Titre original :  Laurence Coughlan

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COUGHLAN, LAURENCE, prédicateur méthodiste, prêtre de l’Église d’Angleterre et fonctionnaire local, fondateur du méthodisme à Terre-Neuve, né probablement à Drummersnave (Drumsna, République d’Irlande), décédé vraisemblablement à Londres en 1784.

Laurence Coughlan fut élevé dans la religion catholique, mais se convertit au méthodisme à Drummersnave en 1753. Bien qu’il n’eût « aucune instruction » au dire de John Wesley, fondateur de la société protestante des méthodistes, il fut recruté comme prédicateur itinérant en 1755 et se fit connaître par son zèle et sa persévérance. Deux ans plus tard, il fut envoyé en Angleterre ; il œuvra d’abord à Whitehaven puis à Colchester où il obtint un succès remarquable. En 1760, il revint passer un certain temps en Irlande et il servit à Waterford, un port de mer où de nombreux Irlandais s’embarquaient pour Terre-Neuve. En 1763, Coughlan était devenu l’un des plus précieux assistants de Wesley, mais lorsqu’il se fit ordonner prêtre en 1764 par Erasmus, un évêque de l’Église orthodoxe grecque actuellement considéré comme un imposteur, Wesley s’irrita de ce que cet honneur eût été fait à Coughlan qui n’en était pas digne, selon lui, en raison de son. manque d’éducation. En 1768, Wesley déclara que Coughlan avait encore « terni » sa propre réputation « en épousant et en ruinant » une femme dont il tait le nom. La ruine à laquelle il faisait allusion était évidemment d’ordre financier. Il se peut que les deux hommes aient été séparés, en outre, par des divergences théologiques. Quoi qu’il en soit, en 1765, Coughlan n’était plus utile pour Wesley comme prédicateur.

Comme un grand nombre de documents contiennent des contradictions en ce qui concerne la date de l’arrivée de Coughlan à Terre-Neuve et les circonstances de son ordination à la dignité de prêtre de l’Église d’Angleterre, il importe d’établir clairement les faits. Le 22 novembre 1765, les habitants de Harbour Grace, de Mosquito et de Carbonear autorisèrent George Davis, un marchand de Londres qui s’apprêtait probablement à quitter Terre-Neuve pour l’hiver, à « trouver et s’entendre avec un ministre protestant de l’évangile, afin qu’il vienne et réside parmi eux ». En avril de l’année suivante, Davis informa le comte de Dartmouth, président du Board of Trade, que Coughlan semblait « une personne convenable » pour être ministre « s’il pouvait recevoir les ordres sacrés », et il pria Dartmouth de « s’efforcer de le faire ordonner ». Coughlan fut élevé au diaconat le 25 avril, « autorisé à exercer le ministère dans la province de Terre-Neuve » le lendemain, et ordonné prêtre le 27 de ce mois. Puisque la lettre de recommandation de Dartmouth indiquait qu’un navire attendait Coughlan à Poole « et [allait] appareiller aussitôt qu’il [serait] là », Coughlan arriva donc à Terre-Neuve en 1766, probablement en juin. Le 19 décembre de la même année, Coughlan se présenta devant la Society for the Propagation of the Gospel avec une pétition des gens de Harbour Grace et des environs demandant qu’il fût désigné comme missionnaire de cette société et qu’il reçût un traitement annuel. À cette date, il demeurait avec eux depuis « quelque temps » déjà, étant « leur ministre ». La pétition fut agréée, et Coughlan retourna à Harbour Grace en septembre 1767. Il était le premier prêtre de l’Église d’Angleterre à œuvrer dans la baie de la Conception et le troisième à s’établir dans l’île de Terre-Neuve [V. James Balfour* ; Edward Langman]. Son épouse, qui était elle aussi une fervente méthodiste, et sa fille Betsey demeurèrent avec lui pendant la plus grande partie de son séjour dans l’île.

Les registres montrent que Coughlan menait en quelque sorte une double vie sur le plan religieux. Comme prêtre de l’Église d’Angleterre, il administrait les sacrements à un nombre croissant de fidèles, il célébrait régulièrement les offices à Harbour Grace et, après 1768, à Carbonear, et, de temps en temps, il prêchait aux pêcheurs irlandais dans leur langue pour les instruire des « erreurs du papisme ». En février 1768, il ouvrit une école et, malgré les difficultés, il en assura la bonne marche durant la période où il exerça son ministère. En 1772, Coughlan pouvait affirmer avec raison qu’il avait bien servi la Society for the Propagation of the Gospel. Mais derrière cette réussite apparente, à laquelle il était parvenu en tant que ministre de l’Église d’Angleterre, se dissimulait sa véritable ambition de méthodiste qui était de devenir un instrument de conversion évangélique au sein de la population. À cet égard, il ne connut aucun succès durant près de trois ans, même s’il travaillait « nuit et jour » et prêchait « de porte en porte », suivant la manière favorite de Wesley. À la longue, il céda au découragement et décida de ne plus rester « dans un pays aussi pauvre et désolé », mais ses efforts obstinés finirent par porter fruit : un « réveil » méthodiste se produisit et se propagea « comme le feu ».

Lorsque le revivalisme se répandit, Coughlan fut en butte à une opposition venant des plus orthodoxes de ses paroissiens. Dès lors, semble-t-il, ses prêches furent davantage empreints de la pensée théologique des méthodistes et il exhorta ses fidèles à prendre part aux réunions privées qu’il organisait dans toute la paroisse. En 1770, ses paroissiens tardaient à lui verser ses appointements, et, en juillet, le gouverneur John Byron estima nécessaire’ de leur ordonner de remplir leur engagement ; en même temps, il nomma Coughlan juge de paix de la baie de la Conception. En novembre, les appointements n’avaient toujours pas été payés.

L’année suivante, certains incidents provoquèrent un conflit qui opposa ouvertement Coughlan à quelques-uns des plus influents citoyens de Harbour Grace. En février, Coughlan accusa publiquement le marchand Hugh Roberts d’adultère et il recommanda à ses paroissiens de ne plus traiter avec lui ; cinq mois plus tard, il intervint lui-même, un dimanche, pour tenter d’empêcher des ouvriers de Roberts de travailler. À la suite de ces deux incidents, Roberts et 12 autres marchands de Harbour Grace demandèrent, dans une pétition adressée à Byron, que Coughlan fût « réduit au silence ou déplacé », considérant qu’il était « tout à fait indigne d’être juge de paix ou missionnaire, ignorant les lois de son pays et manquant d’instruction » ; ils soutenaient également qu’il avait manqué à ses devoirs de magistrat en acceptant des pots-de-vin. On mena alors une enquête qui révéla, si l’on s’en remet à la relation qu’en fit Coughlan, que tous ses ennemis « furent reconnus comme des menteurs » ; il fut néanmoins démis de ses fonctions de juge de paix par Byron, le 25 octobre, en raison de ses « nombreuses actions injustifiables de nature à gêner et à décourager grandement le commerce et la pêche ».

Si Coughlan éveillait chez les marchands des sentiments d’opposition, les gens du commun qui se joignaient au mouvement méthodiste lui témoignaient, bien au contraire, leur affection et leur loyauté. Le mouvement continua de grandir durant le séjour de Coughlan à Terre-Neuve, se propageant au nord de Carbonear jusqu’à Blackhead où une nouvelle église capable d’accueillir 400 personnes avait été construite au cours de l’hiver de 1768–1769. La formation de groupements méthodistes au delà de Harbour Grace révèle la volonté de Coughlan de « parcourir intégralement la région » afin de répandre son message. S’il avait pu poursuivre sa tâche de cette façon, il serait demeuré à Terre-Neuve, mais, disait-il à Wesley en 1772, « comme je n’en ai pas la possibilité, excepté par voie d’eau, dans de petites embarcations, je ne peux le supporter ». Ce n’est pas uniquement sa « peur atroce » de la mer qui le contraignit à quitter l’île. L’hostilité des marchands ne connaissait pas de répit, et, en mai 1772, une dispute éclata entre Coughlan et Nicholas Fiott, l’un des 13 pétitionnaires de l’année précédente. Coughlan refusa carrément à Fiott le privilège d’être le parrain de deux enfants, l’accusant de mener « une vie dissolue ». Un violent affrontement se produisit ensuite durant un office du dimanche, mais Coughlan refusa de céder et les enfants ne furent pas baptisés. En octobre, Fiott adressa une plainte officielle au gouverneur Molyneux Shuldham, lequel demanda alors à la Society for the Propagation of the Gospel de retirer son missionnaire de Harbour Grace. Au cours de ce mois, Coughlan demanda lui-même à la société la permission de retourner en Angleterre ; il partit en octobre 1773. Deux mois plus tard, à Londres, il se présentait devant cet organisme et remettait sa démission.

On ne sait trop quelles furent les activités de Coughlan de 1773 à sa mort. Une lettre adressée à Wesley en 1772 laisse entendre qu’il désirait être de nouveau prédicateur itinérant en Grande-Bretagne, mais cette demande, faite en termes voilés, resta sans réponse. En 1776, il était ministre de. la Cumberland Street Chapel, à Londres. Le 25 février 1785, Wesley écrivit à John Stretton, l’un des disciples de Coughlan à Terre-Neuve, lui faisant savoir que ce dernier était mort quelque temps auparavant « complètement abattu ».

Laurence Coughlan avait amorcé un mouvement qui allait transformer la vie religieuse et sociale à la baie de la Conception. Les comptes rendus des missionnaires qui vinrent après lui confirment ses propres rapports concernant le succès qu’il remporta en tant que prédicateur. Lorsqu’il quitta Terre-Neuve, des disciples dévoués comme Stretton, Thomas Pottle et Arthur Thomey continuèrent son œuvre, et la communauté méthodiste qu’il avait fondée dans la région populeuse de la baie de la Conception n’a cessé de progresser jusqu’à nos jours. Bien qu’il fût un homme ardent, exigeant et peut-être irascible, Coughlan, de toute évidence, aimait profondément les gens auprès desquels il se dévouait et il savait fort bien les comprendre. Son ouvrage, An account of the work of God in Newfoundland [...], publié en 1776, porte la marque de la ferveur religieuse et de la compassion qui lui étaient propres.

Patrick O’flaherty

Laurence Coughlan, An account of the work of God in Newfoundland, in series of letters (Londres, 1776), 8–11, 18s., 50ss.

Lambeth Palace Library (Londres), Fulham papers.— PANL, GN2/1, 4, 5 ; N. C. Crewe coll., file on Methodism in Newfoundland.— USPG, A ; B, 6, pp.168s. ; C/CAN/Nfl, 1, pp.58–62 ; Journal of SPG, 17–21.— Arminian Magazine (Londres), VIII (1785) : 490–492.— SPG [Annual report] (Londres), 1767–1776.— [John Wesley], The letters of the RevJohn Wesley, John Telford, édit. (8 vol., Londres, 1931 ; réimpr., [1960]), IV : 56, 204, 289s. ; V : 101–103, 109 ; VII : 260.— C. H. Crookshank, History of Methodism in Ireland (3 vol., Belfast et Londres, 1885–1888), I : 100s., 107, 149.— Jacob Parsons, The origin and growth of Newfoundland Methodism, 1765–1855 (thèse de m.a., Memorial University of Nfld., St John’s, 1964), 17, 148s.— Warwick Smith, Rev. Laurence Coughlan (conférence lue à la Nfld. Hist. Soc., St John’s, 20 mars 1942).

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Patrick O’flaherty, « COUGHLAN, LAURENCE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/coughlan_laurence_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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