FRASER (ffraser), MALCOLM, officier dans l’armée et dans la milice, seigneur et fonctionnaire, né le 26 mai 1733 à Abernethy, Écosse, fils de Donald Fraser et de Janet McIntosh ; décédé le 14 juin 1815 à Québec et inhumé cinq jours plus tard dans le cimetière St Matthew.
En juillet 1757, Malcolm Fraser achète une commission d’enseigne dans le 78e d’infanterie. Le mois suivant, son régiment débarque à Halifax. Fraser participe aux sièges de Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), et de Québec. Le régiment est démembré en 1763, et Fraser se retire avec une demi-solde de lieutenant. Ses loyaux services militaires l’autorisent à demander des concessions de terre. Dès le 27 avril 1762, le gouverneur Murray* lui accorde la seigneurie de Mount-Murray, comprise dans les limites de l’ancienne seigneurie de La Malbaie. Cette concession en fief et seigneurie constitue l’une des deux seules de ce type accordées par le gouvernement britannique, l’autre ayant été octroyée au compagnon d’armes de Fraser, John Nairne. La même année, Fraser loue de Murray une partie de la seigneurie de l’Île-d’Orléans comprenant la paroisse de la Sainte-Famille et la paroisse Saint-Jean. En 1766, Murray lui octroie 3 000 acres de terre à l’arrière de sa seigneurie de Rivière-du-Loup.
Pendant la guerre d’Indépendance américaine, Fraser devient capitaine et officier payeur dans le 1er bataillon des Royal Highland Emigrants [V. Allan Maclean*]. Lors du blocus américain de Québec, il donne l’alerte au moment de l’attaque de Richard Montgomery*, le 31 décembre 1775. Par la suite, sa compagnie est cantonnée principalement dans la région de Montréal et du Richelieu. À compter du licenciement de son bataillon en juin 1784, Fraser touche encore une fois la demi-solde, qui lui sera cependant retirée cinq ans plus tard, à cause de la découverte d’irrégularités dans ses livres régimentaires. Il devra attendre jusqu’en 1795 avant de blanchir sa réputation et de retirer de nouveau sa demi-solde de même que les arrérages.
Après l’invasion, Fraser continue d’accroître ses propriétés foncières. En 1777, il achète de Gabriel Christie* la seigneurie de L’Islet-du-Portage. Deux ans plus tard, il acquiert, moyennant £1 000, la partie de l’île d’Orléans qu’il louait de Murray. Il reprend, en 1782, une partie du bail emphytéotique accordé par Murray à Henry Caldwell. Le territoire loué pour une somme annuelle de £90 durant les 11 premières années et de £100 par la suite comprend les seigneuries de Rivière-du-Loup et de Madawaska, de même que le fief de l’Île-Rouge. En 1786, il reçoit 3 000 acres dans le canton de Chatham. Fraser s’avère également l’un des propriétaires fonciers importants de la haute ville de Québec. De 1777 à 1791, il achète cinq maisons et terrains, rue des Grisons, entre les rues Sainte-Geneviève et Mont-Carmel. Sa concubine, Marie Allaire, acquiert également une propriété, rue des Grisons, dont Fraser rachète l’hypothèque. Il achète aussi, vers 1790, la maison du marchand John McCord, rue de la Fabrique. Par ailleurs, Fraser avait formé la Madawaska Company en s’associant à Caldwell en 1782.
Fraser, sous des apparences aristocratiques, se révèle un homme d’affaires averti, qu’il s’agisse d’investir dans la propriété foncière ou de placer de l’argent. Il prête ainsi £300 en 1773, et £1 000 en 1784. Trois ans plus tard, il consent un prêt de £200 à Hugh Blackburn, meunier à Mount-Murray. Il n’hésite pas à faire un placement même s’il doit hypothéquer ses seigneuries. En 1790, la seigneurie de L’Islet-du-Portage est grevée d’une hypothèque de £400 puis, en 1810, d’une autre, au même montant. En 1791, la seigneurie de Mount-Murray est hypothéquée au nom du chirurgien James Fisher*. Il lui arrive de louer ses seigneuries, se contentant d’en retirer le loyer. Celles-ci lui rapportent des revenus provenant de la pêche, du blé, du bois de sciage et des redevances seigneuriales.
Fraser est un seigneur absent. À Québec, il occupe la charge de juge de paix depuis 1764. Fraser compte parmi les membres fondateurs de la Société d’agriculture, créée en 1789, et il souscrit à la Société du feu dès 1790. Trois ans plus tôt, il avait été nommé major du Quebec Battalion of British Militia, poste qu’il occupe jusqu’en 1794. En mai de cette année-là, le gouverneur lord Dorchester [Guy Carleton] le nomme colonel du bataillon de milice de Kamouraska. En 1805, il occupe le poste de colonel du bataillon de milice de Baie-Saint-Paul. Pendant la guerre de 1812, Fraser, malgré son âge avancé, conduit les miliciens de Baie-Saint-Paul à Québec.
À partir de 1803, Fraser avait commencé à se départir de ses biens immobiliers en cédant à son fils Simon les 3 000 acres de terre dans le canton de Chatham, à la condition que celui-ci en obtienne les lettres patentes. Deux ans plus tard, il vend sa part de la seigneurie de l’Île-d’Orléans à Louis Poulin, meunier à Sainte-Famille. Enfin, en 1810, il donne à son fils Joseph sa seigneurie de L’Islet-du-Portage.
Un des biographes de Malcom Fraser, William Stewart Wallace*, affirme qu’il eut de nombreux enfants illégitimes, dont cinq avec Marie Allaire, originaire de la seigneurie de Beaumont. Trois autres enfants, Ann, William et John Malcolm, naissent de sa liaison avec Marguerite Ducros, dit Laterreur, de la seigneurie de Mount-Murray. Dans son testament daté du 4 novembre 1811, Fraser verse à cette dernière une rente annuelle et répartit ses biens canadiens entre tous ses enfants.
ANQ-Q, CN1-103, 3 sept. 1765 ; CN1-205. 19 déc. 1777, 10 août 1784 ; CN1-224, 6 mai 1786 1786 ; CN1-245, 11 mai 1780, 3 août 1784 ; CN1-256, 17 mars, 25 mai 1791, 5 juill., 1er sept. 1794, 6 oct. 1795 ; CN1-262, 11 déc. 1795 ; CN1-284, 22 juill. 1791 ; P-81 ; P-297.— APC, MG 23, B7 ; GIII, 23, 1 : 2–9, 191, 575 ; 5 ; K1 ; RG 1, L3L : 29, 37, 43, 408, 2368, 2643, 2649, 43277, 43282, 43329, 43332, 43355, 43361s., 43369, 54137–54141, 72886 ; RG 8, I (C sér.), 15 : 18 ; 187 : 3s. ; 931 : 28, 109.— ASQ, Polygraphie, XXXVI : 22g.— L.-P. Lizotte, La vieille Rivière-du-Loup, ses vieilles gens, ses vieilles choses (1673–1916) ; le pays des beaux couchers de soleil (s.l., 1973).— G. M. Wrong, A Canadian manor and its seigneurs ; the story of a hundred years, 1761–1861 (Toronto, 1908).— W. S. Wallace, « Notes on the family of Malcolm Fraser of Murray Bay », BRH, 39 (1933) 267–271.
Yvon Desloges, « FRASER (ffraser), MALCOLM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fraser_malcolm_5F.html.
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Auteur de l'article: | Yvon Desloges |
Titre de l'article: | FRASER (ffraser), MALCOLM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |