Titre original :  Honoria Conway, known as Mother Mary Vincent. (Archives of Les Religieuses de Notre-Dame-du-Sacré-Coeur).

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CONWAY, HONORIA, dite mère Mary Vincent, supérieure des Sisters of Charity of Saint John, enseignante et administratrice scolaire, née vers le 18 juin 1815 à Dover Castle, Angleterre, fille de Michael Conway et d’Eleanor McCarthy ; décédée le 27 mai 1892 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick.

Honoria Conway naquit dans une modeste famille irlandaise et catholique. Son père, qui avait servi dans la milice durant les guerres napoléoniennes, s’était établi à Ballinasloe, dans le comté de Galway (république d’Irlande), et avait envoyé ses trois enfants dans une école privée catholique, leur donnant ainsi une bonne instruction pour l’époque.

L’arrivée d’Honoria en Amérique du Nord britannique semble tenir à un concours de circonstances. Deux des frères de sa mère, James et Charles McCarthy, étaient venus en Nouvelle-Écosse dans leur jeunesse et s’étaient taillé une place enviable dans le comté de Digby tout en créant dans la famille le précédent de l’émigration outre-Atlantique. En 1831, la sœur aînée d’Honoria, Margaret, avait épousé Hugh Donnelly, veuf et marchand de laine d’Athlone, non loin de Ballinasloe, qui s’établirait à Saint-Jean en 1833 et y deviendrait un commerçant prospère. En 1837, Donnelly fit venir à Saint-Jean sa famille et une fille qu’il avait eue de son premier mariage ; Honoria et sa mère, qui était veuve, faisaient partie de cette famille étendue.

En 1838, un revers de fortune força Donnelly à se retirer des affaires et à s’établir en Nouvelle-Écosse. Honoria et sa mère habitèrent alors chez le frère de celle-ci, Charles, à Salmon River, près de Meteghan. Mme Conway mourut à cet endroit en 1845 et les Donnelly se fixèrent au Rhode Island en 1848. Bien qu’aucun document ne nous renseigne sur ses activités vers la fin des années 1840 et le début des années 1850, on présume qu’Honoria retourna à Saint-Jean, où la fille de Donnelly habitait avec son mari, un homme d’affaires. On peut également supposer que, dans cette ville portuaire où ses compatriotes indigents arrivaient par milliers, elle prit part aux œuvres des groupes catholiques qui visaient à subvenir aux besoins de la population irlandaise de plus en plus nombreuse.

C’est au cours de cette période de profonds changements démographiques et socio-économiques à Saint-Jean que le diocèse du Nouveau-Brunswick accueillit son nouvel évêque en 1852, Thomas Louis Connolly*. Venu de l’archidiocèse de Halifax, dont la région de Meteghan faisait partie, il avait vraisemblablement déjà rencontré Honoria Conway. Dès son arrivée à Saint-Jean, Mgr Connolly entreprit de mettre en place les établissements grâce auxquels le diocèse pourrait instruire sa population. Les écoles catholiques et l’orphelinat que l’on se proposait d’ouvrir avaient un besoin urgent de personnel permanent. Connolly alla donc demander l’aide des Sisters of Charity of Saint Vincent de Paul de New York, qui lui répondirent que, s’il pouvait inciter des jeunes femmes de Saint-Jean à entrer dans leur congrégation, elles l’aideraient à fonder une nouvelle communauté dans son diocèse. Encouragé par ces paroles, Connolly retourna à Saint-Jean et, l’année suivante, envoya à New York trois jeunes femmes de l’endroit, dont Honoria Conway.

Au début de 1854 cependant, il était devenu évident que les religieuses de New York ne pourraient se permettre d’envoyer en mission aucune de leurs membres. On peut supposer que ce changement d’attitude tenait, en partie du moins, au travail qu’il y avait à faire dans l’archidiocèse de New York car, là aussi, les immigrants affluaient. Il semble en outre que les jeunes femmes venues de Saint-Jean n’étaient pas en bonne santé. Quand une épidémie de choléra laissa orphelins des centaines d’enfants irlandais catholiques de Saint-Jean cet été-là, Connolly retourna à New York. Regrettant de ne pouvoir envoyer de religieuses, les sœurs permirent néanmoins à l’évêque de s’adresser aux novices. Connolly invita donc les volontaires à se séparer du groupe de New York et à fonder à Saint-Jean ce qui deviendrait la première congrégation religieuse véritablement canadienne composée de femmes anglophones. Honoria Conway et trois autres novices acceptèrent son offre.

Le 21 octobre 1854, les quatre femmes prononcèrent leurs vœux dans la congrégation des Sisters of Charity of Saint John. Elles reçurent également les premiers règlements de la communauté qui, bien que rédigés par Mgr Connolly, n’en étaient pas moins fidèles, par l’esprit, à ceux des Sisters of Charity of New York. Comme c’était la coutume durant les premières années d’existence d’une congrégation religieuse diocésaine, c’est l’évêque qui nomma la supérieure. Il choisit Honoria Conway, qui assuma tout de suite la charge de mère générale ; quelques années plus tard, elle serait également nommée maîtresse des novices.

Progressivement mais régulièrement, les novices, pour la plupart d’origine irlandaise, entraient dans la nouvelle congrégation. Honoria Conway, devenue mère Mary Vincent, avait la double et essentielle mission de mettre en place les mécanismes grâce auxquels les religieuses seraient formées suivant la règle, tout en répondant à la nécessité immédiate de diriger un orphelinat et d’ouvrir des écoles. L’orphelinat, bien que rudimentaire, existait déjà quand les sœurs en assumèrent la direction, mais pour fonder des écoles elles procédèrent comme elles avaient vu faire leurs consœurs de New York. Ainsi, en 1854, elles ouvrirent à Saint-Jean la première école gratuite pour les filles des immigrants irlandais pauvres, qu’elles firent suivre en 1858 d’un établissement où l’on exigeait des droits de scolarité, la St Vincent’s Select School for Girls. On espérait que l’argent versé à ce dernier établissement permette de financer l’école gratuite. En 1859, 27 religieuses s’occupaient de cinq écoles – deux à Saint-Jean, une à Portland, une à Fredericton et une dans la paroisse acadienne de Saint-Basile-de-Madawaska, qui connut du succès bien qu’elle ait dispensé les cours en anglais.

L’école de Madawaska devait éventuellement causer beaucoup de soucis et un certain embarras à mère Mary Vincent et aux autorités du diocèse. En décembre 1861, pour des raisons inconnues, sœur Mary Stanislaus et deux postulantes affectées à Saint-Basile s’enfuirent du couvent pour se rendre par « véhicule public » dans le diocèse récemment formé de Chatham, dirigé par Mgr James Rogers*. Pour aggraver la situation, sœur Mary Stanislaus, qui faisait partie du premier groupe de quatre religieuses venues de New York, se mit à discréditer publiquement les Sisters of Charity. On croit que Mgr Rogers a pu persuader les religieuses dissidentes de demander pardon à mère Mary Vincent, mais celle-ci n’était pas disposée à l’indulgence et elle répondit à l’évêque : « tous ceux qui ont à cœur le bien-être de la communauté ressentent vivement la honte dont ces femmes nous ont couvertes ». Mgr Connolly, qui était devenu archevêque de Halifax, appuya mère Mary Vincent et soutint devant Mgr Rogers que les sœurs délinquantes n’avaient « jamais eu la vocation ».

Le généralat de mère Mary Vincent prit fin en 1862. On ne sait pas si elle offrit d’elle-même sa démission à celui qui était alors évêque de Saint-Jean, John Sweeney*, ou si celui-ci la lui demanda. En cette période de profonde antipathie entre catholiques et protestants, il est certain que la dernière image que l’évêque ou mère Mary Vincent souhaitaient laisser était celle que suggéraient « les sœurs en fuite ».

De 1862 à 1882, mère Mary Vincent travailla à Fredericton, où elle fut enseignante et supérieure du St Dunstan’s Convent. Durant cette partie de sa carrière, elle dut être bien consciente de la controverse entourant le Common Schools Act de 1871 et de ses effets sur les écoles des Sisters of Charity, qui étaient, en fait, privées de soutien financier public. Une fois le conflit réglé en 1875, les écoles tombèrent sous le coup de la loi et les religieuses commencèrent à se préparer pour les examens prescrits par la province afin d’obtenir l’autorisation d’enseigner.

En 1882, mère Mary Vincent retourna à la maison mère du St Vincent’s Convent, à Saint-Jean, où elle allait voir les Sisters of Charity se lancer dans une entreprise qui, d’emblée, ferait ressortir davantage une caractéristique de la vie urbaine de la fin du xixe siècle, le déplacement des personnes âgées, et reconnaîtrait un besoin croissant au sein de la communauté catholique, le soin des infirmes. En 1888, les Sisters of Charity ouvraient le premier foyer pour vieillards de la ville, le Mater Misericordiae Home.

Après avoir mené une carrière aussi active, mère Mary Vincent Conway fut durant les quatre dernières années de sa vie confinée au fauteuil roulant. En regardant les jeunes novices, elle devait se réjouir de voir croître la communauté qu’elle avait fondée et aidée à grandir, et dans laquelle elle avait accueilli sa nièce, sœur Mary Vincentia Donnelly. Après avoir connu la lutte pour la reconnaissance du rôle des communautés religieuses dans le système d’enseignement du Nouveau-Brunswick, elle comprit sûrement les difficultés avec lesquelles son neveu Charles Francis Donnelly était aux prises, lui qui en 1888–1889 représenta avec succès l’évêque de Boston dans la défense des écoles catholiques de cette ville. Mère Mary Vincent mourut à la maison mère le 27 mai 1892.

Elizabeth W. McGahan

Arch. of the Diocese of Saint John (Saint-Jean, N.-B.), John Sweeney papers, James Rogers à Sweeney, 8 févr. 1862 ; T. W. Anglin à Sweeney, 6 juin 1892.— Arch. of the Sisters of Charity of the Immaculate Conception (Saint-Jean), Box 1A, folders 101 ; 103, mère Mary Vincent à James Rogers, 17 déc. 1860, 24 déc. 1861 ; 109 ; 109.01 ; 109.06 ; T. L. Connolly, « Rules of the Sisters of Charity, Saint John, N.B. », 21 oct. 1854 ; T. L. Connolly papers, Connolly à l’Assoc. for the Propagation of the Faith, 28 févr. 1859 (copie dactylographiée) ; Connolly à James Rogers, 28 déc. 1861 ; « Other Saints There Are » (nécrologie des Sisters of Charity).— Morning News (Saint-Jean), 16 août 1854.— M. G. Hennessey, Honoria Conway : woman of promise ; foundress of Sisters of Charity of the Immaculate Conception, Saint John, N.B. ([Saint-Jean], 1985).— [(Elizabeth) Legere, dite sœur Mary Brendan], Laus Deo ! 1854–1954 ; centenary of the Sisters of Charity of the Immaculate Conception, Saint John, New Brunswick, Canada ([Saint-Jean, 1955]), 35.— Loretta MacKinnon, « St. Vincent’s High School, a history of adaptation » (thèse de m.ed., Univ. of N.B., Fredericton, 1985), chap. 3–4.— K. F. Trombley [Tremblay], Thomas Louis Connolly (1815–1876) : the man and his place in secular and ecclesiastical history (Louvain, Belgique, 1983), chap. 3.— Estella Kennedy, « Immigrants, cholera and the Saint John Sisters of Charity : the first ten years of the Sisters of Charity of the Immaculate Conception, Saint John, N.B., 18541864 », SCHEC Sessions d’études, 44 (1977) : 25–44.— E. W. McGahan, « Inside the hallowed walls : convent life through material history », Bull d’hist. de la culture matérielle (Ottawa), 25 (1987) : 19.

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Elizabeth W. McGahan, « CONWAY, HONORIA, dite mère Mary Vincent », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/conway_honoria_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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