DUNLOP, ROBERT GRAHAM, juge de paix, fonctionnaire, capitaine de navire et homme politique, né le 1er octobre 1790 à Keppoch, Écosse, deuxième fils d’Alexander Dunlop et de Janet Graham ; le 4 juillet 1836, il épousa Louisa McColl ; décédé le 28 février 1841 à Gairbraid, près de Goderich, Haut-Canada.

Mousse dans la marine royale dès l’âge de 13 ans, Robert Graham Dunlop se distingua si bien autant sur terre que sur mer qu’il décrocha le grade de lieutenant au cours des guerres napoléoniennes. Une fois les hostilités terminées, il assista à des conférences aux universités de Glasgow et d’Édimbourg, commanda à titre de capitaine de navire des expéditions commerciales aux Indes orientales puis retourna quelque temps dans la marine royale (il fut promu capitaine avant de se retirer en 1823). En 1833, il immigra dans le Haut-Canada. Il fit la traversée en compagnie de son frère cadet, le célèbre docteur William Dunlop, déjà bien établi dans la région de Goderich et que la Canada Company venait de nommer surintendant général du vaste territoire appelé Huron Tract.

Peu après son arrivée à Goderich, on nomma le capitaine Dunlop juge de paix et commissaire à la Cour des requêtes et, l’année suivante, il commanda pendant une brève période le Menesetung, navire à vapeur de la Canada Company qui connut un triste sort. Les deux frères étaient copropriétaires de la terre qui entourait Gairbraid, le domaine du docteur, mais ils semblaient heureux, tels des gentlemen-farmers, de laisser à d’autres le soin de la mettre en valeur. Pour les aider à tenir ce que beaucoup voyaient plutôt comme une maison en désordre, ils firent venir d’Écosse Louisa McColl, une fille de laiterie illettrée. Elle s’acquittait bien de sa tâche, mais la présence de cette célibataire auprès de deux hommes en scandalisait plusieurs. Selon la légende, les frères Dunlop décidèrent lequel d’entre eux allait l’épouser en lançant trois fois en l’air une pièce que le docteur avait en sa possession et qui présentait deux côtés face. C’est le ministre anglican Robert Francis Campbell qui célébra le mariage de Robert Graham Dunlop et de Louisa McColl.

Au cours de l’été de 1835, le capitaine Dunlop, candidat constitutionnaliste, devint le premier député de la circonscription de Huron à la suite d’une élection partielle qu’il remporta haut la main sur le réformiste Anthony Jacob William Gysbert Van Egmond et l’employé de la Canada Company William Bennett Rich. Même s’il s’inquiétait des pouvoirs et privilèges du family compact tory, Dunlop était attaché, par patriotisme, à la préservation du lien impérial et soutenait en général le gouvernement de la province. En outre, il croyait fermement que le Haut-Canada, pour se développer, devait recourir à l’immigration et aux travaux publics. Au moment de la crise du Conseil exécutif au début de 1836 [V. Robert Baldwin*], il appuya sans équivoque le lieutenant-gouverneur sir Francis Bond Head* et fut réélu sans opposition aux élections générales qui, plus tard dans l’année, marquèrent la débâcle des réformistes. Au cours de la session de 1836–1837, il noua d’étroites relations avec l’orangiste Ogle Robert Gowan*. C’est probablement en raison de cette amitié qu’il entra en 1837 à la loge d’Orange et qu’il devint l’année suivante le seul membre non irlandais de son conseil provincial. Même s’il avait adhéré à l’Église d’Angleterre, contrairement à son frère qui était presbytérien, Dunlop continuait de favoriser le partage des réserves du clergé entre les principales dénominations protestantes. Toutefois, en février 1837, il évita tout simplement de se prononcer sur une question connexe en s’absentant du débat et du vote sur les rectories anglicans qu’avait créés sir John Colborne* l’année précédente. Moins engagé que son frère, il s’intéressa tout de même activement à la rébellion qui éclata en décembre 1837 et on le nomma colonel du 3rd Regiment of Huron militia, qui ne fut cependant jamais constitué. Après la rébellion, il présenta des propositions qui visaient à remercier le shérif du district de Home d’avoir été présent au bon moment dans la rue Yonge et à octroyer 100 acres à tous ceux qui avaient pris les armes contre les rebelles ; par ailleurs, il tenta de limiter à trois ans le désarmement des suspects.

Tout au long de sa carrière de député, le capitaine Dunlop manifesta un intérêt soutenu pour le comté de Huron, notamment en appuyant la Huron Fishing Company et l’amélioration du port de Goderich. Il se prononça en outre pour l’accroissement de l’immigration, l’extension du droit de vote, l’amélioration des prisons et des soins dispensés aux aliénés, l’établissement d’instituts d’artisans et d’un bureau d’études géologiques ainsi que pour la campagne abolitionniste. Tout en siégeant à l’Assemblée, il passait une partie de l’année à Toronto, où il participait à des activités locales ; ainsi, au cours de l’hiver de 1836–1837, il donna une série de conférences sur l’utilité de l’éducation pour les Noirs de la ville.

Robert Graham Dunlop représenta la circonscription de Huron jusqu’à la clôture de la dernière session de l’Assemblée haut-canadienne, en février 1840 ; mais à compter de 1838 sa santé avait commencé à décliner et il ne quittait plus guère Gairbraid, où il mourut en février 1841. Ce gentleman aimable et tranquille, qui avait bien démontré sa loyauté, fut regretté de tous.

Peter A. Russell

NLS, Dept. of mss, mss 9292–9296, 9303.— The Dunlop papers [...], J. G. Dunlop, édit. (3 vol., Frome, Angl., et Londres, 1932–1955), 2 : 233–240, 256–268 ; 3 : 173, 176, 185–186, 189, 197, 219, 224, 228, 233–234, 236, 287–288.— British Colonist, 17 mars 1841.— Christian Guardian, 11 janv. 1837.— Patriot (Toronto), 7, 10, 14 juill. 1835, 5 juill. 1836.— Gates, Land policies of U.C. C. [G.] Karr, The Canada Land Company : the early years ; an experiment in colonization, 1823–1843 (Ottawa, 1974). Robina et K. M. Lizars, In the days of the Canada Company : the story of the settlement of the Huron Tract and a view of the social life of the period, 1825–1850 (Toronto, 1896 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1973). I. A. Stewart, « Robert Graham Dunlop : a Huron County anti-compact constitutionalist » (thèse de m.a., Univ. of Toronto, 1947).

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Peter A. Russell, « DUNLOP, ROBERT GRAHAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dunlop_robert_graham_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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