Titre original :  Thomas Winning Dyas - in

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DYAS, THOMAS WINNING, arpenteur, ingénieur, homme d’affaires et organisateur agricole, né le 2 septembre 1845 à Clonturken, comté de Cavan (république d’Irlande), cinquième des sept enfants de John Dyas et d’Ellen Warren ; le 22 juin 1871, il épousa à London, Ontario, Emma Wilder Ball, et ils eurent trois fils et trois filles ; décédé le 22 juin 1899 à l’île Toronto.

La famille de Thomas Winning Dyas, qui avait immigré à La Nouvelle-Orléans en 1850, vint dans le Haut-Canada huit ans plus tard et s’établit à London en 1859. Au cours des 30 années suivantes, le père de Thomas Winning, instituteur et rédacteur en chef, protestant de tendance évangélique, devait travailler sans relâche pour l’Église d’Angleterre, en aidant à mettre sur pied son réseau d’écoles du dimanche et en œuvrant comme auxiliaire laïque. Son dévouement et sa célébrité valurent à sa famille d’occuper une place importante et eurent un effet durable sur ses enfants, qui devinrent tous de pieux anglicans.

Dyas termina ses études à la Union School de London en 1860 et y obtint des prix en latin, en composition française et en grammaire. Malgré ses aptitudes littéraires, il décida de faire carrière dans le génie. Après un apprentissage de trois ans, vraisemblablement auprès de Charles Lennox Davies et de William Robinson, il réussit l’examen pour devenir arpenteur provincial en janvier 1865. Il s’installa alors à son compte et pratiqua quelque temps à London et dans la petite ville pétrolière en pleine expansion de Bothwell, où il fut également marchand commissionnaire et agent général. À l’automne suivant toutefois, il ferma son bureau et devint apprenti imprimeur dans une maison d’impression et d’édition de Toronto, la Bell and Company.

De retour à London en 1868, Dyas rouvrit son cabinet d’arpenteur et d’ingénieur et ajouta l’architecture à ses activités. Comme il n’avait pas renoncé à l’édition, il se lança l’année suivante dans sa première aventure en ce domaine, le Canadian Builder and Mechanics’ Magazine. Ce mensuel, l’un des premiers périodiques spécialisés du Canada, ne parvint cependant pas à trouver beaucoup de lecteurs et, en 1870, Dyas le vendit à son ancien employeur, devenu la Bell, Barker and Company. Il retourna à l’ingénierie sans pour autant abandonner l’édition. Entre 1872 et 1874, il écrivit régulièrement dans une revue de London, le Farmer’s Advocate and Home Magazine, et publia des cartes de London et de Strathroy.

Dyas mit à profit son talent d’organisateur, vraisemblablement hérité de son père, pour promouvoir diverses entreprises commerciales et organisations professionnelles du Sud-Ouest ontarien. Il participa, par exemple, à la mise sur pied du London, Huron and Bruce Railway et de la Surveyors’ Association of Western Ontario. Sa compétence, son expérience et son intérêt pour la question l’amenèrent à prendre la direction du mouvement qui préconisait la fondation de la Grange fédérale, qui serait le bureau canadien de la fédération des agriculteurs nord-américains, les Protecteurs de l’industrie agricole. Malgré l’opposition concertée des dirigeants de l’American Grange à la création d’une fédération canadienne « indépendante mais affiliée », on annonça en juin 1874, au cours d’une assemblée tenue à London, la formation du groupe canadien, et Dyas fut élu secrétaire. On croit qu’il était particulièrement intéressé par la perspective de publier le journal officiel de la nouvelle association. Cependant, il devait bientôt quitter cet organisme et London pour occuper au Globe un poste de direction que lui avait offert George Brown*. En décembre, Dyas alla s’établir à Toronto avec sa jeune famille.

Dyas était un conservateur et, en 1877, après avoir été promu chef de l’imprimerie au Globe, il accepta un poste semblable au Mail, le principal quotidien tory de Toronto, poste qu’on lui avait peut-être offert en raison de ses convictions politiques. En 1881, on le nomma directeur commercial, responsable de la publicité et de la diffusion. On peut supposer que son influence dans le domaine de l’édition s’étendait car, deux ans auparavant, son frère John Joseph Dyas avait quitté le secteur de l’ameublement à London pour celui de la publicité à Toronto, à titre de représentant du Canadian Illustrated News [V. George-Édouard Desbarats]. En 1884, John Joseph fonda la Booksellers’ Association of Ontario, dont il fut élu premier secrétaire, devenant ainsi l’éditeur du magazine de l’organisme, Books and Notions.

L’année suivante, le Mail, sous la direction de Christopher William Bunting, coupa ses liens avec le parti conservateur, et Thomas Winning Dyas se vit forcé de remplacer les contrats de publicité qui venaient du gouvernement fédéral. Pour attirer de nouveaux clients, Dyas fonda, au Mail, la Mail Newspaper Advertising Agency, firme qui offrait de rédiger des annonces publicitaires et de les faire publier dans les journaux canadiens et étrangers. Première agence de publicité d’envergure nationale au Canada et deuxième seulement en Amérique du Nord, la Mail Newspaper Advertising Agency était représentée à Montréal par Anson McKim*, qui fonda plus tard sa propre agence. C’est grâce à Dyas si le Mail put survivre durant cette période d’indépendance politique et repousser, à partir de 1887, son concurrent l’Empire, qui avait la sanction du parti, pour finalement l’absorber en 1895. Dyas devint alors directeur de la publicité au nouveau Daily Mail and Empire, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort.

À la fin des années 1880 et au début des années 1890, pendant qu’il aidait le Mail à consolider sa position, Dyas prit part à plusieurs autres entreprises d’édition. En 1887, avec l’ancien rédacteur financier du Mail John Bayne Maclean*, l’influent éditeur torontois Christopher Blackett Robinson et le comptable William Ross, il fonda la Grocer Publishing Company. Dyas, Robinson et Ross investirent un peu d’argent et offrirent leur expérience et les installations nécessaires à l’impression tandis que Maclean fournissait le gros des fonds et administrait l’affaire. Ensemble, ils produisirent la première publication de ce qui allait devenir l’empire Maclean Hunter, le Canadian Grocer and General Storekeeper, magazine spécialisé qui connut beaucoup de succès.

Cette entreprise déclencha pour les quatre associés une soudaine poussée d’activité qui durerait plusieurs années. En 1888, Maclean acheta Books and Notions de John Joseph Dyas, qui devait abandonner l’édition pour des raisons de santé. L’été suivant, un deuxième frère de Dyas, William Jacob, pharmacien et homme d’affaires prospère de Strathroy, fonda une autre, revue spécialisée, imprimée par Maclean, le Canadian Druggist, qui se vendit bien. En 1890, le frère de Maclean, Hugh Cameron MacLean*, acheta la part que Thomas Winning Dyas détenait dans le Canadian Grocer. Les deux familles conservèrent des liens étroits et travaillèrent ensemble à d’autres projets d’édition. Par exemple, en 1893, Dyas, les frères Maclean et William James Douglas du Mail publièrent à New York l’Art Weekly, que l’on devait distribuer avec les journaux pour augmenter le tirage. Hugh Cameron MacLean épousa la fille de Dyas, Bessie Emma Mathilda, en mai 1894.

Esprit créatif, intelligent, Thomas Winning Dyas était un homme très respecté dans le secteur de l’édition. Quoiqu’il ne fût jamais riche, il participa à la fondation de beaucoup d’entreprises de communication parmi les plus innovatrices et les plus prospères de son époque. Il mourut de tuberculose en 1899, à l’âge de 53 ans, à son chalet d’été de l’île Toronto.

R. Neil Matheson

Un portrait de Thomas Winning Dyas jeune homme illustre l’article de W. J. Dyas, « Thomas Winning Dyas », Assoc. of Ontario Land Surveyors, Annual report (Toronto), 1924 : 157–158. Un portrait de l’homme mûr se trouve dans The first hundred years (Toronto, s.d.), 3, et dans le Canadian Printer and Publisher (Toronto), juin 1899 : 3 (ce dernier, que l’on a par erreur identifié comme celui de son frère John Joseph, figure aussi dans le Bookseller and Stationer (Toronto), 21 (1905) : 303).

AN, RG 31, C1, 1861, London Township, Middlesex County ; 1871, 1881, London, Ontario ; 1891, Toronto.— AO, Maclean-Hunter records.— Canadian Printer and Publisher, oct. 1893 : 8–9 ; nov. 1895 : 4–6.— Farmer’s Advocate and Home Magazine (London), 1872, 1874.— Granger (London), nov. 1875.— Patrons of Husbandry, Dominion Grange, History of the Grange in Canada [...] (Toronto, 1876).— Printers’ Miscellany (Saint-Jean, N.-B.), 2 (1877), no 5 : 108.— Canadian Home Journal (St Thomas, Ontario), 30 juin 1871.— Daily Mail and Empire, 19 juill. 1892, 23 juin 1899.— Dominion Churchman (Toronto), 31 mai 1888.— Evangelical Churchman (Toronto), 31 mai 1888.— London Advertiser, 1864–1865, 1868–1870, 1873–1874, 21 mai 1888.— London Free Press, 1860–1861, 1865, 1869–1874, 7 juin 1883, 19 mai 1888, 26 juin 1890.— Commemorative biog. record, county York.— Dict. of Toronto printers (Hulse).— Gazetteer and directory of the counties of Kent, Lambton and Essex, 1866–67 (Toronto, 1866).— London directory, 1856–1897.— Ont. directory, 1869 ; 1871.— Toronto directory, 1855–1900.— G. L. Parker, The beginnings of the book trade in Canada (Toronto, 1985).— Rutherford, Victorian authority.— H. A. Seegmiller, « The Colonial and Continental Church Society in eastern Canada » (thèse de d.d., préparée à Windsor, N.-É., 1966, pour l’EEC, General Synod, Huron College, London, 1968), 503–504.— H. E. Stephenson et Carlton McNaught, The story of advertising in Canada ; a chronicle of fifty years (Toronto, [1940]).— L. A. Wood, A history of farmers’ movements in Canada (Toronto, [1924] ; réimpr. avec introd. de F. J. K. Griezec, Toronto et Buffalo, N. Y., [1975]).— G. M. Innes, « The history of the parish of St. Pauls, London, Ontario », Western Ontario Hist. Notes (London), 19 (1963) : 44–50.

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R. Neil Matheson, « DYAS, THOMAS WINNING », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dyas_thomas_winning_12F.html.

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Auteur de l'article:    R. Neil Matheson
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    16 nov. 2024