Titre original :  Mère Marie-Louise McLoughlin, dite de Saint-Henri, [18-]. 1 document iconographique collé sur un carton. Ville de Montreal.

Provenance : Lien

McLOUGHLIN, MARIE-LOUISE, dite de Saint-Henri, ursuline, professeure et supérieure, née le 28 août 1780 à Rivière-du-Loup, Québec, fille de John McLoughlin et d’Angélique Fraser, et sœur de John McLoughlin* ; décédée le 4 juillet 1846 à Québec.

Marie-Louise McLoughlin, dont les parents étaient de fervents catholiques, connut une enfance paisible et heureuse. À l’âge de six ans, elle visita pour la première fois son grand-père maternel, Malcolm Fraser*, seigneur de Mount Murray. Charmé par la gentillesse de sa petite-fille, celui-ci insista pour la garder auprès de lui. Il l’inscrivit dans les meilleures écoles protestantes de Québec et lui procura tout ce qui pouvait élargir sa culture de même qu’éveiller ses talents.

La jeune fille, à 15 ans, exprima le désir de fréquenter le couvent des ursulines de Québec, appuyée en cela par ses parents et sa grand-mère maternelle, elle-même catholique. Son grand-père y consentit à contrecœur et déclara tout net qu’il irait jusqu’à déshériter Marie-Louise et les siens si l’élève venait à adhérer au catholicisme. Au grand mécontentement de son aïeul, pendant sa première année de pensionnat, en 1795–1796, Marie-Louise se fit instruire des vérités de la foi par l’abbé Philippe-Jean-Louis Desjardins*, alors aumônier des ursulines et de l’Hôtel-Dieu de Québec. Elle fit sa profession de foi et sa première communion à l’âge de 16 ans. Puis, bravant les représailles de son grand-père et en accord avec sa famille qui acceptait les conséquences matérielles possibles d’un tel geste, elle entra au noviciat le 21 novembre 1798. L’année suivante, le jour de sa vêture, elle prit le nom de Saint-Henri, et l’officiant lui donna la confirmation. Elle prononça ses vœux le 18 février 1800.

Excellente professeure d’anglais, Marie-Louise de Saint-Henri s’initia encore à l’enseignement des sciences grâce aux leçons de l’abbé Desjardins. Mieux que personne, elle comprit la nécessité d’une préparation soignée pour les jeunes religieuses qu’on destinait à l’enseignement. Maîtresse des novices du 16 décembre 1811 au 15 mai 1814, elle obtint que les jeunes religieuses soient libérées de certains travaux ménagers afin de mieux les former par la prière, l’étude et la réflexion à leur tâche d’éducatrices. Son enthousiasme fit merveille.

Marie-Louise de Saint-Henri occupa alternativement les plus hautes charges administratives du monastère. Elle fut économe du 15 mai 1814 au 20 avril 1818, puis du 27 avril 1824 au 26 avril 1830 et enfin du 25 avril 1836 au 24 avril 1839 ; elle remplit les fonctions de supérieure du 20 avril 1818 au 27 avril 1824 et du 26 avril 1830 au 25 avril 1836, et celles d’assistante de la supérieure du 24 avril 1839 au 25 avril 1842. À ces divers titres, elle présida à l’essor considérable que prit l’éducation chez les ursulines dès les débuts du xixe siècle. Avec un sens de l’organisation peu ordinaire, elle réussit à équilibrer la situation financière du monastère, fort ébranlée depuis la Conquête. De 1837 jusqu’à sa mort, elle fut aidée en cela par Thomas Maguire*, aumônier de la communauté. Elle entreprit notamment la construction d’un édifice, qui devait être loué, fit bâtir deux logements pour familles modestes et fit agrandir la chapelle.

Du côté des classes, les meilleurs professeurs dispensèrent l’enseignement tant aux ursulines qu’aux élèves. Les annales ont gardé les noms de Frederick Glackemeyer et de Stephen Codman pour la musique et, pour la peinture, celui de James Bowman, qui réalisa le portrait de Marie-Louise de Saint-Henri. En outre, il faut signaler l’arrivée continuelle de matériel didactique envoyé d’Europe par le docteur David McLoughlin, frère de la religieuse. Afin de codifier les pratiques qui existaient déjà dans son établissement d’enseignement, le plus important de la colonie, Marie-Louise de Saint-Henri, avec l’aide de Maguire et à la demande expresse de Mgr Pierre-Flavien Turgeon*, archevêque de Québec, veilla en 1844 à la rédaction du « Règlement des élèves du pensionnat des Dames ursulines de Québec ». De nouvelles idées, recueillies par Maguire au cours d’un séjour en Europe, y figuraient également. L’enseignement allait désormais se faire en fonction de certains principes, dont celui de regrouper dans une même classe des élèves de force semblable et celui d’insister davantage sur la compréhension que sur la mémorisation.

L’ardeur et la joie de vivre de Marie-Louise de Saint-Henri laissaient croire à une carrière encore fort longue quand, brusquement, elle s’éteignit le 4 juillet 1846, à l’âge de 65 ans. Au moment de sa mort, elle occupait la fonction de zélatrice au service de la supérieure depuis le 25 avril 1842. Femme de tête, mais aussi femme de cœur, elle n’avait jamais oublié les membres de sa famille, et ses nombreuses lettres montrent quelle part elle avait prise à leurs chagrins, à leurs difficultés au sujet de l’éducation de leurs enfants. Aux regrets de sa famille et à ceux de la communauté s’ajoutèrent les témoignages des amis du monastère, qui soulignèrent le goût de cette grande religieuse pour la culture, son sens des affaires et ses rares qualités de cœur.

Suzanne Prince

ANQ-Q, CE3-3, 10 sept. 1780.— Arch. du monastère des ursulines (Québec), Actes de professions et de sépultures, 1 ; Actes des assemblées capitulaires, 1 ; Annales, I : 397, 455–456, 462 ; II : 102, 113–114 ; Livre contenant les actes des assemblées capitulaires, 1802–1842 ; Reg. des professions religieuses et des décès, 1778–1882.— B. B. Barker, The McLoughlin empire and its rulers [...] (Glendale, Calif., 1959).— Burke, les Ursulines de Québec, 3 : 249, 397 ; 4 : 455, 592.— Glimpses of the monastery : scenes from the history of the Ursulines of Quebec during two hundred years, 1639–1839 (2e éd., Québec, 1897).— P.-G. Roy, À travers l’histoire des ursulines de Québec (Lévis, Québec, 1939).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Suzanne Prince, « McLOUGHLIN, MARIE-LOUISE, dite de Saint-Henri », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcloughlin_marie_louise_7F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/mcloughlin_marie_louise_7F.html
Auteur de l'article:    Suzanne Prince
Titre de l'article:    McLOUGHLIN, MARIE-LOUISE, dite de Saint-Henri
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    20 nov. 2024