DES BRISAY, ALBERT, ministre méthodiste et administrateur scolaire, né le 24 juillet 1795 à Stanhope, Île-du-Prince-Édouard, fils de Theophilus DesBrisay* et de Margaret Stewart ; il épousa Margaret B. McLeod, et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 24 mai 1857 à Charlottetown.

Membre d’une famille nombreuse et cultivée, Albert Des Brisay se convertit en 1815 sous l’influence du révérend John Hick, un des missionnaires méthodistes envoyés d’Angleterre en Amérique du Nord britannique après 1800 par la Conférence méthodiste wesleyenne. En 1822, Des Brisay se proposa comme aspirant au sacerdoce et fut mis à l’essai par le district de la Nouvelle-Écosse. Il fut d’abord envoyé au Nouveau-Brunswick dans la section de Petitcodiac de la vaste circonscription ecclésiastique de Cumberland.

Contrairement à certains missionnaires wesleyens, Des Brisay semble avoir été dès le début un fervent ministre évangélique. Il trouva sa circonscription, qui avait été celle de William Black* au début de son ministère, remplie de gens qui ne connaissaient pas le méthodisme et s’y opposaient. Afin de vaincre leur hostilité, Des Brisay parcourut quelque 3 000 milles au cours de sa première année de ministère et il prêcha si efficacement qu’un revival eut lieu l’année suivante. Le fait qu’il avait vu le jour dans les Maritimes lui permit sans doute d’atteindre ses compatriotes avec plus de succès que certains de ses collègues venant d’Angleterre.

En 1826, après avoir servi pendant les quatre années réglementaires, Des Brisay fut admis sans réserve dans la Conférence méthodiste wesleyenne au cours de la première réunion du district du Nouveau-Brunswick. Il fut affecté à la circonscription de Sheffield, puis à celles d’Annapolis, de Miramichi et à d’autres. Sa « prédication publique » assidue menait souvent à ces revivals, et ses activités peuvent fort bien avoir miné sa santé qui commença à se détériorer dans les années 1830. Cela ne l’empêcha toutefois pas d’être très conscient de l’importance de renforcer les établissements méthodistes dans les Maritimes. Aussi, dès 1833, il se joignit à deux de ses coreligionnaires pour recommander qu’un séminaire méthodiste soit établi, projet qui avait d’abord été envisagé par le district de la Nouvelle-Écosse en 1828.

En 1839, Charles Frederick Allison, marchand de Sackville et fervent méthodiste qui croyait fermement que l’on pourrait retirer de grands avantages sociaux en mettant sur pied des écoles où la « religion pure [serait] non seulement enseignée, mais constamment présentée à l’esprit des jeunes », offrit de créer un tel établissement pour desservir les provinces Maritimes. Sa proposition fut acceptée avec gratitude par le district du Nouveau-Brunswick puis, conjointement, par les districts de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve et du Nouveau-Brunswick, à l’occasion d’une réunion tenue plus tard la même année et présidée par le révérend Robert Alder*. Les secrétaires des missions, dont l’attitude devant de telles initiatives avait été jusque-là ambivalente, furent bouleversés par l’escalade des désaccords au sein de la secte wesleyenne et ne firent rien au début pour appuyer ou pour faire obstacle au projet. Le district du Nouveau-Brunswick décida donc qu’il devait « dès lors [s’]efforcer de [s’]aider [lui]-même ». Humphrey Pickard* fut nommé directeur de la Mount Allison Wesleyan Academy à Sackville et, en 1842, Des Brisay en devint l’aumônier et le responsable des affaires étudiantes.

La maison d’enseignement accueillit ses premiers élèves en janvier 1843. Au début, son existence fut aussi difficile que celle que connaissaient les autres institutions de même nature en Amérique du Nord britannique, et sa survie dépendit beaucoup de Pickard, « une véritable perle » dans son domaine. Des Brisay, lui, ne fut pas efficace. Il fut incapable de gérer la résidence des étudiants et n’avait aucun talent d’administrateur. Enoch Wood*, figure dominante du conseil d’administration de l’institution, souligna dans une lettre à Alder en 1846 que, considérant les antécédents et l’âge mûr de Des Brisay, celui-ci était « le plus petit esprit » que l’établissement pouvait avoir. En 1844, Des Brisay s’était vu privé de la plupart de ses fonctions administratives. Selon les mots de Wood, il n’avait plus alors qu’à « s’occuper de devoirs religieux, en plus d’exercer une surveillance générale sur les bâtiments et les propriétés, tâche mieux adaptée à ses habitudes et à ses talents ».

Dans l’exercice de ses fonctions d’aumônier, Des Brisay, à son propre étonnement sans doute, plongea l’établissement dans une controverse et dans une situation embarrassante. Le 5 mars 1845, un membre du Conseil du Nouveau-Brunswick, Amos Edwin Botsford*, accusa Des Brisay d’avoir été, cet hiver-là, l’instigateur d’un revival chez les élèves, dans le but de les convertir au méthodisme. Selon un autre conseiller, Edward Barron Chandler*, quelques élèves « priaient à haute voix dans la salle de cours à la fin de la journée en présence de tous les élèves et aussi de M. DesBrisay. Ceci était suivi d’autres prières et exhortations, ainsi que d’une invitation de s’approcher de l’autel [...], un grand nombre, en fait presque tous s’approchaient et déclaraient être remués. » Des Brisay affirma dans sa défense lors de la réunion du district tenue en mai qu’il désirait que l’on « note l’aimable bonté du Seigneur [envers] l’établissement au cours du dernier hiver, alors que l’influence naissante de l’Esprit Saint [avait] éveill[é] chez bon nombre de jeunes un intérêt pour l’importante question de leur salut ». Ses coreligionnaires ne pouvaient évidemment désavouer sa conduite, ni sa préoccupation ; ils cherchaient à maintenir dans l’institution un climat évangélique, mais ils craignaient que les efforts de Des Brisay ne permettent aux critiques de l’institution de la taxer d’établissement étroitement sectaire. L’accusation fut en effet portée, mais on ne put prouver que Des Brisay tentait de recruter des méthodistes aux dépens d’autres convertis à l’enseignement chrétien, et la maison d’enseignement continua à recevoir des subventions des gouvernements du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. En outre, de concert avec Pickard, Des Brisay s’assura que l’établissement deviendrait un endroit où l’on rappellerait constamment aux élèves « l’importance primordiale que la religion devait toujours tenir dans leur pensée ».

Après avoir été remplacé par le révérend Ephraim Evans*, Albert Des Brisay abandonna ses fonctions d’aumônier en 1854 et revint à Charlottetown l’année suivante. Malgré sa santé chancelante, il fut alors « employé de la façon la plus efficace » et « ses efforts déployés à faire le bien ne cessèrent qu’à sa mort ». Des Brisay était « un homme de prières. Imitant la charité de son divin Maître, il évoquait constamment la loi de la bonté, et le sentiment qu’il éprouvait devant la souffrance et les errements en était un de tendresse et d’amour. » Un des premiers pasteurs méthodistes wesleyens nés dans les provinces Maritimes, Des Brisay, par son zèle, sa simplicité et son esprit évangélique, rappelait une génération de méthodistes d’une autre époque. L’exercice inlassable de son ministère contribua à asseoir de solides fondations pour son Église au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse.

Goldwin French

Albert Des Brisay est l’auteur de : « Wesleyan Academy report of the religious state of the students, &c., presented to the district meeting », British North American Wesleyan Methodist Magazine (Saint-Jean, N.-B.), 4 (1845-1846) : 62-63.

P.E.I. Museum, File information concerning the Des, Brisay Family, especially geneal. chart.— SOAS, Methodist Missionary Soc. Arch., Wesleyan Methodist Missionary Soc., corr., North America, 1815-1846 (mfm aux UCA).— Wesleyan Methodist Church of Eastern British America, Minutes (Halifax), 1857 : 7-8.— Islander, 29 mai 1857, 5 sept. 1862.— Cornish, Cyclopædia of Methodism, 1.— G. O. Huestis, Memorials of Wesleyan missionaries & ministers, who have died within the bounds of the conference of Eastern British America, since the introduction of Methodism into these colonies (Halifax, 1872).— J. G. Reid, Mount Allison University : a history, to 1963 (2 vol., Toronto, 1984), 1.— T. W. Smith, Hist. of Methodist Church, 2.— Stanhope : sands of time. Evelyne Simpson, édit. (Stanhope, Î.-P.-É., 1984).— Examiner (Charlottetown), 8 sept. 1862, 13 mars 1876.

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Goldwin French, « DES BRISAY, ALBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/des_brisay_albert_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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