CAZENEUVE, LOUIS-JOSEPH-CHARLES, cultivateur, homme d’affaires, médecin, chirurgien, officier de milice, administrateur scolaire et éducateur, né le 16 février 1795 à L’Assomption, Bas-Canada, fils de Louis-Amable Cazeneuve, apothicaire et médecin, et d’Esther Daguilhe, fille du notaire Joseph Daguilhe, de L’Assomption ; décédé le 29 novembre 1856 dans son village natal.
Louis-Joseph-Charles Cazeneuve fait ses études classiques, de 1806 à 1814, au petit séminaire de Montréal, où il passe pour un élève fort en latin, en grec et en rhétorique. À sa sortie du collège, il entre comme apprenti chez un médecin de son village, suivant en cela la tradition familiale datant de quatre générations. Toutefois, jusqu’à ce qu’il obtienne l’autorisation d’exercer la médecine, le 8 juillet 1818, Cazeneuve hésite sur son orientation future. Entre 1816 et 1818, il se décrit successivement comme apothicaire, botaniste, cultivateur et marchand, donnant de préférence cette dernière occupation.
En 1815, Cazeneuve avait hérité de sa mère une somme substantielle, une terre « presque toute labourable » avec maison, étable et dépendances, ainsi qu’un terrain situé rue Saint-Étienne, à L’Assomption, où s’élevaient une belle maison de bois, une écurie, une laiterie, une étable et une porcherie. Dès cette époque, il semble retirer des revenus de la vente de produits agricoles.
Le 9 janvier 1816, Cazeneuve épouse Charlotte Cormier, fille de François Cormier, dit Malouin, un important cultivateur de L’Assomption. Le jeune couple, qui aura quatre enfants, s’installe dans la maison de la rue Saint-Étienne, résidence qui présente de grands avantages pour le futur médecin : assez spacieuse pour loger un cabinet de consultation, elle est située sur l’artère commerciale où se concentre la bourgeoisie de L’Assomption. Cazeneuve y demeure jusqu’à ce qu’il décide, en 1843, d’occuper un immeuble de deux étages ayant façade rue Notre-Dame.
Au début de sa carrière médicale, Cazeneuve recrute ses patients parmi la clientèle vaste et variée de son père. Cet apport s’avère précieux à une époque où la concurrence est très vive. Tandis que Jean-Baptiste Meilleur* soigne les villageois de L’Assomption, Cazeneuve partage la pratique dans la campagne avec Truman Sterns (Starnes) et Thomas-Edmond d’Odet* d’Orsonnens. Cazeneuve fait crédit à sa clientèle campagnarde, si bien qu’à sa mort ses patients lui doivent 8 000, dont près du quart est considéré comme irrécupérable par ses héritiers. Par ailleurs, comme plusieurs de ses confrères, Cazeneuve ne vit pas seulement de ses honoraires professionnels. Il tire des revenus du produit de ses terres, de la vente de lots et de plusieurs prêts consentis au taux légal de 6 p. cent. Grâce à ses qualités de travailleur acharné, il réussit à agrandir son patrimoine. Au moment de son décès, il possède trois terres en grande partie labourables, avec leurs dépendances, une terre à bois et plusieurs emplacements au village, sur lesquels se trouvent parfois des bâtiments.
Dans la petite société où il vit, Cazeneuve fait figure de notable. En 1827, il devient chirurgien du 1er bataillon de milice du comté de L’Assomption, poste qu’il occupe jusqu’en 1834. Élu marguillier de la paroisse en 1829, il fut choisi l’année suivante par les contribuables comme syndic des écoles paroissiales nouvellement créées. Siègent, entre autres, à ses côtés le curé François Labelle et Jean-Baptiste Meillleur. Dès lors, Cazeneuve manifeste un intérêt soutenu pour le développement de l’éducation dans sa région. Malgré l’hostilité de plusieurs notables de l’endroit, il unit ses efforts à ceux de Labelle et de Meilleur pour fonder le collège de L’Assomption en 1832. Il consacrera beaucoup d’énergie à cette institution. Membre à vie du conseil d’administration du collège, il remplit à l’occasion les fonctions de préfet des études et de professeur de sciences.
Féru d’éducation, Cazeneuve possède une bibliothèque riche en ouvrages scientifiques, médicaux, historiques, géographiques, musicaux et même gastronomiques. Sa passion pour la lecture, il la fait partager à ses collégiens, en commandant pour eux des volumes chez Édouard-Raymond Fabre, à Montréal.
Membre du conseil diocésain de l’œuvre de la Propagation de la foi dès sa fondation par Mgr Jean-Jacques Lartigue* en 1838, Louis-Joseph-Charles Cazeneuve fait, par ailleurs, figure de patriote modéré, se montrant « partisan d’une guerre économique loyalement faite à l’Angleterre ». Il s’éteint à L’Assomption le 29 novembre 1856.
AC, Beauharnois (Valleyfield), Minutiers, Godefroy Chagnon, 1er juin 1827, 24 mai 1830, 3 juin 1846 ; Joliette, Minutiers, Camille Archambault, 26, 29 déc. 1856.— ACAM, RLB, III : 349.— ANQ-M, CN5-3, 15, 21 janv., 27 mai, 1er juin, 21 juill., 8 sept., 27 oct. 1835, 29 janv., 1er août 1836, 17 avril, 6 mai 1837, 19 août 1839, 29 avril 1842, 21 févr., 15 nov. 1843, 19 avril 1845, 7 juill. 1847, 18 janv., 5 avril 1848, 26 mars 1849, 15 janv., 20 avril, 18 mai, 25 août 1850, 15 janv., 19 mars, 26 juin 1851, 6 mai, 1er juill., 7 sept. 1854, 28 mars 1855 ; CN5-18, 27 avril, 30 mai, 17, 20 nov. 1815, 7, 14 janv., 21 mars, 4 avril, 14 juin 1816, 13 août, 19 oct. 1822, 29 sept., 28 déc. 1824, 10 juin, 26 juill., 23, 25 sept., 1er oct. 1826, 26 juin 1827, 9 oct. 1830 ; CN5-24, 10 juin, 30 sept. 1816 ; CN5-37, 21 sept. 1789 ; CN5-42, 6 oct. 1832, 15 mars 1848.— ANQ-Q, P-69/1.— AP, Assomption-de-la-Sainte-Vierge (L’Assomption), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 16 févr. 1795, 9 janv. 1816, 2 déc. 1856.— AUM, P 58, C2/203 ; U, Cazeneuve à Drummond, 11 mars 1845.— Biographie et Oraison funèbre du Rév. M. F. Labelle, et autres documents relatifs à sa mémoire, ainsi qu’à la visite de Philippe Aubert de Gaspé au collège de L’Assomption (Montréal, 1865).— Canada, prov. du, Statuts, 1841, chap. 68.— Arthur Dansereau, Annales historiques du collège de L’Assomption depuis sa fondation (Montréal, 1864).— Le 19 Janvier 1865 au collège L’Assomption (Montréal, 1865).— La Minerve, 3 déc. 1856.— Le Spectateur (Montréal), 12 août 1813.— Liste de la milice du Bas-Canada pour 1828 (Québec, s. d.).— Liste de la milice du Bas-Canada pour 1832 (Québec, s.d.).— Anastase Forget, Histoire du collège de L’Assomption ; 1833 – un siècle – 1933 (Montréal, [1933]).— Meilleur, Mémorial de l’éducation (1876).— Pierre Poulin, Légendes du Portage, Réjean Olivier, édit. (L’Assomption, 1975), 41–42.— C. Roy, Hist. de L’Assomption.
Gilles Janson, « CAZENEUVE, LOUIS-JOSEPH-CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cazeneuve_louis_joseph_charles_8F.html.
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Auteur de l'article: | Gilles Janson |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |