COLLVER (Culver), JABEZ, colon et ministre presbytérien, né le 19 juin 1731 à Groton, Connecticut, second fils de John Collver et de Freelove Lamb ; il épousa une prénommée Anna, et ils eurent 13 enfants ; décédé le 29 décembre 1818 dans le canton de Windham, Haut-Canada.

Les ancêtres de Jabez Collver s’établirent dans le Connecticut au xviie siècle. Plusieurs d’entre eux devinrent membres des Rogerenes (partisans de John Rogers), secte religieuse qui fut persécutée par les pionniers du Connecticut ; c’est pourquoi son grand-père amena toute sa famille au New Jersey, peu après la naissance de Jabez. Le père de ce dernier, qui était cordonnier, y mourut en 1733. La famille s’établit près de Schooley’s Mountain, dans le comté de Morris, où Jabez reçut probablement des rudiments d’instruction. Il connut des « expériences spirituelles » et, en 1760, il fut ordonné ministre « selon l’ordre presbytérien de Cambridge », lequel était un amalgame des doctrines congrégationalistes et presbytériennes. Il partit vers le nord, dans le comté de Sussex, où il acheta une terre en 1774 ; il allait être pendant de nombreuses années pasteur de la communauté congrégationaliste Beemer, à Wantage.

Certaines sources affirment que Collver servit à titre d’aumônier dans l’armée continentale, pendant la Révolution américaine, mais il déclara en 1794 avoir été emprisonné et avoir perdu des biens considérables à cause de son loyalisme ; en 1798, il sollicita en vain, dans une requête, d’être reconnu comme loyaliste. En 1788, si ce n’est pas plus tôt, il était allé s’installer dans le canton de Chemung, dans l’état de New York, où sa famille et lui acquirent 1 200 acres de terre. Premier pasteur à résider dans cette région, il « ne prêcha pas beaucoup », consacrant la plus grande partie de son temps aux travaux de la ferme et à la spéculation foncière. Il transféra toutes ses propriétés à ses fils en 1791 et descendit la rivière Susquehanna jusqu’à Wysox, en Pennsylvanie.

En 1792, encouragé par la proclamation du lieutenant-gouverneur Simcoe, datée du 7 février et adressée « à ceux qui désir[aient] s’établir » dans le Haut-Canada, Collver se rendit dans cette province et y reçut « de tels encouragements privés » de la part de Simcoe « en personne » qu’il « entreprit de venir s’installer [...] dans la province ». Au printemps de 1794, Collver, âgé de 62 ans, immigra avec sa femme, quelques parents et son bétail. Subséquemment, sept de ses fils, une de ses filles et un certain nombre de ses petits-enfants et de cousins vinrent dans le Haut-Canada. Le 11 juin 1794, Collver signa une requête aux fins d’obtenir une terre ; trois jours plus tard, il obtint une concession de 1000 acres, qui fut enregistrée par lettres patentes le 12 mars 1797. La plus grande partie de ces terres étaient situées dans le canton de Windham, comté de Norfolk, où il vivait ; ses parents reçurent aussi des terres, en grande partie dans le même comté. Dans sa requête, Collver avait insisté sur son loyalisme, sa nombreuse famille et sa rencontre avec Simcoe, mais n’avait pas parlé de son ordination.

On avait apparemment des doutes sur le statut de ministre de Collver. Le Marriage Act de 1798 permettait aux ministres « de l’Eglise d’Écosse, ou [aux ministres] luthériens, ou calvinistes » de célébrer des mariages, à condition d’avoir obtenu un permis de la Cour des sessions trimestrielles de leur district [V. Elijah Bentley]. Quand Collver demanda son permis, le 12 avril 1800, on accepta ses pièces justificatives, mais, à la session suivante, le 8 juillet, le président Samuel Ryerse protesta, et la demande de Collver fut refusée. Celui-ci fit comparaître sept membres de sa congrégation, parmi lesquels trois de ses fils et un cousin, mais sa demande fut de nouveau repoussée. Il obtint finalement son permis le 13 mars 1804. Il avait néanmoins célébré illégalement des mariages, depuis 1795 au moins.

Pendant près de 25 ans, Collver travailla comme fermier et ministre dans le comté de Norfolk. Il était le deuxième ministre presbytérien à résider dans le Haut-Canada et, tout au long de son ministère, le seul à vivre à l’ouest de la presqu’île du Niagara. Prédicateur typique des forêts reculées, il visitait les habitations isolées dans une voiture de fabrication artisanale. Il n’assista pas à la première assemblée du consistoire des Canadas en 1818, probablement à cause de son âge et de la distance, mais peut-être aussi ne fut-il pas invité, à cause de son manque de « formation universitaire ». Collver était aussi le type même de l’immigrant de l’époque de Simcoe - de ceux que, l’on appelait les Loyalistes de la dernière vague. Il passa toute sa vie sur la frange pionnière de l’Amérique, se déplaçant fréquemment, à la recherche de terres.

Dans sa vieillesse, Jabez Collver écrivit un long récit de ses expériences religieuses, qui resta à l’état de manuscrit ; en 1906, ce document était disparu. Après la mort de son fils Nathan en 1792, il avait fait publier A very remarkable account of the vision of Nathan Culver [...], ouvrage qui connut de nombreuses éditions.

Edith G. Firth

AO, RG 1, A-I-6 : 609s., 2223s.— APC, RG 1, L3, 89 : C1/12.— Donly Museum, Norfolk Hist. Soc. coll., Thomas Welch papers, 1013s. ; Miscellaneous papers, 4806–4809.— MTL, D. W. Smith papers.— Nathan Culver, A very remarkable account of the vision of Nathan Culver, late of Newtown (New-York) [...] (Windsor, Vt., 1793 ; 5e éd., Boston, 1795 ; Portsmouth, N.H., 1796 ; réimpr. sous le titre de The remarkable vision of Nathan Collver [...] (Cobourg, [Ontario], 1846).— H. S. McCollum, « Some old Presbyterian documents », Canada Presbyterian (Toronto), 7 févr. 1879 : 226s.— « Minutes of the Court of General Quarter Sessions of the Peace for the London District [...] », AO Report, 1933.— Thomas Proctor, « Narrative of the journey of Col. Thomas Proctor, to the Indians of the north-west, 1791 », Pennsylvania archives [...], Samuel Hazard et al., édit. (9 sér. en 119 vol., Philadelphie et Harrisburg, Pa., 1852–1935), 2e sér., 4 : 470.— U.C., Statutes, 1798, c.4.— « U.C. land book D », AO Report, 1931 : 174.— Sources in Collver-Culver genealogy, William Yeager, édit. (Simcoe, 1976).— T. F. Chambers, The early Germans of New Jersey : their history, churches and genealogies ([Dover, N.J., 1895] ; réimpr., Baltimore, Md., 1969), 297–299.— W. J. Dey, « An historical sketch of St. Paul’s Church, Simcoe, 1793–1906 », W. J. Dey et Elsie Little, StPaul’s Presbyterian Church, Simcoe, Ontario, 160th anniversary, 1793–1953 ([Simcoe, 1953]), 1–21.— William Gregg, History of the Presbyterian Church in the dominion of Canada [...] (Toronto, 1885 ; 2e éd., 1905).— History of Sussex and Warren counties, New Jersey, with illustrations and biographical sketches of its prominent men and pioneers, J. P. Snell et al., compil. (Philadelphie, 1881), 297.— E. A. Owen, Pioneer sketches of Long Point settlement [...] (Toronto, 1898 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— H. B. Peirce et D. H. Hurd, History of Tioga, Chemung, Tompkins and Schuyler counties, New York ; with illustrations and biographical sketches of some of its prominent men and pioneers (Philadelphie, 1879), 238.— W. H. Wood, « Additions and corrections to the Colver-Culver genealogy », D. L. Jacobus, édit., American Genealogist (New Haven, Conn.), 31 (1955) : 129–154.

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Edith G. Firth, « COLLVER (Culver), JABEZ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/collver_jabez_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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