COLLISON, WILLIAM HENRY, missionnaire et ministre de l’Église d’Angleterre, né le 12 novembre 1847 dans le comté d’Armagh (Irlande du Nord), fils de John J. Collison et de Mary Emily Maxwell ; le 19 août 1873, il épousa Marion M. Goodwin (décédée en 1919), et ils eurent cinq fils et trois filles ; décédé le 21 janvier 1922 à Kincolith (Gingolx), Colombie-Britannique.

Élève du Church of Ireland Training College à Dublin, William Henry Collison commença sa carrière dans l’enseignement à la tête d’une école technique à Cork. En novembre 1872, il lut que la Church Missionary Society avait besoin de recrues et décida de poser sa candidature. Dès avril suivant, il entreprit une courte période de formation au Church Missionary College à Islington (Londres). La Church Missionary Society estima que, vu sa qualification, il ferait un bon assistant pour le missionnaire laïque William Duncan*, directeur de la mission du Pacifique Nord, dont le centre était Metlakatla, en Colombie-Britannique. La société, qui avait du mal à affecter des prêtres missionnaires à cet endroit, choisit d’envoyer Collison même s’il n’avait pas reçu les ordres, quitte à ce qu’ils lui soient conférés plus tard. En outre, elle l’autorisa à se marier avant son départ. Sa femme, Marion M. Goodwin, était bien préparée à travailler en territoire de mission : elle était diaconesse, détenait un certificat d’infirmière et avait servi au cours de la guerre franco-allemande et d’une épidémie de variole à Cork.

Les Collison arrivèrent à Victoria le 25 octobre 1873. Ils furent accueillis par Edward Cridge, le doyen de la cathédrale Christ Church, chez qui ils habitèrent jusqu’à leur départ pour Metlakatla au début de novembre. Une querelle opposait Cridge à l’évêque de la Colombie-Britannique, George Hills*. En habitant chez Cridge et en n’allant pas présenter ses respects à Hills, Collison se trouva mêlé à la lutte de factions du diocèse.

À Metlakatla, Collison se mit d’abord à l’apprentissage de la langue tsimshiane. Dès l’été suivant, il put célébrer la plus grande partie des offices sans l’aide d’un interprète. Outre la prédication, ses fonctions comprenaient des visites et de l’enseignement. Au début, il croyait pouvoir réussir, mais des tensions régnaient à la mission. Duncan et Cridge, deux évangéliques de la Basse Église, étaient amis ; le différend entre Hills et Cridge nuisait donc aux relations entre Duncan et Hills. Étant donné l’hostilité croissante de Duncan envers l’autorité ecclésiastique, l’ordination de Collison fut reportée. Dévoué à sa tâche et peu empressé d’obtenir une promotion, Collison persévéra tout en réussissant à conserver la confiance de Duncan. Il se mit à s’intéresser aux Haïdas après qu’un groupe de Masset, dans l’archipel de la Reine-Charlotte, fut venu au fort Simpson (Lax Kw’alaams) en 1874 et en 1875. Au cours de ces visites, il entreprit d’évangéliser le chef Seegay ; la femme de celui-ci, qui était à moitié Tsimshiane, leur servait d’interprète. En juin 1876, Collison fut appelé au chevet de Seegay, qui se mourait de la tuberculose. Il se rendit à Masset et, à son retour, obtint la permission d’ouvrir une mission là-bas. Après s’y être installé avec sa famille en novembre, il perfectionna sa connaissance de la langue haïda. Il traduirait des parties de la Bible et du Book of Common Prayer, et composerait des cantiques dans cette langue.

Pendant le séjour des Collison à Masset, les rapports entre Duncan et Hills se détériorèrent, et Hills demanda à la Church Missionary Society de solliciter une intervention de la part de l’évêque d’Athabasca, William Carpenter Bompas*. Arrivé à Metlakatla en novembre 1877, Bompas y passa l’hiver. En mars suivant à Kincolith – mission établie par la Church Missionary Society parmi les Niskas (Nisga’as) à l’embouchure de la rivière Nass –, Collison fut ordonné diacre et prêtre par Bompas, qui négocia aussi une redistribution des tâches. Il assigna à Duncan les affaires séculières de Metlakatla et à Collison la « charge spirituelle » de Metlakatla, de Kincolith et de l’archipel de la Reine-Charlotte. En 1879, Collison quitta à contrecœur la mission haïda et retourna à Metlakatla, où d’autres conflits ne tardèrent pas à se manifester. L’évêque du nouveau diocèse de Caledonia, William Ridley, qui avait le soutien de la Church Missionary Society, n’avait pas tardé à avoir des démêlés avec Duncan, qui interdisait de donner la communion et la confirmation aux autochtones et était réfractaire aux travaux de traduction. De Londres, la société envoya à Collison des lettres d’encouragement dans lesquelles elle reconnaissait la difficulté de sa position et le pressait de maintenir le calme en dépit des luttes entre factions et de la violence sporadique. En 1882, après que Ridley eut officiellement rompu le lien entre Duncan et la Church Missionary Society, la situation devint si tendue que Collison dut quitter Metlakatla pour quelque temps. Il demanda à être affecté dans une autre mission et, en mai 1884, lui-même et sa famille s’installèrent à Kincolith. De plus en plus à l’aise dans la langue niska, il traduisit bientôt les offices de la prière du matin et du soir. Marion M. Goodwin Collison jouait un rôle tout aussi important. Comme d’autres épouses de missionnaires, elle était chargée d’enseigner les arts ménagers aux femmes autochtones et de leur inculquer les manières qui convenaient aux personnes de leur sexe. En tant qu’infirmière, elle aida à prévenir une épidémie de variole. Collison jugeait son apport essentiel à son propre travail : « La compétence avec laquelle elle soignait les malades et pansait les blessés contribuait, dans une mesure non négligeable, à les rendre réceptifs aux enseignements de l’Évangile du Salut. »

En 1891, Collison, dont l’appui à Ridley et à la Church Missionary Society ne s’était pas démenti, fut désigné à l’unanimité premier archidiacre du diocèse. En septembre 1893, un incendie détruisit l’église de Kincolith et les trois quarts du village. Peu après le début des travaux de reconstruction, un élan de ferveur revivaliste menaça la stabilité de la communauté. En réaction, Collison créa une section autochtone de la Church Army, organisation anglicane à forte tendance évangélique qui favorisait l’expression d’un culte ardent. De plus, il promut l’accession de fidèles autochtones à des postes d’autorité au sein de la société parrainée par l’Église.

Lorsque Ridley démissionna de l’épiscopat en 1904, Collison refusa de se porter candidat à sa succession et choisit de rester à Kincolith. Au moment de sa mort, survenue à cet endroit en 1922, il était le missionnaire de la Church Missionary Society qui avait les plus longs états de service dans la mission du nord de la Colombie-Britannique (nouvelle appellation de la mission du Pacifique Nord) et le seul missionnaire encore subventionné directement par la société. Ses lettres à la Church Missionary Society et son autobiographie, parue sous le titre In the wake of the war canoe, révèlent un homme modéré, consciencieux et soucieux de défendre « au mieux les intérêts de la mission » en dépit du schisme. Bien que Duncan ait parfois fait preuve d’une injustice criante envers lui en ne reconnaissant pas son apport, Collison était remarquablement discret, dans son autobiographie, sur les difficultés survenues à Metlakatla. Il était réputé pour son tempérament chaleureux, sa générosité, son hospitalité et son dévouement.

William Henry Collison entretenait des rapports complexes avec les autochtones. D’une part, il avait du respect pour les convertis, il en vint à maîtriser le tsimshian, le haïda et le niska et il était sensible à l’importance du système clanique. (Selon son fils William Edwin, lui aussi prêtre missionnaire, le clan haïda de l’Aigle l’avait adopté.) D’autre part, il s’opposait vigoureusement aux potlatchs et à la médecine traditionnelle des autochtones, et il encouragea les Niskas de Kincolith à accepter l’Acte de l’avancement des Sauvages (1884), qui remplaça les hiérarchies traditionnelles de pouvoir par un système de chefs élus et de conseils de bande placé sous la supervision d’un agent des Affaires indiennes. Peut-être la meilleure explication de ces contradictions se trouve-t-elle dans sa propre théorie des missions, qui supposait que le missionnaire était le meilleur juge de ce qui convenait à ses ouailles : « Il appartient au missionnaire de bien accueillir et de favoriser ce qui tend à élever et à améliorer les gens parmi lesquels il œuvre tout en évitant soigneusement ce qui tend à dégrader ou à ruiner sa mission. »

Gail Edwards

L’autobiographie de William Henry Collison, In the wake of the war canoe [...] (Londres, 1915), a paru dans une édition identique à Toronto l’année suivante. Une version abrégée, préparée et annotée par Charles Lillard, a été publiée à Victoria en 1981, mais de nombreux détails sur les activités de Collison ont été omis. Il semble qu’aucune des traductions de Collison en langue haïda n’ait été imprimée, mais le révérend Charles Harrison, missionnaire de la Church Missionary Society à Masset de 1882 à 1890, s’en est peut-être inspiré pour ses travaux de traduction publiés par la Society for Promoting Christian Knowledge et la British and Foreign Bible Society. [g. e.]

Deux letttres de Collison figurent dans le Church Missionary Intelligencer and Record (Londres) : « First letter from Queen Charlotte’s Islands », [3e] sér., 2 (1877) : 374–377, et « News from Queen Charlotte’s Islands », [3e] sér., 3 (1878) : 516–518. Des rapports rédigés par Collison, Duncan et d’autres missionnaires de la Colombie-Britannique ont été publiés sous le titre « North Pacific Mission », [3e] sér., 4 (1879) : 557–566. BAC, MG 17, B2, C, C.1/M.9–M.10 ; C.2/O ; G, C.1/P.3 ; C.2/L ; C.2/O (mfm).— Daily Colonist (Victoria), 24 janv. 1922.— Alexander Anderson, « An official view of Metlakahtla », Church Missionary Intelligencer and Record, [3e] sér., 6 (1881) : 50–52.— « Bishop Ridley and the North Pacific Mission », Church Missionary Intelligencer and Record, [3e] sér., 9 (1884) : 165–167.— Church Missionary Soc., Report of the deputation to Metlakatla : (General Touch and the Rev. W. R. Blackett) ([Londres, 1886]).— [Edward Cridge et W. J. Macdonald], The Church and the Indians : the trouble at Metlakahtla ([Victoria, 1882]).— F. [H.] DuVernet, « Hagwilyaen, Shimoigit », Across the Rockies (Londres), 13 (1922), nº 2 : 23s.— « The government commission at Metlakahtla », Church Missionary Intelligencer and Record, [3e] sér., 10 (1885) : 340–354.— Hugh McCullum et Karmel Taylor McCullum, Caledonia 100 years ahead (Toronto, 1979).— Peter Murray, The devil and Mr. Duncan (Victoria, 1985).— E. P. Patterson, Mission on the Nass : the evangelization of the Nishga (1860–1890) (Waterloo, Ontario, 1982).— F. A. Peake, The Anglican Church in British Columbia (Vancouver, 1959).— [William Ridley], Senator Macdonald’s misleading account of his visit to Metlakatla exposed ([Victoria], 1882).— E. O. S. Scholefield et F. W. Howay, British Columbia from the earliest times to the present (4 vol., Vancouver, 1914), 4 : 1369s.— Eugene Stock, The history of the Church Missionary Society, its environment, its men and its work (4 vol., Londres, 1899–1916).— Jean Usher [Friesen], William Duncan of Metlakatla : a Victorian missionary in British Columbia (Ottawa, 1974).

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Gail Edwards, « COLLISON, WILLIAM HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 29 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/collison_william_henry_15F.html.

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Auteur de l'article:    Gail Edwards
Titre de l'article:    COLLISON, WILLIAM HENRY
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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