GRANDIN, HENRI (nommé à la naissance Henri-François), prêtre catholique, oblat de Marie-Immaculée et éducateur, né le 20 mai 1853 à Sillé-le-Guillaume, France, fils de Florent-Thomas Grandin, boucher, et de Modeste-Françoise Morin ; neveu de Vital-Justin Grandin* ; décédé le 16 février 1923 à Paris.
Comme son oncle l’évêque de Saint-Albert (Alberta), Henri Grandin étudia au petit séminaire de Précigné et au grand séminaire du Mans. À l’occasion du chapitre général des oblats en France en 1873, Mgr Grandin prit la parole au séminaire où était son neveu et persuada celui-ci de l’accompagner au Canada. Arrivé l’année suivante, Henri Grandin fit son noviciat à Notre-Dame-des-Anges à Lachine, dans la province de Québec, et prononça ses vœux perpétuels le 27 mai 1875. Il se rendit ensuite à Saint-Albert, où son oncle l’ordonna le 30 novembre. Le jeune prêtre célébra sa première messe le lendemain et sa première grand-messe le 5 décembre.
Henri Grandin fut immédiatement placé à la tête du petit séminaire fondé par Mgr Grandin à Saint-Albert ; il y enseignait aussi. Ses qualités d’administrateur lui permirent de se voir confier bientôt plus de responsabilités. Dès 1880, on le nomma supérieur de la mission du lac Sainte-Anne, où il forma les novices qui terminaient les études de théologie préalables à leur ordination. Trois ans plus tard, il devint le premier prêtre résidant au fort Edmonton (Edmonton) et vicaire à la paroisse Saint-Joachim. En 1889, il fut nommé supérieur de la mission du lac la Biche, qui ne relevait plus de Mgr Grandin mais d’Henri Faraud*, évêque d’Athabasca-Mackenzie. Le statut de cette mission faisait l’objet d’un contentieux entre les deux évêques, et Henri Grandin y fut envoyé pour veiller à ce que les intérêts du diocèse de Saint-Albert soient protégés quand Faraud desserrerait son emprise. Nommé en 1897 supérieur du district du lac Saddle, il fut par la suite affecté temporairement, à titre de vicaire, à Saint-Paul-des-Métis (St Paul, Alberta), où il bâtit une nouvelle église. De 1903 à 1905, il dirigea de nouveau la mission du lac la Biche.
En 1905, l’évêque de Saint-Albert, Émile-Joseph Legal*, décida que les oblats de son diocèse auraient leur propre organisation, distincte de l’appareil diocésain, et demanda d’être remplacé à titre de vicaire des missions, c’est-à-dire supérieur de tous les oblats du diocèse. Grandin fut nommé à ce poste le 8 septembre 1905. L’année suivante, l’évêque de Saskatchewan, Albert Pascal, demanda lui aussi d’être relevé de ses fonctions de vicaire des missions, et Grandin prit également la direction des oblats du vicariat apostolique (bientôt le diocèse de Prince Albert). À la création de la province oblate d’Alberta-Saskatchewan en 1921, il obtiendrait le poste de provincial.
Chargé entre autres du recrutement et de la préparation des nouveaux membres, Henri Grandin inaugura en 1908 le juniorat de Saint-Jean l’Évangéliste à Pincher Creek, en Alberta ; deux ans plus tard, cet établissement s’installa à Edmonton. Dans la même ville s’ouvrit en 1917, notamment grâce au travail de Grandin, le scolasticat de Marie-Immaculée ; dès lors, les candidats à la prêtrise ne furent plus obligés d’aller à Ottawa terminer leurs études de théologie et de philosophie. Grandin eut des relations difficiles avec John Thomas McNally*, évêque de Calgary à compter de 1913, qui trouvait les congrégations françaises trop nombreuses dans son diocèse. Afin d’éliminer une part de ce qui, pour lui, n’était que vestiges d’un « passé mort et inutile », McNally ordonna aux oblats de quitter leur paroisse dans sa cité épiscopale et la paroisse St Patrick de Lethbridge. Toujours autour de la question ethnique, Grandin et McNally eurent un différend au sujet de la St Joseph’s Industrial School à Dunbow, qui avait beaucoup de difficultés à attirer et à garder des élèves du sud de l’Alberta. Cette école pour les autochtones relevait des oblats, et McNally alléguait qu’elle n’était pas bien administrée puisque aucun membre du personnel ne parlait l’anglais ou n’était en mesure de l’enseigner. De son côté, Grandin faisait valoir que les problèmes de l’école venaient en partie du fait que le ministère des Affaires indiennes et ses agents n’aidaient pas les oblats à faire du recrutement. Il refusa de fermer l’école, malgré les pressions de McNally, et fit savoir à l’évêque que lui seul déciderait de l’avenir de cet établissement.
En tant que supérieur religieux, Grandin avait à cœur la bonne gestion des pensionnats autochtones tenus par les oblats. Il était conscient de la nécessité de maintenir des relations harmonieuses entre les missionnaires attachés à ces établissements et les congrégations féminines qui y exerçaient certaines fonctions. À titre de missionnaire et d’administrateur, Grandin se préoccupait également du bien-être des populations autochtones desservies par les oblats. Il fit des représentations auprès des autorités fédérales afin d’obtenir les services d’un médecin pour les Amérindiens et demanda que l’on fournisse aux oblats des médicaments et des instructions sur la manière de les administrer. Dans son rapport de 1908 au chapitre général, il exprima la crainte que les épidémies et les maladies menacent d’extinction la population autochtone de son vicariat. Même lorsque l’on constata que, pour les Métis, les contacts avec les Blancs étaient économiquement et spirituellement nuisibles, il soutint que les oblats devaient continuer à œuvrer auprès d’eux.
Malade dans les dernières années de sa vie, Henri Grandin retourna en France en janvier 1923 pour se faire soigner. Il mourut à Paris après une chirurgie et fut inhumé dans le caveau des oblats à Montmartre. Ses nombreuses années à titre de supérieur religieux attestent ses qualités administratives. En outre, il avait manifesté un vif intérêt pour l’éducation. C’était un être chaleureux et plein de générosité ; aucun de ceux qui le connaissaient ne résistait à son charme. Hélas, son oncle et le légendaire Albert Lacombe* ont éclipsé cet homme et son œuvre.
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Raymond Huel, « GRANDIN, HENRI (Henri-François) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/grandin_henri_15F.html.
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Auteur de l'article: | Raymond Huel |
Titre de l'article: | GRANDIN, HENRI (Henri-François) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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Date de consultation: | 18 déc. 2024 |