DANIEL, CHARLES, capitaine de navires, membre de la Compagnie des Cent-Associés, fondateur du fort Sainte-Anne au Cap-Breton, second fils d’Antoine Daniel, marchand de Dieppe, et de Marguerite Martin, décédé en 1661.
Il était le frère du jésuite Antoine Daniel. Son frère aîné, André, médecin, et l’un de ses cadets, François, furent aussi capitaines de navires. En 1626, Charles Daniel, déjà expérimenté dans les voyages en Nouvelle-France, se trouvait associé avec Guillaume de Caën dans la Compagnie de Ventadour et faisait la pêche au Cap-Breton. Il eut avec les Basques quelques escarmouches qui causèrent des pertes de vies.
Lors de l’organisation de la Compagnie des Cent-Associés, lui et son frère André en devinrent membres. En 1629, il loua à la compagnie deux de ses navires, et devait rejoindre à La Rochelle la flotte de Razilly, chargée se secourir Champlain à Québec. Mais, la paix étant revenue, Razilly fut destiné au Maroc, André Daniel fut envoyé à Londres réclamer la restitution de Québec et de l’Acadie pendant que Charles Daniel recevait le commandement de la flottille de quatre navires et d’une barque envoyés au Canada.
Une tempête dispersa ces navires sur les bancs de Terre-Neuve et Daniel aborda seul au Cap-Breton. Il y apprit la prise de Québec et l’installation d’un seigneur écossais, James Stewart, Lord Ochiltree, au port de la Baleine, d’où il rançonnait les navires pêcheurs. Daniel s’y rendit, assiégea et prit le fort Rosemar, le rasa, puis retourna à Cibou (baie de Bras-d’Or), où il bâtit le fort Sainte-Anne, avec maison, chapelle et magasin. Il y laissa deux missionnaires, dont le père Vimont, une garnison de 40 hommes, et ramena en France James Stewart et 17 prisonniers, après avoir déposé le reste ainsi que le capitaine Ferrar en Angleterre. Durant quatre ans, utilisant le fort Sainte-Anne comme base d’opérations, il fit la traite dans le golfe jusqu’à Miscou et Tadoussac, en partageant par moitié les dépenses et recettes avec la Compagnie de la Nouvelle-France.
À l’automne de 1632, les Cent-Associés, rentrés en possession du Canada, mais à demi ruinés, organisent une compagnie particulière pour continuer leurs opérations au Saint-Laurent et vendent l’île du Cap-Breton à Pierre Desportes de Lignères. Daniel se désintéresse alors de la grande compagnie, qui lui doit encore de l’argent pour la construction du fort Sainte-Anne, et vend sa part à un marchand parisien, Nicolas Libert. Peu après cependant, il entre dans une société privée avec Desportes et Libert pour l’exploitation du Cap-Breton. Il revient alors au Canada et se met en relations avec Charles de Saint-Étienne de La Tour et David Lomeron pour des achats de fourrures. Il cesse de s’intéresser à cette société quand elle passe aux mains de Jean Tuffet en 1636, mais garde jusqu’en 1639 des relations d’affaires avec Libert et La Tour.
Vers ce même temps, Richelieu appelle le capitaine Daniel au commandement d’un navire de guerre. Sous les ordres du comte d’Harcourt, Daniel prend part à une expédition navale contre l’Espagne, fait une descente en Sardaigne et dans les îles et reçoit une blessure d’arquebuse au cou. À partir de ce moment, il est presque constamment employé en service officiel. En 1638, il commande huit vaisseaux chargés d’assurer la liberté du commerce français dans la Manche. En 1641, il est capitaine garde-port à La Rochelle et fait la revue de la flotte. Il avait acquis les terres nobles de Mesnil-Gaillard et Du Verger, et reçut des lettres de noblesse en 1648. En 1659, il était le doyen des capitaines entretenus. Il mourut au début de 1661, après avoir fréquenté pendant une dizaine d’années les eaux canadiennes et servi pendant près de 40 ans dans la marine. Sa descendance s’est perpétuée par sa petite-fille.
[Pour les versions françaises et anglaises de la prise du fort écossais, V. Malapart et Stewart.]
Sur le capitaine Daniel, consulter surtout le Voyage à la Nouvelle-France du Capitaine Charles Daniel de Dieppe, 1629, éd. J. Félix (Rouen, 1881).— Les voyages de Champlain, dans Champlain, Œuvres (Laverdière).— JR (Thwaites)..— PRO, CSP, Col., 1574–1660, 104–106, 112.— Biggar, Early trading companies, 271–273.— Robert Le Blant, Les Compagnies du Cap-Breton, 1629–1647, RHAF, XVI (1962–63) : 81–94.
René Baudry, « DANIEL, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/daniel_charles_1F.html.
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Auteur de l'article: | René Baudry |
Titre de l'article: | DANIEL, CHARLES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 21 nov. 2024 |