CLARKE (Clark), SEPTIMUS D., fermier, né en 1787 ; il se maria et eut au moins cinq enfants ; décédé le 15 janvier 1859 à Preston, Nouvelle-Écosse.
Septimus D. Clarke faisait partie de ces anciens esclaves – ils étaient plus de 2 000 – qui furent amenés en Nouvelle-Écosse après la guerre de 1812. Ayant fui les plantations du sud des États-Unis, ils voyagèrent le long de la côte est américaine à bord de navires de la marine royale et, en 1815, la plupart de ces réfugiés noirs étaient établis dans le canton de Preston. C’était un canton au sol rocailleux, où quelques couches d’humus et des arbres clairsemés ne recouvraient que çà et là une terre inféconde, et où les hivers longs et humides surprirent les nouveaux colons. La culture du sol ne permit aux Noirs que de subsister.
Le 19 novembre 1816 ou peut-être avant, Théophilus Chamberlain* installa Clarke, sa femme et leurs quatre enfants sur une terre de dix acres. La famille eut à endurer de nombreuses privations et, en décembre 1819, Clarke, alors père de cinq enfants, s’adressa au lieutenant-gouverneur lord Dalhousie [Ramsay*] afin d’obtenir plus de terre. Pour justifier sa requête, il fit valoir que sa famille et lui avaient récolté « cent vingt boisseaux de pommes de terre en plus d’autres légumes » et, qu’ayant défriché la plus grande partie de la terre qu’il était autorisé à exploiter, il craignait de se retrouver « sans bois pour se chauffer ». Il demandait donc que sa ferme soit agrandie de 250 acres, mais Dalhousie proposa qu’on ne lui en accorde que 100. Une note ajoutée à la requête et signée par l’arpenteur général Charles Morris* indiquait que ce dernier croyait que « 50 acres en plus de ce qu’il poss[édait déjà étaient] tout ce qu’on [pouvait] lui donner, à moins qu’il ne consente à s’établir à quelques milles à l’intérieur ». Ce n’est qu’en 1841 que Clarke reçut cette concession de terre, de dix acres seulement, et, la même année, il obtint finalement le titre incontestable de sa première concession de terre. La pétition montre que Clarke et sa famille étaient des fermiers diligents. En outre, celui-ci devint un citoyen actif au service de la communauté.
Clarke fit partie de trois importants groupements de Noirs de la Nouvelle-Écosse au xixe siècle : l’African Friendly Society, qui incitait les communautés noires du comté de Halifax à s’aider mutuellement ; l’African Abolition Society qui œuvrait pour « l’abolition universelle de l’esclavage et de la traite des esclaves », et l’African Baptist Association, dont le but était de maintenir la continuité de la communauté des fidèles de race noire, en s’assurant qu’il y aurait des pasteurs noirs pour assister aux offices religieux et pour les célébrer, créant ainsi l’assise d’une communauté noire et libre. Tous ces groupements favorisaient l’émergence de chefs de file noirs et l’avancement des Noirs en Nouvelle-Écosse et ailleurs. À partir de 1846, Clarke servit à divers titres à l’intérieur de ces organismes. Au moment de son décès, il était trésorier et secrétaire de l’African Friendly Society, président de l’African Abolition Society et secrétaire de l’African Baptist Association. En 1855, à la demande de son bon ami Richard Preston, il avait prononcé le sermon d’ouverture à la deuxième session de l’African Baptist Association.
En politique, Septimus D. Clarke prit parti pour les réformistes qui, conduits par Joseph Howe*, se faisaient les défenseurs de la législation qui accorderait aux Noirs l’accès à la propriété foncière. Après les élections générales de 1840, il agit comme vice-président à un dîner politique où il porta un toast à ceux qui se rangeaient sous la bannière de la réforme, soit William Annand*, Thomas Forrester*, James McNab et Howe. Dans les questions juridiques, Clarke, qui n’avait pas fait d’études scolaires régulières, se fiait à l’honnêteté de ses voisins blancs. Ces derniers disaient beaucoup de bien de lui. Ce que Clarke avait à offrir c’était sa foi, son attachement à son devoir, à sa famille et à la destinée collective de son peuple. Il avait appris qu’il fallait payer le prix pour assurer sa liberté et celle de sa famille. Ce prix il le paya en se dévouant au service de la communauté, jusqu’à sa mort survenue à Preston. Son service funèbre eut lieu au temple African de Halifax.
PANS, RG 20A, Clarke, Septimus, 1820 ; RG 20C, 88, no 169.— African Baptist Assoc. of N.S., Minutes (Halifax), 1854–1859.— Novascotian, 28 juin 1832, 21 janv. 1841, 24 août, 23 nov. 1846.— Belcher’s farmer’s almanack, 1859 : 77.— A. P. [Borden] Oliver, A brief history of the colored Baptists of Nova Scotia, 1782–1953 ; in commemoration of the African United Baptist Association of Nova Scotia, Inc. ([Halifax, 1953]).— C. B. Fergusson, A documentary study of the establishment of the negroes in Nova Scotia between the War of 1812 and the winning of responsible government (Halifax, 1948), 11–13.— [P. E.] McKerrow, McKerrow : a brief history of the coloured Baptists of Nova Scotia, 1785–1895, F. S. Boyd, assisté par M. I. Allen Boyd, édit. (Halifax, 1976).
Frank S. Boyd Jr, « CLARKE (Clark), SEPTIMUS D. », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/clarke_septimus_d_8F.html.
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Auteur de l'article: | Frank S. Boyd Jr |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |