Titre original :  John Dixon, first Mayor of Maple Creek, Saskatchewan. 1904. Image courtesy of Glenbow Museum, Calgary, Alberta.

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DIXON, JOHN, homme d’affaires et éleveur de bétail, né le 4 mai 1850 dans le canton de Smith, Haut-Canada, fils de Joseph Dixon et de Margaret Brown ; le 20 juin 1877, il épousa dans le canton de South Monaghan, Ontario, Agnes Christie (Addie) Dawson, et ils eurent deux filles et deux fils ; décédé le 3 janvier 1922 à Maple Creek, Saskatchewan.

L’histoire de la colonisation de l’Ouest compte peu d’hommes qui virent aussi loin et accomplirent autant que John Dixon. Issu de l’une des plus anciennes familles du comté de Peterborough, dans le Haut-Canada (ses grands-parents, venus d’Alston dans le Cumberland, en Angleterre, s’y étaient établis en 1818), Dixon étudia dans cette région puis alla à la School of Military Instruction de Kingston. Il ouvrit ensuite un commerce à Oshawa avec son jeune frère Isaac Chester.

En 1882, curieux de voir quelles perspectives l’Ouest offrait à des hommes d’affaires, John Dixon fit un voyage de reconnaissance jusqu’à Brandon, au Manitoba. Favorablement impressionnés, les deux frères résolurent de déménager. L’année suivante, ils vendirent leurs biens, pourvurent temporairement aux besoins de leurs femmes (deux sœurs, alors enceintes), réservèrent un wagon pour leurs marchandises et partirent à destination de Calgary. Parvenus en avril 1883 au bout de la voie ferrée, à Maple Creek, et sachant que le chemin de fer canadien du Pacifique n’atteindrait pas Calgary avant l’automne, ils se mirent à faire du commerce sous la tente dans cette localité affairée. La région semblait pleine de promesses ; ils décidèrent d’y rester. La société ferroviaire leur fournit des locaux en attendant que la construction de leur magasin à pans de bois soit achevée, en 1884.

À partir de ce petit magasin, la Dixon Brothers prit une telle expansion que, une vingtaine d’années plus tard, elle serait l’une des entreprises les plus importantes et les plus réputées du territoire compris entre Moose Jaw (Saskatchewan) et Calgary. Elle fonctionnait sans heurt : John en dirigeait les diverses composantes et Isaac Chester s’occupait des affaires courantes. John fit particulièrement preuve de flair dans les premières années du magasin en nouant des relations d’affaires avec la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, la North-Western Coal and Navigation Company Limited de Lethbridge (Alberta) [V. Elliott Torrance Galt], les ranchs « 76 » de la Canadian Agricultural, Coal and Colonization Company et le quartier général de la division A de la Police à cheval du Nord-Ouest à Maple Creek.

La progression du peuplement vers l’ouest créait de nouvelles possibilités dont John Dixon profita sans tarder. En 1884, il obtint du gouvernement le contrat de la poste, dont il installa le bureau dans le magasin de la compagnie. En outre, la Dixon Brothers offrit des services bancaires à Maple Creek jusqu’à l’inauguration d’une succursale de la Banque des marchands du Canada en 1901. Elle fit le commerce des os de bison de 1888 à 1894 : c’est par wagons entiers qu’elle en envoyait à des négociants et à des entreprises de fertilisants du Minnesota et de l’Illinois. En 1890, cette affaire marcha si bien que John Dixon demanda à la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique de lui fournir d’autres wagons, en plus des 31 déjà expédiés, pour y charger les montagnes d’ossements que l’entreprise avait empilées le long de diverses voies de garage.

Peu après leur arrivée en 1883, les frères Dixon avaient établi l’un des plus grands ranchs du Nord-Ouest. Leurs centaines et, à certaines époques, leurs milliers de bovins, de chevaux et de moutons paissaient en liberté dans les immenses pâturages qui s’étendaient au nord de Maple Creek. Après le terrible hiver de 1906–1907 et l’afflux de détenteurs de concessions statutaires qui s’ensuivit, ils durent regrouper leurs activités. Cependant, à la mort de John, le DB Ranch, comme on l’appelait, comprenait encore plus de 24 000 acres de terres concédées par acte ou louées.

Une gestion intelligente, une exploitation efficace et un bon tandem, voilà le secret de la réussite des Dixon. Certes, John était l’associé prédominant et l’administrateur, mais Isaac Chester avait de précieux talents qui complétaient ceux de son frère. Leur lien étroit, renforcé par leur mariage respectif, fut un autre élément important de leur succès. Leur femme et leurs jeunes enfants les avaient rejoints à Maple Creek à l’automne de 1883. Durant plus de 30 ans, les deux familles partagèrent une maison spacieuse du côté ouest de la localité.

John Dixon, le plus dynamique des deux frères, savait saisir sa chance : il obtint du gouvernement un certain nombre de postes importants qui étaient avantageux pour l’entreprise et répondaient à ses propres ambitions. Non seulement devint-il en 1884 le deuxième maître de poste de Maple Creek, mais il fut nommé notary public en 1889 puis commissaire des permis et juge de paix en 1892. En outre, il s’intéressait davantage à la chose publique qu’Isaac Chester. Membre de la Home Guard pendant la rébellion du Nord-Ouest [V. Louis Riel*], il accepta qu’une petite armurerie où l’on distribuait des armes aux colons soit installée dans le magasin. Il fut le principal artisan du développement de Maple Creek, qui ne tarda pas à être l’un des principaux points d’expédition du bœuf de l’Ouest. Il participa à la formation d’à peu près toutes les premières institutions et organisations locales et, à un moment ou à un autre, il fit partie de la direction de la plupart d’entre elles. Par exemple, il fut le président du premier Bureau de commerce en 1889, le premier maire de Maple Creek en 1903–1904 et le premier président de la Saskatchewan Range Growers’ Association en 1906. Actif dans la franc-maçonnerie, il prit part en 1893 à la fondation de la Maple Leaf Lodge No. 56 à Maple Creek et détint le titre de grand maître adjoint de district au sein de la Grand Lodge of Manitoba en 1903–1904 et de la Grand Lodge of Saskatchewan en 1907–1908. Il occupa aussi des postes de direction auprès des sections locales de l’Ancient Order United Workmen et de l’Independent Order of Foresters.

Fervent méthodiste, Dixon avait travaillé à l’obtention des services d’un ministre itinérant en 1884 et à l’ouverture d’un temple deux ans plus tard. Son intérêt pour l’Église et l’éducation l’amena à soutenir la fondation de l’Alberta College à Edmonton en 1903. Entré au premier conseil d’administration de l’établissement, il y resta jusqu’en 1912.

John Dixon, libéral convaincu, était le confident de Thomas Walter Scott*, le chef libéral d’Assiniboia-Ouest qui, le premier, occuperait le fauteuil de premier ministre de la Saskatchewan. Dixon lui-même avait des aspirations politiques. Pendant les pourparlers qui menèrent à la création de la province en 1905 et en d’autres occasions dans les années suivantes, il fit pression pour l’obtention d’un poste de sénateur. Scott lui dit en 1905 ne connaître personne, dans les Territoires du Nord-Ouest, qui ait été « plus apte que lui, d’une manière générale, à se faire honneur à lui-même et à bien servir le pays en occupant un siège au Sénat ». Malgré cet appui, la nomination n’eut pas lieu. Toujours en 1905, après avoir consulté Scott, Dixon démissionna des postes qu’il avait obtenus du gouvernement et se présenta aux premières élections provinciales dans Maple Creek sous la bannière libérale. À l’issue d’une lutte surprenante mais bien menée, le candidat du Parti des droits provinciaux, David James Wylie, l’emporta. Très en vue, cet éleveur de bétail n’avait pourtant pas été aussi présent que Dixon sur la scène publique. Même s’il ne brigua plus jamais les suffrages, Dixon continua de conseiller le gouvernement, surtout sur des questions relatives au sud-ouest de la Saskatchewan. En 1906, il retrouva son poste de notary public. Il fut nommé au conseil d’administration de la nouvelle University of Saskatchewan en 1908 et à celui du Regina College en 1912 ; il conserva ces deux fonctions jusqu’en 1921.

Dixon avait continué à explorer des occasions d’affaires, à investir dans l’immobilier et à acheter, soit pour la Dixon Brothers, soit, à l’occasion, pour lui-même, des actions de nombreuses entreprises situées un peu partout dans les Prairies. Devenu en 1909 un actionnaire important de l’Alberta Clay Products Company Limited de Medicine Hat, en Alberta, il en fut vice-président de 1911 à 1920 et président en 1921. De plus, il appartint au conseil d’administration de la Saskatchewan Loan and Investment Company Limited de Moose Jaw de 1912 à 1921 et occupa la vice-présidence de la Canadian Hunt Manufacturing Company Limited of Maple Creek en 1920–1921.

La mort d’Isaac Chester Dixon en 1918 éprouva durement son frère John et l’entreprise. Par bonheur, les fils du défunt, Alfred Lyman et Dawson Chester, purent prendre la relève. Même si John avait beaucoup compté sur Isaac Chester, il consultait souvent son frère aîné, Jonathan B., avocat à Reno, dans le Nevada. Leurs lettres témoignent du sens des affaires de John, de sa connaissance des tendances du marché boursier et de la perspicacité de son leadership, surtout lorsqu’il y est question de son rôle à l’Alberta Clay Products Company Limited, une des principales entreprises industrielles de Medicine Hat. On apprend, dans leur correspondance de la fin de l’année 1920, que le gouvernement fédéral avait envisagé de nommer John Dixon à la succession de sir Richard Stuart Lake, lieutenant-gouverneur de la Saskatchewan. Dans une lettre, Dixon invoque des raisons personnelles pour expliquer son refus, mais laisse entendre qu’un siège de sénateur l’intéresse toujours. S’il avait gagné l’élection de 1905 et si son ami le premier ministre Scott n’avait pas dû démissionner pour des raisons de santé en 1916, peut-être son rêve aurait-il fini par se concrétiser.

John Dixon mourut subitement le 3 janvier 1922 chez lui, à Maple Creek. Son décès causa un choc à sa famille, à sa communauté et à sa province, qu’il avait toutes contribué à modeler. Arrivé dans l’Ouest avec des idées, il avait consacré sa vie à leur réalisation et laissait une empreinte indélébile. Les deux premières exploitations dans lesquelles John et Isaac Chester Dixon avaient investi, le magasin et le ranch, continuèrent de fonctionner sous la direction des neveux de John. Le ranch serait vendu vers 1945 et le magasin, en décembre 1958.

Donny White

AO, RG 80-5-0-74, no 7372.— GA, M 1462.— Medicine Hat Museum and Art Gallery Arch. (Medicine Hat, Alberta), M94.1 (Maple Creek vital statistics), files 1–92 ; M2002.1 (John Bennett coll.), files 2390–2398 ; Library, Biog. community information, clippings and biog. files, Dixon, John.— Saskatchewan Arch. Board (Regina), R-31 (Dixon Brothers coll.), letter-books and files.— Southwestern Saskatchewan Old Timers’ Museum (Maple Creek, Saskatchewan), Dixon Brothers coll.— Maple Creek News (Maple Creek), 1922.— Medicine Hat News (Medicine Hat), 1922.— Peterborough Examiner (Peterborough, Ontario), 28 juin 1877.— Alberta College, Calendar (Edmonton), 1907–1908, 1910–1912 et Yearbook, 1904 (exemplaires aux City of Edmonton Arch., ms 254).— Lawrence Binkley et al., Maple Leaf Lodge #9 A.F. & A.M.–G.R.S., 1893–1993 (Maple Creek, 1993), 2.— N. F. Black, History of Saskatchewan and the North-West Territories (2 vol., Regina, 1913), 1.— Canadian encyclopedia, 3 : 1663.— Eileen et Glen French, Dawson : Dawson family history, 1653–1997, from Yorkshire, England, to Ontario, Canada (s.l., 1998).— Maple Creek & area : where past is present (2 vol., Maple Creek, 2000), 1.— A. L. O’Farrell, « Maple Creek’s first bank », Canadian Cattlemen (Calgary), 13 (1950), nº 2 : 35.— Our pioneers, [Gwen Pollock, compil.] ([Maple Creek, 1979 ?]).— Univ. of Regina, [Calendar], 1912–1921 (exemplaires aux Univ. of Regina Arch. and Special Coll.).— Univ. of Sask., Calendar (Saskatoon), 1908–1921 (exemplaires aux Univ. of Sask. Arch.).— Ruth Dixon Yuill, From England to Canada ([Medicine Hat, 1980 ?] ; exemplaires aux Medicine Hat Museum and Art Gallery Arch., M2002.1, file 2397).

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Donny White, « DIXON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dixon_john_15F.html.

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Auteur de l'article:    Donny White
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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