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GUGY, LOUIS (Jean-Georges-Barthélemy-Guillaume-Louis), seigneur, officier de milice, fonctionnaire, juge de paix et homme politique, né en janvier 1770 à Paris, fils de Barthélemy Gugy et de Jeanne-Élisabeth Teissier ; le 27 février 1795, il épousa à Londres Juliana O’Connor, et ils eurent neuf enfants, dont Bartholomew Conrad Augustus* ; décédé le 17 juillet 1840 à Montréal.
Originaire de Suisse, la famille de Louis Gugy est liée par tradition au métier des armes. Il est donc peu surprenant de le retrouver, en 1791, en France où il occupe le rang de lieutenant dans le régiment des gardes suisses que commande son père. L’année suivante, des raisons politiques forcent le départ de Gugy qui choisit alors de se rendre en Suisse, où il résidera pendant deux années sans interruption. Puis, le 26 juin 1794, il débarque à Québec en provenance de Londres. Il vient dans la colonie dans le but de prendre possession, au nom de son père, de la succession de son oncle Conrad Gugy*. Bien que ce séjour ne dure que quelques mois, il suffit à convaincre Gugy de revenir s’y établir à demeure. Après leur mariage à Londres, Gugy et sa femme s’embarquent le 30 mai 1795 sur le brick Betsey, accompagnés de Barthélemy Gugy et de sa famille. Ils arrivent à Québec le 8 juillet suivant.
Héritier des seigneuries Dumontier et de Grandpré ainsi que de la moitié (moins sept arpents) de la seigneurie de Grosbois que possédait son frère Conrad, Barthélemy Gugy s’installe avec les siens au manoir seigneurial à Yamachiche. À sa mort, survenue le 19 avril 1797, c’est Louis qui devient propriétaire de ses biens. Il continue de résider à Yamachiche au moins jusqu’en 1799, mais il préfère ensuite s’établir à Trois-Rivières.
Sa nomination, le 13 août 1805, au poste de shérif de ce lieu marque pour Gugy le début d’une ascension rapide. Juge de paix du district de Trois-Rivières depuis 1803, il voit sa commission renouvelée en 1805 et, trois ans plus tard, on le choisit à titre de commissaire chargé du secours aux aliénés et aux enfants abandonnés du district de Trois-Rivières. Il devient également en 1808 commissaire habilité à administrer le serment aux personnes qui sollicitent des concessions de terre.
À partir de 1803, Gugy s’était également révélé actif au sein de la milice. D’abord lieutenant et adjudant, puis capitaine dans le 1er bataillon de milice de Trois-Rivières, il est par la suite promu major le 19 mai 1812. Transféré au bataillon de milice de Berthier le 18 mars 1813, il est fait lieutenant-colonel de ce corps le 25 septembre suivant.
Parallèlement à toutes ces activités, Gugy participe à la vie politique. Du 23 novembre 1809 au 1er mars 1810, il représente la circonscription de Saint-Maurice à la chambre d’Assemblée. Dans l’esprit de plusieurs, Gugy est associé aux bureaucrates ; on l’accuse même de prendre parti en faveur du gouverneur sir James Henry Craig* aux dépens de l’Assemblée. Pourtant, le 25 avril 1816, Gugy reçoit un nouveau mandat de ses électeurs de Saint-Maurice et demeure député jusqu’à sa nomination à titre de conseiller législatif le 10 avril 1818.
Membre de l’élite trifluvienne, Gugy est nommé commissaire responsable de l’amélioration des communications dans la région de Trois-Rivières, en 1815, et de la construction d’un palais de justice dans sa ville, en 1817. L’année suivante, il est membre de la commission d’examen des candidatures aux postes d’inspecteur de farine. Puis, cinq ans plus tard, il devient commissaire chargé de l’exécution des réparations à l’église anglicane de Trois-Rivières et, en 1826, commissaire responsable de l’amélioration du chemin entre Saint-Grégoire (Bécancour) et la Longue Pointe, dans le canton de Kingsey.
Le 3 mars 1827, on choisit Gugy pour être shérif de Montréal ; il laisse alors la charge identique qu’il remplissait à Trois-Rivières. Les années qui précèdent les troubles de 1837–1838 ne sont guère heureuses pour lui. Ainsi, à la suite des événements du 21 mai 1832, survenus en pleine période électorale dans Montréal-Ouest et au cours desquels des militaires tuent trois Canadiens [V. Daniel Tracey*], les leaders du parti canadien accusent Gugy de partialité dans l’exercice de ses fonctions. Les ennuis du shérif ne font cependant que commencer.
En effet, le 2 mars 1836, un comité de la chambre étudie le premier rapport du comité spécial chargé de s’enquérir des honoraires et revenus perçus, en vertu de leurs charges respectives, par les shérifs, protonotaires et crieurs des cours d’appel et du banc du roi. Il se penche également sur la partie du rapport relative au décès de John Collins à la prison de Montréal, en décembre 1835. Gugy est au cœur du débat. On l’accuse de fraude dans ses rapports financiers, de faux témoignage au cours de son examen par le comité spécial de la chambre et de négligence tant dans la surveillance des officiers subalternes que dans la tenue de la prison. Bref, le comité recommande et obtient qu’on envoie au gouverneur lord Gosford [Acheson] une adresse le priant de démettre Gugy de sa charge de shérif et de ne lui accorder à l’avenir aucune place d’honneur ou de profit. Le 6 mars 1836, le gouverneur s’engage à prendre les mesures appropriées, après qu’il aura entendu la défense de Gugy. Le cas est ensuite soumis à Londres, et la réponse arrive au printemps de 1837 : Gugy doit être démis de ses fonctions. En avril, un nouveau shérif, Roch de Saint-Ours, entre en fonction à Montréal. Trois ans plus tard, Gugy meurt dans cette ville.
La fidélité de Louis Gugy envers la couronne constitue le trait dominant de sa carrière. Cet attachement au pouvoir a été à la base tant de ses succès que de ses déboires.
ANQ-M, CN1-192, 22 sept. 1838.— ANQ-MBF, CE1-50, 6 déc. 1795, 21 avril 1797 ; CN1-4, 19 mars 1794 ; CN1-5, 17 août 1789 ; CN1-6, 11 mars 1803, 20 mai, 15 juill 1823 ; CN1-7, 27 juill. 1840 ; CN1-32, 2 mai 1818, 14, 25 mai 1821, 13, 26 juin 1822, 27 août 1824.— ANQ-Q, E18/201, E : 211–225 ; K : 158–159 ; E21/297, 19/55, no 145 ; P-98/6 ; 10 ; P-365/9.— APC, RG 1, L3L : 554, 556, 587, 4038, 48772–48775, 48985–49195 ; RG 4, A1 : 40434, 41043 ; B45, 1 : 26 ; B58, 15 ; RG 68, General index, 1651–1841.— ASQ, Polygraphie, XXXVI : 18D.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1832–1833, app. V ; 1834, app. S ; 1835–1836, app. VV, WW ; Conseil législatif, Journaux, 1819 : 30–31.— « Documents sur la famille Gugy », BRH, 36 (1930) : 181–182.— Le Canadien, 22 juill. 1840.— La Gazette de Québec, 3, 24 juill. 1794, 9 juill. 1795, 2 juill. 1807, 30 juin 1808, 22 sept. 1814, 8 juin 1815, 15 mai 1817, 25 juin, 3 sept. 1818, 24 mai 1821.— La Minerve, 23 mars, 10 avril 1837.— Montreal Gazette, 4, 8, 11 avril 1837.— F.-J. Audet, « Shérifs de Montréal », BRH, 8 (1902) : 200 ; les Députés de Saint-Maurice (1808–1838) et de Champlain (1830–1838) (Trois-Rivières, Québec, 1934).— Desjardins, Guide parl., 140.— Juliette Dubé, « Inventaire analytique du fonds Édouard-Raymond Fabre », ANQ Rapport, 1972 : 135, 138, 141–142, 144–148, 152–153.— Hare et Wallot, les Imprimés dans le B.-C., 229–231.— Le Jeune, Dictionnaire, 1 : 723.— H. J. Morgan, Sketches of celebrated Canadians, 518–521.— « Papiers d’État – B.-C. », APC Rapport, 1897 : 283.— P.-G. Roy, « Shérifs de Trois-Rivières », BRH, 7 (1901) : 356.— Turcotte, le Conseil législatif, 93.— Raphaël Bellemare, les Bases de l’histoire d’Yamachiche, 1703–1903 [...] (Montréal, 1901), 95–100, 291–295.— E. H. Bovay, le Canada et les Suisses, 1604–1974 (Fribourg, Suisse, 1976), 9.— Napoléon Caron, Histoire de la paroisse d’Yamachiche (précis historique) (Trois-Rivières, 1892), 27–28.— Denison, la Première Banque au Canada, 1 : 293.— Germain Lesage, Histoire de Louiseville, 1665–1960 (Louiseville, Québec, 1961), 136–137.— Fernand Lefebvre, « la Vie à la prison de Montréal au
Renald Lessard, « GUGY, LOUIS (Jean-Georges-Barthélemy-Guillaume-Louis) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gugy_louis_7F.html.
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Auteur de l'article: | Renald Lessard |
Titre de l'article: | GUGY, LOUIS (Jean-Georges-Barthélemy-Guillaume-Louis) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |