GALLANT, JOSEPH, fermier et homme d’affaires, né le 19 mars 1839 à Rustico, Île-du-Prince-Édouard, fils d’Isidore Gallant, dit Bronne, et de Sophie Pineau ; le 18 novembre 1862, il épousa à Rustico Frances Elizabeth Coffin ; ils eurent cinq filles, dont une mourut en bas âge, et un garçon, et ils adoptèrent un garçon ; décédé le 23 septembre 1923 au même endroit.

Le père de Joseph Gallant était l’un des fermiers acadiens les plus prospères de Rustico. De toute évidence, Joseph fréquenta la petite école locale et travailla sur la ferme familiale avant de se rendre à Charlottetown, où il trouva un emploi à la Carvell Brothers, le plus gros exportateur de marchandises de l’île [V. Jedediah Slason Carvell*]. Il était de plus garçon d’écurie dans une famille aisée qui le gardait en pension. Il put ainsi épargner suffisamment d’argent pour s’acheter, une fois de retour à Rustico, une ferme de 50 acres.

En s’installant dans sa ferme, Gallant se lança également dans le monde des affaires : il ouvrit un petit magasin dans sa résidence, où il devint aussi maître de poste vers 1871. En 1880, il se fit bâtir une imposante maison de style Second Empire, dans laquelle il tint également un magasin. Cette année-là, il investit dans le commerce maritime en se faisant construire une goélette de 77 tonneaux, la Four Sisters. Il en acquit une autre en 1884, l’Acadian, jaugeant 84 tonneaux. Pendant une quarantaine d’années, Gallant exporta ainsi des produits de la terre et de la mer, principalement dans le Massachusetts, à Terre-Neuve, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. Les navires ramenaient à l’île surtout du charbon et du bois de construction. En 1880, le Moniteur acadien vantait les mérites de l’homme d’affaires : « Grâce à son habile conduite, M. Gallant voit son commerce augmenter et prospérer, et le succès l’accompagner dans toutes ses entreprises. »

À la fin du xixe siècle, Gallant se trouvait au sommet de sa carrière : il possédait trois magasins, deux goélettes, une ferme et des entrepôts. Il faisait la majorité de ses transactions à partir de son magasin de Rusticoville, où il s’était même fait construire un quai. Il était sans contredit le plus important homme d’affaires de sa région et, avec Gilbert DesRoches*, l’un des plus prospères de la communauté acadienne de la province.

Le dynamique père George-Antoine Bellecourt*, fondateur en 1861 de la Farmers’ Bank of Rustico, avait célébré le mariage de Gallant ; les deux hommes furent de plus voisins jusqu’en 1869. Bien que Gallant ne compta pas au nombre des directeurs fondateurs de l’institution financière, il en devint en 1878 le second président. Avec le caissier (directeur général) Adrien Doiron, il eut la responsabilité de redresser la banque, qui connaissait des problèmes administratifs assez sérieux depuis quelques années, et mena de nombreuses démarches auprès du gouvernement fédéral pour obtenir, en 1883 et en 1891, le renouvellement de la charte, laquelle expira définitivement en 1894. À titre de président, Gallant dut s’occuper de la liquidation de cette banque du peuple, précurseur du mouvement des caisses populaires [V. Alphonse Desjardins*] et des credit unions en Amérique du Nord.

Quand Joseph Gallant, qu’on surnommait Dandy Joe, mourut en 1923, il était passablement endetté. Celui à qui il avait confié la gérance de son entreprise pendant sa vieillesse et sa maladie aurait été responsable de cette situation. Après la mort de ce pionnier des hommes d’affaires acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard, sa belle demeure de Rustico, sa ferme et son commerce furent liquidés. La résidence a heureusement été conservée et restaurée. Nommée Barachois Inn, elle se trouve vis-à-vis de l’église Saint-Augustin et de la salle paroissiale qui a logé la Farmers’ Bank of Rustico, aujourd’hui devenue lieu historique national.

Georges Arsenault

Arch. privées, Georges Arsenault (Charlottetown), Entrevue avec Théophile Blanchard, 25 avril 1986.— BAC, RG 31, C1, 1881, 1891, 1901, Queens County, Î.-P.-É. (mfm aux PARO).— Centre de recherches acadiennes de l’Île-du-Prince-Édouard (Miscouche, Î.-P.-É.), Fichier généal.— PARO, Recensement de la paroisse Saint-Augustin de Rustico, 1890.— Supreme Court of Prince Edward Island, Estates div. (Charlottetown), liber 23 : f.93 ; inventory and affidavit, 3 oct. 1923 ; order passing the accounts, etc., 9 févr. 1925.— Examiner (Charlottetown), 15 févr. 1878, 18 sept. 1885, 4 mai, 6 nov. 1888, 24 déc. 1890, 20 janv. 1892.— L’Impartial (Tignish, Î.-P.-É.), 26 juill., 11 oct., 29 nov. 1894, 28 févr. 1895, 26 oct. 1899, 26 avril, 25 oct. 1900, 20 nov. 1902, 19 nov. 1903, 31 août 1905, 8 févr. 1910.— Le Moniteur acadien (Shédiac, N.-B.), 12 août 1880, 24 déc. 1885, 7 déc. 1886, 17 juin 1887, 17 août 1888.— Annuaires, Canada, 1871 ; Î.-P.-É., 1889/1890.— Gabriel Bertrand, Paroisse acadienne de Rustico (Î.-P.-É.) et la Banque des fermiers : recueil de citations épistolaires du père Georges-Antoine Belcourt (Moncton, N.-B., 1995).— Chappelle’s Prince Edward Island almanac and guide book [...] (Charlottetown), 1885.— J. T. Croteau, « The Farmers’ Bank of Rustico : an early people’s bank », Dalhousie Rev. (Halifax), 36 (1956–1957) : 144–155.— Antoinette Gallant, « les Bronne : une courte histoire de ma famille », la Petite Souvenance (Wellington, Î.-P.-É.), 1 (1979) : 9–13.— R. J. Graham et al., The currency and medals of Prince Edward Island (Willowdale, Ontario, 1988).— Harvie’s Prince Edward Island almanack [...] (Charlottetown), 1872.— Ships and seafarers of Atlantic Canada : the Atlantic Canada Shipping Project (CD-ROM, St John’s, 1998).

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Georges Arsenault, « GALLANT, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gallant_joseph_15F.html.

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Auteur de l'article:    Georges Arsenault
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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