GAUDAIS-DUPONT, LOUIS, commissaire royal en Nouvelle-France (1663) – que plusieurs auteurs ont confondu avec Nicolas Dupont*, sieur de Neuville.
En 1661 et 1662, Louis XIV avait pris connaissance de nombreux mémoires sur la Nouvelle-France ; il avait accordé audience à des personnages de la colonie ; il avait même envoyé en Amérique un enquêteur royal (le sieur de Monts). De toute évidence, un coup de barre s’imposait. Au début de l’année 1663, le monarque acceptait la démission de la Compagnie des Cent-Associés. La Nouvelle-France redevenait propriété royale.
Résolu de veiller personnellement au progrès du Canada, Louis XIV voulut y envoyer un commissaire qui prît possession du pays au nom du roi et mît sur pied les nouvelles institutions administratives et judiciaires accordées à la colonie. Le 7 mai 1663, il désignait le sieur Gaudais, qu’il chargeait d’aller « examiner le Canada », et lui donnait des instructions précises : décrire minutieusement la colonie, étudier son commerce, analyser l’administration financière et judiciaire des dernières années, recenser la population, enquêter sur le défrichement, l’agriculture et les ressources naturelles, proposer les moyens de porter au profit de la couronne les revenus de la traite et d’établir les droits de seigneurie du roi sur le Canada ; bref, transmettre tout renseignement utile à l’organisation et au développement de la Nouvelle-France. La commission et les instructions de Gaudais étaient accompagnées d’un document secret lui ordonnant de s’enquérir discrètement de la conduite et des sentiments de l’ancien et du nouveau gouverneur, de Mgr de Laval* et des Jésuites. Le roi voulait connaître le fond des querelles survenues entre Pierre Dubois Davaugour et le clergé.
Gaudais avait une lourde tâche à remplir et peu de temps à sa disposition, puisque le roi exigeait son retour par le même navire qui le porterait en Nouvelle-France. Débarqué à Québec le 15 septembre en compagnie de Mgr de Laval et d’Augustin de Saffray de Mézy, il assistait, le 18 septembre, à la première séance du Conseil souverain, dont le roi l’avait fait membre. Quelques jours plus tard, peut-être le 22, il partait pour Trois-Rivières et Montréal, voyage auquel il consacra « seize ou dix-sept jours ». L’activité de Gaudais en Nouvelle-France nous est rapportée dans une lettre de Marie de l’Incarnation [V. Guyart] : il « a réglé toutes les affaires du pays. Il a établi des officiers pour rendre la justice selon les règles du droit. Il a encore établi la police pour le commerce et pour l’entretien de la société civile. Il s’est fait rendre foi et hommage généralement de tous les habitants du pays, qui ont confessé tenir du roi à cause de son chateau de Québec. »
Dès le 20 septembre, Gaudais avait été saisi du conflit qui opposait aux administrateurs de la Communauté des Habitants le loquace Jean Peronne Dumesnil, intendant de la Compagnie des Cent-Associés. Le Conseil souverain avait chargé le commissaire royal d’examiner les prétentions de Dumesnil. Mais, faute de temps, Gaudais dut s’embarquer pour la France avant d’avoir pu donner ses conclusions. Dans un mémoire à Colbert, l’année suivante, Dumesnil ne fut pas doux pour Gaudais, qu’il accusait de partialité et de collusion avec les Jésuites et les anciens administrateurs de la Communauté des Habitants. Colbert, toujours soupçonneux, paraît avoir, momentanément tout au moins, tenu le sieur Gaudais responsable des avanies subies par Dumesnil. Gaudais adressa à son tour un mémoire au ministre, da ris lequel il donnait une version différente des faits et se disculpait des accusations portées par l’intendant, qu’il jugeait peu sérieux et excessif.
Gaudais s’était embarqué pour la France le 26 octobre 1663, quatre jours après avoir marié sa nièce, Michèle-Thérèse Nau, à Joseph Giffard, fils du seigneur de Beauport. Il avait laissé dans la colonie son fils, Nicolas Gaudais, sieur Du Chartran, mentionné à Québec le 2 décembre 1663 et qui partit pour la France le 30 août 1664.
On n’a pas retrouvé le rapport que Gaudais fit au roi de son « examen » de la Nouvelle-France.
AN, Col., C11A, 125, 217.— APQ, lus. Cons. souv., I : 2v.— Édits ord., III : 22–27.— Marie Guyart de l’Incarnation, Lettres (Richaudeau), II : 266s., Marie de l’Incarnation à son fils, 1663.— JJ (Laverdière et Casgrain), 321, 328.— Jug. et délib., I : 1s., 3–6, 33s.— Mémoire du sieur Gaudais-Dupont à Mgr Colbert, éd. P.-G. Roy, BRH, XXI (1915) : 227–23 I.— Caron, Inventaire des documents, RAPQ, 1939–40 : 197s.— Jean Peronne Dumesnil et ses mémoires, BRH, XXI (1915) : 169–171.— Régis Roy, Nicolas Gaudais, sieur de Chartran, BRH, XL (l 934) ; 320.
André Vachon, « GAUDAIS-DUPONT, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gaudais_dupont_louis_1F.html.
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Auteur de l'article: | André Vachon |
Titre de l'article: | GAUDAIS-DUPONT, LOUIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 16 nov. 2024 |