada. La compagnie se maintint au premier rang au moins jusqu’en 1882, année où le dernier d’une série de gros incendies paralysa temporairement la production.
L’augmentation du volume de production de la compagnie s’accompagna d’une importante transition dans le mode de fabrication, qui passade la méthode artisanale à la production en série hautement mécanisée d’éléments de pièces d’ameublement. Les associés furent parmi les premiers dans le Haut et le Bas-Canada à utiliser la vapeur pour actionner leurs machines et, en 1854, ils mirent sur pied une filiale et une scierie dans le village de New Lowell, comté de Simcoe, Haut-Canada, en vue de fabriquer des éléments de pièces d’ameublement. Le village de New Lowell fut construit sur une partie des 1 100 acres que détenait la compagnie dans le canton de Sunnidale. Bien que l’on ne réussît pas à attirer sur les lieux autant d’industries qu’on l’aurait souhaité au début, Jacques et Hay y construisirent leur propre usine ainsi que des maisons pour leurs employés, une auberge, une école, une église et une gare pour le Toronto, Simcoe and Lake Huron Union Rail-road qui traversait la propriété et dont Hay était l’un des premiers promoteurs.
Dans les années 1860, Jacques et Hay exportaient à Glasgow une vaste quantité de chaises et d’aiguilles assorties en bois pour l’industrie du textile. En 1870, les ventes de la compagnie totalisèrent $500 000, et, deux ans plus tard, le commerce de chaises en gros de la Robert Hay and Company rapporta à lui seul près de $150 000. Aucun autre fabricant de meubles en Ontario n’avait un chiffre d’affaires comparable à celui-là. Pendant les années 1870, la compagnie fut le plus gros employeur dans l’industrie du meuble au Canada, comptant près de 500 employés sur sa liste de paye.
Bien qu’elle fût au premier rang dans la production de meubles en série, l’entreprise maintint sa réputation pour la haute qualité de ses meubles en noyer massif, pendant près de 50 ans d’exploitation. Avec l’apparition de machines pour la fabrication des meubles, une grande part des travaux autrefois exécutés par des artisans fut éliminée, mais plusieurs opérations nécessitèrent encore une dextérité manuelle de premier ordre. Il semble que la compagnie faisait la distinction entre la production de pièces élégantes destinées à des salons et celle, plus imposante, de mobiliers de cottages.
Hay était l’entrepreneur de la compagnie, alors que Jacques surveillait les activités quotidiennes de la fabrique et de l’entrepôt à Toronto ; après que Jacques eut pris sa retraite en 1870, les associés en second George Craig et Charles Rogers prirent la relève. Hay, qui aimait se déplacer sans cesse, passa beaucoup de temps à se faire des relations dans le monde des affaires et de la politique, relations qui lui servirent sans aucun doute à obtenir pour sa compagnie des contrats de fourniture pour les gouvernements impérial, provincial et local en ameublement militaire, scolaire et hospitalier. L’extrême difficulté à se faire accorder du crédit, les restrictions monétaires et les fluctuations du marché dans une économie axée sur la production de denrées principales obligèrent la compagnie à s’adonner sporadiquement à l’aménagement intérieur de bâtiments aussi remarquables qu’Osgoode Hall, l’University College et le Queen’s Hotel à Toronto, et d’au moins un des premiers bateaux à vapeur. La compagnie fournit une assez grande quantité de bois provenant de ses terres près de New Lowell aux chemins de fer de l’Ontario pendant le boom de la construction qui survint après la Confédération et elle expédia des millions de pieds de bois à Chicago et à Troy, New York. Pendant les périodes de ralentissement, la compagnie produisit également une grande variété d’accessoires en bois, tels des manches à balai et des épingles à linge, ainsi que de l’étoffe de crin servant à recouvrir les meubles et à rembourrer les, matelas.
Souhaitant un contexte commercial avantageux, Hay fut l’un des premiers partisans du protectionnisme. En 1858, il participa à la fondation de l’Association for the Promotion of Canadian Industry et prit une part active au sein de celle qui lui succéda en 1866. Il fut également élu député de la circonscription de Toronto Centre, lors des élections fédérales de 1878, en qualité de libéral-conservateur et de partisan de la Politique nationale, défaisant John Macdonald ; Hay détint son siège jusqu’à la dissolution du parlement en janvier 1887, mais se révéla un membre extrêmement réservé à la chambre des Communes. En politique locale, il participa activement à des groupes de pression avec des hommes politiques afin d’amener d’importantes améliorations à New Lowell, tels un bureau de poste, un bureau de télégraphe et un arrêt de chemin de fer.
Tout en accumulant une fortune personnelle, Hay contribua à propulser l’industrie ontarienne du meuble dans une nouvelle ère de production en série et il compta au nombre des premiers qui exploitèrent la possibilité d’exporter des produits manufacturés. Mais la compagnie devait disparaître en 1885, au moment où Hay prit sa retraite : il n’approuvait pas l’estimation qu’on avait faite de son entreprise et décida de la liquider. Son seul fils encore vivant, John Dunlop, avait reçu une formation qui le destinait à devenir marchand et gentleman-farmer et ne manifesta aucun intérêt marqué pour le commerce de meubles, tandis que ses gendres furent banquiers ou marchands.
À un âge plutôt avancé, Hay changea son centre d’intérêt. L’un des fondateurs et membre provisoire du conseil d’administration de la St Lawrence Bank en 1872, il fut élu l’un des administrateurs de la Credit Valley Railway en 1875 ainsi que président de la Canadian Lumber Cutting Machine Company. Dans les années 1880, il spécula sur des terrains dans les Territoires du Nord-Ouest, exploita temporairement avec son fils un commerce de bois en gros dans le canton de Medonte et passa de plus en plus de temps dans sa ferme près de New Lowell, à s’occuper de son bétail qui lui rapporta des prix.
Homme d’affaires en vue à Toronto, Hay fut actif au sein de la communauté, à titre de fidèle de l’église presbytérienne St Andrew et de membre de la St Andrew’s Society et du Toronto Mechanics’ Institute. À sa mort, en juillet 1890, les biens de Hay, évalués à près de $350 000, furent répartis parmi les quatre enfants qui lui restaient.
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Stanley Pollin, « HAY, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hay_robert_11F.html.
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Auteur de l'article: | Stanley Pollin |
Titre de l'article: | HAY, ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |