CHIPMAN, WILLIAM HENRY, commerçant, fermier et homme politique, né le 3 novembre 1807 à Cornwallis, comté de Kings, Nouvelle-Écosse, second fils du révérend William Chipman et de sa première femme, Mary Dickey ; il épousa, le 6 janvier 1831, Sophia Araminta Cogswell qui lui donna neuf enfants ; décédé le 10 avril 1870 à Ottawa, Ontario.

Vers 1764, William Allen Chipman*, grand-père de William Henry Chipman, déménagea avec sa famille du Rhode Island à Cornwallis où il amassa comme commerçant, fermier et propriétaire terrien une fortune respectable et occupa dans la région de nombreux postes auxquels il avait été soit élu, soit nommé. Le père de William Henry prit la direction des entreprises familiales, acquit une vaste ferme et joua un rôle de premier plan dans l’Église baptiste ; il participa à la fondation de collèges de cette confession, la Horton Academy (1828) et l’Acadia College (1838) ; il remplit également de nombreuses fonctions publiques dans le comté de Kings, dont celle déjuge de paix. Ainsi se créa une solide tradition familiale, conciliant les activités dans la fonction publique et les affaires.

William Henry Chipman fréquenta probablement très peu les écoles publiques car, à l’époque de sa jeunesse, elles étaient rares en Nouvelle-Écosse et les « dissidents » n’avaient pas accès à la King’s Collegiate School de Windsor, Nouvelle-Écosse. Il reçut plutôt une éducation pratique : très jeune, il fut envoyé à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, à la firme de Leverett DeVeber, apparemment un ami de la famille, pour s’initier aux affaires et aux pratiques commerciales.

Le retour de Chipman dans le district de Cornwallis marqua pour lui le début d’une longue et fructueuse carrière dans les affaires et l’agriculture, dans lesquelles il s’était engagé de façon relativement indépendante des entreprises de son père. Au début des années 50, c’était déjà un marchand prospère qui faisait du commerce général. Ses spéculations sur les terrains et ses transactions hypothécaires dans le canton de Cornwallis furent, semble-t-il, particulièrement lucratives. Pendant les années 30 et 40, il avait acquis un ensemble impressionnant de propriétés et détenait des hypothèques sur une superficie de terres encore plus étendue. Il avait aussi des hypothèques sur des bateaux à voile et finançait par des prêts les initiatives commerciales de la région du comté de Kings. À sa mort, le Novascotian le décrivit comme possédant « la plus grosse fortune dans cette partie de la province ».

En plus d’une carrière bien remplie dans les affaires, William Chipman suivit les traditions de sa famille en s’intéressant aussi à la politique locale. Dès 1832, il commença de servir à la fois comme greffier de la paix et greffier responsable des licences du comté de Kings ; il occupa le premier de ces deux postes pendant 35 ans sans interruption. Il remplit aussi, après 1834, la fonction de protonotaire adjoint du comté et, après 1853, celle de protonotaire ; entre 1842 et 1855, il fut registraire de la Cour d’enregistrement et d’examen des testaments. À maintes reprises, il fut chargé d’enquêter sur le prix offert pour les terrains expropriés à des fins publiques et fut membre des comités de comté pour examiner des questions telles que la nécessité de créer un asile pour les pauvres dans la région. Le district scolaire du comté bénéficia, lui aussi, d’une attention soutenue de sa part : Chipman versa les plus grosses sommes d’argent pour assurer le maintien de l’école et fit les dons les plus généreux pour combler les déficits successifs résultant des frais d’opération.

La carrière de Chipman dans la vie publique atteignit son point culminant lorsqu’en 1867 il fut élu pour représenter, en tant qu’adversaire de la Confédération, le comté de Kings à la première chambre des Communes du dominion. En cela aussi il resta fidèle à la tradition de la famille car, semble-t-il, les Chipman avaient été de fidèles réformistes ou libéraux depuis la fin des années 30. Élu avec une forte majorité, Chipman se joignit à ses autres collègues de la Nouvelle-Écosse dans leur lutte pour la révocation de la Confédération ou l’obtention de « meilleures conditions » pour leur province. Bien que partisan de Joseph Howe*, Chipman était loin d’être servile. Lors du tumultueux congrès des adversaires de la Confédération, tenu à Halifax en août 1868, il s’opposa ouvertement à Howe quant à la meilleure façon d’en obtenir la révocation. Il proposa « la démission immédiate » de tous les membres de l’Assemblée et de la chambre des Communes, hostiles à la Confédération, comme « le meilleur moyen de régler le différend entre les représentants locaux et ceux du dominion et, par-dessus tout, la voie la plus sûre vers la révocation ». Ce ne fut cependant pas cette ligne de conduite qui fut adoptée, et Chipman continua avec tous les autres adversaires de la Confédération à siéger à la chambre des Communes. Sa carrière parlementaire prit fin de manière subite lorsqu’il succomba à la petite vérole au printemps de 1870 à Ottawa. Au lendemain de sa mort, sur une proposition de Howe, appuyée par sir John Alexander Macdonald*, la chambre ajourna ses travaux et écouta les panégyriques auxquels même Charles Tupper* se joignit pour souligner que le défunt « appartenait à l’une des familles les plus anciennes et les plus respectées de sa province ».

Mais Chipman n’était pas populaire dans tous les milieux, même dans le comté de Kings ; le fait devint très évident lorsque, peu de temps après sa mort, son fils, Leverett DeVeber Chipman, annonça son intention de briguer le siège de son père à la chambre des Communes. Une feuille imprimée anonyme datée du 31 juillet 1872 et signée « Un électeur » dénonça le « compact » des Chipman comme étant « un vieux cercle corrompu ». Rien ne permet d’affirmer avec certitude que le ressentiment contre « une famille qui a[vait] toujours monopolisé le plus important poste du comté » ait été général mais le fait qu’on l’ait mentionné est un indice significatif de l’influence qu’avait la famille Chipman.

William Henry Chipman, avec ses nombreuses fonctions publiques et ses intérêts dans diverses entreprises, représente à maints égards l’apogée de l’influence des Chipman dans le comté de Kings. Quelques-uns de ses enfants firent de brillantes carrières en médecine et en politique, mais le rôle prépondérant de la famille dans le comté de Kings touchait presque à sa fin.

Barry M. Moody

Acadia University Archives.(Wolfville, N.-É.), mss Box 82 (school district 3, Cornwallis), Parade School, accounts, 1857–1862 ; ms Box 91 (records of town meetings, Cornwallis, 1795–1862).— Kings County Court House (Kentville, N.-É.), Probate record books, nos 2s.— PANS, MG 1, 181–218 (Chipman family papers).— To the electors of Kings County, by an elector (Kentville, N.-É., 1872).— Christian Messenger (Halifax), 13 avril 1870.— Novascotian, 11, 18 avril 1870.— A Chipman genealogy, circa 1583–1969, beginning with John Chipman (1620–1708), first of that surname to arrive in the Massachusetts Bay colony [...], J. H. Chipman III, compil. (Norwell, Mass., 1970).— Directory of N.S. MLAs.— A. W. H. Eaton, The history of Kings County, Nova Scotia [...] (Salem, Mass., 1910).

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Barry M. Moody, « CHIPMAN, WILLIAM HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chipman_william_henry_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    20 nov. 2024